Avé Kerygme,
Kerygme a écrit : ↑jeu. 19 mars 2020, 12:46
Que les décisions du roi David soient bonnes ou pas, Joab obéit à son roi, le soldat obéit à Joab et meurt. Est-ce que çà remet en cause la valeur de son sacrifice ?
Non, bien sûr. Je l’ai dit : je ne remets pas en cause la valeur du soldat en tant que tel, c’est-à-dire dans son essence de combattant prêt au sacrifice.
On peut certes remettre en cause la décision (politique) du roi David sur l'utilité de la mort du soldat, lequel a fait son devoir. Voila dans votre raisonnement où je trouve qu'il y a confusion : la juxtaposition de l'utilité de la décision sur celui qui a fait, de façon ordonnée, ce qu'il devait faire : étymologiquement son devoir.
Je comprends très bien votre point de vue. Il est, dans une certaine mesure, irréfutable, puisque l’engagement du soldat doit être total (sinon, quelle valeur aurait cet engagement ?)
Mais je vais vous donner un exemple pour mieux illustrer ma pensée.
Prenez un soldat allemand catholique de la Wehrmacht. Tout comme n’importe quel soldat de n’importe quelle nation, il doit obéissance à ses officiers, aux généraux et surtout, au Führer.
Mais comment concilier ici l’obéissance et la morale (la conscience) chrétienne ? Si je suis votre logique jusqu’au bout, les soldats de la Wehrmacht ne faisaient rien de répréhensible lorsqu’ils exterminaient des civils juifs par familles entières. Ils obéissaient simplement aux ordres. Ils faisaient donc leur devoir.
N’y a-t-il pas ici une faille dans votre raisonnement ? En tant que chrétien catholique, le soldat allemand dans mon exemple n’a-t-il pas plutôt le devoir de
refuser les ordres de ses supérieurs ?
Cela m'amène à une question ne nécessitant pas forcément de réponse : auriez vous confiance dans une armée censée défendre vos libertés et dont les soldats choisiraient - selon leur volonté propre - les causes intelligentes où les raisons utiles de mourir ?
Je vais peut-être vous étonner mais : oui, j’aurais confiance en une telle armée.
Prenons un autre exemple : l’occupation américaine de l’Irak.
Les soldats américains déployés dans ce pays n’ont pas, dans leur grande majorité, choisi ce théâtre d’opération en particulier. On ne leur a pas demandé s’ils trouvent particulièrement utile d’y mourir. Mais ils obéissent aux ordres : car tel est leur devoir.
Les insurgés djihadistes, au contraire, ont bel et bien choisi leur cause librement, selon leur volonté propre : combattre l’envahisseur.
Ce libre choix n’est-il pas ici un avantage ? De la même manière, les Talibans n’ont-ils pas vaincu en Afghanistan ? Eux aussi ont choisi leur cause librement, me semble-t-il.
Pour quoi se bat le soldat occidental ? La « liberté » ? Les idéaux démocratiques ? Cela résonne assez creux quand on pense à l’état de l’Afghanistan ou de l’Irak.
Le djihadiste et le talib, eux, se battent pour leur pays et leur Dieu.
Je pense que c'est un luxe que de raisonner ainsi sur l'utilité de la mort d'un homme qui a donné sa vie pour que vous conserviez cette liberté
Encore une fois, il faut distinguer entre le soldat qui donne sa vie dans le combat contre Da’esh et celui qui donne sa vie pour l’accaparement de je ne sais quelles terres rares ou au service de la stratégie moyen-orientale désastreuse de Washington (sans laquelle Da’esh n’aurait probablement jamais existé).
Le premier est digne de tous les honneurs et de notre plus grand respect.
Le second, pardonnez-moi, mais à mon sens il n’y a pas droit. Personne ne l’empêche de démissionner s’il se rend compte que la cause qu’il sert est absurde, vaine ou ignoble.