pierrot2 a écrit : ↑lun. 05 oct. 2020, 3:45
Du coup, de la citation que vous me soumettez, qui, il est vrai, accrédite vos réponses:
Jn 12, 25 Celui qui aime sa vie, la perdra ; et celui qui hait sa vie en ce monde, la conservera pour la vie éternelle.
j'aurais le même questionnement:
pierrot2 a écrit : ↑dim. 04 oct. 2020, 21:24
En quoi "haïr sa vie" peut bien équivaloir à "renoncer à soi-même"? S'agit-il d'une traduction approximative?
"Renoncer à soi-même", en effet, peut probablement déboucher sur le sacrifice, et sur une certaine estime de soi.
"haïr sa vie", ensuite, ça me semble bien différent. Dans l'absolu, cela pourrait même déboucher sur un suicide, si on l'entend littéralement.
C'est vrai aussi qu'un grand nombre de personnes concevrait peut-être de l'estime pour une telle action (le suicide).
Mais pas le chrétien, en principe ...
Donc d'un point de vue chrétien, les conséquences respectives de (1) "renoncer à soi-même", et (2) "haïr sa vie", i.e., semble-t-il, (1') concevoir un sacrifice, donc de l'estime de soi, et (2') respectivement accomplir un suicide, et donc en concevoir de la mésestime de soi- ces conséquences, donc- sont curieusement contraires.
Comment cela peut-il s'expliquer, si toutefois il y a bien des choses contradictoires?
En effet,
si "renoncer à soi-même" rendrait cohérentes les deux citations, la traduction "haïr sa vie" ne semble pas en faire autant, pour les raisons développées en gras. Comprenez-vous ma question, svp? Pouvez-vous répondre à cela, svp, qui semble bien relever d'un simple problème de traduction?
Bonjour,
Il faut prendre en compte que l'évangile de Saint Jean distingue deux sens du mot "vie", distinction essentielle que le français ne rend pas.
Il y a "vie" au sens de
psyché : c'est le principe vital qui adhère au réel, principe de conservation de soi légitime mais qui demeure plus ou moins centré su soi. Ce principe vital adhère au monde et tend toujours à dépasser la mesure qui lui est assigné.
Mais il y a aussi le mot "vie" au sens de la
"Zoé" : ce mot difficile à traduire désigne à peu près la Vie Vivante, la Source de la Vie, la Vraie Vie. Bref, ce mot renvoie à un absolu, tandis que
psyché désigne ma vie relative.
Dès lors : celui qui adhèrera démesurément à sa vie propre (
psyché), au point de se fermer à la Vie Vivante (
Zoé), se perdra lui-même - car la
psyché, quand elle est coupée de sa Source (
Zoé), se dessèche et perd en intensité. C'est pourquoi il faut savoir "dés-adhérer" à sa vie (psyché), ne pas s'y accrocher démesurément, pour s'ouvrir à la Vie Vivante (Zoé).
Ce verset n'a donc rien à voir avec le suicide. Le passage de la
psyché à la
Zoé consiste dans l'accueil, en soi-même, de la Volonté d'un Autre (chose la plus difficile pour la
psyché, car cela est contraire à ses tendances vitales premières).
Cette distinction de la langue grecque est importante pour comprendre le sens de ce verset un peu déroutant et paradoxal. Les versets similaires dans les évangiles synoptiques ne la font pas.