Merci, cher Invité, pour votre importante interpellation même si elle déborde le présent sujet.
Invité a écrit : ↑sam. 10 oct. 2020, 12:57
Vous établissez un lien indissociable entre la Bible et l'écriture sumérienne. Pour vous, les origines de la Bible découlent de cette région du monde
Oui.
Il me semble que plus aucun spécialiste ne conteste l’origine mésopotamienne des récits du début de la Genèse.
La seule discussion qui subsiste concerne la datation que beaucoup de spécialistes situent durant le premier millénaire en rejetant toute datation plus ancienne.
Vous n’ignorez pas que cette opinion répandue est contraire à la Tradition reprise par les Pères de l’Église et l’enseignement officiel qui attribue à Moïse la rédaction du Pentateuque et donc, notamment, le livre de la Genèse.
Cet enseignement peut aujourd’hui s’appuyer sur de solides arguments historiques compte tenu des développements prouvés de l’écriture dans la région du pays de Canaan.
Le dernier avis du Vatican sur les sources utilisées par Moïse admet expressément qu’à son époque il a déjà pu utiliser des sources écrites.
Invité a écrit : ↑sam. 10 oct. 2020, 12:57
Pour vous, les origines de la Bible découlent de cette région du monde en lui attribuant une datation beaucoup plus ancienne que celle unanimement admise aujourd'hui par tous les spécialistes.
De quels spécialistes parlez-vous ? De quelle prétendue «
unanimité » ?
Parler d’une unanimité contre l’enseignement de l’Église me paraît injustifié.
Il y a ici une possible confusion. Personne ne conteste que la version actuelle en hébreu a été finalisée à l’époque de l’exil, au milieu du premier millénaire avant Jésus-Christ, voire plus tard.
Mais, cela n’exclut ni des écrits antérieurs dans des langues plus archaïques, ni des sources orales remontant à des dates bien plus anciennes.
À cet égard, la discussion concerne, en fait, la réalité historique des patriarches antérieurs à l’immigration en Égypte dont principalement Abraham.
Oui, comme l’Église l’a toujours considéré, Abraham n’est pas un personnage légendaire mais un homme historique.
Vous me direz que beaucoup de spécialistes en doutent. La preuve historique de son existence peut certes être discutée, mais la foi de l’Église n’en reste pas moins ferme. Et solidement fondée sur les réalités historiques connues aujourd’hui et, notamment, celle du pays de Sumer.
Dommage qu’on s’y intéresse si peu et avec méfiance, alors que le récit de la Genèse nous situe clairement l’origine d’Abraham dans ce pays dont il provient, sortant de sa capitale «
Ur, en Chaldée ».
Invité a écrit : ↑sam. 10 oct. 2020, 12:57
selon vous, en quittant son pays, Abraham a emporté dans ses valises la tradition d'Adam et Eve, de la Tour de Babel, etc.
Oui.
Pour autant que vous admettiez l’historicité d’Abraham, les découvertes actuelles (je pense surtout aux extraordinaires développements de l’écriture sumérienne prouvés par les découvertes dans la cité antique d’Ebla et datés du troisième millénaire avant Jésus-Christ bien avant Abraham et par les recherches de Samuel Kramer qui prouvent l’étendue de la pratique de l’écriture dans le pays de Sumer d’où provient Abraham), rien ne vous permet de douter qu’Abraham devait déjà disposer d’une tradition religieuse avec des bases tant orales que écrites dans la ville d’un haut niveau culturel qu’était Ur en Chaldée.
Invité a écrit : ↑sam. 10 oct. 2020, 12:57
Tous vos développements reposent entièrement sur cette hypothèse d'une datation très ancienne de la Bible et du rôle que vous prêtez à Abraham.
Non, pas «
entièrement » et, moins encore «
exclusivement ».
Rien ne permet de préciser ce qu’Abraham a emporté «
dans ses valises ».
Rien ne permet d’affirmer, notamment, qu’il aurait emporté des tablettes sumériennes avec un contenu religieux. On n’en sait rien. Le «
rôle » d’Abraham dans la transmission des traditions est inconnu.
Il ne s’agit ici, en outre, que des premiers récits de la Genèse et non de «
la Bible ».
Invité a écrit : ↑sam. 10 oct. 2020, 12:57
C'est votre fer de lance et l'essentiel de vos contributions sur ce forum. Or, ni l'Eglise ni ses Pères ne le reprennent à leur compte, ce qui fait que vous développez une théologie parallèle
Il est normal que ni l’enseignement de l’Église, ni celui des Pères, n’abordent les questions nouvelles posées par des découvertes historiques et scientifiques récentes qui leur étaient inconnues.
Il n’est pas question ici d’une théologie parallèle, mais seulement de recherches pour approfondir la foi par rapport aux informations nouvelles actuellement disponibles.
La stricte fidélité à l’enseignement de l’Église est de règle dans toute recherche pour tout catholique qui a compris que la foi authentique est toujours en harmonie avec celle enseignée dans l’Église du Christ.
Les spécialistes que vous invoquez n’ont pas toujours cette conviction.
L’Église ne cesse d’encourager la recherche comme l’indiquait déjà le Pape Pie XII dans son encyclique
Divino afflante Spiritu du 30 septembre 1943 sur les études bibliques :
l’exégète catholique, poussé par un amour de sa science, actif et courageux, sincèrement dévoué à notre Mère la sainte Église, ne doit, en aucune façon, se défendre d'aborder, et à plusieurs reprises, les questions difficiles qui n'ont pas été résolues jusqu'ici, non seulement pour repousser les objections des adversaires, mais encore pour tenter de leur trouver une solide explication, en accord parfait avec la doctrine de l'Église, spécialement avec celle de l'inerrance biblique, et capable en même temps de satisfaire pleinement aux conclusions certaines des sciences profanes.
Les efforts de ces vaillants ouvriers dans la vigne du Seigneur méritent d'être jugés non seulement avec équité et justice, mais encore avec une parfaite charité ; que tous les autres fils de l'Église s'en souviennent. Ceux-ci doivent se garder de ce zèle tout autre que prudent, qui estime devoir attaquer ou tenir en suspicion tout ce qui est nouveau. Qu'ils aient avant tout présent, que, dans les règles et les lois portées par l'Église, il s'agit de la foi et des mœurs, tandis que dans l'immense matière contenue dans les Livres Saints, livres de la Loi ou livres historiques, sapientiaux et prophétiques, il y a bien peu de textes dont le sens ait été défini par l'autorité de l'Église, et il n'y en a pas davantage sur lesquels règne le consentement unanime des Pères. Il reste donc beaucoup de points, et d'aucuns très importants, dans la discussion et l'explication desquels la pénétration et le talent des exégètes catholiques peuvent et doivent avoir libre cours, afin que chacun contribue pour sa part et d'après ses moyens à l'utilité commune, au progrès croissant de la doctrine sacrée, à la défense et à l'honneur de l'Église » (n° 42).
C'est un encouragement qui s'adresse à chaque fidèle et qui trace les principes que chacun doit s'efforcer de suivre.
Invité a écrit : ↑sam. 10 oct. 2020, 12:57
vous développez une théologie … qui, selon moi, n'est pas le sens du texte biblique
Dommage que vous persistiez à dire «
le » sens comme si la parole de Dieu pouvait être enfermée dans une interprétation particulière.
Mais, dommage surtout que vous n’indiquiez en rien, de manière précise, en quoi telle ou telle réflexion vous semble non fondée par rapport à un enseignement de l’Église.
Les accusations générales sont trop faciles et ne permettent pas d’approfondir un point de vue différent du sien.
Contrairement à ce que vous semblez considérer, l’écriture sainte est, au contraire, source de beaucoup de sens à méditer dans la foi de l’Église. Cette parole est vivante et prend sens non seulement dans diverses directions dans l'enseignement général de l'Église mais aussi dans le vécu de chaque lecteur, avec des couleurs différentes selon les questions en cause, les contextes et les sensibilités dans lesquels elle est reçue et méditée.
Invité a écrit : ↑sam. 10 oct. 2020, 12:57
vous développez une théologie … qui, selon moi, … surtout n'apporte rien. Où mènent vos développements et avec quelle finalité ?
Il me semble qu'il serait dommage de penser que la méditation de textes de l’écriture pour en rechercher les significations dans leur contexte historique primitif serait sans valeur.
Quelle finalité ?
Le début de la Genèse nous raconte notre création. Qui sommes-nous ? Quelle est notre vocation ? Que signifie la mort et l'immortalité de notre âme ? Quelle est la présence et l’action de Dieu dans l’histoire, celle des temps anciens comme la nôtre ? Comment se révèle le Dieu un et multiple ? Pourquoi son incarnation concrète dans l’histoire ?
Or, que pouvons-nous comprendre si nous négligeons le contexte primitif des récits largement symboliques en cause ?
À une époque où la foi d’un si grand nombre est perturbée par la critique historique de certains, il est plus que nécessaire de réfléchir et de renforcer notre connaissance et notre intelligence des fondements historiques de notre foi. Cela motive mes développements et mes recherches.
La compréhension du contexte sumérien d’Abraham est, à cet égard, un outil précieux.