Cher MB
J'ai l'impression que vous m'avez lu un peu vite, et que vous me prêtez des intentions que je n'ai pas explicitement exprimées.
MB a écrit :Christophe a écrit :Je crois pour ma part qu'il serait juste que les banques qui ont prêté à des Etats en espérant bénéficier du privilège indu et exclusif - paradoxalement concédé par ces mêmes Etats - de créer la monnaie nationale voient leur crédit effacé. Le capital prêté par ces banques n'a pas été prélevé sur le capital propre de ces banques...
Ok, va pour l'annulation de ces crédits, sauf que :
[align=justify]La citation que vous commentez ne concerne que marginalement les dettes publiques des pays que nous souhaiterions réellement "
en voie de developpement ".
En effet, elle évoque l'annulation des dettes contractées par des Etats auprès d'établissements bancaires - les banques à chartes - (ab)usant du pouvoir qui leur a été concédé par ces mêmes Etats de créer la monnaie. Contrairement aux pays du Tiers-Monde où tout l'argent doit être emprunté à d'autres pays - donc une dette due à des pays étrangers -, environ 90% des emprunts des pays occidentaux sont faits au pays - donc auprès d'établissements bancaires ( banques à charte et autres institutions financières ) ou de particuliers.
D'après Alain Pilote, dans son article
Le problème des dettes publiques, la dette du Canada pour l'année 1984-85 contractée sous forme de Bons du Trésor ( donc auprès de banques à chartes prêtant avec intérêt l'argent émis
ad hoc ) représente plus du tiers de la dette publique fédérale.
Ma remarque ne concernait l'annulation que de cette fraction de la dette. Contrairement à Christian qui propose l'annulation de toutes les dettes contractées par des Etats auprès d'établissements bancaires ou financiers...
Je crois juste que les banquiers qui ont prêté à des Etats en espérant bénéficier du vol fiscal perdent leur mise, écrit-il.
Pour ma part, voilà ce que j'ai proposé : "
Nous devons, en toute justice, soit lui donner sans exiger de remboursement, soit lui prêter sans intérêt en ne demandant que le remboursement du capital, soit investir là-bas. "[/align]
MB a écrit :- la dette en elle-même ne plombe pas le développement (la Corée du Sud a été l'un des Etats les plus endettés du monde, la seule différence, c'est que l'argent servait à financer de réels investissements, donc cela inspirait confiance aux bailleurs de fonds)
[align=justify]Cela conforte la conception que j'ai exprimée - que l'on pourrait qualifier de "situationniste" - sur la moralité du prêt : "
En conclusion, je dirais que la moralité ou l'immoralité du prêt à intérêt me semble ne pas pouvoir être traité dans l'absolu mais doit tenir compte des situations et des conditions concrêtes dans lesquelles celui-ci est octroyé ".
Effectivement, il n'est pas du tout équivalent - du point de vue des conséquences - de réclamer des intérêts à un entrepreneur qui va faire fructifier le capital prêté - par analogie la Corée - et réclamer des intérêts à un pauvre - par analogie l'Afrique - qui est contraint d'utiliser le capital prêté pour subvenir à ses besoins vitaux. Le premier sera, si son entreprise réussie, en mesure de rembourser l'emprunt et les intérêt. Le second creusera sa tombe, en même temps que sa dette auprés des usuriers.
Le fait est que, comme l'écrivait Jean XIII dans l'extrait de
Populorum Progressio présenté par Christian, les pays en voie de développement sont accablés de dettes dont le service absorbe le plus clair de leurs gains.[/align]
- soyez pret à assumer votre opinion. En l'occurrence, effacer la dette d'un pays africain, cela veut dire : faire payer au contribuable français la villa, la piscine et les jacuzzis du neveu de tel ministre local... il est vrai que cela se fait tellement chez nous (frais de bouche...), que finalement ça ne changera pas grand-chose.
[align=justify]Je suis prêt à assumer mes opinions, mais seulement les miennes...
J'ai proposé, pour l'Afrique, d'explorer les pistes suivantes : "
soit lui donner sans exiger de remboursement, soit lui prêter sans intérêt en ne demandant que le remboursement du capital, soit investir là-bas ". Dons gratuits, prêts sans intérêts : ce à quoi nous invitait déjà SS le pape Jean XIII en 1967 : "
Taux d'intérêt et durée des prêts pourront être aménagés de manière supportable pour les uns et pour les autres, équilibrant les dons gratuits, les prêts sans intérêts ou à intérêt minime, et la durée des amortissements. "
Je considère que l'annulation de la dette des pays pauvres n'est pas un acte de charité : il s'agit là de simple justice, dès lors que ces pays ont remboursés - souvent plusieurs fois, sous forme d'intérêts composés - le capital emprunté. Vous constaterez donc que je ne partage pas les motivations de Christian qui appuie sa position sur sa
statophobie libérale. Il ne s'agit aucunement de faire supporter au contribuables français le coût des dérives des républiques bananières, mais de poser une limite à la cupidité des usuriers.
Cela étant dit, je vous concède qu'une politique de dons gratuits, de prêts sans intérêts ou à intérêts réduits nécessiterait plus de
transparence et un contrôle plus important de l'usage fait de l'argent reçu, comme le proposait déjà avec une grande clairevoyance le Saint-Père Jean XIII, dans le même extrait déjà cité : "
Des garanties pourront être données à ceux qui fournissent les moyens financiers, sur l'emploi qui en sera fait selon le plan convenu et avec une efficacité raisonnable, car il ne s'agit pas de favoriser paresseux et parasites ".
Amicalement
Christophe[/align]