Chère Souricette,
Je comprends tout à fait ce que vous voulez dire. Moi aussi mon attitude me chiffonne, parce qu’elle est loin d’être aussi limpide que je souhaiterais, loin d’être efficace, loin d’être facile en fait.
Je suis arrivée sur un lieu de travail digne d’un nœud gordien, où le nœud coulant est en place depuis des années, et chaque année se resserre, et assoit le pouvoir de Iago. J’y suis arrivée par le hasard d’une mutation pour raisons familiales, sinon je serais restée volontiers sur mon ancien poste, cool, motivant, ahurissant de bonheur. Et arrivant sur mon nouveau poste, j’y suis arrivée totalement ignorante de ce qui m’attendait malgré mon expérience, et même si j’ai le double de l’âge de JaimeJésus, jamais je n’aurais pu imaginer qu’il existe en dehors d’un hôpital psy le genre de personne que je subis… Donc j’y suis allée souriante, motivée, apportant pleins de projets… je ne vous dis pas la gifle que j’ai pris. Ici, tout le monde manipule tout le monde, tout le monde enfonce l’autre pour survivre, tout le monde ment, flatte par devant et envoie des lettres de délation par derrière, et la source de cet enfer est dû à une seule personne, Machiavelle-moi-je, pour paraphraser Etienne. C’est proprement ahurissant… Un jour, le matin, en allant au boulot j’avais presque l’impression que la mauvaise entente suintait des murs et se faisait sentir dans la rue ; mais je me méfie de mes impressions de malaise.
Ce que j’ai touché du doigt ici plus qu’ailleurs, c’est qu’aucune situation ne sera jamais apaisée, elle sera tout au moins hystérisée, ou carrément totalement inventée ; donc rien n’est facile à résoudre, le moindre incident est récupéré, déformé, monté en épingle, utilisé à des fins destructrices, surtout sur ma personne, surtout… C’est en à un tel point que j’ai volontairement coupé les ponts avec des personnes avec qui j’aurais pu être amie en dehors du boulot pour ne pas les entraîner dans ma chute.
Quand on est pris dans un étau aussi malsain, parfois toutes nos évidences volent en éclat, tous nos repères moraux deviennent abscons parce que le principe même de moralité est complètement absent de l’ambiance.
Malgré que j’en sois témoin tous les jours, je n’arrivais pas à croire à l’évidence, et quand je l’ai décris, événement après événement, à mon psychiatre, même lui ne pouvait croire au syndrome que je décrivais ; il n’a fini à se résoudre à taxer ma boss de « psychose perverse égale à un pédophile » qu’au troisième rendez-vous, tellement ce que je lui rapporte lui semble sortir d’un bouquin de Bellemare !
Aussi, c’est vrai que je m’empêtre les pieds entre me défendre et être chrétienne, mais je marche sur tellement de planches pourries que je m’y perds. J’ai la sensation d’avoir lutté, cherché, bougé, d’avoir frappé à pas mal de portes, et que tout échoue ; vous allez me dire que je suis stupidement résignée, mais je m’en remets à Dieu, parce que je ne vois pas encore qui pourrait contrer la toile d’araignée qui me tient. Je trouverais sûrement des portes, mais ces portes de sorties, je dois patiemment les construire, exactement comme un gamin battu qui grandit prépare soigneusement sa fugue future pour que le coup d’essai soit un coup de maître.
Il faut comprendre la mentalité perverse : elle se caractérise par aucune règle du jeu, par l’absence totale de sentiment, que ce soit la peur, la honte, la limite à l’audace dans le mal pour nuire à l’autre, et je passe sur le sentiment positif ! Une telle personnalité ne peut s’épanouir que dans une relation de pouvoir, parce que sans poste de pouvoir, point de manipulation vraiment possible, point de jouissance ; donc la personne manipulatrice apparaît d’abord comme une ambitieuse qui séduit, construit à la persévérance (hors-norme, maladive) un réseau d’influence, et petit à petit amène tout son entourage à sa patte, et tient tout le monde par chantage, séduction, plainte, caprice, etc… Ma cinglée de boss étant apparemment un morceau de choix, elle n’a négligé aucun détail, et a aujourd’hui, au bout de trente ans de carrière, un polygone de sustentation phénoménal : c’est pas une femme, c’est un astrocytome. Aussi pour déboulonner Lénine de son piédestal, moi Zélie-petite-ficelle, je me sens comme qui dirait… ridicule ? Oui, certes, si Jésus revenait demain dans les cœurs, ça m’arrangerait pas mal, la « fin des temps » me paraîtrait tout à coup très attractive !
Pour l’instant, me défendre de trop s’est largement retourné contre moi, au point de raser la plainte de l’employeur au tribunal et la mise à la porte ; mais on n’a rien trouvé sauf des (faux) témoignages, aucun fait, et c’est juste ce fil qui retient l’épée de Damoclès au-dessus de ma tête ; mais que je ne m’avise pas d’une simple bévue, et je sais qu’on fera tout pour m’y pousser. J’avoue que dans le contexte dépressif qui me guette, ça devient chaque jour plus difficile…
En ce qui concerne les arrêts maladie, je suis en tout point d’accord avec vous. Oui, cela participe du harcèlement, et c’est grotesque de méchanceté. Mais c’est pourtant un filon largement exploité sur mon lieu de travail, c’est sur cela qu’on monte les gens les uns contre les autres, et c’est sur ce reproche qu’on a proprement achevé une de mes collègues il y a un mois, collègue qui du coup a écopé d’un arrêt longue maladie pour dépression, s’entendant dire des gentillesses du genre : « vous êtes en arrêt maladie alors que vous n’êtes pas du tout malade », « si vous ne pouvez pas tenir votre poste, partez à la retraite », et autres douceurs de la même eau.
La même personne, pendant un arrêt maladie où notre Néronne lui envoyait des photos en lui disant de ne pas se presser de revenir, qu’elle pensait bien à elle, a retrouvé à son retour son lieu de travail déménagé dans un réduit riquiqui, avec une fenêtre au bout cependant pour qu’on ne puisse pas dire que c’était un placard… lequel placard sera bientôt mon lieu de travail, étant la plus récente dans l’arène ! Mais ce n’est pas plus grave que ça, j’ai bien connu les blocs opératoires dans une autre vie, ce sont tous des caves ! Alors un endroit gris et terne mais éclairé par le jour quand même, j’inviterais pas mal de saints à venir y travailler avec moi, ils n’en seront aucunement dépaysés, et moi ça me rappellera de merveilleux souvenirs.
Vous devriez également demander un certificat à votre psy comme quoi vous le voyez, et garder ce document sous le coude. C'est un document précieux dans le cadre d'un harcèlement moral comme celui que vous subisse.
Oui, ce genre de conseil peut m’aider, parce que j’ai bien compris que c’est dans l’accumulation de faits et de preuves que je pourrais asseoir ma plaidoirie le jour où j’en aurais besoin…
Actuellement je débute mes congés, et je viens de commencer une neuvaine pour l’âme de Salope, pauvre âme si malmenée, si défigurée, si étouffée… mais que c’est dur de prier pour cela… j’ai déjà sauté un jour, il faudrait quand même que je m’y tienne et que j’arrive au bout, ce serait beau et bien pour elle. Puisse ce Léviathan aller se jeter aux pieds de Marie à son dernier soupir, pourvu que la grâce soit avec elle ! Vous voyez, malgré tout ce qu’il a peut-être fait, j’espère de tout cœur que Michael Jackson est en train d’apprendre à danser aux anges, et pour toutes les Nadines du monde, j’espère aussi qu’il en sera ainsi, parce que ces âmes sont notre monnaie céleste, des âmes que l’on saura aimer et que l’on bénira du Ciel –si un jour la grâce nous est offerte de pouvoir y aller- parce que de les voir là-haut sera notre plus grande récompense. La répulsion n’est qu’ici, que de cette vie, mais que c’est dur, mais que c’est dur, mais que c’est dur de s’agenouiller l’âme à demander encore et encore la miséricorde pour ces âmes-là…
Une anecdote pour vous illustrer cela : Méduse est bien payée, bien mariée à un homme, bon, malléable et riche, sans enfants, vit dans un palace de 250 m2 avec piscine et jardin exotique entièrement aménagé version « Paris-Match », voyage à l’étranger plusieurs fois par an -uniquement en avion-, est socialement et professionnellement reconnue et accomplie. Au contraire, la collègue dépressive dont je parle plus haut est divorcée, mère de deux enfants, pleine de dettes suite au divorce, pauvre à finir dans le rouge tous les mois, et souhaiterait un dépassement d’annuités de deux ans pour améliorer sa retraite proche ; ce dépassement en temps normal n’est qu’une formalité administrative. Méduse bien entendue fomente et travaille l’opinion des gens chargés d’agréer cette demande pour que ce dépassement soit refusé, ce qui va être fait bientôt. Le résultat sera que ma collègue va partir certes à la retraite, mais à une retraite diminuée, dont elle ne pourra jouir parce qu’elle va chercher un boulot de femme de ménage (alors qu’elle est universitaire !) pour arriver à vivre, et envisage de travailler le plus possible, tant qu’elle le pourra, parce que le jour où elle s’arrêtera, elle risque l’expulsion de son F2… Et pourtant, rien ne sort de la poche de Méduse ; que la collègue ait une retraite un tout petit peu meilleure, ça n’enlève rien à personne, ça ne regarde personne, et Méduse pourrait s’en ficher comme d’une guigne… Ben non, Méduse jouit, Méduse joue, Méduse détruit, se repaît des larmes d’angoisse et de chagrin comme de vitamines, Méduse « fait son devoir ».
Oh !... mais si vous saviez comme un tel spectacle est horrible ! ... Comme ça fait mal de voir la Haine à l’œuvre, comme ça brise quelque chose en vous, comme chaque jour devient la torture du spectateur forcé, comme on a l’impression de vivre dans un camp nazi… Il y a du Amon Goeth dans cette femme…
Bon , pour finir sur une note plus réjouissante: je me suis enfin fait couper les cheveux, un dégradé court effilé style "plume", c'est rien mais ça fait du bien de changer de tête pour les vacances, et pour une fois, je me trouve jolie même avec une autre tête que l'habituelle!
Que Dieu bénisse vos vacances pour vous aider à en faire de saints et sains moments de ressourcement,
Zélie.