Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

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Expatria
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Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par Expatria » ven. 25 mai 2012, 1:08

Bonjour,

je suis une maman catholique et pratiquante âgée de 36 ans. Mon père est décédé brutalement (une semaine après son hospitalisation) d'un cancer des os (je vous épargne les noms barbares type myélome etc). Certes il avait 77 ans, il avait fumé de 10 à 65 ans. Donc cela faisait déjà des années que je vivais dans la peur que son ancien passé de fumeur ne le rattrape.

Mais rien n'y fait, car vivant dans un pays frontalier de la France, je n'ai pas vu sa dégradation physique (il me l'a toujours cachée au téléphone et mes frères croyaient que j'étais au courant). Il est mort 3 heures avant que je n'arrive à son chevet, une semaine après son retour de l'hôpital. Il a fallut que j'organise tout en urgence, le livret de messe etc car ma mère n'était pas en état bien sûr.

J'ai dû rentrer vite dans mon pays d'expatriation avec mon mari et mes bébés, après 3 veillées funèbres, les funérailles à l'église puis la remise des cendres au cimetière. Ma mère voulait rester seulement avec mon frère aîné qui vit encore avec elle.

Je n'ai jamais eu des relations faciles avec ma mère (personnalité très tyrannique) ni avec mes frères (très égocentriques) mais j'ai fait tout ce que je pouvais, comme mon père, qui était profondément croyant et pratiquant, l'aurait voulu.

Mes enfants étant très jeunes, j'ai dû pour faire face et ne pas m'écrouler, demander un cocktail de somnifères, AD, et anxiolitiques. Le généraliste m'avait dit que les 3 premiers mois dans un deuil sont les plus difficiles.
Nous y sommes. Et je sens que mon chagrin a pris la forme d'un fleuve immense contenu par un barrage géant qui dévastera tout sur son passage s'il rompt.

Je souffre beaucoup physiquement depuis l'âge de 15 ans à cause d'une maladie génétique et une erreur chirurgicale il y a 6 ans, j'ai toujours tout accepté par amour pour Dieu, celui-Ci m'a accordée la grâce d'avoir 2 enfants malgré mon handicap de santé.
Mais là, alors que ma Foi devrait me faire accepter le départ de mon père, je n'y arrive pas. Je suis donc une mauvaise chrétienne? Je ne connais personnellement que des "pros" de la foi catholique (des gens dans divers ordres), et ceux-ci s'exclament Quelle chance que votre papa soit mort dans la foi chez lui avec un scapulaire de Notre-Dame! (j'avais insisté pour qu'il le porte une semaine avant sa mort, malgré sa modestie de ne jamais porter de signes visibles de sa foi). Pour ces personnes, en gros mon père est parti un peu avec le "package" parfait et tout va bien dans le meilleur des mondes.
Mais ce n'est pas mon avis! Je ne suis pas dans les ordres et je n'ai pas ce niveau d'acceptation de la volonté de Dieu.

J'ai tenté de trouver un livre pour m'aider, mais il n'existe que des livres sur des deuils spécifiques comme le deuil d'un enfant par exemple. Silence total sur le deuil banal d'un adulte perdant de vieillesse / maladie son parent âgé.
Il me faut préciser que ma détresse est si grande que je n'arrive plus à réciter le chapelet, ni aller à l'église ni communier ( ce qui me manque beaucoup pourtant).

J'ai, pour finir ce pavé, une question un peu puérile, mais ma maladie me causant des souffrances très intenses ces dernières semaines, je me demande Pourquoi papa ne peut-il m'aider de là-haut? Il est forcément au paradis, il n'a vécu que pour Dieu toute sa vie. Bref, je suis perdue dans une multitude de questions et je sais que ce n'est pas un psy qui m'aidera sur le plan spirituel. Mais mes appels à l'aide côté prêtres ou religieuses n'ont pas été très fructueux. Peut-être pourrez-vous m'aider un peu?

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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par Fée Violine » ven. 25 mai 2012, 2:58

Bonjour et bienvenue, Expatria!

D'abord je vous présente mes condoléances pour votre deuil. Je ne pense pas qu'un livre quelconque puisse faire l'économie de cette période douloureuse.
Vos "pros de la foi" me feraient sourire si le sujet n'était si grave. Car nous sommes tous des amateurs dans ce domaine et heureusement. Vos chrétiens professionnels me semblent surtout bien maladroits, puisqu'ils ont juste réussi à vous culpabiliser, comme si vous aviez besoin de ça.
Oui, perdre quelqu'un qu'on aime, c'est dur. Que dire de plus?
Je vous souhaite bon courage, reposez-vous, soignez-vous, ne culpabilisez surtout pas, et puis... ça finira par aller mieux... Vos enfants vous aideront, j'espère, à reprendre goût à la vie.
Je vous embrasse :coeur:

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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par katolik » ven. 25 mai 2012, 5:14

Expatria a écrit : Mais là, alors que ma Foi devrait me faire accepter le départ de mon père, je n'y arrive pas. Je suis donc une mauvaise chrétienne?
Expatria,

Non, vous n'êtes pas une mauvaise chrétienne !!!....votre message est si plein d'Amour pour votre papa...
Ne vous sentez pas obligée, à ce jour, de réciter le chapelet, d'aller à l'église ou de communier....Vous souffrez actuellement dans le fond de votre cœur, et cette souffrance est Prière !!
Votre papa est present et vous porte.....

Expatria, Je vous accompagne dans votre souffrance...Courage !
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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par Griffon » ven. 25 mai 2012, 7:34

Bonjour Expatria,

Non, vous n’êtes pas une mauvaise chrétienne parce que vous avez mal.
Vous êtes simplement humaine.
Comme Jésus devant le tombeau de Lazare.
La mort nous blesse tous au plus profond de notre être.
Et ce n’est pas notre raison raisonnable qui fera croire à notre cœur que nous n’avons pas mal.

Votre papa est au ciel.
Avec Jésus.
C’est déjà une consolation.

Vous restez ici… vous vous sentez seule,… mais vous n’êtes pas vraiment seule.
Quand le calme reviendra en vous, vous vous habituerez à cette nouvelle forme de relation.
Vous découvrirez alors que vous pouvez avoir confiance : oui votre papa est bien vivant, oui il continue à veiller sur vous et à vous dire son amour.
Et si le vide affectif reste, avec le temps, la blessure fera moins mal.

Coryez en mes prières sincères pour vous et votre famille,

Griffon.
Jésus, j'ai confiance en Toi,
Jésus, je m'abandonne à Toi.
Mon bonheur est de vivre,
O Jésus, pour Te suivre.

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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par coeurderoy » ven. 25 mai 2012, 8:55

Bonjour expatria, une belle méditation du Père Sertillanges :



http://www.cite-catholique.org/download ... &mode=view

Courage ! votre souffrance est bien normale et profondément humaine...

Union de prrières ! :)
"Le coeur qui rayonne vaut mieux que l'esprit qui brille"

Saint Bernard de Clairvaux

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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par etienne lorant » ven. 25 mai 2012, 18:20

Expatria a écrit : J'ai tenté de trouver un livre pour m'aider, mais il n'existe que des livres sur des deuils spécifiques comme le deuil d'un enfant par exemple. Silence total sur le deuil banal d'un adulte perdant de vieillesse / maladie son parent âgé.
Il me faut préciser que ma détresse est si grande que je n'arrive plus à réciter le chapelet, ni aller à l'église ni communier ( ce qui me manque beaucoup pourtant).

J'ai, pour finir ce pavé, une question un peu puérile, mais ma maladie me causant des souffrances très intenses ces dernières semaines, je me demande Pourquoi papa ne peut-il m'aider de là-haut? Il est forcément au paradis, il n'a vécu que pour Dieu toute sa vie. Bref, je suis perdue dans une multitude de questions et je sais que ce n'est pas un psy qui m'aidera sur le plan spirituel. Mais mes appels à l'aide côté prêtres ou religieuses n'ont pas été très fructueux. Peut-être pourrez-vous m'aider un peu?

J'ai vécu le deuil de mon père, que j'avais suivi dans une lente dégradation de son état physique (deux "AVC" consécutifs, avec des rééducations pénibles) jusqu'à sa dernière hospitalisation en mars 2008. Après son décès et jusqu'aux funérailles, et encore jusqu'au moment où j'ai eu fini de collecter tous les documents nécessaires pour que ma mère obtienne sa pension de survie... j'ai reçu tant de forces que je n'ai pas senti l'effort fourni (parfois, le soir commençait une autre journée de travail: je me souviens avoir compulsé des dossiers jusqu'à trois heurs du matin). Ensuite, j'ai recommencé à travailler normalement. Mais au cours de l'été qui a suivi, c'est ma mère qui a dû se faire opérer... après une chute. Les autres membres proches de la famille n'ont pas cru utile de changer de dates de congé, malgré le pronostic "réservé" du chirurgien : "C'est 50/50, elle n'a plus beaucoup de forces". Il faisait un superbe soleil la veille de l'opération et tout d'un coup, au milieu de la maison vide, je me suis vraiment écroulé par terre et j'ai crié après mon père : "Pourquoi m'as-tu laissé tomber !" J'ai dit ces mots-là, mais n'importe quels autres auraient fait l'affaire, et je me suis vidé de tout le chagrin que j'avais contenu jusque là. Ensuite, durant quelques minutes, j'ai réellement ressenti sa présence familière, mais de façon fugitive.

Ma mère vit toujours: 87 ans à présent, elle s'est bien habituée dans le home où elle réside, ne pouvant plus se déplacer qu'en chaise roulante. Quatre ans ont passé. Il est question de liquider la maison et de vendre (car je passe mon temps entre l'entretien, le travail et les visites), mais cette idée - de vendre la maison, heurte en moi la mémoire de mon père. Quel sentiment mystérieux ! Je ressens aujourd'hui une désapprobation intérieure... et je crois que je vais renoncer à cette mise en vente... mais je ne dirai jamais autour de moi, que "c'est parce que le père s'y oppose !"... et pourtant, c'est vraiment l'impression que j'ai. On peut en rire, mais je vis ces choses plus gravement que je m'imagine moi-même.

Je vous écris donc vraiment : "en union de prière", car le chagrin peut durer, mais il peut nous apporter de mieux nous connaître nous-mêmes.

Etienne
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par Expatria » lun. 28 mai 2012, 4:36

Bonsoir à tous,

je profite d'une énième nuit sans sommeil pour vous répondre. Je suis en train de me sevrer des somnifères mais c'est une horreur, je n'arrive à dormir que 5h par nuit au mieux et j'ai 2 petites de 23 mois à gérer en journée.

Je suis très touchée d'avoir eu toutes ces réponses qui m'ont fait du bien et je vous en remercie tous très sincèrement.

Votre témoignage Etienne de ce moment de désespoir vécu dans votre maison m'a fait sentir que je n'étais pas seule.

J'ai ré-essayé aujourd'hui, pendant la sieste de mes bébés, de réciter juste une dizaine. Mais mon esprit partait dans tous les sens, sautant d'une idée à l'autre. Péniblement j'ai fini mon chapelet après moult "interruptions". Je n'étais pas très satisfaite du résultat. La chaleur rendant mes enfants très difficiles (avec la fameuse phase du Non qui plus est), je n'ai pas osé abandonner mon mari toute seule pour aller à la messe ce dimanche.

J'ai eu un nouveau chagrin samedi midi. J'ai téléphoné à ma mère pour prendre de ses nouvelles et celle-ci m'a dit que je ne pourrai pas venir dans la maison familiale en août car mon deuxième frère, père de 3 enfants habitant sur Paris (donc venant beaucoup plus facilement et fréquemment la voir), sera là-bas.
Je lui ai fait part de ma surprise car avant elle me disait toujours "Tu es la bienvenue, il suffit juste que tu te réconcilies avec ton frère." Je ne lui ai pas adressé la parole pendant quelques années car il avait été violent avec moi, mais mes parents l'ont privilégié car il a été le premier à leur donner des petits-enfants il y a 14 ans, je n'ai pu le faire à mon tour qu'en 2010 (qui plus est, il a une carrière brillante de manager avec les revenus conséquents et a pu aider mes parents financièrement, ce que je ne pouvais pas faire à l'époque). Je me suis réconciliée avec mon frère 3 mois avant le décès de mon père (nous ignorions tous son cancer, il n'était même pas encore à l'hôpital) car j'ai ressenti le besoin de faire le sacrifice de mon orgueil (et des excuses légitimes que j'attendais pour son geste violent envers moi, il ne s'est jamais excusé) pour progresser dans ma foi.

Bref, je ressentais le besoin que nous nous retrouvions tous ensemble, mes 2 frères (l'aîné n'a pas d'enfants ni femme) et nos 5 enfants. Mais la maison sera soit disant trop pleine (il aurait fallu se tasser un peu mais c'était possible et je ne souhaitais venir qu'une petite semaine), ma mère trop fatiguée, me dit-elle. Pourtant celle-ci va garder la petite dernière de mon frère âgée de 4 ans toute seule tout le mois de juillet tandis que ma belle-soeur part en vacances aux Etats-Unis avec ses 2 aînés (9 et 14 ans). Mon mari travaille tout juillet et ma mère le sait. Malgré tout cela, je suis cordialement invitée... en septembre. Et là je ne pourrai pas pour des raisons personnelles.

Mais où est l'esprit de charité chrétienne et d'unité que souhaitait tant mon père? Entre un frère aîné qui m'annonce qu'il ne fera pas de cadeaux pour les 2 ans de mes petites car il n'en fait jamais pour personne (et ne veut pas de cadeaux pour son propre anniversaire) et le deuxième qui m'a fait perdre 15 ans où je n'ai jamais pu voir mon père à Noël parce qu'il y était.... je suis fatiguée de me battre. J'ai écrit un mail à mon frère (le deuxième avec 3 enfants) pour lui expliquer tout cela, et dire que si nous ne nous retrouvons pas ne serait-ce qu'une petite semaine en été, allons-nous attendre le prochain enterrement? Tout ce petit monde se prétend croyant et va communier la main sur le coeur mais ce n'est pas cela être chrétien!

Je souffre de l'absence de mon père, de ce questionnement constant de ne pas savoir s'il est "bien" là où il est, et je me ronge à l'idée qu'il puisse voir tout cela de là-haut. J'aurais vraiment besoin de son aide...

Mes excuses pour ce nouveau roman mais j'en avais besoin.

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Kerniou
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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par Kerniou » lun. 28 mai 2012, 17:39

Chère Expatria,
Vous n'êtes pas une mauvaise chrétienne, mais une chrétienne qui a beaucoup de chagrin et qui souffre ... Et Dieu ne vous abandonne pas, il vous laisse la temps de cheminer et si vous n'arrivez pas à dire le chapelet, vous êtes en union avec votre père et avec Dieu. Le deuil demande du temps et vous ne pouvez rien faire pour aller plus vite. Il faut le temps qu'il vous faut, c'est inexorable. Pour douloureuse que soit la mort d'un être cher, nous pouvons l'accepter et nous sentir plus fort de l'amour laissé en nous qui nous aide à surmonter les épreuves de la vie.
Faute de pouvoir compter sur votre famille pour le moment, peut-être pouvez-vous vous tourner vers votre diocèse. Je sais que dans certains cas, il existe dans équipes d' accompagnement pour les personnes en deuil ... A moins que ce ne soient les pros de la religion ... Auquel cas, je vous prie d'excuser ma proposition.
Bon courage à vous.
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par Véronique Belen » lun. 28 mai 2012, 18:35

Bonjour Expatria,

Je vous lis, je suis touchée par tant de chagrin, tant de tensions familiales qui s'ajoutent à la tristesse légitime que vous éprouvez dans votre deuil. Ne vous sentez pas mauvaise chrétienne ! Au contraire, je lis dans vos messages tant de désirs de paix familiale, de réconciliation, des efforts que vous avez l'air d'être un peu seule à faire dans ce contexte... Ne vous culpabilisez pas alors qu'autour de vous, on fait peu d 'efforts pour vous rendre votre deuil moins douloureux.

J'ai perdu ma mère il y a deux ans et j'ai pu le vivre dans la sérénité car la vie ne lui était que souffrance depuis 18 mois. J'ai ressenti très fort, par grâce, qu'elle était entrée dans la lumière du Christ et que ses souffrances avaient pris fin. Mais je ne dis pas pour autant que si mon père venait à mourir (79 ans), je le vivrais aussi sereinement, car j'ai une relation très forte avec lui et que mes soeurs et moi nous "cramponnons" un peu à sa présence, maintenant qu'il est notre seul parent, et qu'il nous donne tant d'amour.

Comme vous, ce que j'ai eu le plus de mal à vivre, c'est la façon étrange dont réagit une de mes soeurs. La solidarité dans l'affection n'a pas dépassé les quelques jours autour des obsèques. Sa façon de faire "bande à part" nous laisse perplexes.

Il n'y a pas de solution miracle à votre souffrance, Expatria. Il faut le temps que votre deuil se fasse. Je vous promets de prier pour vous.

Je pense encore à quelque chose que j'ai vécu récemment : une dame de ma paroisse, que j'aime beaucoup, a perdu son mari il y a quelques mois. Dans les jours qui ont suivi, j'en parlais avec elle à la sortie de la messe, je voulais qu'elle puisse exprimer son chagrin, partager avec elle sa douleur... Voilà que le curé passe à côté de nous : "Oh, les pleureuses de Jérusalem, il ne faut plus se lamenter, il est dans la gloire de la résurrection !"
J'ai beau aimer beaucoup notre curé, j'ai trouvé cela très déplacé et maladroit, alors que cette paroissienne avait enterré son mari quelques jours avant...
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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par PaxetBonum » mar. 29 mai 2012, 13:57

Chère Expatria,

Que dire ?
J'ai aussi eu la douleur de perdre mon père bien trop vite, bien trop tôt.
J'ai aussi subi cette explosion familiale que vous décrivez.
Mais quand le ciment de l'amour de Dieu n'est plus là (et il semble que votre père en était la source), l'édifice se fissure lamentablement…
Vous attendez de l'aide de votre Père ?
Lui en attend de vous aussi.
Priez pour lui, pour le repos de son âme.
Priez pour être avec lui auprès du Christ.
Pas besoin d'être satisfaite de votre chapelet, parlez librement à votre père et à votre Père qui est aux Cieux.
Dites leurs vos chagrins, vous doutes, vos déconvenues.

Dieu vous accorde sa Paix et sa Joie !
Pax et Bonum !
"Deus meus et Omnia"
"Prêchez l'Évangile en tout temps et utilisez des mots quand cela est nécessaire"

St François d'Assise

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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par Expatria » jeu. 31 mai 2012, 1:29

Bonsoir,

je vous remercie encore pour toutes ces réponses qui comblent un peu ma solitude dans le deuil.
Paxet Bonum, hélas oui, mon père était vraiment la source de la famille en terme de foi et de charité chrétienne.
Je me souviens encore que lorsque j'étais enfant, nous faisions tous la prière du soir agenouillés autour du lit de mes parents. J'avais bizarrement oublié cela pendant quelques années et ce souvenir m'est revenu il y a peu. Je crois que ce rituel a cessé lorsque mes frères sont devenus adolescents.

J'ai vraiment crû comme vous Véronique, que nous allions tous vers une nouveau départ, une nouvelle alliance fraternelle avec mes frères, je n'aurais jamais imaginé le contraire. Aucun des deux ne changera hélas.

Kerniou, j'ai bien songé à un groupe mais je n'en ai pas trouvé dans ma nouvelle paroisse (il n'y a même pas de messes simplifiées en semaine le soir, l'église est fermée). Je me console en me disant que au moins ma mère en bénéficie d'un en France dans sa paroisse. C'est un groupe de prières composé de veufs et de veuves d'un certain âge.

J'ai vu en revanche une annonce d'association pour femmes chrétiennes expatriées (pas dans ma ville, hélas). Je parle bien anglais donc je vais tenter de rentrer en contact.

Encore merci à tous.

etienne lorant
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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par etienne lorant » jeu. 31 mai 2012, 16:07

Expatria a écrit : J'ai vraiment crû comme vous Véronique, que nous allions tous vers une nouveau départ, une nouvelle alliance fraternelle avec mes frères, je n'aurais jamais imaginé le contraire. Aucun des deux ne changera hélas.
Il ne faut pas désespérer, jamais. Je vis exactement la même situation: j'espère toujours que mes sœurs changeront, qu'un jour je serai reconnu pour les services que j'ai rendus. J'espère toujours que je serai accueilli comme un frère (cela fait jeu de mots, puisque je suis vraiment leur unique frère !) et cela m'oblige à porter une sorte de souffrance, car les choses sont bien loin de tourner comme je les espère. MAIS j'ai de la part du Seigneur, des consolations à cette situation que je n'aurais jamais osé imaginer. Finalement, certes, je porte une douleur, comme une petite épine dans le front, cependant je constate que je suis de plus en plus mûr dans ma foi. Confiance !

En union de prière.

Etienne
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

lucieperraton
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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par lucieperraton » dim. 03 juin 2012, 22:30

bonjour Expatria
Quand on a tout donné et que l'on veut encore donner et donner .
Quand un êre cher nous abandonne, un père, un roc sur lequel on comptait. On dirait que son amour avec lui est parti. On voudrait continuer sa mission, comme une dette ,comme si en faisant ainsi on le retrouverait dans quelques détours
On vourait continuer comme avant, avoir avec soi ceux qu'on aime; on les voudrait heureux car sans cela on ne l'est pas.
Comme notre désir est grand quand on est sûr qu'on est sur la bonne voie. OUi c'est vrai Expatria, tu es sur la bonne voie; Dieu est ton allié car tu l'appelles . Ton Dieu est impatient de venir à toi comme tu vas aux autres avec amour .
Regarde, Expatria, tes mains de femme courageuse, de mère amoureuse.........elle voudrait faire un monde ou Dieu bénit au quotidien tous ceux que tu aimes.
Et si ............tu t'avouais une heure vaincue, incapable de continuer, épuisée, vidée.....et si tu voyais comme seul salut le saut : celui de te dire que seul Dieu peut régler ta vie et de ceux que tu aimes.......alors......peut être que Jésus retroussant ses manches ,prendrait tes mains pour te conduire , à Sa façon;Dieu te connait plus que toi-même.
Plonge ma belle Expatria, à travers tes larmes, ta peine et tes nuits mouvementées;
Au point ou tu en es tu ''risques'' de récolter des instants de grâce dans ta journée: quelques minutes de bonheur avec ton enfant; une pensée d'amour envers un proche qui te confirmera que Dieu travaille à ton bonheur; une promenade qui te donnera une belle énergie; une jasette à la voisine négligée qui te fera sentir utile; un appel téléphonique difficile qui te réchauffera le coeur; pleins de petits pas qui changeront ta relation avec Dieu. Dieu ne peut aller vite pour ta guérison car il connait ta vulnérabilté en ce moment.
Puis ,surtout, tu continues de nous raconter tes petits exploits du jour ..tes moments de désespoir.
tes faux pas car tu es humaine et Dieu aime plus que tout les humains. Tu es son enfant chérie
bon courage
PS J'espère qe le tutoiement ne gêne pas. J'ai presque 2X ton (votre âge) cela peut-il excuser ma maladresse?

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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par Expatria » lun. 04 juin 2012, 4:45

Bonsoir à tous,

j'ai pu enfin me rendre à l'église communier samedi soir et dimanche soir. J'ai donné les rênes à mon mari en disant: "Bon courage avec les bourriques, là je dois y aller, j'en ai besoin."

Cela m'a fait beaucoup de bien. Quand je n'étais pas maman, je tirais beaucoup de forces de la communion, et cela m'a beaucoup manqué ces 2 dernières années. Manque de temps, et de proches pour passer la main le temps d'un office. Je ne sais pas comment font les autres mères catholiques mais ça reste un vrai défi de pouvoir m'échapper de mes obligations. D'ailleurs, lorsque j'ai demandé au prêtre de ma nouvelle paroisse s'il pouvait me recommander une dame pour du baby-sitting, il m'a répondu qu'il était surpris puisqu'il voyait des mamans à l'office avec plusieurs enfants. Je lui ai répondu assez sèchement qu'avoir des jumeaux est totalement incomparable avec une fratrie échelonnée et choisie dans le temps. "Passez donc un soir à dîner vous m'en direz des nouvelles, cher monsieur!" Bizarrement il n'a pas relevé l'invitation et s'est trouvé tout confus :furieux:
En gros, mère catholique isolée, expatriée, sans famille, avec 2 jumeaux c'est Débrouille-toi!
Mais je m'éloigne du sujet.
J'ai bien eu la confirmation qu'aucun groupe de prières n'existait dans mon cas. :(

Travaillant déjà en tant que bénévole dans une association de parents expatriés (surtout des Allemands, des Anglais et des Américains), j'ai pensé proposer au manager de l'association la création d'un groupe de réflexion spirituelle (si je parle directement de catholicisme, je vais droit dans le mur, il y a principalement des Protestants et des Anglicans).
Mais je ne peux pas jeter l'idée en l'air juste comme ça. Il faut que je présente des idées de réflexions théologiques axées sur la parentalité. C'est la grande inconnue pour moi. Ca ne sera donc pas un groupe de prières hélas mais si ce petit projet aboutit, je ferai mieux mon deuil en honorant la mémoire de mon père.
Au plaisir de vous lire sur ce forum. Je relis souvent vos réponses pour me remonter le moral.

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Re: Faire le deuil de son père lorsque l'on est adulte

Message non lu par PaxetBonum » mar. 05 juin 2012, 13:03

Expatria a écrit : D'ailleurs, lorsque j'ai demandé au prêtre de ma nouvelle paroisse s'il pouvait me recommander une dame pour du baby-sitting, il m'a répondu qu'il était surpris puisqu'il voyait des mamans à l'office avec plusieurs enfants. Je lui ai répondu assez sèchement qu'avoir des jumeaux est totalement incomparable avec une fratrie échelonnée et choisie dans le temps. "Passez donc un soir à dîner vous m'en direz des nouvelles, cher monsieur!" Bizarrement il n'a pas relevé l'invitation et s'est trouvé tout confus :furieux:
En gros, mère catholique isolée, expatriée, sans famille, avec 2 jumeaux c'est Débrouille-toi!
Je pense plutôt que ce prêtre vous invitait à faire venir vos enfants à la messe.
"Laissez venir à moi les petits enfants" disait Notre Seigneur.
Pax et Bonum !
"Deus meus et Omnia"
"Prêchez l'Évangile en tout temps et utilisez des mots quand cela est nécessaire"

St François d'Assise

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