par Crosswind » sam. 19 déc. 2020, 16:33
Je suis d'accord : toute proposition absolument vraie, par constitution, ne peut être niée. Mais votre raisonnement n'est ce me semble pas correct pour autant, puisqu'il ne porte pas sur des propositions absolues, mais toujours relatives. Relatives à vos perceptions phénoménales. Une proposition A est donc d'abord et avant tout une proposition relative, tout comme sa négation. Or on sait qu'une proposition relative peut être fausse dans tous les cas, qu'elle soit niée ou pas.
L'histoire abonde de concepts "évidents", tombés en désuétude. Le plus connu? "La Terre est plate". Nier cette proposition contenait tant d'évidences contradictoires que personne n'a jamais pensé remettre sérieusement en doute la conclusion que "la Terre est plate" est nécessairement vrai, au non du Tiers-exclu. Autre exemple, le phlogistique. Le phlogistique était un concept en vogue en chimie, il y a de cela quelques siècles. Et à l'époque, on y croyait dur comme fer. Or certaines propositions qui comprenaient le concept de phlogistique n'étaient manifestement pas vraies lorsque niées, c-à-d expérimentalement fausse. On en déduisait, comme vous le faites avec le vent, la vérité de la proposition affirmée, et donc la réalité du phlogistique. Depuis, le phlogistique est tombé dans la cave à concept des sciences, et toute proposition, niée ou pas, qui le concerne, est tout simplement fausse. Dans ces exemples, ni A, ni non-A ne sont vrais.
Bon. Mais comment justifiez-vous, aussi, le lien que vous établissez entre "le vent" et son "effet" sur le peloton? Vous attribuez à certains phénomènes, des mots (le vent, le peloton, une déviation). Ce faisant, vous construisez des concepts, et même une multitude de concepts. Mais ces concepts ne sont rien d'autres que vos concepts, des concepts relatifs à l'entendement qui les manipule. De sorte qu'il vous est impossible de départager si ces concepts sont appris par vous, ou construits par vous. Admettons tout de même que ces concepts soient le reflet plus ou moins véritable d'une chose qui existe au sens absolu. Eh bien, "le vent" pourrait encore n'être que le résultat secondaire d'une déviation première du peloton. Auquel cas, la proposition causale qui donne d'emblée le vent pour cause est incorrecte.
Autre chose, et peut-être plus important encore : rien ne permet d'établir un lien causal absolu entre des phénomènes. C'est un classique en épistémologie : comprendre si les liens de causalité sont absolus ou relatifs est, depuis Kant, une question indécidable. Et là encore, l'histoire des hommes nous montre à quel point les relations causales évoluent avec l'appréhension que l'on a du monde.
Bref, affirmer non-A impossible n'autorise nullement à affirmer la vérité absolue de A, parce que A n'est par défaut qu'une proposition relative, et qu'une proposition relative peut-être incorrecte dans ses fondements, de sorte que niée ou pas, elle reste fausse.
Je suis d'accord : toute proposition absolument vraie, par constitution, ne peut être niée. Mais votre raisonnement n'est ce me semble pas correct pour autant, puisqu'il ne porte pas sur des propositions absolues, mais toujours relatives. Relatives à vos perceptions phénoménales. Une proposition A est donc d'abord et avant tout une proposition relative, tout comme sa négation. Or on sait qu'une proposition relative peut être fausse dans tous les cas, qu'elle soit niée ou pas.
L'histoire abonde de concepts "évidents", tombés en désuétude. Le plus connu? "La Terre est plate". Nier cette proposition contenait tant d'évidences contradictoires que personne n'a jamais pensé remettre sérieusement en doute la conclusion que "la Terre est plate" est nécessairement vrai, au non du Tiers-exclu. Autre exemple, le phlogistique. Le phlogistique était un concept en vogue en chimie, il y a de cela quelques siècles. Et à l'époque, on y croyait dur comme fer. Or certaines propositions qui comprenaient le concept de phlogistique n'étaient manifestement pas vraies lorsque niées, c-à-d expérimentalement fausse. On en déduisait, comme vous le faites avec le vent, la vérité de la proposition affirmée, et donc la réalité du phlogistique. Depuis, le phlogistique est tombé dans la cave à concept des sciences, et toute proposition, niée ou pas, qui le concerne, est tout simplement fausse. Dans ces exemples, ni A, ni non-A ne sont vrais.
Bon. Mais comment justifiez-vous, aussi, le lien que vous établissez entre "le vent" et son "effet" sur le peloton? Vous attribuez à certains phénomènes, des mots (le vent, le peloton, une déviation). Ce faisant, vous construisez des concepts, et même une multitude de concepts. Mais ces concepts ne sont rien d'autres que [b]vos[/b] concepts, des concepts [i]relatifs[/i] à l'entendement qui les manipule. De sorte qu'il vous est impossible de départager si ces concepts sont appris par vous, ou construits par vous. Admettons tout de même que ces concepts soient le reflet plus ou moins véritable d'une chose qui existe au sens absolu. Eh bien, "le vent" pourrait encore n'être que le résultat secondaire d'une déviation première du peloton. Auquel cas, la proposition causale qui donne d'emblée le vent pour cause est incorrecte.
Autre chose, et peut-être plus important encore : rien ne permet d'établir un lien causal absolu entre des phénomènes. C'est un classique en épistémologie : comprendre si les liens de causalité sont absolus ou relatifs est, depuis Kant, une question indécidable. Et là encore, l'histoire des hommes nous montre à quel point les relations causales évoluent avec l'appréhension que l'on a du monde.
Bref, affirmer non-A impossible n'autorise nullement à affirmer la vérité absolue de A, parce que A n'est par défaut qu'une proposition relative, et qu'une proposition relative peut-être incorrecte dans ses fondements, de sorte que niée ou pas, elle reste fausse.