par Harfang » lun. 27 févr. 2012, 13:27
« Ce n’est pas en vain que l’Eglise universelle a établi par le monde la récitation de la prière pour les juifs obstinément incrédules, pour que Dieu lève le voile qui couvre leur cœur, et les amène de leur obscurité à la lumière de la Vérité. » (Saint Bernard, Lettre 365)
« Le peuple hébreu choisi autrefois pour être participant des Célestes Mystères, autant fut-il élevé en dignité et en grâce au-dessus de tous les autres, autant par la faute de son incrédulité, fut ensuite abaissé et humilié lorsque vint la plénitude des temps, réprouvé comme perfide et ingrat, après avoir, d’une façon indigne, ôté la vie à son Rédempteur. » (Saint Pie V)
« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants » (Matthieu XXVII, 25)
Bonjour,
Le moratoire concernant les discussions sur les juifs et Israël ayant expiré, je me permet de soumettre à l'examen une question à laquelle je n'ai toujours pas trouvé de réponse définitive, bien que j'eusse une idée à son propos : les juifs sont-ils historiquement et théologiquement responsables de la mort du Christ ? La Synagogue est-elle déicide ? Quel est le statut du judaïsme aujourd'hui ?
Pour beaucoup cette question polémique est inabordable, tabou, interdite de controverse... Tant pis, j'ose la soulever, en espérant ne point m'attirer les ires de la modération, que je prends à témoin de ma bonne volonté et de ma recherche sincère de vérité sur ce sujet explosif.
En effet, s'il y a bien quelque chose qui me choque de nos jours, c'est la judéophilie ambiante, y compris dans l'Église, qui nous fait appeler les juifs talmudiques "nos aînés dans la foi", nos "frères"...etc. Ces expression me laissent perplexe : jamais on aurait idée d'appeler ainsi des musulmans ou des hindous... Pourquoi le ferions-nous à propos des juifs talmudiques ? Ont-ils quelque chose de commun avec Moïse ? Où sont passé le sacerdoce, les sacrifices, le Temple ? Comment pourrais-je appeler "frères" les rabbins, héritiers des pharisiens de l'Évangile, considérés par Jésus comme une "race de vipère" ? Si j'éprouve une grande vénération pour le judaïsme biblique, j'émets les plus sérieuses réserves concernant le judaïsme contemporain : il me semble que depuis la Croix, la situation n'est plus la même et que le judaïsme qui nie le Christ n'a plus rien de vénérable, qu'il est au contraire réprouvé, digne d'anathème. Voici, plus bas, la vision à laquelle j'adhère ; si elle s'avérait fausse, je suis prêt à abjurer mes erreurs, mais pour l'instant elle me paraît parfaitement cohérente, bien qu'elle soit, c'est le moins qu'on puisse dire, politiquement très incorrecte.
Dans l’histoire du monde, il y a un avant et un après le drame prodigieux du Golgotha. Tel est l’élément, non anodin s’il en est, qui échappe totalement à ceux qui tentent de penser la « Question Juive » soit à l’aune de la nouvelle religion de l’holocauste soit à celle des imprécises et faiblement pertinentes données géopolitiques et militaires de nos temps ténébreux, imaginant, sans plus d’examen, dans de surprenants discours témoignant d’une immense confusion justifiant le sionisme plus que ne pourrait le faire n’importe quel rabbin kibboutznik, que le don fait à Moïse par l’Eternel de la terre promise perdure sans aucun changement après la venue du Christ en ce monde, ce qui est totalement absurde, oubliant par là même, dramatiquement, que l’actuel judaïsme rabbinique synagogal et talmudique, infidèle à sa vocation spirituelle par son rejet du Messie, n’a strictement plus rien à voir, et ce de manière impressionnante, avec le judaïsme biblique. Voilà, ce me semble, l’oubli radical de certains esprits qui souhaitent aborder la « Question Juive » en évacuant purement et simplement la place de Jésus-Christ au sein de l’Histoire, se rendant ainsi absolument incapables de penser en chrétiens, et qui donc, conséquemment, rejoignent dans leurs positions impies et scandaleuses, consciemment ou inconsciemment, les pires ennemis du Christ et de son Église.
La substitution de l’Église (Verus Israël), à la Synagogue
Afin de pouvoir penser « chrétiennement » cette « Question Juive », Mgr Charles Journet consacra au «Mystère d’Israël» une longue méditation, bien plus cohérente que les thèses défendues par Jacques Maritain. On se penchera donc, pour aborder cette question juive, de préférence sur la réflexion de Mgr Charles Journet, infiniment plus sérieux que Léon Bloy ou Jacques Maritain sur le plan doctrinal, qui tenta d’initier une interrogation chrétienne d’Israël, en se fondant sur l’enseignement traditionnel de l’Église, Église qui ne craignait pas alors d’évoquer à juste titre la substitution de l’Église à la Synagogue, Synagogue talmudique que l’Apocalypse de st Jean appelle à deux reprises Synagogue de Satan et qui fut rejetée par Dieu (Apocalypse. 2, 9 ; 3, 9) en raison de son infidélité, et répudiée au profit de l’Église (Jésus dit aux pharisiens qui niaient sa divinité, c’est-à-dire au judaïsme rabbinique et postbiblique antichrétien [2], que leur père selon la génération charnelle était certes Abraham, mais que selon l’esprit c'était le diable (Jean VIII, 31-47), thème repris et développé par saint Jean Chrysostome, Commentaire sur l’Évangile selon St Jean, Homélie LIV, 1, Saint Augustin, Commentaire sur Jean, Discours XLII, 1, et saint Thomas D’Aquin, Commentaire sur St Jean, VIII, Lectio IV, 1201.
Charles Journet déclare donc solennellement dans son ouvrage :
- « Nous voudrions adresser aux juifs un rappel. Quand ils rendent l’Église responsable, pour les avoir accusés devant l’histoire de déicide, de leurs immenses malheurs, ils oublient que Dieu, que Iahvé lui-même, en les choisissant comme unique peuple messianique et théophore, devait les rendre odieux et les désigner à l’hostilité du monde et des peuples païens, longtemps avant l’Incarnation, longtemps avant le déicide. […] Le déicide est venu. Il a empêché les juifs, qui en furent l’instrument, de passer de l’état de nation messianique à l’état d’Église messianique, de l’état provisoire de nation théophore à l’état définitif de royaume de Dieu supranational. Il n’a pas fait que la main de Dieu cessât de reposer sur eux. Il a fait qu’elle ne s’y repose plus comme autrefois, et qu’elle ne s’y repose pas non plus comme dans l’Église, désormais seule messianique et seule théophore, elle aussi persécutée, par le monde et parfois par eux. » (Ch. Journet, Destinées d’Israël. À propos du Salut par les Juifs, Paris, 1945, pp. 199-201.)
Responsabilité du judaïsme pharisaïque dans la mort du Christ
Ces lignes, dont la grande pertinence nous permet de mieux cerner le sens de la terrible situation en ce monde du peuple qui demanda que l’on crucifie le Messie, ont le mérite de montrer clairement le sens des conditions mêmes dans lesquelles se trouvent placés les Juifs depuis le Golgotha, et la raison du châtiment qu’ils subirent collectivement, consécutivement à l’ignominieux traitement infligé au Christ sur le Calvaire. Rappelons que pour tous les Pères de l’Église, unanimement (de st Ignace d’Antioche † 107 à st Augustin † 430, en passant par st Justin † 163, st Irénée† 200, Tertullien † 240, st Hyppolite de Rome † 237, st Cyprien 258, Lactance † 300, st Athanase † 373, st Hilaire de Poitiers † 387,st Grégoire de Nazianze † 389, st Ambroise de Milan † 397, st Cyrille d’Alexandrie † 444), ce qui porte la responsabilité de la mort de Jésus est bien le judaïsme pharisaïque talmudique par le truchement de ses “fidèles”. Dans la mort du Christ, c’est donc la communauté religieuse d’Israël post-biblique qui est impliquée (hormis un “petit reste” qui fut fidèle au Christ : les Apôtres, les Disciples, etc.), la majeure partie du peuple ayant prit une part active à la condamnation de Jésus.
«Nous, nous avons une Loi, et d’après cette Loi, Il doit mourir ! » (Jean, XIX, 7)
Il faut, dès lors, comprendre que le peuple juif était, effectivement, un peuple théologique, le peuple théologique par excellence que Dieu s’était créé pour Lui, il se devait de devenir une race salvatrice dans le Christ. Ainsi, tout ce qu’on pourra dire au sujet des juifs restera bien court devant la grandeur de ce peuple qui nous a donné le Christ. Mais le Christ ne se réduit pas à son origine juive, comme certains littérateurs contemporains maladroits voudraient le laisser supposer, incapables de voir plus loin que l'horizon charnel. Le Christ, qui se fit homme, était d’une grandeur qui surpassait infiniment l’humaine condition. Le Christ était Divin, le Christ était le Fils Unique du Père, la Splendeur rendue visible de la Substance Divine. Aussi le peuple juif, soutien généalogique de grandeurs qui surpassaient sa propre valeur, aurait dû s’abîmer dans sa propre petitesse à cause des grandeurs qu’il portait. Mais au contraire une partie d’Israël fut mordue par l’orgueil. Insensée, elle se crut plus grande que les autres peuples, que toutes les autres races, et surtout plus grande que le Christ. Elle se crut supérieure à tous et éleva autour d’elle une enceinte pour ne pas se contaminer à l’infériorité des autres ; et elle a travaillé pour les dominer et, finalement, par son rejet criminel du Messie, s’est retrouvée soumise aux nations car, comme pour Esaü et Jacob (Genèse 27 30-41), l’aîné a été soumis au cadet.
« Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis» (Luc XXI, 24)
Les Juifs talmudiques et la Synagogue, zélés serviteurs du mystère d’iniquité
La destruction du second Temple par Titus en 70 et la défaite de Bar Kocheba en 135 qui participaient des châtiments annoncés par les prophéties, constituèrent pour le judaïsme une catastrophe aussi importante que la destruction du premier Temple en - 586 av. Jésus-Christ. Le peuple juif, dont le chandelier sacré du Temple fut exhibé triomphalement à Rome, perdit ainsi son identité politique et sa référence religieuse. C’est dans ces circonstances qu’apparut le mouvement rabbinique talmudique. Les rabbins, héritiers des pharisiens, prirent définitivement autorité sur la vie communautaire et spirituelle. En attendant que Dieu accordât la rédemption messianique à tout Israël, la Torah — l’étude et l’observation de ses commandements — devait tenir lieu de Temple. Certains rabbins affirmèrent que, si tous les juifs se conformaient à la Torah, le Messie serait obligé de venir. Institutionnellement, la Synagogue et la maison d’étude rabbinique, remplacèrent donc le Temple détruit. Dès lors, les Juifs qui furent longtemps les dépositaires du mystère de fidélité, après la mise à mort du Christ se convertirent, en se basant sur une conception judaïque talmudique dévoyée que les pontifes romains considérèrent comme une manifestation de la permanente « perfidie » juive, en zélés serviteurs du mystère d’iniquité n’acceptant pas la substitution sacerdotale de leur élection à l’Église qui devenait, après eux, le véritable Israël. Joseph de Maistre (1753-1821), qui réfléchira à la signification à la rigueur du châtiment infligé à Israël et s’interrogera sur la dureté de l’exil imposé aux hébreux depuis la mort de Jésus, exprime fort bien l’une des raisons de cette situation : « Dieu vous a dispersés parmi les nations […] ; afin que vous leur appreniez qu'il est le seul Dieu et le seul tout-puissant. » (Soirées de Saint-Pétersbourg, IXe Entretien.)
A d’autres qu’aux hébreux, furent donc accordées les bénédictions de la Promesse. Et ces autres-là, c’est ceux, Juifs et Gentils - Juifs d’abord et Gentils ensuite - qui forment l’Église de Jésus-Christ. L’Église de Jésus-Christ est le vrai Isaac, le vrai Jacob, et le vrai Abel. Le Christ a été le sanctificateur des Juifs et des Gentils pour former une création nouvelle, l’Église de Jésus-Christ, qui adore le Père en Esprit et en Vérité. (Jean, IV). Dès le jour de la Pentecôte (Actes II,1), il y eut formation et constitution sur la terre d’un nouveau peuple de Dieu : l’Église, «car nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Corinthiens 12,13). De sorte, sachant que saint Augustin, saint Irénée, saint Thomas, saint Bonaventure, Cajetan, Bellarmin, Baronius, saint François de Sales et presque tous les pères et théologiens partagent cet avis : « Jésus-Christ, a pris l’ancienne Église et l’a mise dans la nouvelle ; il a pris la Synagogue, et lui a substitué l’Église. Les juifs qui ont été depuis Jésus-Christ, et qui sont à présent, ont été et sont des déserteurs de la religion juive, puisqu’il n’ont point voulu reconnaître le Messie, ce qui faisait pourtant le point capital de leur religion. » (Finis Legis Christus X, 4) Ainsi, fatal aveuglement des modernes qui ont perdu tout sens théologique, il y a bien un lien de cause à effet direct entre la crucifixion et les événements qui suivirent, à savoir : l’arrêt du culte mosaïque, la cessation des sacrifices du Temple, la destruction de Jérusalem, la dispersion et l'exil loin de leur terre des hébreux. Tout cela correspond à la réalisation exacte de ce que le Christ avait solennellement prophétisé aux juifs : « Viendront des jours de vengeance... il y aura une grande contrainte, une grande colère sur la terre pour ce peuple... et ils tomberont au fil de l’épée, et ils seront emmenés en captivité dans toutes les nations ». (Luc, XXIII, 20-24). Alors, tout ce que le monde put produire de plus inique et de plus pervers sortit aussi de ce peuple qui se réjouissait du sang du Sauveur et qui clamait : «Que Son sang retombe sur nous et sur nos enfants !» (Matthieu XXVII, 25). Le crime le plus grand de tous les temps, la mort de l’Homme-Dieu, a été perpétré par ce peuple qui mérita pour cela le nom de «perfide ». Où est donc la racine du péché et de toutes les erreurs judaïques ? Dans le fait «qu’une partie de ce peuple» a cru que ses promesses faites aux Juifs à cause du Christ qui devait naître d’eux, furent faites à sa chair, à sa race, à sa généalogie, à sa nation. En d’autres termes, au lieu de s’apercevoir que si le peuple Juif était le peuple de prédilection, il l’était uniquement par le Christ. Eux, dans leur aveuglement, crurent que ce fut le Christ qui eut de quoi Se glorifier de Sa descendance généalogique.
L’Eglise est aujourd’hui « l’Israël spirituel » authentique
Rappelons que les bénédictions de l’Eglise, ou de ceux qui la composent, dépassent celles de l’Ancienne Alliance. L’union des croyants avec le Christ par le Saint Esprit, telle qu’elle est décrite notamment dans l’épître aux Éphésiens, est un privilège exclusif des chrétiens. En outre, les croyants de l’époque actuelle sont des étrangers sur la terre ; ils suivent un Sauveur rejeté et méprisé du monde. Le résidu d’Israël qui héritera du royaume millénaire, de même que les gens des nations qui y auront part, n’y seront nullement des étrangers. Sur une terre purifiée par les jugements, ils seront les sujets d’un Christ glorieux dont l’autorité sera reconnue de tous, mais lorsque la Divine Providence le décidera, pas avant ! L’Israël spirituel authentique aujourd’hui c’est, de ce fait, l’Eglise de tous les baptisés. Le peuple hébreu, l’Israël charnel, n’est plus qu’une réalité naturelle désacralisée dont la filiation divine a cessé sachant qu’il n’y rien « qui puisse suggérer l’idée d’une prérogative quelconque d’Israël comme peuple de Dieu depuis l’instauration de la Loi nouvelle. La promesse faite par Dieu au peuple israélite est une alliance temporelle et transitoire, abandonnée au profit de la Nouvelle Alliance. Quand donc saint Paul affirme que les ‘‘dons et l’appel de Dieu sont sans repentance’’ et que ‘‘Dieu n’a pas rejeté son peuple’’, il signifie par là que Juifs et Gentils sont convoqués à l’obéissance de la foi et qu’Israël n’est pas exclu de cet accueil universel puisqu’à la fin des temps il sera réintégré. Or cette réintégration ne s’effectuera pas selon le statut de l’Alliance Ancienne et dans le régime de l’Israël charnel, mais bien sous le sceau de la Nouvelle Alliance et dans la sphère indéfiniment élargie de l’Israël spirituel [cad l’Eglise]. Dieu ne laissera pas protester sa promesse parce que l’Eglise est désormais le peuple de Dieu et qu’Israël lui sera finalement incorporé. »
Aujourd’hui, en attendant le retour du Messie, nous sommes donc historiquement placés dans le temps de l’Eglise, le temps du « Nouvel Israël », le ‘‘Verus Israël’’ [C’est saint Justin martyr (IIe s.) dans le dialogue avec Tryphon, dans lequel il défendait le christianisme contre un interlocuteur juif, qui utilisa pour la première fois l’expression à propos de l’Église : « véritable Israël » (cf. §135) ], qui correspond au temps de la grâce, temps qui succède à la Loi et au culte mosaïque, période caractéristique qui a commencé lors de la venue du Christ et qui n’est pas encore terminée tant que le Messie n’est pas de nouveau revenu en Gloire. C’est la période durant laquelle le peuple d’Israël est placé, sur le plan de l’Histoire Sainte dont le déroulement se poursuit, dans la sujétion des nations et dans la dépendance spirituelle des promesses faites à l’Eglise. Le Seigneur indique d’ailleurs que Jérusalem sera « foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accompli s» (Luc 21, 24). Ces temps, ces temps historiques à l’intérieur desquels le peuple juif possède une importance exceptionnelle puisque c’est un peuple qui accompagne l’humanité dans tout le déroulement de l’Histoire, ces temps ont commencé au moment où, dans son gouvernement envers Israël, Dieu dut livrer son peuple entre les mains des nations. Le Temple fut détruit, de même que la muraille de Jérusalem, la ville brûlée, ses trésors emportés, et le peuple qui avait échappé à l’épée emmené en captivité. La sentence «Lo-Ammi», c’est-à-dire « pas mon peuple», annoncée par le Prophète Osée, entra ainsi en vigueur d’une façon redoutable. La pénible et éprouvante réprobation d’Israël se voit ainsi, certes mystérieusement mais aussi formellement, permise jusqu’à ce qu’Israël accepte le Messie et rejoigne l’Eglise, ceci correspondant exactement à ce que saint Paul dit nettement : « … alors tout Israël sera sauvé. » (Romains, XI, 25).
Il y aura donc une fin à la réprobation et aux temps des nations qui se termineront, non pas à la faveur d’une décision volontaire bassement profane, nationaliste et antireligieuse du peuple Juif décidant de retourner en Terre Sainte en s’y imposant brutalement par la force des armes et la terreur en piétinant le plan que Dieu a forgé pour le peuple élu qui doit lui aussi, selon l’eschatologie de l’Histoire Sainte, trouver sa place dans le Royaume, mais seulement lorsque le résidu juif fidèle, reconstitué à travers les terribles jugements apocalyptiques, entrera dans la bénédiction du Millénium. En effet, si la structure et la dynamique des nations et de la vie profane tombent sous la coupe du «Prince de ce monde» parce que ce dernier a acquis sur elles possession l’homme ayant cédé à sa suggestion, sur le terrain de l’Histoire Sainte il faut impérativement que soient mises en œuvre des forces spécifiquement saintes. Israël sera alors de nouveau reconnu comme étant le peuple de l’Éternel. « Je dirai à Lo-Ammi : Tu es mon peuple, et il me dira : Mon Dieu» ( Osée 1,9 ; 2:23). Les prophètes de l’Ancien Testament nous parlaient déjà du résidu d’Israël qui jouera un rôle de premier plan aux derniers jours. Ce sont les réchappés de l’épée (Esaïe 4:2 ; 10:20 ; Jérémie 31:2 ; Joël 2:32). Dans une période où la grande masse d’Israël se détournera de Dieu et sera l’objet de son jugement, ce sont ceux dont Dieu aura touché le coeur et qu’il aura amenés à la repentance. Dieu les reconnaîtra comme étant son peuple, et après les tribulations, ils entreront dans les bénédictions du Millénium ainsi que l’explique l’Ecriture.
La religion chrétienne seule nécessaire au Salut
Or, alors que nous possédons de telles déclarations positives de la part de Dieu dans l’Ecriture, déclarations commentées et confirmées par l’ensemble des Pères et docteurs de l’Eglise, et comme le soutenait Léon Bloy, comment est-il possible de se prétendre respectueux de Dieu lorsqu’on ignore, ou, plus grave encore, méprise sa Parole, en n’établissant son jugement et ses opinions que sur l’immédiate visibilité des faits, alors que l’unique, la seule authentique et véritable fidélité, se mesure uniquement au strict respect des plans de Dieu sur l’Histoire : « C'est à détraquer l'entendement, à suggérer le dégoût de vivre, de penser qu'un homme peut se dire admirateur du Salut par les Juifs et croire, en même temps, qu'il y a des choses plus importantes que d'obéir aux commandements de Dieu » (1899, Dix-sept mois en Danemark.).
Retenons que la venue du Christ a abrogé la Loi mosaïque en ce que celle-ci avait de propre au peuple Juif, L’épître aux Hébreux ayant été écrite pour montrer aux Juifs que tout le système de la Loi — en particulier la sacrificature et les sacrifices — était mis de côté. Il s’agissait «d’ordonnances charnelles imposées jusqu’au temps du redressement» (Hébreux 9, 10). Mais le Christ étant venu, nous avons en lui le seul sacrifice capable d’ôter les péchés (Hébreux 10, 12-14), et le sacrificateur parfait qui «nous convenait» (7:25, 26). Ainsi comme le précise saint Paul : « Il y a abrogation et caducité de la religion qui a précédé, à cause de sa faiblesse et de son inutilité car a loi n’a rien amené à la perfection» ( Hébreux 7, 18-9). La religion chrétienne est ainsi devenue la seule religion nécessaire au Salut de tous les hommes, qu’ils soient Juifs ou païens, et ce jusqu’à la fin des siècles puisqu’elle n’a plus à recevoir de développement dans la mesure où Jésus-Christ nous l’a donnée aussi parfaite que Dieu la voulait pour la Rédemption générale du genre humain, ce que tiendra à souligner fermement le cardinal Jean Daniélou (1905-1974), précisément au moment où d'autres théologiens avançaient d'autres thèses :
- « … une théologie discutable [parle] du rôle actuel du peuple juif dans l'histoire du salut. [Elle] affirme en particulier qu'on ne peut pas dire que “le peuple juif a été dépouillé de son élection”… C'est également tout confondre que d'écrire que “la première Alliance n'a pas été rendue caduque par la Nouvelle”. Que signifient alors les termes d'Ancienne et de Nouvelle Alliance, d'Ancien et de Nouveau Testament?… Parler de la Nouvelle Alliance, c'est dire que l'Ancienne est dépassée. Dire que l'Ancienne Alliance n'est pas caduque, parce qu'elle est “la racine, la source, le fondement, la promesse”, c'est jouer sur les mots. Car c'est précisément parce qu'elle est la promesse qu'elle implique l'accomplissement. Cela nous devons le dire clairement et loyalement, comme l'ont dit les premiers apôtres, comme l'a dit toute l'Église.» (Cardinal Jean Daniélou, "L'Église devant le judaïsme", Le Figaro, 28-29 avril 1973, in La Documentation Catholique, LXX, Paris, 1973, pp. 620-621.)
C’est pourquoi, on est légitimement fondé à pouvoir affirmer que le peuple Juif s’est vu retiré sa fonction eschatologique et messianique par son refus d’accueillir le Messie qu’il livra aux Romains pour qu’il soit crucifié. Le seul Israël véritable qui subsiste c’est donc l’Eglise : « L’Eglise se relie à l’Ancienne Alliance, à laquelle elle se substitue – l’Eglise est le nouvel Israël, c’est Jésus-Christ répandu et communiqué. » (Bossuet, Discours sur l’Histoire universelle, O. C., t. IV.) Ecoutons d’ailleurs avec respect en guise de conclusion, à propos du mystère de substitution de l’héritage d’Israël à l’Eglise, l’admirable témoignage, si empli d’une impressionnante vérité, d’un Juif qui reconnut le Christ comme le Messie et demanda le baptême afin d’entrer dans le sein de la Sainte Eglise :
- « Nous avons condamné notre Roi et notre Dieu. Cette condamnation était la nôtre. Sur le Calvaire expire le Messie (…) le Roi des Juifs. Le crime inexpiable est consommé. La malédiction divine est sur nous. Nous ne sommes plus l’Israël de Dieu, la race élue. Nous ne comprenons plus nos patriarches et nos prophètes. Un voile devant nos yeux, sur notre esprit, sur notre cœur, une voile de sang : le Sang du Juste. Ce sang qui cimente les fondements de l’Eglise et par lequel la gentilité devient l’héritière des promesses d’Abraham, l’Israël véritable, retombe sur nous, malheureux, en gouttes accablantes, torturantes, vangeresses. Mais loin de nous repentir, nous nous enfonçons dans notre crime chaque siècle davantage, nous nous y obstinons, nous l’aggravons, nous le surchargeons de haines, de toujours plus de haines, d’inextinguibles haines. Contre l’Eglise et son Christ, avec les ennemis du Christ, chaque âge nous retrouve. (…) Nous pouvons gémir avec notre prophète Esaïe : ‘‘Nous attendions la lumière et nous voilà dans les ténèbres’’. (…) C’est pourquoi le Seigneur s’est éloigné de toi, faux Israël ! Il a renversé ton Temple, ta ville, ton sacerdoce. Il a fait Alliance avec un peuple fidèle à la Tradition, le peuple chrétien qui, reconnaissant le Messie dans Jésus fils de David, est devenu le vrai peuple d’Abraham, l’héritier des promesses divines ! Jérusalem est dans l’Eglise, Lévi dans le sacerdoce catholique, Moïse dans Jésus-Christ ! » (P. Loewengard, La Splendeur catholique, du Judaïsme à l’Eglise, Librairie Académique Perrin, 1910, 201-102 ; 243-245.)
[quote]« Ce n’est pas en vain que l’Eglise universelle a établi par le monde la récitation de la prière pour les juifs obstinément incrédules, pour que Dieu lève le voile qui couvre leur cœur, et les amène de leur obscurité à la lumière de la Vérité. » (Saint Bernard, Lettre 365)[/quote]
[quote]« Le peuple hébreu choisi autrefois pour être participant des Célestes Mystères, autant fut-il élevé en dignité et en grâce au-dessus de tous les autres, autant par la faute de son incrédulité, fut ensuite abaissé et humilié lorsque vint la plénitude des temps, réprouvé comme perfide et ingrat, après avoir, d’une façon indigne, ôté la vie à son Rédempteur. » (Saint Pie V)[/quote]
[quote][color=#FF0000]« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants » (Matthieu XXVII, 25)[/color][/quote]
Bonjour,
Le moratoire concernant les discussions sur les juifs et Israël ayant expiré, je me permet de soumettre à l'examen une question à laquelle je n'ai toujours pas trouvé de réponse définitive, bien que j'eusse une idée à son propos : les juifs sont-ils historiquement et théologiquement responsables de la mort du Christ ? La Synagogue est-elle déicide ? Quel est le statut du judaïsme aujourd'hui ?
Pour beaucoup cette question polémique est inabordable, tabou, interdite de controverse... Tant pis, j'ose la soulever, en espérant ne point m'attirer les ires de la modération, que je prends à témoin de ma bonne volonté et de ma recherche sincère de vérité sur ce sujet explosif.
En effet, s'il y a bien quelque chose qui me choque de nos jours, c'est la judéophilie ambiante, y compris dans l'Église, qui nous fait appeler les juifs talmudiques "nos aînés dans la foi", nos "frères"...etc. Ces expression me laissent perplexe : jamais on aurait idée d'appeler ainsi des musulmans ou des hindous... Pourquoi le ferions-nous à propos des juifs talmudiques ? Ont-ils quelque chose de commun avec Moïse ? Où sont passé le sacerdoce, les sacrifices, le Temple ? Comment pourrais-je appeler "frères" les rabbins, héritiers des pharisiens de l'Évangile, considérés par Jésus comme une "race de vipère" ? Si j'éprouve une grande vénération pour le judaïsme biblique, j'émets les plus sérieuses réserves concernant le judaïsme contemporain : il me semble que depuis la Croix, la situation n'est plus la même et que le judaïsme qui nie le Christ n'a plus rien de vénérable, qu'il est au contraire réprouvé, digne d'anathème. Voici, plus bas, la vision à laquelle j'adhère ; si elle s'avérait fausse, je suis prêt à abjurer mes erreurs, mais pour l'instant elle me paraît parfaitement cohérente, bien qu'elle soit, c'est le moins qu'on puisse dire, politiquement très incorrecte.
[centrer][img]http://www.la-question.net/media/01/02/1080290473.jpg[/img][/centrer]
Dans l’histoire du monde, il y a un avant et un après le drame prodigieux du Golgotha. Tel est l’élément, non anodin s’il en est, qui échappe totalement à ceux qui tentent de penser la « Question Juive » soit à l’aune de la nouvelle religion de l’holocauste soit à celle des imprécises et faiblement pertinentes données géopolitiques et militaires de nos temps ténébreux, imaginant, sans plus d’examen, dans de surprenants discours témoignant d’une immense confusion justifiant le sionisme plus que ne pourrait le faire n’importe quel rabbin kibboutznik, que le don fait à Moïse par l’Eternel de la terre promise perdure sans aucun changement après la venue du Christ en ce monde, ce qui est totalement absurde, oubliant par là même, dramatiquement, que l’actuel judaïsme rabbinique synagogal et talmudique, infidèle à sa vocation spirituelle par son rejet du Messie, n’a strictement plus rien à voir, et ce de manière impressionnante, avec le judaïsme biblique. Voilà, ce me semble, l’oubli radical de certains esprits qui souhaitent aborder la « Question Juive » en évacuant purement et simplement la place de Jésus-Christ au sein de l’Histoire, se rendant ainsi absolument incapables de penser en chrétiens, et qui donc, conséquemment, rejoignent dans leurs positions impies et scandaleuses, consciemment ou inconsciemment, les pires ennemis du Christ et de son Église.
[size=150]La substitution de l’Église (Verus Israël), à la Synagogue[/size]
Afin de pouvoir penser « chrétiennement » cette « Question Juive », Mgr Charles Journet consacra au «Mystère d’Israël» une longue méditation, bien plus cohérente que les thèses défendues par Jacques Maritain. On se penchera donc, pour aborder cette question juive, de préférence sur la réflexion de Mgr Charles Journet, infiniment plus sérieux que Léon Bloy ou Jacques Maritain sur le plan doctrinal, qui tenta d’initier une interrogation chrétienne d’Israël, en se fondant sur l’enseignement traditionnel de l’Église, Église qui ne craignait pas alors d’évoquer à juste titre la substitution de l’Église à la Synagogue, Synagogue talmudique que l’Apocalypse de st Jean appelle à deux reprises Synagogue de Satan et qui fut rejetée par Dieu (Apocalypse. 2, 9 ; 3, 9) en raison de son infidélité, et répudiée au profit de l’Église (Jésus dit aux pharisiens qui niaient sa divinité, c’est-à-dire au judaïsme rabbinique et postbiblique antichrétien [2], que leur père selon la génération charnelle était certes Abraham, mais que selon l’esprit c'était le diable (Jean VIII, 31-47), thème repris et développé par saint Jean Chrysostome, Commentaire sur l’Évangile selon St Jean, Homélie LIV, 1, Saint Augustin, Commentaire sur Jean, Discours XLII, 1, et saint Thomas D’Aquin, Commentaire sur St Jean, VIII, Lectio IV, 1201.
Charles Journet déclare donc solennellement dans son ouvrage :
- « Nous voudrions adresser aux juifs un rappel. Quand ils rendent l’Église responsable, pour les avoir accusés devant l’histoire de déicide, de leurs immenses malheurs, ils oublient que Dieu, que Iahvé lui-même, en les choisissant comme unique peuple messianique et théophore, devait les rendre odieux et les désigner à l’hostilité du monde et des peuples païens, longtemps avant l’Incarnation, longtemps avant le déicide. […] Le déicide est venu. Il a empêché les juifs, qui en furent l’instrument, de passer de l’état de nation messianique à l’état d’Église messianique, de l’état provisoire de nation théophore à l’état définitif de royaume de Dieu supranational. Il n’a pas fait que la main de Dieu cessât de reposer sur eux. Il a fait qu’elle ne s’y repose plus comme autrefois, et qu’elle ne s’y repose pas non plus comme dans l’Église, désormais seule messianique et seule théophore, elle aussi persécutée, par le monde et parfois par eux. » (Ch. Journet, Destinées d’Israël. À propos du Salut par les Juifs, Paris, 1945, pp. 199-201.)
[size=150]Responsabilité du judaïsme pharisaïque dans la mort du Christ[/size]
Ces lignes, dont la grande pertinence nous permet de mieux cerner le sens de la terrible situation en ce monde du peuple qui demanda que l’on crucifie le Messie, ont le mérite de montrer clairement le sens des conditions mêmes dans lesquelles se trouvent placés les Juifs depuis le Golgotha, et la raison du châtiment qu’ils subirent collectivement, consécutivement à l’ignominieux traitement infligé au Christ sur le Calvaire. Rappelons que pour tous les Pères de l’Église, unanimement (de st Ignace d’Antioche † 107 à st Augustin † 430, en passant par st Justin † 163, st Irénée† 200, Tertullien † 240, st Hyppolite de Rome † 237, st Cyprien 258, Lactance † 300, st Athanase † 373, st Hilaire de Poitiers † 387,st Grégoire de Nazianze † 389, st Ambroise de Milan † 397, st Cyrille d’Alexandrie † 444), ce qui porte la responsabilité de la mort de Jésus est bien le judaïsme pharisaïque talmudique par le truchement de ses “fidèles”. Dans la mort du Christ, c’est donc la communauté religieuse d’Israël post-biblique qui est impliquée (hormis un “petit reste” qui fut fidèle au Christ : les Apôtres, les Disciples, etc.), la majeure partie du peuple ayant prit une part active à la condamnation de Jésus.
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«Nous, nous avons une Loi, et d’après cette Loi, Il doit mourir ! » (Jean, XIX, 7)
Il faut, dès lors, comprendre que le peuple juif était, effectivement, un peuple théologique, le peuple théologique par excellence que Dieu s’était créé pour Lui, il se devait de devenir une race salvatrice dans le Christ. Ainsi, tout ce qu’on pourra dire au sujet des juifs restera bien court devant la grandeur de ce peuple qui nous a donné le Christ. Mais le Christ ne se réduit pas à son origine juive, comme certains littérateurs contemporains maladroits voudraient le laisser supposer, incapables de voir plus loin que l'horizon charnel. Le Christ, qui se fit homme, était d’une grandeur qui surpassait infiniment l’humaine condition. Le Christ était Divin, le Christ était le Fils Unique du Père, la Splendeur rendue visible de la Substance Divine. Aussi le peuple juif, soutien généalogique de grandeurs qui surpassaient sa propre valeur, aurait dû s’abîmer dans sa propre petitesse à cause des grandeurs qu’il portait. Mais au contraire une partie d’Israël fut mordue par l’orgueil. Insensée, elle se crut plus grande que les autres peuples, que toutes les autres races, et surtout plus grande que le Christ. Elle se crut supérieure à tous et éleva autour d’elle une enceinte pour ne pas se contaminer à l’infériorité des autres ; et elle a travaillé pour les dominer et, finalement, par son rejet criminel du Messie, s’est retrouvée soumise aux nations car, comme pour Esaü et Jacob (Genèse 27 30-41), l’aîné a été soumis au cadet.
« Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis» (Luc XXI, 24)
[size=150]Les Juifs talmudiques et la Synagogue, zélés serviteurs du mystère d’iniquité[/size]
La destruction du second Temple par Titus en 70 et la défaite de Bar Kocheba en 135 qui participaient des châtiments annoncés par les prophéties, constituèrent pour le judaïsme une catastrophe aussi importante que la destruction du premier Temple en - 586 av. Jésus-Christ. Le peuple juif, dont le chandelier sacré du Temple fut exhibé triomphalement à Rome, perdit ainsi son identité politique et sa référence religieuse. C’est dans ces circonstances qu’apparut le mouvement rabbinique talmudique. Les rabbins, héritiers des pharisiens, prirent définitivement autorité sur la vie communautaire et spirituelle. En attendant que Dieu accordât la rédemption messianique à tout Israël, la Torah — l’étude et l’observation de ses commandements — devait tenir lieu de Temple. Certains rabbins affirmèrent que, si tous les juifs se conformaient à la Torah, le Messie serait obligé de venir. Institutionnellement, la Synagogue et la maison d’étude rabbinique, remplacèrent donc le Temple détruit. Dès lors, les Juifs qui furent longtemps les dépositaires du mystère de fidélité, après la mise à mort du Christ se convertirent, en se basant sur une conception judaïque talmudique dévoyée que les pontifes romains considérèrent comme une manifestation de la permanente « perfidie » juive, en zélés serviteurs du mystère d’iniquité n’acceptant pas la substitution sacerdotale de leur élection à l’Église qui devenait, après eux, le véritable Israël. Joseph de Maistre (1753-1821), qui réfléchira à la signification à la rigueur du châtiment infligé à Israël et s’interrogera sur la dureté de l’exil imposé aux hébreux depuis la mort de Jésus, exprime fort bien l’une des raisons de cette situation : « Dieu vous a dispersés parmi les nations […] ; afin que vous leur appreniez qu'il est le seul Dieu et le seul tout-puissant. » (Soirées de Saint-Pétersbourg, IXe Entretien.)
A d’autres qu’aux hébreux, furent donc accordées les bénédictions de la Promesse. Et ces autres-là, c’est ceux, Juifs et Gentils - Juifs d’abord et Gentils ensuite - qui forment l’Église de Jésus-Christ. L’Église de Jésus-Christ est le vrai Isaac, le vrai Jacob, et le vrai Abel. Le Christ a été le sanctificateur des Juifs et des Gentils pour former une création nouvelle, l’Église de Jésus-Christ, qui adore le Père en Esprit et en Vérité. (Jean, IV). Dès le jour de la Pentecôte (Actes II,1), il y eut formation et constitution sur la terre d’un nouveau peuple de Dieu : l’Église, «car nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Corinthiens 12,13). De sorte, sachant que saint Augustin, saint Irénée, saint Thomas, saint Bonaventure, Cajetan, Bellarmin, Baronius, saint François de Sales et presque tous les pères et théologiens partagent cet avis : « Jésus-Christ, a pris l’ancienne Église et l’a mise dans la nouvelle ; il a pris la Synagogue, et lui a substitué l’Église. Les juifs qui ont été depuis Jésus-Christ, et qui sont à présent, ont été et sont des déserteurs de la religion juive, puisqu’il n’ont point voulu reconnaître le Messie, ce qui faisait pourtant le point capital de leur religion. » (Finis Legis Christus X, 4) Ainsi, fatal aveuglement des modernes qui ont perdu tout sens théologique, il y a bien un lien de cause à effet direct entre la crucifixion et les événements qui suivirent, à savoir : l’arrêt du culte mosaïque, la cessation des sacrifices du Temple, la destruction de Jérusalem, la dispersion et l'exil loin de leur terre des hébreux. Tout cela correspond à la réalisation exacte de ce que le Christ avait solennellement prophétisé aux juifs : « Viendront des jours de vengeance... il y aura une grande contrainte, une grande colère sur la terre pour ce peuple... et ils tomberont au fil de l’épée, et ils seront emmenés en captivité dans toutes les nations ». (Luc, XXIII, 20-24). Alors, tout ce que le monde put produire de plus inique et de plus pervers sortit aussi de ce peuple qui se réjouissait du sang du Sauveur et qui clamait : «Que Son sang retombe sur nous et sur nos enfants !» (Matthieu XXVII, 25). Le crime le plus grand de tous les temps, la mort de l’Homme-Dieu, a été perpétré par ce peuple qui mérita pour cela le nom de «perfide ». Où est donc la racine du péché et de toutes les erreurs judaïques ? Dans le fait «qu’une partie de ce peuple» a cru que ses promesses faites aux Juifs à cause du Christ qui devait naître d’eux, furent faites à sa chair, à sa race, à sa généalogie, à sa nation. En d’autres termes, au lieu de s’apercevoir que si le peuple Juif était le peuple de prédilection, il l’était uniquement par le Christ. Eux, dans leur aveuglement, crurent que ce fut le Christ qui eut de quoi Se glorifier de Sa descendance généalogique.
[size=150]L’Eglise est aujourd’hui « l’Israël spirituel » authentique[/size]
Rappelons que les bénédictions de l’Eglise, ou de ceux qui la composent, dépassent celles de l’Ancienne Alliance. L’union des croyants avec le Christ par le Saint Esprit, telle qu’elle est décrite notamment dans l’épître aux Éphésiens, est un privilège exclusif des chrétiens. En outre, les croyants de l’époque actuelle sont des étrangers sur la terre ; ils suivent un Sauveur rejeté et méprisé du monde. Le résidu d’Israël qui héritera du royaume millénaire, de même que les gens des nations qui y auront part, n’y seront nullement des étrangers. Sur une terre purifiée par les jugements, ils seront les sujets d’un Christ glorieux dont l’autorité sera reconnue de tous, mais lorsque la Divine Providence le décidera, pas avant ! L’Israël spirituel authentique aujourd’hui c’est, de ce fait, l’Eglise de tous les baptisés. Le peuple hébreu, l’Israël charnel, n’est plus qu’une réalité naturelle désacralisée dont la filiation divine a cessé sachant qu’il n’y rien « qui puisse suggérer l’idée d’une prérogative quelconque d’Israël comme peuple de Dieu depuis l’instauration de la Loi nouvelle. La promesse faite par Dieu au peuple israélite est une alliance temporelle et transitoire, abandonnée au profit de la Nouvelle Alliance. Quand donc saint Paul affirme que les ‘‘dons et l’appel de Dieu sont sans repentance’’ et que ‘‘Dieu n’a pas rejeté son peuple’’, il signifie par là que Juifs et Gentils sont convoqués à l’obéissance de la foi et qu’Israël n’est pas exclu de cet accueil universel puisqu’à la fin des temps il sera réintégré. Or cette réintégration ne s’effectuera pas selon le statut de l’Alliance Ancienne et dans le régime de l’Israël charnel, mais bien sous le sceau de la Nouvelle Alliance et dans la sphère indéfiniment élargie de l’Israël spirituel [cad l’Eglise]. Dieu ne laissera pas protester sa promesse parce que l’Eglise est désormais le peuple de Dieu et qu’Israël lui sera finalement incorporé. »
Aujourd’hui, en attendant le retour du Messie, nous sommes donc historiquement placés dans le temps de l’Eglise, le temps du « Nouvel Israël », le ‘‘Verus Israël’’ [C’est saint Justin martyr (IIe s.) dans le dialogue avec Tryphon, dans lequel il défendait le christianisme contre un interlocuteur juif, qui utilisa pour la première fois l’expression à propos de l’Église : « véritable Israël » (cf. §135) ], qui correspond au temps de la grâce, temps qui succède à la Loi et au culte mosaïque, période caractéristique qui a commencé lors de la venue du Christ et qui n’est pas encore terminée tant que le Messie n’est pas de nouveau revenu en Gloire. C’est la période durant laquelle le peuple d’Israël est placé, sur le plan de l’Histoire Sainte dont le déroulement se poursuit, dans la sujétion des nations et dans la dépendance spirituelle des promesses faites à l’Eglise. Le Seigneur indique d’ailleurs que Jérusalem sera « foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accompli s» (Luc 21, 24). Ces temps, ces temps historiques à l’intérieur desquels le peuple juif possède une importance exceptionnelle puisque c’est un peuple qui accompagne l’humanité dans tout le déroulement de l’Histoire, ces temps ont commencé au moment où, dans son gouvernement envers Israël, Dieu dut livrer son peuple entre les mains des nations. Le Temple fut détruit, de même que la muraille de Jérusalem, la ville brûlée, ses trésors emportés, et le peuple qui avait échappé à l’épée emmené en captivité. La sentence «Lo-Ammi», c’est-à-dire « pas mon peuple», annoncée par le Prophète Osée, entra ainsi en vigueur d’une façon redoutable. La pénible et éprouvante réprobation d’Israël se voit ainsi, certes mystérieusement mais aussi formellement, permise jusqu’à ce qu’Israël accepte le Messie et rejoigne l’Eglise, ceci correspondant exactement à ce que saint Paul dit nettement : « … alors tout Israël sera sauvé. » (Romains, XI, 25).
Il y aura donc une fin à la réprobation et aux temps des nations qui se termineront, non pas à la faveur d’une décision volontaire bassement profane, nationaliste et antireligieuse du peuple Juif décidant de retourner en Terre Sainte en s’y imposant brutalement par la force des armes et la terreur en piétinant le plan que Dieu a forgé pour le peuple élu qui doit lui aussi, selon l’eschatologie de l’Histoire Sainte, trouver sa place dans le Royaume, mais seulement lorsque le résidu juif fidèle, reconstitué à travers les terribles jugements apocalyptiques, entrera dans la bénédiction du Millénium. En effet, si la structure et la dynamique des nations et de la vie profane tombent sous la coupe du «Prince de ce monde» parce que ce dernier a acquis sur elles possession l’homme ayant cédé à sa suggestion, sur le terrain de l’Histoire Sainte il faut impérativement que soient mises en œuvre des forces spécifiquement saintes. Israël sera alors de nouveau reconnu comme étant le peuple de l’Éternel. « Je dirai à Lo-Ammi : Tu es mon peuple, et il me dira : Mon Dieu» ( Osée 1,9 ; 2:23). Les prophètes de l’Ancien Testament nous parlaient déjà du résidu d’Israël qui jouera un rôle de premier plan aux derniers jours. Ce sont les réchappés de l’épée (Esaïe 4:2 ; 10:20 ; Jérémie 31:2 ; Joël 2:32). Dans une période où la grande masse d’Israël se détournera de Dieu et sera l’objet de son jugement, ce sont ceux dont Dieu aura touché le coeur et qu’il aura amenés à la repentance. Dieu les reconnaîtra comme étant son peuple, et après les tribulations, ils entreront dans les bénédictions du Millénium ainsi que l’explique l’Ecriture.
[size=150]La religion chrétienne seule nécessaire au Salut[/size]
Or, alors que nous possédons de telles déclarations positives de la part de Dieu dans l’Ecriture, déclarations commentées et confirmées par l’ensemble des Pères et docteurs de l’Eglise, et comme le soutenait Léon Bloy, comment est-il possible de se prétendre respectueux de Dieu lorsqu’on ignore, ou, plus grave encore, méprise sa Parole, en n’établissant son jugement et ses opinions que sur l’immédiate visibilité des faits, alors que l’unique, la seule authentique et véritable fidélité, se mesure uniquement au strict respect des plans de Dieu sur l’Histoire : « C'est à détraquer l'entendement, à suggérer le dégoût de vivre, de penser qu'un homme peut se dire admirateur du Salut par les Juifs et croire, en même temps, qu'il y a des choses plus importantes que d'obéir aux commandements de Dieu » (1899, Dix-sept mois en Danemark.).
Retenons que la venue du Christ a abrogé la Loi mosaïque en ce que celle-ci avait de propre au peuple Juif, L’épître aux Hébreux ayant été écrite pour montrer aux Juifs que tout le système de la Loi — en particulier la sacrificature et les sacrifices — était mis de côté. Il s’agissait «d’ordonnances charnelles imposées jusqu’au temps du redressement» (Hébreux 9, 10). Mais le Christ étant venu, nous avons en lui le seul sacrifice capable d’ôter les péchés (Hébreux 10, 12-14), et le sacrificateur parfait qui «nous convenait» (7:25, 26). Ainsi comme le précise saint Paul : « Il y a abrogation et caducité de la religion qui a précédé, à cause de sa faiblesse et de son inutilité car a loi n’a rien amené à la perfection» ( Hébreux 7, 18-9). La religion chrétienne est ainsi devenue la seule religion nécessaire au Salut de tous les hommes, qu’ils soient Juifs ou païens, et ce jusqu’à la fin des siècles puisqu’elle n’a plus à recevoir de développement dans la mesure où Jésus-Christ nous l’a donnée aussi parfaite que Dieu la voulait pour la Rédemption générale du genre humain, ce que tiendra à souligner fermement le cardinal Jean Daniélou (1905-1974), précisément au moment où d'autres théologiens avançaient d'autres thèses :
- « … une théologie discutable [parle] du rôle actuel du peuple juif dans l'histoire du salut. [Elle] affirme en particulier qu'on ne peut pas dire que “le peuple juif a été dépouillé de son élection”… C'est également tout confondre que d'écrire que “la première Alliance n'a pas été rendue caduque par la Nouvelle”. Que signifient alors les termes d'Ancienne et de Nouvelle Alliance, d'Ancien et de Nouveau Testament?… Parler de la Nouvelle Alliance, c'est dire que l'Ancienne est dépassée. Dire que l'Ancienne Alliance n'est pas caduque, parce qu'elle est “la racine, la source, le fondement, la promesse”, c'est jouer sur les mots. Car c'est précisément parce qu'elle est la promesse qu'elle implique l'accomplissement. Cela nous devons le dire clairement et loyalement, comme l'ont dit les premiers apôtres, comme l'a dit toute l'Église.» (Cardinal Jean Daniélou, "L'Église devant le judaïsme", Le Figaro, 28-29 avril 1973, in La Documentation Catholique, LXX, Paris, 1973, pp. 620-621.)
C’est pourquoi, on est légitimement fondé à pouvoir affirmer que le peuple Juif s’est vu retiré sa fonction eschatologique et messianique par son refus d’accueillir le Messie qu’il livra aux Romains pour qu’il soit crucifié. Le seul Israël véritable qui subsiste c’est donc l’Eglise : « L’Eglise se relie à l’Ancienne Alliance, à laquelle elle se substitue – l’Eglise est le nouvel Israël, c’est Jésus-Christ répandu et communiqué. » (Bossuet, Discours sur l’Histoire universelle, O. C., t. IV.) Ecoutons d’ailleurs avec respect en guise de conclusion, à propos du mystère de substitution de l’héritage d’Israël à l’Eglise, l’admirable témoignage, si empli d’une impressionnante vérité, d’un Juif qui reconnut le Christ comme le Messie et demanda le baptême afin d’entrer dans le sein de la Sainte Eglise :
- « Nous avons condamné notre Roi et notre Dieu. Cette condamnation était la nôtre. Sur le Calvaire expire le Messie (…) le Roi des Juifs. Le crime inexpiable est consommé. La malédiction divine est sur nous. Nous ne sommes plus l’Israël de Dieu, la race élue. Nous ne comprenons plus nos patriarches et nos prophètes. Un voile devant nos yeux, sur notre esprit, sur notre cœur, une voile de sang : le Sang du Juste. Ce sang qui cimente les fondements de l’Eglise et par lequel la gentilité devient l’héritière des promesses d’Abraham, l’Israël véritable, retombe sur nous, malheureux, en gouttes accablantes, torturantes, vangeresses. Mais loin de nous repentir, nous nous enfonçons dans notre crime chaque siècle davantage, nous nous y obstinons, nous l’aggravons, nous le surchargeons de haines, de toujours plus de haines, d’inextinguibles haines. Contre l’Eglise et son Christ, avec les ennemis du Christ, chaque âge nous retrouve. (…) Nous pouvons gémir avec notre prophète Esaïe : ‘‘Nous attendions la lumière et nous voilà dans les ténèbres’’. (…) C’est pourquoi le Seigneur s’est éloigné de toi, faux Israël ! Il a renversé ton Temple, ta ville, ton sacerdoce. Il a fait Alliance avec un peuple fidèle à la Tradition, le peuple chrétien qui, reconnaissant le Messie dans Jésus fils de David, est devenu le vrai peuple d’Abraham, l’héritier des promesses divines ! Jérusalem est dans l’Eglise, Lévi dans le sacerdoce catholique, Moïse dans Jésus-Christ ! » (P. Loewengard, La Splendeur catholique, du Judaïsme à l’Eglise, Librairie Académique Perrin, 1910, 201-102 ; 243-245.)