L'Église a-t-elle remplacé le peuple juif ?

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Re: Les Juifs à Pilate :"Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants"

par Cinci » mer. 15 juin 2016, 19:27

Salut marc oh,

o,k. Je comprend mieux votre idée de l'honneur d'être taxé d'hérétique par des juifs, ou celle d'être le petit chien,

Merci.

Re: Les Juifs à Pilate :"Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants"

par Marc Oh » mer. 15 juin 2016, 10:47

Bonjour,

En effet ma vision n'a rien d'historique. Je pensais en parlant de petit chien à l’évangile selon St Mattieu chapitre quinzième:
(http://www.aelf.org/bible-liturgie/Mt/E ... hapitre/15)
22 Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »
23 Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! »
24 Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
25 Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! »
26 Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »
27 Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »
28 Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
NB "Seigneur, viens à mon secours !" Se sont ces paroles de cananéenne qui rythme le début de chaque office divin de la journée (sauf le premier). Il y aussi cette hérétique de samaritaine avec ses maris (Il l'a convertit à l'orthodoxie judaïque avant de lui insufflé la bonne nouvelle). Myriam, sœur de Moïse et Aaron qui ouvre avec son tambourin la voie au peuple élu en traversant la mer rouge, préfigurant ainssi MARIE. Que de femmes! Pardon c'est pas le propos.

Depuis, évidement, le Seigneur s'est tourné vers nous non-Juifs mais notre grandeur viens de Lui car au départ Il ne nous doit rien! Il fallait que dans globalité le peuple d'Israël refuse la bonne nouvelle pour qu'elle s'ouvre à toute l'humanité, c'est ainsi que je comprend le rapport entre Juif et Chrétien. NB au début ils, les premiers chrétiens, sont quasiment tous Juifs notre rituel, la prière de l’Église viens pour la plus grande part d'eux. Le partie Pharisien était plus proche de la vérité concernant la résurrection, il y avait chez eux des caricatures tatillons et hypocrites mais aussi des justes (Joseph d'Arimathie, Nicodème, Gamaliel....) comme dans toute humanité.

Le chrétien doit se distinguer à mon sens d'abord par l'humilité. C'est pas très vendeur dans le monde mais mieux vaux une lumière qui éclaire qu'une lumière qui brille.

Bonne journée

Marc

Re: Les Juifs à Pilate :"Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants"

par Cinci » mer. 15 juin 2016, 5:10

Marc oh,
Il ne faudrait quand même pas oublier que nous sommes les petits chiens mangeant les miettes sous la table.
Pas vraiment.
  • Dieu, en effet, nous a prédestinés à l'adoption de fils, nous a rendu conformes au Corps glorieux du Christ. Désormais donc, participants du Christ, vous êtes à juste titre appelés "christs" (saint Cyrille de Jérusalem, catéchèse mystagogique)
  • Catéchisme cf art 2782

De qui voulez-vous être le petit chien pour manger des miettes, marc oh? de rabbins qui méconnaissent le Christ? de pharisiens? de juifs convertis? Si un juif accepte le baptême, ce serait surprenant qu'il réclame une inégalité de traitement.

Re: Le judaïsme et le Golgotha

par Fée Violine » mer. 29 févr. 2012, 16:05

Cher Harfang,

citer ses sources est tout simplement une question d'honnêteté, comme le suggérait Anne. Non que je vous soupçonne de malhonnêteté! vous avez cru bien faire, mais c'est toujours mieux de citer ses sources, ce qui n'empêche pas de remanier les textes, de trier etc.

Après, personne ne nie que certains dignitaires juifs aient collaboré à la mort du Christ. Ce qui pose problème, c'est la généralisation à l'ensemble des juifs de tous lieux et de tous temps.

Le changement d'attitude a eu lieu en plusieurs temps, autant que je sache : d'abord le concile de Trente a réfuté la notion de "peuple déicide". Puis au XXème siècle, le livre de Jules Isaac "Jésus et Israël", paru au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a alerté l'opinion sur le douloureux problème de l'antisémitisme chrétien et incité Rome à changer d'attitude. Je vous conseille vivement de lire ce livre magnifique (je peux vous le prêter si vous ne le trouvez pas).

J'en ai parlé en détail ici: http://marthetmarie.lifediscussion.net/ ... rael#23414

Re: Le judaïsme et le Golgotha

par Harfang » mer. 29 févr. 2012, 15:45

Cependant, je me serais attendu à ce qu'Harfang cite ses références au lieu de s'approprier des textes et de les publier comme étant de son cru... Au mieux, c'est présenté tendancieusement, au pire c'est de la malhonnêteté intellectuelle.
Ah, me voilà démasqué ! :ciao:

Non, plus sérieusement, je n'ai pas tenu à préciser ma "source" pour plusieurs raisons :

1- Pour ne pas polluer la discussion et éviter les hors-sujets (c'est ce qui est en train de se passer).
2- Pour pouvoir remanier librement le texte.
3- Pour ne pas que l'on déduise une filiation entre moi et le présent blog, car si je trouve certains textes intéressants, je suis loin d'adhérer à tout ce qui s'y écrit.
4- Parce que le sujet n'étant pas un concours littéraire ou philosophique, que ce soit moi où quelqu'un d'autre qui l'ait rédigé, cela ne change pas le fond des arguments, et au final ça importe peu.

D'autre part, la manière dont est présentée l'argumentation est volontairement ambigüe pour laisser supposer qu'elle n'est pas purement de moi. Il y a au moins un doute qui permette de le penser ; donc il apparait clairement que je ne cherche pas tant à "étaler mon génie" qu'à soulever une question délicate.
De toute façon, Harfang n'a jamais non plus fait mystère, où je me trompe, de sa sympathie pour Mgr Lefebvre - à tout le moins de son absence de sympathie pour Vatican II...
Dans la partie "controverses", un article nous invite à nous convaincre que Vatican II est un concile schismatique... il faudrait lire tous les articles pour se faire une idée...
Vous vous trompez : si je ne peux nier une certaine proximité de sensibilité avec Mgr Lefebvre, je n'ai jamais fait partie de ses admirateurs, et encore moins de ses disciples et fidèles. Je réprouve le caractère schismatique de la FSSPX, même si elle peut se comprendre comme réaction (maladroite) face au chaos post-conciliaire. En effet, rien, absolument rien ne peut justifier le schisme, pas même la Messe tridentine, le latin ou la soutane ! De ce fait, je ne peux que m'éloigner des positions lefebvristes... J'ai une trop haute idée du Pape et de l'Autorité pour me laisser couler vers les travers d'un mouvement excommunié ; Dieu m'en préserve !

Aussi, je proteste énergiquement de ma plus entière fidélité et soumission à Rome, au Pontife romain Benoît XVI et au magistère de l'Église, Vatican II comprit. Je ne pourrais vivre, à l'instar de Bernanos, un seul instant en dehors de l'Église, vis-à-vis de laquelle je n'ai jamais cessé de me déclarer le fils docile et obéissant. Je repousse donc avec la plus grande force toute accusation de schisme ou d'hétérodoxie : je ne peux souffrir pareils reproches. Si je défends l'idée d'une culpabilité spéciale du judaïsme pharisaïque dans la mort du Christ, ce n'est pas par esprit de Fronde, mais parce que premièrement ce n'est pas un point dogmatique (ou alors il suffit de me le montrer et je ferais ma soumission), et que d'autre part cette thèse se retrouve chez certains Père de l'Église, chez certains auteurs, dans la bouche de certains Papes et qu'elle s'est trouvée dans la conscience collective de la Chrétienté du Moyen-Âge et de l'époque moderne : il n'y a que récemment que nous avons fait un virage radical sur cette question. Pourquoi ? Comment ? Est-ce légitime ? Voilà le point de départ de ma réflexion à ce sujet.

Re: Le judaïsme et le Golgotha

par Anne » mer. 29 févr. 2012, 6:10

Virgile a écrit : Bonjour,

si vous attendez que je prenne la peine de vérifier à votre place tout le pavé, la réponse est : non!!! :-D
Je n'en demandais pas tant ! :rire: Je n'ai pas pris la peine de lire tout l'édifiant contenu de la première page que j'ai trouvé en Googlant : la simple vue de Lefebvre m'ayant déjà à peu près suffi, l'article sur le sympathique évêque Williamson (le négationniste, pour mémoire) a achevé de me convaincre que j'avais mieux à faire qu'à lire ces niaiseries. Donc, non, je n'aurais jamais osé demandé à qui que ce soit de se taper ça !

Cependant, je me serais attendu à ce qu'Harfang cite ses références au lieu de s'approprier des textes et de les publier comme étant de son cru... Au mieux, c'est présenté tendancieusement, au pire c'est de la malhonnêteté intellectuelle.

Re: Le judaïsme et le Golgotha

par PaxetBonum » mar. 28 févr. 2012, 22:10

Fée Violine a écrit : Pourquoi pas?
Le grand-prêtre a bien fait une prophétie, disant : "il vaut mieux qu'un seul meure pour tout le peuple".
Les disciples n'étaient pas plus éclairés que les autres!

De toute façon, même si la fameuse phrase à propos du sang avait été dite ironiquement, comme le suggère Harfang (ce qui est possible), ça ne nous autorise quand même pas à extrapoler à tout le judaïsme les propos de quelques personnes.
De la même façon je ne pense pas que le grand prêtre est vraiment voulu prophétiser, il voulait surtout se débarrasser du gêneur, mais certes les voies de Dieu sont parfois impénétrables pour ceux-là même qui les parcourent.
Je pense aussi que toutes ces paroles sont des paroles haineuses et irréfléchies comme tout mouvement de foules de ce type (il n'y a qu'à voir ce qui se passe pour nos frères coptes quand les foules musulmanes haineuses se déchaînent). Certains ont péché par calcul (les grands prêtres) d'autres par faiblesse, ignorance en se laissant mener par cette dynamique de groupe malsaine.

Toutefois je suis d'accord avec vous que cela n'est qu'un péché personnel, comme j'en ai bien trop commis, et que l'on ne saurait juger le judaïsme à cette aune.

Re: Le judaïsme et le Golgotha

par etienne lorant » mar. 28 févr. 2012, 20:16

J'ajoute - un peu tardivement, ce passage de saint Paul aux Ephésiens, où il est encore plus clair sur les liens qui en Jésus-Christ unissent Israël et les païens :

Mais maintenant, en Jésus Christ, vous qui étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C'est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple ; par sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine, en supprimant les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Il voulait ainsi rassembler les uns et les autres en faisant la paix, et créer en lui un seul Homme nouveau. Les uns comme les autres, réunis en un seul corps, il voulait les réconcilier avec Dieu par la croix : en sa personne, il a tué la haine. (Ephésiens 2, 13-16)

Saint Paul dit donc, carrément, que devant Dieu, juifs et chrétiens ne constituent plus qu'un même peuple : "des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple".

C'est Hélène qui m'a indiqué ce texte que j'avais ... égaré quelque part dans ma pauvre tête...

Re: Le judaïsme et le Golgotha

par Anne » mar. 28 févr. 2012, 6:40

Perso, j'aimerais bien qu'on m'explique pourquoi des parties du premier message d'Harfang (je n'ai pas pris la peine de vérifier tout le pavé) semblent être des copier-collers du site suivant :

http://www.la-question.net/index-6.html

qui me semble être fort favorable à Mgr Lefebvre... On y voit d'ailleurs exactement la même photo.

Re: Le judaïsme et le Golgotha

par Harfang » lun. 27 févr. 2012, 21:16

Qu'est-ce que l'Ancienne Alliance sinon une majestueuse introduction à la Nouvelle ? Pour y être fidèle, il ne faut pas rester au milieu du chemin, mais bien poursuivre jusqu'à l'accomplissement. Donc, la fidélité au judaïsme implique la foi dans le Messie ; être fidèle à la Loi et aux Prophètes, ce n'est pas manger kasher, mais accueillir le Christ et l'adorer. C'est à cette intention que nous prions pour les juifs chaque année le Vendredi Saint. De là vient que ceux qui nient le Christ à l'intérieur du peuple juif (aussi vénérable était-il) se rangent ipso facto (c'est mon sentiment) derrière Caïphe et partagent historiquement la culpabilité du Sanhédrin («Nous, nous avons une Loi, et d’après cette Loi, Il doit mourir ! ») jusqu'à ce qu'enfin les écailles tombent de leurs yeux et qu'ils reconnaissent le Christ Jésus. Sinon c'est à ne plus rien comprendre aux prophéties annonçant la prévarication d'Israël. Le peuple juif est au cœur d'un mystère très grand et d'un drame absolument ineffable.

Pour revenir à l'Ancienne Alliance, n'est-elle pas rendue caduque par la Nouvelle ? Il me semble impossible que les deux se superposent... c'est contraire à l'idée d'accomplissement. Il y a certes toujours un peuplé élu, mais celui-ci ne réduit plus à une race, à un peuple, à une zone géographique : le peuple de Dieu s'est dilaté aux dimensions de l'univers. Il me semble donc un peu téméraire de considérer que le peuple juif actuel ait, par rapport aux autres nations, un statut particulier aux yeux de Dieu. Sinon comment comprendre ce qu'écrit S. Paul : « Il n'y a plus ni Juif ni Grec; il n'y a plus ni esclave ni homme libre; il n'y a plus ni homme ni femme: car vous n'êtes tous qu'une personne dans le Christ Jésus. » Galates III, 28. L'apôtre insiste sur l'égalité de condition et de dignité entre Gentils et Juifs. La ligne de fracture entre peuple de Dieu (Église) et infidèles n'est plus charnelle (race juive), mais spirituelle (foi en Jésus). Voilà pourquoi les juifs talmudiques ne peuvent plus mériter le titre de peuple élu, du moment qu'ils refusent le Messie. Ou alors c'est dissocier complètement la foi dans le Christ d'avec l'élection divine, ce qui me semble absurde.

« Je vous le dis en vérité: dans Israël, chez personne je n'ai trouvé une si grande foi. Or je vous le dis: beaucoup viendront de l'Orient et de l'Occident, et prendront place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux, tandis que les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures: là seront les pleurs et le grincement de dents. » Mt, VIII
C'est comme pour la Loi mosaïque : elle a été accomplie dans le Christ, et il est dommage que les juifs en soient restés là, mais elle n'est pas annulée pour autant dans le sens où Dieu elle serait une abomination aux yeux de Dieu.
Il est écrit quelque part que Dieu ne prenait pas plaisir aux holocaustes de l'Ancienne Alliance. En réalité, ce qui Lui faisait agréer ces sacrifices, c'est la préfiguration qu'ils constituaient du Sacrifice de la Croix. Donc, maintenant que ce Sacrifice est réalisé et se réalise perpétuellement sur les Autels, on peut se demander comment Il regarderait de nouveaux sacrifices d'animaux... Mais la question ne se pose même pas : les tenant du judaïsme contemporain ont perdu le sacerdoce, le Temple et les sacrifices. C'est assez révélateur.

Re: Le judaïsme et le Golgotha

par Raistlin » lun. 27 févr. 2012, 18:23

Harfang a écrit :Vous ne répondez pas à ma question : comment l'un annule-t-il l'autre ? Ne peuvent-ils pas subsister parallèlement ?
Qui annule qui ? Êtes-vous bien certain que la Nouvelle Alliance annule l'Ancienne ? Ne vient-elle pas plutôt l'accomplir ? Or je ne vois aucune implication logique faisant de l'Ancienne Alliance une Alliance invalide. C'est comme pour la Loi mosaïque : elle a été accomplie dans le Christ, et il est dommage que les juifs en soient restés là, mais elle n'est pas annulée pour autant dans le sens où Dieu elle serait une abomination aux yeux de Dieu.

Néanmoins, je vous rejoins sur le point de l'évangélisation. Ce qui m'inquiète avec le dialogue actuel, c'est qu'on a presque l'impression qu'il ne faut surtout pas dire aux juifs de se convertir (ça vaut aussi pour les musulmans et les protestants). C'est à mon sens une grave erreur. Certes, la conversion est TOUJOURS un don de Dieu, mais le Christ a été parfaitement clair : nous devons annoncer la Bonne Nouvelle, pas prendre le thé avec nos "frères" en humanité - fussent-ils juifs - et se contenter du "vivre ensemble".

Mais je crois quand même que l'Église revient peu à peu de ces dérives du dialogue inter-religieux et oecuméniques. Elle se rend bien compte que ça n'avance pas.

Cordialement,

Re: Le judaïsme et le Golgotha

par Harfang » lun. 27 févr. 2012, 18:07

Vous ne répondez pas à ma question : comment l'un annule-t-il l'autre ? Ne peuvent-ils pas subsister parallèlement ?

Le judaïsme et le Golgotha

par Harfang » lun. 27 févr. 2012, 13:27

« Ce n’est pas en vain que l’Eglise universelle a établi par le monde la récitation de la prière pour les juifs obstinément incrédules, pour que Dieu lève le voile qui couvre leur cœur, et les amène de leur obscurité à la lumière de la Vérité. » (Saint Bernard, Lettre 365)
« Le peuple hébreu choisi autrefois pour être participant des Célestes Mystères, autant fut-il élevé en dignité et en grâce au-dessus de tous les autres, autant par la faute de son incrédulité, fut ensuite abaissé et humilié lorsque vint la plénitude des temps, réprouvé comme perfide et ingrat, après avoir, d’une façon indigne, ôté la vie à son Rédempteur. » (Saint Pie V)
« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants » (Matthieu XXVII, 25)

Bonjour,

Le moratoire concernant les discussions sur les juifs et Israël ayant expiré, je me permet de soumettre à l'examen une question à laquelle je n'ai toujours pas trouvé de réponse définitive, bien que j'eusse une idée à son propos : les juifs sont-ils historiquement et théologiquement responsables de la mort du Christ ? La Synagogue est-elle déicide ? Quel est le statut du judaïsme aujourd'hui ?

Pour beaucoup cette question polémique est inabordable, tabou, interdite de controverse... Tant pis, j'ose la soulever, en espérant ne point m'attirer les ires de la modération, que je prends à témoin de ma bonne volonté et de ma recherche sincère de vérité sur ce sujet explosif.

En effet, s'il y a bien quelque chose qui me choque de nos jours, c'est la judéophilie ambiante, y compris dans l'Église, qui nous fait appeler les juifs talmudiques "nos aînés dans la foi", nos "frères"...etc. Ces expression me laissent perplexe : jamais on aurait idée d'appeler ainsi des musulmans ou des hindous... Pourquoi le ferions-nous à propos des juifs talmudiques ? Ont-ils quelque chose de commun avec Moïse ? Où sont passé le sacerdoce, les sacrifices, le Temple ? Comment pourrais-je appeler "frères" les rabbins, héritiers des pharisiens de l'Évangile, considérés par Jésus comme une "race de vipère" ? Si j'éprouve une grande vénération pour le judaïsme biblique, j'émets les plus sérieuses réserves concernant le judaïsme contemporain : il me semble que depuis la Croix, la situation n'est plus la même et que le judaïsme qui nie le Christ n'a plus rien de vénérable, qu'il est au contraire réprouvé, digne d'anathème. Voici, plus bas, la vision à laquelle j'adhère ; si elle s'avérait fausse, je suis prêt à abjurer mes erreurs, mais pour l'instant elle me paraît parfaitement cohérente, bien qu'elle soit, c'est le moins qu'on puisse dire, politiquement très incorrecte.
Image
Dans l’histoire du monde, il y a un avant et un après le drame prodigieux du Golgotha. Tel est l’élément, non anodin s’il en est, qui échappe totalement à ceux qui tentent de penser la « Question Juive » soit à l’aune de la nouvelle religion de l’holocauste soit à celle des imprécises et faiblement pertinentes données géopolitiques et militaires de nos temps ténébreux, imaginant, sans plus d’examen, dans de surprenants discours témoignant d’une immense confusion justifiant le sionisme plus que ne pourrait le faire n’importe quel rabbin kibboutznik, que le don fait à Moïse par l’Eternel de la terre promise perdure sans aucun changement après la venue du Christ en ce monde, ce qui est totalement absurde, oubliant par là même, dramatiquement, que l’actuel judaïsme rabbinique synagogal et talmudique, infidèle à sa vocation spirituelle par son rejet du Messie, n’a strictement plus rien à voir, et ce de manière impressionnante, avec le judaïsme biblique. Voilà, ce me semble, l’oubli radical de certains esprits qui souhaitent aborder la « Question Juive » en évacuant purement et simplement la place de Jésus-Christ au sein de l’Histoire, se rendant ainsi absolument incapables de penser en chrétiens, et qui donc, conséquemment, rejoignent dans leurs positions impies et scandaleuses, consciemment ou inconsciemment, les pires ennemis du Christ et de son Église.

La substitution de l’Église (Verus Israël), à la Synagogue

Afin de pouvoir penser « chrétiennement » cette « Question Juive », Mgr Charles Journet consacra au «Mystère d’Israël» une longue méditation, bien plus cohérente que les thèses défendues par Jacques Maritain. On se penchera donc, pour aborder cette question juive, de préférence sur la réflexion de Mgr Charles Journet, infiniment plus sérieux que Léon Bloy ou Jacques Maritain sur le plan doctrinal, qui tenta d’initier une interrogation chrétienne d’Israël, en se fondant sur l’enseignement traditionnel de l’Église, Église qui ne craignait pas alors d’évoquer à juste titre la substitution de l’Église à la Synagogue, Synagogue talmudique que l’Apocalypse de st Jean appelle à deux reprises Synagogue de Satan et qui fut rejetée par Dieu (Apocalypse. 2, 9 ; 3, 9) en raison de son infidélité, et répudiée au profit de l’Église (Jésus dit aux pharisiens qui niaient sa divinité, c’est-à-dire au judaïsme rabbinique et postbiblique antichrétien [2], que leur père selon la génération charnelle était certes Abraham, mais que selon l’esprit c'était le diable (Jean VIII, 31-47), thème repris et développé par saint Jean Chrysostome, Commentaire sur l’Évangile selon St Jean, Homélie LIV, 1, Saint Augustin, Commentaire sur Jean, Discours XLII, 1, et saint Thomas D’Aquin, Commentaire sur St Jean, VIII, Lectio IV, 1201.

Charles Journet déclare donc solennellement dans son ouvrage :

- « Nous voudrions adresser aux juifs un rappel. Quand ils rendent l’Église responsable, pour les avoir accusés devant l’histoire de déicide, de leurs immenses malheurs, ils oublient que Dieu, que Iahvé lui-même, en les choisissant comme unique peuple messianique et théophore, devait les rendre odieux et les désigner à l’hostilité du monde et des peuples païens, longtemps avant l’Incarnation, longtemps avant le déicide. […] Le déicide est venu. Il a empêché les juifs, qui en furent l’instrument, de passer de l’état de nation messianique à l’état d’Église messianique, de l’état provisoire de nation théophore à l’état définitif de royaume de Dieu supranational. Il n’a pas fait que la main de Dieu cessât de reposer sur eux. Il a fait qu’elle ne s’y repose plus comme autrefois, et qu’elle ne s’y repose pas non plus comme dans l’Église, désormais seule messianique et seule théophore, elle aussi persécutée, par le monde et parfois par eux. » (Ch. Journet, Destinées d’Israël. À propos du Salut par les Juifs, Paris, 1945, pp. 199-201.)

Responsabilité du judaïsme pharisaïque dans la mort du Christ

Ces lignes, dont la grande pertinence nous permet de mieux cerner le sens de la terrible situation en ce monde du peuple qui demanda que l’on crucifie le Messie, ont le mérite de montrer clairement le sens des conditions mêmes dans lesquelles se trouvent placés les Juifs depuis le Golgotha, et la raison du châtiment qu’ils subirent collectivement, consécutivement à l’ignominieux traitement infligé au Christ sur le Calvaire. Rappelons que pour tous les Pères de l’Église, unanimement (de st Ignace d’Antioche † 107 à st Augustin † 430, en passant par st Justin † 163, st Irénée† 200, Tertullien † 240, st Hyppolite de Rome † 237, st Cyprien 258, Lactance † 300, st Athanase † 373, st Hilaire de Poitiers † 387,st Grégoire de Nazianze † 389, st Ambroise de Milan † 397, st Cyrille d’Alexandrie † 444), ce qui porte la responsabilité de la mort de Jésus est bien le judaïsme pharisaïque talmudique par le truchement de ses “fidèles”. Dans la mort du Christ, c’est donc la communauté religieuse d’Israël post-biblique qui est impliquée (hormis un “petit reste” qui fut fidèle au Christ : les Apôtres, les Disciples, etc.), la majeure partie du peuple ayant prit une part active à la condamnation de Jésus.



«Nous, nous avons une Loi, et d’après cette Loi, Il doit mourir ! » (Jean, XIX, 7)

Il faut, dès lors, comprendre que le peuple juif était, effectivement, un peuple théologique, le peuple théologique par excellence que Dieu s’était créé pour Lui, il se devait de devenir une race salvatrice dans le Christ. Ainsi, tout ce qu’on pourra dire au sujet des juifs restera bien court devant la grandeur de ce peuple qui nous a donné le Christ. Mais le Christ ne se réduit pas à son origine juive, comme certains littérateurs contemporains maladroits voudraient le laisser supposer, incapables de voir plus loin que l'horizon charnel. Le Christ, qui se fit homme, était d’une grandeur qui surpassait infiniment l’humaine condition. Le Christ était Divin, le Christ était le Fils Unique du Père, la Splendeur rendue visible de la Substance Divine. Aussi le peuple juif, soutien généalogique de grandeurs qui surpassaient sa propre valeur, aurait dû s’abîmer dans sa propre petitesse à cause des grandeurs qu’il portait. Mais au contraire une partie d’Israël fut mordue par l’orgueil. Insensée, elle se crut plus grande que les autres peuples, que toutes les autres races, et surtout plus grande que le Christ. Elle se crut supérieure à tous et éleva autour d’elle une enceinte pour ne pas se contaminer à l’infériorité des autres ; et elle a travaillé pour les dominer et, finalement, par son rejet criminel du Messie, s’est retrouvée soumise aux nations car, comme pour Esaü et Jacob (Genèse 27 30-41), l’aîné a été soumis au cadet.

« Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis» (Luc XXI, 24)

Les Juifs talmudiques et la Synagogue, zélés serviteurs du mystère d’iniquité

La destruction du second Temple par Titus en 70 et la défaite de Bar Kocheba en 135 qui participaient des châtiments annoncés par les prophéties, constituèrent pour le judaïsme une catastrophe aussi importante que la destruction du premier Temple en - 586 av. Jésus-Christ. Le peuple juif, dont le chandelier sacré du Temple fut exhibé triomphalement à Rome, perdit ainsi son identité politique et sa référence religieuse. C’est dans ces circonstances qu’apparut le mouvement rabbinique talmudique. Les rabbins, héritiers des pharisiens, prirent définitivement autorité sur la vie communautaire et spirituelle. En attendant que Dieu accordât la rédemption messianique à tout Israël, la Torah — l’étude et l’observation de ses commandements — devait tenir lieu de Temple. Certains rabbins affirmèrent que, si tous les juifs se conformaient à la Torah, le Messie serait obligé de venir. Institutionnellement, la Synagogue et la maison d’étude rabbinique, remplacèrent donc le Temple détruit. Dès lors, les Juifs qui furent longtemps les dépositaires du mystère de fidélité, après la mise à mort du Christ se convertirent, en se basant sur une conception judaïque talmudique dévoyée que les pontifes romains considérèrent comme une manifestation de la permanente « perfidie » juive, en zélés serviteurs du mystère d’iniquité n’acceptant pas la substitution sacerdotale de leur élection à l’Église qui devenait, après eux, le véritable Israël. Joseph de Maistre (1753-1821), qui réfléchira à la signification à la rigueur du châtiment infligé à Israël et s’interrogera sur la dureté de l’exil imposé aux hébreux depuis la mort de Jésus, exprime fort bien l’une des raisons de cette situation : « Dieu vous a dispersés parmi les nations […] ; afin que vous leur appreniez qu'il est le seul Dieu et le seul tout-puissant. » (Soirées de Saint-Pétersbourg, IXe Entretien.)

A d’autres qu’aux hébreux, furent donc accordées les bénédictions de la Promesse. Et ces autres-là, c’est ceux, Juifs et Gentils - Juifs d’abord et Gentils ensuite - qui forment l’Église de Jésus-Christ. L’Église de Jésus-Christ est le vrai Isaac, le vrai Jacob, et le vrai Abel. Le Christ a été le sanctificateur des Juifs et des Gentils pour former une création nouvelle, l’Église de Jésus-Christ, qui adore le Père en Esprit et en Vérité. (Jean, IV). Dès le jour de la Pentecôte (Actes II,1), il y eut formation et constitution sur la terre d’un nouveau peuple de Dieu : l’Église, «car nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Corinthiens 12,13). De sorte, sachant que saint Augustin, saint Irénée, saint Thomas, saint Bonaventure, Cajetan, Bellarmin, Baronius, saint François de Sales et presque tous les pères et théologiens partagent cet avis : « Jésus-Christ, a pris l’ancienne Église et l’a mise dans la nouvelle ; il a pris la Synagogue, et lui a substitué l’Église. Les juifs qui ont été depuis Jésus-Christ, et qui sont à présent, ont été et sont des déserteurs de la religion juive, puisqu’il n’ont point voulu reconnaître le Messie, ce qui faisait pourtant le point capital de leur religion. » (Finis Legis Christus X, 4) Ainsi, fatal aveuglement des modernes qui ont perdu tout sens théologique, il y a bien un lien de cause à effet direct entre la crucifixion et les événements qui suivirent, à savoir : l’arrêt du culte mosaïque, la cessation des sacrifices du Temple, la destruction de Jérusalem, la dispersion et l'exil loin de leur terre des hébreux. Tout cela correspond à la réalisation exacte de ce que le Christ avait solennellement prophétisé aux juifs : « Viendront des jours de vengeance... il y aura une grande contrainte, une grande colère sur la terre pour ce peuple... et ils tomberont au fil de l’épée, et ils seront emmenés en captivité dans toutes les nations ». (Luc, XXIII, 20-24). Alors, tout ce que le monde put produire de plus inique et de plus pervers sortit aussi de ce peuple qui se réjouissait du sang du Sauveur et qui clamait : «Que Son sang retombe sur nous et sur nos enfants !» (Matthieu XXVII, 25). Le crime le plus grand de tous les temps, la mort de l’Homme-Dieu, a été perpétré par ce peuple qui mérita pour cela le nom de «perfide ». Où est donc la racine du péché et de toutes les erreurs judaïques ? Dans le fait «qu’une partie de ce peuple» a cru que ses promesses faites aux Juifs à cause du Christ qui devait naître d’eux, furent faites à sa chair, à sa race, à sa généalogie, à sa nation. En d’autres termes, au lieu de s’apercevoir que si le peuple Juif était le peuple de prédilection, il l’était uniquement par le Christ. Eux, dans leur aveuglement, crurent que ce fut le Christ qui eut de quoi Se glorifier de Sa descendance généalogique.

L’Eglise est aujourd’hui « l’Israël spirituel » authentique

Rappelons que les bénédictions de l’Eglise, ou de ceux qui la composent, dépassent celles de l’Ancienne Alliance. L’union des croyants avec le Christ par le Saint Esprit, telle qu’elle est décrite notamment dans l’épître aux Éphésiens, est un privilège exclusif des chrétiens. En outre, les croyants de l’époque actuelle sont des étrangers sur la terre ; ils suivent un Sauveur rejeté et méprisé du monde. Le résidu d’Israël qui héritera du royaume millénaire, de même que les gens des nations qui y auront part, n’y seront nullement des étrangers. Sur une terre purifiée par les jugements, ils seront les sujets d’un Christ glorieux dont l’autorité sera reconnue de tous, mais lorsque la Divine Providence le décidera, pas avant ! L’Israël spirituel authentique aujourd’hui c’est, de ce fait, l’Eglise de tous les baptisés. Le peuple hébreu, l’Israël charnel, n’est plus qu’une réalité naturelle désacralisée dont la filiation divine a cessé sachant qu’il n’y rien « qui puisse suggérer l’idée d’une prérogative quelconque d’Israël comme peuple de Dieu depuis l’instauration de la Loi nouvelle. La promesse faite par Dieu au peuple israélite est une alliance temporelle et transitoire, abandonnée au profit de la Nouvelle Alliance. Quand donc saint Paul affirme que les ‘‘dons et l’appel de Dieu sont sans repentance’’ et que ‘‘Dieu n’a pas rejeté son peuple’’, il signifie par là que Juifs et Gentils sont convoqués à l’obéissance de la foi et qu’Israël n’est pas exclu de cet accueil universel puisqu’à la fin des temps il sera réintégré. Or cette réintégration ne s’effectuera pas selon le statut de l’Alliance Ancienne et dans le régime de l’Israël charnel, mais bien sous le sceau de la Nouvelle Alliance et dans la sphère indéfiniment élargie de l’Israël spirituel [cad l’Eglise]. Dieu ne laissera pas protester sa promesse parce que l’Eglise est désormais le peuple de Dieu et qu’Israël lui sera finalement incorporé. »

Aujourd’hui, en attendant le retour du Messie, nous sommes donc historiquement placés dans le temps de l’Eglise, le temps du « Nouvel Israël », le ‘‘Verus Israël’’ [C’est saint Justin martyr (IIe s.) dans le dialogue avec Tryphon, dans lequel il défendait le christianisme contre un interlocuteur juif, qui utilisa pour la première fois l’expression à propos de l’Église : « véritable Israël » (cf. §135) ], qui correspond au temps de la grâce, temps qui succède à la Loi et au culte mosaïque, période caractéristique qui a commencé lors de la venue du Christ et qui n’est pas encore terminée tant que le Messie n’est pas de nouveau revenu en Gloire. C’est la période durant laquelle le peuple d’Israël est placé, sur le plan de l’Histoire Sainte dont le déroulement se poursuit, dans la sujétion des nations et dans la dépendance spirituelle des promesses faites à l’Eglise. Le Seigneur indique d’ailleurs que Jérusalem sera « foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accompli s» (Luc 21, 24). Ces temps, ces temps historiques à l’intérieur desquels le peuple juif possède une importance exceptionnelle puisque c’est un peuple qui accompagne l’humanité dans tout le déroulement de l’Histoire, ces temps ont commencé au moment où, dans son gouvernement envers Israël, Dieu dut livrer son peuple entre les mains des nations. Le Temple fut détruit, de même que la muraille de Jérusalem, la ville brûlée, ses trésors emportés, et le peuple qui avait échappé à l’épée emmené en captivité. La sentence «Lo-Ammi», c’est-à-dire « pas mon peuple», annoncée par le Prophète Osée, entra ainsi en vigueur d’une façon redoutable. La pénible et éprouvante réprobation d’Israël se voit ainsi, certes mystérieusement mais aussi formellement, permise jusqu’à ce qu’Israël accepte le Messie et rejoigne l’Eglise, ceci correspondant exactement à ce que saint Paul dit nettement : « … alors tout Israël sera sauvé. » (Romains, XI, 25).

Il y aura donc une fin à la réprobation et aux temps des nations qui se termineront, non pas à la faveur d’une décision volontaire bassement profane, nationaliste et antireligieuse du peuple Juif décidant de retourner en Terre Sainte en s’y imposant brutalement par la force des armes et la terreur en piétinant le plan que Dieu a forgé pour le peuple élu qui doit lui aussi, selon l’eschatologie de l’Histoire Sainte, trouver sa place dans le Royaume, mais seulement lorsque le résidu juif fidèle, reconstitué à travers les terribles jugements apocalyptiques, entrera dans la bénédiction du Millénium. En effet, si la structure et la dynamique des nations et de la vie profane tombent sous la coupe du «Prince de ce monde» parce que ce dernier a acquis sur elles possession l’homme ayant cédé à sa suggestion, sur le terrain de l’Histoire Sainte il faut impérativement que soient mises en œuvre des forces spécifiquement saintes. Israël sera alors de nouveau reconnu comme étant le peuple de l’Éternel. « Je dirai à Lo-Ammi : Tu es mon peuple, et il me dira : Mon Dieu» ( Osée 1,9 ; 2:23). Les prophètes de l’Ancien Testament nous parlaient déjà du résidu d’Israël qui jouera un rôle de premier plan aux derniers jours. Ce sont les réchappés de l’épée (Esaïe 4:2 ; 10:20 ; Jérémie 31:2 ; Joël 2:32). Dans une période où la grande masse d’Israël se détournera de Dieu et sera l’objet de son jugement, ce sont ceux dont Dieu aura touché le coeur et qu’il aura amenés à la repentance. Dieu les reconnaîtra comme étant son peuple, et après les tribulations, ils entreront dans les bénédictions du Millénium ainsi que l’explique l’Ecriture.

La religion chrétienne seule nécessaire au Salut

Or, alors que nous possédons de telles déclarations positives de la part de Dieu dans l’Ecriture, déclarations commentées et confirmées par l’ensemble des Pères et docteurs de l’Eglise, et comme le soutenait Léon Bloy, comment est-il possible de se prétendre respectueux de Dieu lorsqu’on ignore, ou, plus grave encore, méprise sa Parole, en n’établissant son jugement et ses opinions que sur l’immédiate visibilité des faits, alors que l’unique, la seule authentique et véritable fidélité, se mesure uniquement au strict respect des plans de Dieu sur l’Histoire : « C'est à détraquer l'entendement, à suggérer le dégoût de vivre, de penser qu'un homme peut se dire admirateur du Salut par les Juifs et croire, en même temps, qu'il y a des choses plus importantes que d'obéir aux commandements de Dieu » (1899, Dix-sept mois en Danemark.).

Retenons que la venue du Christ a abrogé la Loi mosaïque en ce que celle-ci avait de propre au peuple Juif, L’épître aux Hébreux ayant été écrite pour montrer aux Juifs que tout le système de la Loi — en particulier la sacrificature et les sacrifices — était mis de côté. Il s’agissait «d’ordonnances charnelles imposées jusqu’au temps du redressement» (Hébreux 9, 10). Mais le Christ étant venu, nous avons en lui le seul sacrifice capable d’ôter les péchés (Hébreux 10, 12-14), et le sacrificateur parfait qui «nous convenait» (7:25, 26). Ainsi comme le précise saint Paul : « Il y a abrogation et caducité de la religion qui a précédé, à cause de sa faiblesse et de son inutilité car a loi n’a rien amené à la perfection» ( Hébreux 7, 18-9). La religion chrétienne est ainsi devenue la seule religion nécessaire au Salut de tous les hommes, qu’ils soient Juifs ou païens, et ce jusqu’à la fin des siècles puisqu’elle n’a plus à recevoir de développement dans la mesure où Jésus-Christ nous l’a donnée aussi parfaite que Dieu la voulait pour la Rédemption générale du genre humain, ce que tiendra à souligner fermement le cardinal Jean Daniélou (1905-1974), précisément au moment où d'autres théologiens avançaient d'autres thèses :


- « … une théologie discutable [parle] du rôle actuel du peuple juif dans l'histoire du salut. [Elle] affirme en particulier qu'on ne peut pas dire que “le peuple juif a été dépouillé de son élection”… C'est également tout confondre que d'écrire que “la première Alliance n'a pas été rendue caduque par la Nouvelle”. Que signifient alors les termes d'Ancienne et de Nouvelle Alliance, d'Ancien et de Nouveau Testament?… Parler de la Nouvelle Alliance, c'est dire que l'Ancienne est dépassée. Dire que l'Ancienne Alliance n'est pas caduque, parce qu'elle est “la racine, la source, le fondement, la promesse”, c'est jouer sur les mots. Car c'est précisément parce qu'elle est la promesse qu'elle implique l'accomplissement. Cela nous devons le dire clairement et loyalement, comme l'ont dit les premiers apôtres, comme l'a dit toute l'Église.» (Cardinal Jean Daniélou, "L'Église devant le judaïsme", Le Figaro, 28-29 avril 1973, in La Documentation Catholique, LXX, Paris, 1973, pp. 620-621.)


C’est pourquoi, on est légitimement fondé à pouvoir affirmer que le peuple Juif s’est vu retiré sa fonction eschatologique et messianique par son refus d’accueillir le Messie qu’il livra aux Romains pour qu’il soit crucifié. Le seul Israël véritable qui subsiste c’est donc l’Eglise : « L’Eglise se relie à l’Ancienne Alliance, à laquelle elle se substitue – l’Eglise est le nouvel Israël, c’est Jésus-Christ répandu et communiqué. » (Bossuet, Discours sur l’Histoire universelle, O. C., t. IV.) Ecoutons d’ailleurs avec respect en guise de conclusion, à propos du mystère de substitution de l’héritage d’Israël à l’Eglise, l’admirable témoignage, si empli d’une impressionnante vérité, d’un Juif qui reconnut le Christ comme le Messie et demanda le baptême afin d’entrer dans le sein de la Sainte Eglise :


- « Nous avons condamné notre Roi et notre Dieu. Cette condamnation était la nôtre. Sur le Calvaire expire le Messie (…) le Roi des Juifs. Le crime inexpiable est consommé. La malédiction divine est sur nous. Nous ne sommes plus l’Israël de Dieu, la race élue. Nous ne comprenons plus nos patriarches et nos prophètes. Un voile devant nos yeux, sur notre esprit, sur notre cœur, une voile de sang : le Sang du Juste. Ce sang qui cimente les fondements de l’Eglise et par lequel la gentilité devient l’héritière des promesses d’Abraham, l’Israël véritable, retombe sur nous, malheureux, en gouttes accablantes, torturantes, vangeresses. Mais loin de nous repentir, nous nous enfonçons dans notre crime chaque siècle davantage, nous nous y obstinons, nous l’aggravons, nous le surchargeons de haines, de toujours plus de haines, d’inextinguibles haines. Contre l’Eglise et son Christ, avec les ennemis du Christ, chaque âge nous retrouve. (…) Nous pouvons gémir avec notre prophète Esaïe : ‘‘Nous attendions la lumière et nous voilà dans les ténèbres’’. (…) C’est pourquoi le Seigneur s’est éloigné de toi, faux Israël ! Il a renversé ton Temple, ta ville, ton sacerdoce. Il a fait Alliance avec un peuple fidèle à la Tradition, le peuple chrétien qui, reconnaissant le Messie dans Jésus fils de David, est devenu le vrai peuple d’Abraham, l’héritier des promesses divines ! Jérusalem est dans l’Eglise, Lévi dans le sacerdoce catholique, Moïse dans Jésus-Christ ! » (P. Loewengard, La Splendeur catholique, du Judaïsme à l’Eglise, Librairie Académique Perrin, 1910, 201-102 ; 243-245.)

Re: Les Juifs ont-ils tué le Christ ?

par Invité » mar. 17 févr. 2009, 22:43

Nous sommes dans le temps entre la resurrection du Christ et son ascension et sa venue dans la gloire à la fin des temps. Dans ce temps les juifs attendent un messie ou des temps messianiques, les chrétiens attendent lle retour du Seigneur. Rien n'est figé. Et il peut y avoirdes styles d'espérance proches à chacun. Les chrétiens n'ont pas à se substituer aux Juifs sur le chemin de la volonté de Dieu. Au contraire les chrétiens ont à reconnaître que les juifs vivent d'une élection, d'une alliance et de promesses qui portent du fruit dans le temps où nous sommes. Dans le temps de l'espérance, ils portent une parole de Dieu qui donne sens à la vie. Du fait que Dieu s'est incarné juif en Jésus de Nazareth, qu'il a sauvé l'humanité par ce chemin-là, Les chrétiens ne peuvent pas se comprendre sans eux.
A nous de vivre tous les possibles de Dieu.

Re: Les Juifs ont-ils tué le Christ ?

par coeurderoy » mar. 17 févr. 2009, 15:07

Je vous en prie, Raistlin ! Outre ce déchirement humain (quitter les siens) Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix a dû connaître la douleur de penser qu'on attribuait sa conversion au catholicisme à des motifs opportunistes (Allemagne, 1933 !). C'est au carmel d'Echt, en Hollande, que la Gestapo vint la "cueillir", avec sa soeur Rose, également carmélite le 2 août 1942. Transitant par Westerbork,
elles quittèrent ce camp le 7 août et furent gazées dès leur arrivée à Auschwitz le 9 août 42, vigile de Saint Laurent.
"Le diacre Laurent éleva la voix et dit : j'adore mon Dieu et c'est Lui seul que je sers, c'est pourquoi je ne crains pas vos tortures : ma nuit n'a pas d'obscurité, tout y resplendit de lumière" (répons de l'office de saint Laurent, que l'Eglise récite le 9 août à Matines)

Parmi d'autres témoignages :

"Edith aimait profondément son peuple, elle le portait dans une intense prière, elle a - je pense - offert pour lui sa vie au Seigneur. Nous étions très émus quand elle nous racontait comment, bien après sa conversion, elle accompagnait encore sa mère à la synagogue, au jour de l'Expiation, pour réciter avec elle, les psaumes en hébreu. Sa mère était une femme très grande et connue pour l'ardeur de sa conviction religieuse"
Lettre du Pr. Rosenmöller du 24.4.1953

Enfin je trouve ce passage édifiant et terrible : convoquée à Maastricht dans les bureaux de la Gestapo (dont l'attention avait été attirée par une demande de visas pour la Suisse émanant du couvent), Edith Stein eut cette attitude :

"lorsqu'elle pénétra dans les bureaux de la Gestapo, elle s'écria, sous l'impulsion d'une force intérieure :
"Loué soit Jésus-Christ ! "Les policiers la regardèrent stupéfaits et sans mot dire.
Plus tard, racontant l'incident à sa Mère Prieure, elle reconnut avoir commis une imprudence sur le plan humain. Mais, ajouta-t-elle, elle s'y était sentie poussée, comme s'il lui était clairement apparu que la lutte se situait à un autre plan que de la vulgaire police d'Etat et de ses victimes, il s'agissait de l'antique combat entre Lucifer et Jésus"

in Edith Stein par une moniale française (Elisabeth de Miribel), la vigne du Carmel, Seuil .1953

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