par Cinci » lun. 03 juin 2019, 21:06
[ouvrir une parenthèse]
Un texte intéressant à examiner.
Ici :
Le salut hors de l'Église
Même s'Il est vrai que l'homme doit introduire sa socialité dans sa rencontre avec Dieu, ne pourrait-il le faire conformément aux idées avancées par certains utopistes à la suite de Rudolph Sohm, qui prétendent ainsi interpréter fidèlement le sens de l'Ecclesia néo-testamentaire : la communauté rachetée s'édifie par le fait que chaque individu répond personnellement à l'appel du Christ dans l'Esprit-Saint. L'Église ne peut-elle se rassembler à partir de décisions individuelles spontanées et portées par la grâce, comme une organisation de personnes qui n'a nul besoin d'une organisation, puisqu'elle vit de l'Esprit Saint ?
Pourquoi sous prétexte que la dimension communautaire de l'existence humaine, elle aussi, a été rachetée, l'institution doit-elle nécessairement précéder la libre option de l'Individu ? Pourquoi l'Église a-t-elle été instituée au lieu de résulter de la volonté de nombreux individus ? Bien plus : pourquoi, après tout, la dimension communautaire de l'humanité rachetée ne peut-elle prendre forme que dans une société universelle qui, pour cette raison, s'appelle l'Église catholique ? La personne humaine préférerait de loin façonner sans cesse à nouveau sa liberté créatrice, son propre engagement dans la communauté de foi avec le Christ, au lieu de devoir donner son consentement à une institution préalable.
Pour répondre à ces questions, nous devons nous rappeler ce qui a été dit de l'Église comme signe sacramentel. Elle m'est pas seulement un lieu entourant extérieurement l'engagement religieux personnel. Elle propose à la volonté de celui qui veut s'offrir à Dieu, des moyens d'expression institués par Dieu lui-même et non pas simplement reconnus par Lui après coup. L'Église est l'organisme vivant de l'Esprit de Dieu, dont les fonctions vitales permettent à l'homme de donner à sa rencontre avec le Dieu infini une expression telle qu'elle doit infailliblement aboutir. Ainsi, dans une rencontre humaine, on commence par prendre position vis à vis de l'autre, puis on cherche à découvrir l'expression qui correspondra le plus exactement à cet état. Mais, même dans les relations humaines, la liberté d'expression est très limitée. La poignée de main qui traduit la rencontre de deux êtres peut varier de personne à personne, mais elle demeure néanmoins toujours une poignée de main.
Cette prédétermination de la forme fondamentale de l'expression manifeste également que les individus lorsqu'ils se rencontrent effectivement, reconnaissent et réalisent une socialité préalablement donnée.
Tel est également le sens du lien qui rattache à l'Église-société les relations de communion religieuses. La rencontre de l'homme-communautaire avec Dieu est prédéterminée d'une manière institutionnelle établie par l'Homme-Dieu. Dans cette rencontre l'homme n'a d'autre choix que d'acquiescer avec une plus ou moins grande intensité à la forme d'expression prédonnée par le Christ, puisqu'il doit accepter et reconnaître la souveraineté et l'initiative de son divin partner. La transcendance de Dieu, le fait qu'il est dans l'au-delà et le caractère surnaturel de la communion de vie avec lui exigent qu'on ne puisse trouver l'expression de la rencontre avec lui que dans un milieu où il faut s'élever au-dessus du monde et du quotidien.
Pour ceux qui n'ont pas trouvé le chemin de l'Église visible
Leur option a-t-elle si peu de valeur, pourrait-on se demander, qu'elle demeure stérile à défaut d'appartenance objective à l'Église ? Voilà ce que semble traduire le vieil adage Extra Ecclesiam nulla salus. Il faut avouer que, même de nos jours, l'interprétation de ce principe reste difficile. Cependant, une chose semble certaine : l'Église hiérarchique elle-même ne l'interprète pas en ce sens que tous ceux qui se trouvent dehors de l'arche de l'Église doivent nécessairement se noyer dans le déluge de la perdition.
Il y a quelques années, un jésuite américain défendit cette interprétation étroite du principe "Hors de l'Église point de salut". L'instance suprême de l'Église en matière de foi, le Saint-Office, exprima son désaccord en suspendant, puis en excommuniant le prêtre en question. On assista alors à ce paradoxe : le défenseur à outrance de la nécessité de salut de l'Église comprise de manière trop schématique, finit lui-même par se trouver en dehors de l'Église !
(à suivre)
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Un texte intéressant à examiner.
Ici :
[b]Le salut hors de l'Église
[/b]
Même s'Il est vrai que l'homme doit introduire sa socialité dans sa rencontre avec Dieu, ne pourrait-il le faire conformément aux idées avancées par certains utopistes à la suite de Rudolph Sohm, qui prétendent ainsi interpréter fidèlement le sens de l'Ecclesia néo-testamentaire : la communauté rachetée s'édifie par le fait que chaque individu répond personnellement à l'appel du Christ dans l'Esprit-Saint. L'Église ne peut-elle se rassembler à partir de décisions individuelles spontanées et portées par la grâce, comme une organisation de personnes qui n'a nul besoin d'une organisation, puisqu'elle vit de l'Esprit Saint ?
Pourquoi sous prétexte que la dimension communautaire de l'existence humaine, elle aussi, a été rachetée, l'institution doit-elle nécessairement précéder la libre option de l'Individu ? Pourquoi l'Église a-t-elle été instituée au lieu de résulter de la volonté de nombreux individus ? Bien plus : pourquoi, après tout, la dimension communautaire de l'humanité rachetée ne peut-elle prendre forme que dans une société universelle qui, pour cette raison, s'appelle l'Église catholique ? La personne humaine préférerait de loin façonner sans cesse à nouveau sa liberté créatrice, son propre engagement dans la communauté de foi avec le Christ, au lieu de devoir donner son consentement à une institution préalable.
Pour répondre à ces questions, nous devons nous rappeler ce qui a été dit de l'Église comme signe sacramentel. Elle m'est pas seulement un lieu entourant extérieurement l'engagement religieux personnel. Elle propose à la volonté de celui qui veut s'offrir à Dieu, des moyens d'expression institués par Dieu lui-même et non pas simplement reconnus par Lui après coup. L'Église est l'organisme vivant de l'Esprit de Dieu, dont les fonctions vitales permettent à l'homme de donner à sa rencontre avec le Dieu infini une expression telle qu'elle doit infailliblement aboutir. Ainsi, dans une rencontre humaine, on commence par prendre position vis à vis de l'autre, puis on cherche à découvrir l'expression qui correspondra le plus exactement à cet état. Mais, même dans les relations humaines, la liberté d'expression est très limitée. La poignée de main qui traduit la rencontre de deux êtres peut varier de personne à personne, mais elle demeure néanmoins toujours une poignée de main.
Cette prédétermination de la forme fondamentale de l'expression manifeste également que les individus lorsqu'ils se rencontrent effectivement, reconnaissent et réalisent une socialité préalablement donnée.
Tel est également le sens du lien qui rattache à l'Église-société les relations de communion religieuses. La rencontre de l'homme-communautaire avec Dieu est prédéterminée d'une manière institutionnelle établie par l'Homme-Dieu. Dans cette rencontre l'homme n'a d'autre choix que d'acquiescer avec une plus ou moins grande intensité à la forme d'expression prédonnée par le Christ, puisqu'il doit accepter et reconnaître la souveraineté et l'initiative de son divin [i]partner[/i]. La transcendance de Dieu, le fait qu'il est dans l'au-delà et le caractère surnaturel de la communion de vie avec lui exigent qu'on ne puisse trouver l'expression de la rencontre avec lui que dans un milieu où il faut s'élever au-dessus du monde et du quotidien.
[b]Pour ceux qui n'ont pas trouvé le chemin de l'Église visible
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Leur option a-t-elle si peu de valeur, pourrait-on se demander, qu'elle demeure stérile à défaut d'appartenance objective à l'Église ? Voilà ce que semble traduire le vieil adage [i]Extra Ecclesiam nulla salus[/i]. Il faut avouer que, même de nos jours, l'interprétation de ce principe reste difficile. Cependant, une chose semble certaine : l'Église hiérarchique elle-même ne l'interprète pas en ce sens que tous ceux qui se trouvent dehors de l'arche de l'Église doivent nécessairement se noyer dans le déluge de la perdition.
Il y a quelques années, un jésuite américain défendit cette interprétation étroite du principe "Hors de l'Église point de salut". L'instance suprême de l'Église en matière de foi, le Saint-Office, exprima son désaccord en suspendant, puis en excommuniant le prêtre en question. On assista alors à ce paradoxe : le défenseur à outrance de la nécessité de salut de l'Église comprise de manière trop schématique, finit lui-même par se trouver en dehors de l'Église !
(à suivre)