par archi » jeu. 10 mai 2012, 21:27
Je n'avais pas encore prêté attention à ce fil, mais dois dire que moi aussi j'en ai ras-le-bol des liturgies minables des paroisses "ordinaires". Il y eut un moment où je cherchais à être tolérant, à voir les éléments positifs, la foi qui demeure malgré tout chez certains et (surtout) certaines, l'engagement des prêtres malgré toutes les difficultés de leurs ministères.
Où je faisais l'effort d'assister assez souvent à de telles liturgies le dimanche, pour des raisons familiales, malgré ma nette préférence pour la forme extraordinaire; malgré le fait qu'à l'époque où je retrouvais le chemin de l'Eglise, l'assistance à des messes en forme ordinaire, même pas trop mal célébrées par rapport à la moyenne, m'a stoppé sur mon chemin, jusqu'à ce que je trouve autre chose.
Maintenant, je n'y arrive plus, je ne peux plus avoir d'indulgence pour cette ambiance délétère, cette profanation incessante des Mystères sacrés.
La liturgie est la source et le sommet de la vie de l'Eglise, elle est le Corps mystique du Christ rassemblé autour de son chef, autour du Sacrifice de l'Agneau. Le Corps est aussi le Temple (celui que le Christ a rebâti en 3 jours) il est la Nouvelle Jérusalem, et nécessairement l'ancien Temple de Jérusalem avait déjà pour l'essentiel les formes du nouveau. La liturgie est la vie de ce Corps.
Que dire quand les pratiques liturgiques se sont mises à prendre une ambiance qui n'a plus rien à voir avec celle d'un Temple? Que dire quand l'orientation de la prière tend à l'auto-célébration de l'Assemblée, quand le choeur prend des allures de scène de spectacle? Quand la notion de ministres mis à part pour le service du Temple est oubliée? Quand le sacré avec ses exigences a disparu pour être remplacé par une ambiance profane? Quand il n'y a plus de séparation entre le sanctuaire et la nef, et quand beaucoup rentrent dans cette nef comme dans un moulin, sans avoir conscience de franchir la porte d'un espace sacré?
Que dire quand les nouveaux bâtiments que l'on construit pour ces liturgies rivalisent de laideur, à l'intérieur comme à l'extérieur? Quand lorsque les bâtiments sont anciens et en imposent même des athées (quelques-uns me l'ont dit) par leur beauté... on trouve le moyen de les enlaidir par des affiches moches, des panneaux souvent dignes d'écoles maternelles?
Que dire quand la prédication ressemble si souvent à du prêchi-prêcha moralisant sans aucun souffle, sans la moindre vision surnaturelle?
Peut-on dire que ces espaces liturgiques et les cérémonies nous emmènent vraiment à l'intérieur du Corps du Christ ressucité? Peut-on dire qu'elles manifestent la présence réelle dont elles sont pourtant dépositaires?
D'ailleurs, les résultats sont là, la plupart de ces communautés sont mortes, elles n'engendrent aucune vocation, les jeunes qui reçoivent l'initiation (1ere communion, profession de Foi, confirmation... à quel âge avancé!) et qui restent sont rarissimes... il est frappant de constater que les générations que l'on y voit en nombre significatif commencent vers 50/60 ans... c'est-à-dire que ce sont précisément celles qui ont grandi avant la révolution liturgique! Il faut arrêter de se voiler la face.
Une assemblée saine devrait spontanément pratiquer une liturgie belle et conforme au Mystère célébré, au Corps du Christ assemblé autour de son chef... donc au symbolisme du Temple et à ce qui a été conservé par l'Eglise depuis le temps des Apôtres. On peut se demander si l'institution de la Sacrée Congrégation des rites, qui a figé le rite romain depuis la Renaissance, n'a pas eu pour résultat une conservation de formes fidèles au modèle, mais qui ne correspondaient plus à la vie de l'intérieur (d'où la critique souvent faite des liturgies pré-conciliaires mal célébrées). Pourtant, si la vie intérieure des fidèles informe les rites et la façon de les célébrer, ces rites informent aussi la vie des fidèles, ils sont sa source ("la liturgie, source et sommet de la vie de l'Eglise", toujours...), le mouvement est à double sens.
Les promoteurs de la réforme liturgique ont voulu à tout prix réformer le rite en espérant que la liturgie déteigne mieux sur l'assemblée des fidèles... les rubriques se sont relâchées, le pouvoir régulateur des lois liturgiques a disparu, les règles elles-mêmes, là où elles demeuraient, ont autorisé de nombreuses innovations plus que discutables. Pourtant, si la vie n'y était pas, il est logique que sans le cadre normatif qui la soutenait, la liturgie devienne l'image d'un Corps malade... qui n'était même plus soutenu par le cadre traditionnel. La chute a été précipitée, l'effondrement est logique.
La forme extraordinaire, qui a été maintenue par des catholiques ne se reconnaissant pas dans l'ambiance des liturgies paroissiales, est de plus en plus le refuge de ceux qui, eux aussi, s'y reconnaissent de moins en moins. Ce ne sont pas, pour la plupart, des saints, ils ont sûrement bien des défauts... pourtant, le fait qu'ils se reconnaissent spontanément (personne ne les force à assister à la forme extra) dans une image du Corps du Christ nettement plus conforme à l'idéal transmis depuis les Apôtres, donc à ce qui est catholique (critère de St Vincent de Lérins), plaide en faveur d'une réelle participation de leur part à la vie de ce Corps.
Je ne trouve pas les textes et rubriques de la forme ordinaire telle que promulguée par Paul VI soient en eux-même une grande réussite, mais je suis sîr qu'ils demeurent tout à fait catholiques, c'est-à-dire aptes à fournir le support d'une célébration des Mystères divins qui soit conforme à son modèle, une célébration qui soit vivante dans le vrai sens du terme (i.e. pas une célébration qualifiée de "vivante" parce qu'elle est sympa et qu'elle bouge...). A la limite, la souplesse des rubriques devrait même permettre à l'idéal du Temple de s'incarner d'une façon qui porte plus authentiquement la marque de ceux qui célèbrent cette liturgie. Pourtant, dans la quasi-totalité des cas, force est de reconnaître qu'on en est extrêmement loin.
La grande idée du Pape Benoît XVI est justement de revivifier cette forme ordinaire en mettant ceux qui la pratiquent au contact de la liturgie extraordinaire, du cadre normatif qui va avec, et qui doit être préservé pour cette dernière. Je ne vois pas d'autre solution pour préserver et revivifier la liturgie ordinaire. Pour autant, fonctionne-t-elle? L'avenir seul pourra le dire. Mais on ne peut pas dire que l'évolution soit flagrante, même si ça et là certains mettent à profit cette situation...
Je n'ai aucune animosité contre les fidèles de la forme ordinaire, qui malgré tout conservent pour beaucoup les germes de la foi catholique là où tant de nos contemporains l'ont désertée. Ni même chez ceux dont le christianisme n'est plus que superficiel et culturel, je n'ai pas à les juger... mais la vraie liturgie est une partie indispensable de la foi catholique. Les liturgies desséchantes risquent trop d'y être des obstacles.
In Xto,
archi.
Je n'avais pas encore prêté attention à ce fil, mais dois dire que moi aussi j'en ai ras-le-bol des liturgies minables des paroisses "ordinaires". Il y eut un moment où je cherchais à être tolérant, à voir les éléments positifs, la foi qui demeure malgré tout chez certains et (surtout) certaines, l'engagement des prêtres malgré toutes les difficultés de leurs ministères.
Où je faisais l'effort d'assister assez souvent à de telles liturgies le dimanche, pour des raisons familiales, malgré ma nette préférence pour la forme extraordinaire; malgré le fait qu'à l'époque où je retrouvais le chemin de l'Eglise, l'assistance à des messes en forme ordinaire, même pas trop mal célébrées par rapport à la moyenne, m'a stoppé sur mon chemin, jusqu'à ce que je trouve autre chose.
Maintenant, je n'y arrive plus, je ne peux plus avoir d'indulgence pour cette ambiance délétère, cette profanation incessante des Mystères sacrés.
La liturgie est la source et le sommet de la vie de l'Eglise, elle est le Corps mystique du Christ rassemblé autour de son chef, autour du Sacrifice de l'Agneau. Le Corps est aussi le Temple (celui que le Christ a rebâti en 3 jours) il est la Nouvelle Jérusalem, et nécessairement l'ancien Temple de Jérusalem avait déjà pour l'essentiel les formes du nouveau. La liturgie est la vie de ce Corps.
Que dire quand les pratiques liturgiques se sont mises à prendre une ambiance qui n'a plus rien à voir avec celle d'un Temple? Que dire quand l'orientation de la prière tend à l'auto-célébration de l'Assemblée, quand le choeur prend des allures de scène de spectacle? Quand la notion de ministres mis à part pour le service du Temple est oubliée? Quand le sacré avec ses exigences a disparu pour être remplacé par une ambiance profane? Quand il n'y a plus de séparation entre le sanctuaire et la nef, et quand beaucoup rentrent dans cette nef comme dans un moulin, sans avoir conscience de franchir la porte d'un espace sacré?
Que dire quand les nouveaux bâtiments que l'on construit pour ces liturgies rivalisent de laideur, à l'intérieur comme à l'extérieur? Quand lorsque les bâtiments sont anciens et en imposent même des athées (quelques-uns me l'ont dit) par leur beauté... on trouve le moyen de les enlaidir par des affiches moches, des panneaux souvent dignes d'écoles maternelles?
Que dire quand la prédication ressemble si souvent à du prêchi-prêcha moralisant sans aucun souffle, sans la moindre vision surnaturelle?
Peut-on dire que ces espaces liturgiques et les cérémonies nous emmènent vraiment à l'intérieur du Corps du Christ ressucité? Peut-on dire qu'elles manifestent la présence réelle dont elles sont pourtant dépositaires?
D'ailleurs, les résultats sont là, la plupart de ces communautés sont mortes, elles n'engendrent aucune vocation, les jeunes qui reçoivent l'initiation (1ere communion, profession de Foi, confirmation... à quel âge avancé!) et qui restent sont rarissimes... il est frappant de constater que les générations que l'on y voit en nombre significatif commencent vers 50/60 ans... c'est-à-dire que ce sont précisément celles qui ont grandi avant la révolution liturgique! Il faut arrêter de se voiler la face.
Une assemblée saine devrait spontanément pratiquer une liturgie belle et conforme au Mystère célébré, au Corps du Christ assemblé autour de son chef... donc au symbolisme du Temple et à ce qui a été conservé par l'Eglise depuis le temps des Apôtres. On peut se demander si l'institution de la Sacrée Congrégation des rites, qui a figé le rite romain depuis la Renaissance, n'a pas eu pour résultat une conservation de formes fidèles au modèle, mais qui ne correspondaient plus à la vie de l'intérieur (d'où la critique souvent faite des liturgies pré-conciliaires mal célébrées). Pourtant, si la vie intérieure des fidèles informe les rites et la façon de les célébrer, ces rites [u]informent[/u] aussi la vie des fidèles, ils sont sa [u]source[/u] ("la liturgie, source et sommet de la vie de l'Eglise", toujours...), le mouvement est à double sens.
Les promoteurs de la réforme liturgique ont voulu à tout prix réformer le rite en espérant que la liturgie déteigne mieux sur l'assemblée des fidèles... les rubriques se sont relâchées, le pouvoir régulateur des lois liturgiques a disparu, les règles elles-mêmes, là où elles demeuraient, ont autorisé de nombreuses innovations plus que discutables. Pourtant, si la vie n'y était pas, il est logique que sans le cadre normatif qui la soutenait, la liturgie devienne l'image d'un Corps malade... qui n'était même plus soutenu par le cadre traditionnel. La chute a été précipitée, l'effondrement est logique.
La forme extraordinaire, qui a été maintenue par des catholiques ne se reconnaissant pas dans l'ambiance des liturgies paroissiales, est de plus en plus le refuge de ceux qui, eux aussi, s'y reconnaissent de moins en moins. Ce ne sont pas, pour la plupart, des saints, ils ont sûrement bien des défauts... pourtant, le fait qu'ils se reconnaissent spontanément (personne ne les force à assister à la forme extra) dans une image du Corps du Christ nettement plus conforme à l'idéal transmis depuis les Apôtres, donc à ce qui est catholique (critère de St Vincent de Lérins), plaide en faveur d'une réelle participation de leur part à la vie de ce Corps.
Je ne trouve pas les textes et rubriques de la forme ordinaire telle que promulguée par Paul VI soient en eux-même une grande réussite, mais je suis sîr qu'ils demeurent tout à fait catholiques, c'est-à-dire aptes à fournir le support d'une célébration des Mystères divins qui soit conforme à son modèle, une célébration qui soit vivante dans le vrai sens du terme (i.e. pas une célébration qualifiée de "vivante" parce qu'elle est sympa et qu'elle bouge...). A la limite, la souplesse des rubriques devrait même permettre à l'idéal du Temple de s'incarner d'une façon qui porte plus authentiquement la marque de ceux qui célèbrent cette liturgie. Pourtant, dans la quasi-totalité des cas, force est de reconnaître qu'on en est extrêmement loin.
La grande idée du Pape Benoît XVI est justement de revivifier cette forme ordinaire en mettant ceux qui la pratiquent au contact de la liturgie extraordinaire, du cadre normatif qui va avec, et qui doit être préservé pour cette dernière. Je ne vois pas d'autre solution pour préserver et revivifier la liturgie ordinaire. Pour autant, fonctionne-t-elle? L'avenir seul pourra le dire. Mais on ne peut pas dire que l'évolution soit flagrante, même si ça et là certains mettent à profit cette situation...
Je n'ai aucune animosité contre les fidèles de la forme ordinaire, qui malgré tout conservent pour beaucoup les germes de la foi catholique là où tant de nos contemporains l'ont désertée. Ni même chez ceux dont le christianisme n'est plus que superficiel et culturel, je n'ai pas à les juger... mais la vraie liturgie est une partie indispensable de la foi catholique. Les liturgies desséchantes risquent trop d'y être des obstacles.
In Xto,
archi.