par Didyme » jeu. 02 mai 2019, 13:02
Cinci a écrit : ↑jeu. 02 mai 2019, 4:37
Cher Didyme,
Je n'ai jamais proposé, exprimé, suggéré de "quelque" manière qu'un être humain sur cette terre, de son vivant, devrait se confondre avec son mal, avec ses péchés ou avec le Mal. Bien non ! Il faudrait que je sois le dernier des cornichons pour penser quelque chose de semblable.
Mais j'ai déjà dit - ça, oui - qu'il devait en être d'un damné comme si lui-même irait se confondre avec le péché même. Un peu comme si le maudit ("Allez au feu, maudits !") serait le péché incarné. Si on comprend le péché comme étant le fait de ne pas atteindre la cible (la joie, la béatitude, la vision béatifique, la paix, la vie en abondance, etc.) alors le damné devient en lui-même l'illustration parfaite de ce qu'est le péché (le refus de Dieu, la désobéissance, la révolte, etc.) Le damné n'atteindra jamais la cible.
Quand je parle d'un damné on s,entend que je ne parle pas de mon voisin même fort désagréable ni de n'importe quel individu dont la tête ne me reviendrait pas. Je parle de la condition d'un être plongé dans les "ténèbres extérieures".
Merci, c'est bien d'éclaircir les choses.
Certainement que s'il y a un damné éternel alors il paraît difficile de le concevoir autre que comme fondu avec son péché.
Personnellement, je ne parviens pas à comprendre comment deux choses totalement opposées pourraient "fusionner". Comment l'absence d'être pourrait se confondre avec l'être ? C'est comme dire que le péché deviendrait la vie, le mal ce qui est bon.
Que le péché demeure attaché à la personne (damnée) est une chose, qu'il se confonde avec la personne en est une autre. Et pourtant, pour concevoir qu'une personne devienne irrécupérable, inconvertissable, on est bien amené à devoir en extraire toute trace de bon. Mais que resterait-il alors de LA personne dans ces conditions ? Elle devient dépersonnaliser d'une certaine façon.
Mais c'est intéressant car ça me ramène à la mystique d'Adrienne Von Speyr lorsqu'elle parle du lac de feu comme du dépôt des péchés. Mais les péchés s'y trouvent justement ici dépersonnalisés.
Le péché est "attaché" à la personne en ce qu'en péchant on lui donne quelque chose de nous, on le substantialise, ce qui le fait exister. Cette part qu'on lui donne est en effet confondue avec le péché, corrompue, damnée. Mais il me paraît logique dans le même temps de le distinguer de la personne, de le dépersonnaliser, de façon à ne pas mélanger le mal au bien, de ne pas confondre le mal et le bien. Le péché est personnifié mais pas personnalisé dans le sens qu'il ne lui est pas donné l'être, la personne.
Ainsi le péché sera considéré comme un exil loin de Dieu, mais interne aux espaces trinitaires infinis. Ensuite et plus profondément, Balthasar n’a pu totalement éviter toute séparation entre Dieu et l’anti-divin. De fait, il a expulsé ce dernier hors de l’espace trinitaire – qu’il appelle « le diabolique » [55], « le reste non récupérable » [56] ou, avec Dante (et le visionnaire de l’Apocalypse) [57] et surtout avec Adrienne von Speyr, l’« effigie [Effigie] ». Selon la dirigée de Balthasar, les effigies « sont constituées par ce que l’homme, en péchant, à prêté [geliehen hat] de sa propre substance [Substanz] au péché commis [58] ». On pourrait dire qu’elles sont à la fois substantialisées pour pouvoir être expulsées hors de Dieu, et dépersonnalisés pour que le pécheur pardonné demeure en lui. Selon cette conception, « la puissance du miracle de la Croix » opère une séparation entre « ce qui, dans le pécheur, mérite la damnation » et sera « joint au reste non récupérable [unverwendbaren Rest] » de la personne qui, elle, est sauvée [59]. L’enfer est alors représenté comme un espace réduit à l’extrême et conçu comme le péché du monde hypostasié et dissocié du pécheur : « il ne reste [bliebe] alors en enfer, sous le signe de la condamnation définitive de Dieu, que le péché, mais séparé du pécheur [vom Sünder getrennte Sünde zurück] par l’efficacité de la Croix [60] ».
(Extrait du site:
http://pascalide.fr/lesperance-dun-enfe ... u-lateral/)
[quote=Cinci post_id=400125 time=1556764666 user_id=2512]
Cher Didyme,
Je n'ai jamais proposé, exprimé, suggéré de "quelque" manière qu'un être humain sur cette terre, de son vivant, devrait se confondre avec son mal, avec ses péchés ou avec le Mal. Bien non ! Il faudrait que je sois le dernier des cornichons pour penser quelque chose de semblable.
Mais j'ai déjà dit - ça, oui - qu'il devait en être d'un damné comme si lui-même irait se confondre avec le péché même. Un peu comme si le maudit ("Allez au feu, maudits !") serait le péché incarné. Si on comprend le péché comme étant le fait de ne pas atteindre la cible (la joie, la béatitude, la vision béatifique, la paix, la vie en abondance, etc.) alors le damné devient en lui-même l'illustration parfaite de ce qu'est le péché (le refus de Dieu, la désobéissance, la révolte, etc.) Le damné n'atteindra jamais la cible.
Quand je parle d'un damné on s,entend que je ne parle pas de mon voisin même fort désagréable ni de n'importe quel individu dont la tête ne me reviendrait pas. Je parle de la condition d'un être plongé dans les "ténèbres extérieures".
[/quote]
Merci, c'est bien d'éclaircir les choses. :)
Certainement que s'il y a un damné éternel alors il paraît difficile de le concevoir autre que comme fondu avec son péché.
Personnellement, je ne parviens pas à comprendre comment deux choses totalement opposées pourraient "fusionner". Comment l'absence d'être pourrait se confondre avec l'être ? C'est comme dire que le péché deviendrait la vie, le mal ce qui est bon.
Que le péché demeure attaché à la personne (damnée) est une chose, qu'il se confonde avec la personne en est une autre. Et pourtant, pour concevoir qu'une personne devienne irrécupérable, inconvertissable, on est bien amené à devoir en extraire toute trace de bon. Mais que resterait-il alors de LA personne dans ces conditions ? Elle devient dépersonnaliser d'une certaine façon.
Mais c'est intéressant car ça me ramène à la mystique d'Adrienne Von Speyr lorsqu'elle parle du lac de feu comme du dépôt des péchés. Mais les péchés s'y trouvent justement ici dépersonnalisés.
Le péché est "attaché" à la personne en ce qu'en péchant on lui donne quelque chose de nous, on le substantialise, ce qui le fait exister. Cette part qu'on lui donne est en effet confondue avec le péché, corrompue, damnée. Mais il me paraît logique dans le même temps de le distinguer de la personne, de le dépersonnaliser, de façon à ne pas mélanger le mal au bien, de ne pas confondre le mal et le bien. Le péché est personnifié mais pas personnalisé dans le sens qu'il ne lui est pas donné l'être, la personne.
[quote] Ainsi le péché sera considéré comme un exil loin de Dieu, mais interne aux espaces trinitaires infinis. Ensuite et plus profondément, Balthasar n’a pu totalement éviter toute séparation entre Dieu et l’anti-divin. De fait, il a expulsé ce dernier hors de l’espace trinitaire – qu’il appelle « le diabolique » [55], « le reste non récupérable » [56] ou, avec Dante (et le visionnaire de l’Apocalypse) [57] et surtout avec Adrienne von Speyr, l’« effigie [Effigie] ». Selon la dirigée de Balthasar, les effigies « sont constituées par ce que l’homme, en péchant, à prêté [geliehen hat] de sa propre substance [Substanz] au péché commis [58] ». On pourrait dire qu’elles sont à la fois substantialisées pour pouvoir être expulsées hors de Dieu, et dépersonnalisés pour que le pécheur pardonné demeure en lui. Selon cette conception, « la puissance du miracle de la Croix » opère une séparation entre « ce qui, dans le pécheur, mérite la damnation » et sera « joint au reste non récupérable [unverwendbaren Rest] » de la personne qui, elle, est sauvée [59]. L’enfer est alors représenté comme un espace réduit à l’extrême et conçu comme le péché du monde hypostasié et dissocié du pécheur : « il ne reste [bliebe] alors en enfer, sous le signe de la condamnation définitive de Dieu, que le péché, mais séparé du pécheur [vom Sünder getrennte Sünde zurück] par l’efficacité de la Croix [60] ».
(Extrait du site: http://pascalide.fr/lesperance-dun-enfer-vide-selon-balthasar-theme-central-ou-lateral/) [/quote]