par cmoi » mar. 08 déc. 2020, 9:28
Pas de réponse ? Un bon moteur de recherche sur internet y suppléera… Mais…
La plupart des saints ne sont ni théologiens ni écrivains.
Plusieurs n’ont écrit que sur ordre d’un supérieur ou confesseur et, à moins que cela ne fasse partie de son devoir d’état, un saint s’interrogera pour savoir s’il ne ferait pas mieux de s’en abstenir.
Les évangiles "bis" valent moins que la sagesse franche d’un païen qui concordera avec leur enseignement
Pour exemplaire qu’elle soit, la sainteté d‘un moine n’a pas trop valeur de modèle
Reste les charismes : médaille qui a son revers.
Si vous vous intéressez à la façon dont ceux-ci peuvent en dépit de leur extraordinaire, se mêler à la vie d’un pénitent, lisez plutôt la vie d‘Anna Maria Taïgi
Si vous voulez la toute simple sagesse d’un père, lisez « contemplations » de Charles de Foucault (à partir de citations des évangiles, il évoque la prière et la foi)
Si vous cherchez un enseignement proche et adapté à votre âge, lisez « chemin » du fondateur de l’opus dei, Josemaría Escrivá de Balaguer
Un Codicille ?
Padre Pio critiquait sévèrement la télévision, cause selon lui de la perte de beaucoup d’âmes.
Des livres sur lui (de lui : aucun, que des lettres…), il y en a même dans des collections comme « j’ai lu » ou « poche » : c’est dire s’il n’est pas trop tôt pour en avoir un bon ! Certains ont été écrits par un de ses fils spirituels…
"Cherchez et vous trouverez…"
Ce qui précède a pu vous dérouter, vous décevoir. Ce qui était délibéré mais un peu trop rapidement fait. Alors je vais m’en expliquer et le compléter ici par un ajout.
Il importe, pour lui comme pour d’autres saints, de distinguer entre plusieurs choses : en quoi et pourquoi ils nous touchent, ce qu’ils peuvent nous apporter ce qui relèvent d’eux ou de la grâce, etc.
Padre Pio est une figure qui s’inscrit dans la lignée de celle du curé d’ars : son charisme est de confesser, de convertir les âmes. A ce titre ainsi qu’aux autres (stigmatisé et canal de grâces/moine-prêtre) sa personnalité disparaît totalement derrière. Sa vie n’a rien de commun avec la nôtre, son « expérience » ne nous sert à rien, il n’a pas (quoiqu’on en dise pour essayer de « faire durer » la grâce par là où elle se manifestait) de véritable spiritualité (elle est noyée dans son charisme), etc. Il y a pour cela d’autres saints.
- Par toutes les manifestations miraculeuses du surnaturel qui s’appuyaient sur sa présence comme témoin et canal de grâce, cela peut renforcer notre foi - mais aussi nous décourager ou nous illusionner, par contraste avec notre quotidien.
Par l’exemple de ses souffrances comme stigmatisé, avec la particularité offerte par ses messes comme c’était un prêtre, il peut nous faire entrer plus en profondeur dans le mystère eucharistique de la souffrance salvifique en union d’amour mystique avec Jésus Christ. Pour cela il aurait fallu y être, maintenant ce ne peut être que par l’imagination en lisant des témoignages ou regardant des films (mais je crains que ceux-ci ne le permettent pas vraiment)
Par ce que fut sa vie, il est l’occasion de rendre grâce à Dieu, comme quoi il ne « nous a pas abandonné ».
En ce qui concerne la direction spirituelle qu’il assura vis-à-vis de certaines personnes, je serais plus réservé quant à l’usage que nous pouvons en faire pour plusieurs raisons, en plus de celle dite plus haut (à ce titre, etc.). Car elle était adaptée à chacun et qu’elle s’accompagnait de grâces sensibles qui leur donnaient une orientation et un poids qu’elles n’auraient sinon pas eues. Il répétait souvent à ses « filles » les conseils qui lui étaient adressés pour lui-même. Or quelle vie est la plus proche de celle d’un moine, sinon celle d’une mère de famille à cette époque là ? Qui se retrouvait seule, le mari parti au travail (et qui de retour n’en parlait pas et se la jouait seigneur) avec des bambins qui ne parlent pas encore ni n’offrent beaucoup de conversation, d’échanges (couches, biberons, rots, cuisine-vaisselle-courses-ménage, surveiller ses jeux) et des temps morts à occuper par la prière et qui s’agrandissent avec la croissance des enfants.
Bref, c’était un marginal (être stigmatisé, c’est être handicapé : la vie se resserre autour de la souffrance éprouvée, elle devient particulière…) et qui ne connaissait pas personnellement un certain nombre des choses de la vie auxquelles d’autres saints se sont frottés pour acquérir de quoi en parler et s’y diriger. Il n’avait rien d’un habile causeur, ce n'était pas un prêcheur, psychologie et pédagogie n'étaient pas son fort (celles de la grâce y suppléaient). Ce n’était pas un sage, mais un thaumaturge. Il n’obtenait pas des conversions par un fabuleux discernement des esprits, mais par la puissance d’une action invisible et des grâces intérieures, l’efficacité de ses prières.
Sa vie porte en elle-même plein de messages importants, et nul doute que la grâce l’accompagne encore et qu’à ce titre, les effets négatifs que j’ai un peu évoqué (découragement, illusion) ne soient pas à craindre, mais je crains que ce que vous semblez en attendre ne soit le moindre de ceux-ci et qui ne soit depuis enflé car il ne reste plus trop que cela depuis sa mort.
A propos je n’ai pas lu ce livre, j’en ai lu plusieurs autres ; après tout vous n’y découvrirez sûrement pas de mauvaises choses, mais je crains que beaucoup ne vous soient pas d’un profit accessible ou praticable. Le mieux est de le lire, vous saurez ainsi si j’ai tort ou raison…
Pas de réponse ? Un bon moteur de recherche sur internet y suppléera… Mais…
La plupart des saints ne sont ni théologiens ni écrivains.
Plusieurs n’ont écrit que sur ordre d’un supérieur ou confesseur et, à moins que cela ne fasse partie de son devoir d’état, un saint s’interrogera pour savoir s’il ne ferait pas mieux de s’en abstenir.
Les évangiles "bis" valent moins que la sagesse franche d’un païen qui concordera avec leur enseignement
Pour exemplaire qu’elle soit, la sainteté d‘un moine n’a pas trop valeur de modèle
Reste les charismes : médaille qui a son revers.
Si vous vous intéressez à la façon dont ceux-ci peuvent en dépit de leur extraordinaire, se mêler à la vie d’un pénitent, lisez plutôt la vie d‘Anna Maria Taïgi
Si vous voulez la toute simple sagesse d’un père, lisez « contemplations » de Charles de Foucault (à partir de citations des évangiles, il évoque la prière et la foi)
Si vous cherchez un enseignement proche et adapté à votre âge, lisez « chemin » du fondateur de l’opus dei, Josemaría Escrivá de Balaguer
Un Codicille ?
Padre Pio critiquait sévèrement la télévision, cause selon lui de la perte de beaucoup d’âmes.
Des livres sur lui (de lui : aucun, que des lettres…), il y en a même dans des collections comme « j’ai lu » ou « poche » : c’est dire s’il n’est pas trop tôt pour en avoir un bon ! Certains ont été écrits par un de ses fils spirituels…
"Cherchez et vous trouverez…"
Ce qui précède a pu vous dérouter, vous décevoir. Ce qui était délibéré mais un peu trop rapidement fait. Alors je vais m’en expliquer et le compléter ici par un ajout.
Il importe, pour lui comme pour d’autres saints, de distinguer entre plusieurs choses : en quoi et pourquoi ils nous touchent, ce qu’ils peuvent nous apporter ce qui relèvent d’eux ou de la grâce, etc.
Padre Pio est une figure qui s’inscrit dans la lignée de celle du curé d’ars : son charisme est de confesser, de convertir les âmes. A ce titre ainsi qu’aux autres (stigmatisé et canal de grâces/moine-prêtre) sa personnalité disparaît totalement derrière. Sa vie n’a rien de commun avec la nôtre, son « expérience » ne nous sert à rien, il n’a pas (quoiqu’on en dise pour essayer de « faire durer » la grâce par là où elle se manifestait) de véritable spiritualité (elle est noyée dans son charisme), etc. Il y a pour cela d’autres saints.
[list]Par toutes les manifestations miraculeuses du surnaturel qui s’appuyaient sur sa présence comme témoin et canal de grâce, cela peut renforcer notre foi - mais aussi nous décourager ou nous illusionner, par contraste avec notre quotidien.
Par l’exemple de ses souffrances comme stigmatisé, avec la particularité offerte par ses messes comme c’était un prêtre, il peut nous faire entrer plus en profondeur dans le mystère eucharistique de la souffrance salvifique en union d’amour mystique avec Jésus Christ. Pour cela il aurait fallu y être, maintenant ce ne peut être que par l’imagination en lisant des témoignages ou regardant des films (mais je crains que ceux-ci ne le permettent pas vraiment)
Par ce que fut sa vie, il est l’occasion de rendre grâce à Dieu, comme quoi il ne « nous a pas abandonné ».[/list]
En ce qui concerne la direction spirituelle qu’il assura vis-à-vis de certaines personnes, je serais plus réservé quant à l’usage que nous pouvons en faire pour plusieurs raisons, en plus de celle dite plus haut (à ce titre, etc.). Car elle était adaptée à chacun et qu’elle s’accompagnait de grâces sensibles qui leur donnaient une orientation et un poids qu’elles n’auraient sinon pas eues. Il répétait souvent à ses « filles » les conseils qui lui étaient adressés pour lui-même. Or quelle vie est la plus proche de celle d’un moine, sinon celle d’une mère de famille à cette époque là ? Qui se retrouvait seule, le mari parti au travail (et qui de retour n’en parlait pas et se la jouait seigneur) avec des bambins qui ne parlent pas encore ni n’offrent beaucoup de conversation, d’échanges (couches, biberons, rots, cuisine-vaisselle-courses-ménage, surveiller ses jeux) et des temps morts à occuper par la prière et qui s’agrandissent avec la croissance des enfants.
Bref, c’était un marginal (être stigmatisé, c’est être handicapé : la vie se resserre autour de la souffrance éprouvée, elle devient particulière…) et qui ne connaissait pas personnellement un certain nombre des choses de la vie auxquelles d’autres saints se sont frottés pour acquérir de quoi en parler et s’y diriger. Il n’avait rien d’un habile causeur, ce n'était pas un prêcheur, psychologie et pédagogie n'étaient pas son fort (celles de la grâce y suppléaient). Ce n’était pas un sage, mais un thaumaturge. Il n’obtenait pas des conversions par un fabuleux discernement des esprits, mais par la puissance d’une action invisible et des grâces intérieures, l’efficacité de ses prières.
Sa vie porte en elle-même plein de messages importants, et nul doute que la grâce l’accompagne encore et qu’à ce titre, les effets négatifs que j’ai un peu évoqué (découragement, illusion) ne soient pas à craindre, mais je crains que ce que vous semblez en attendre ne soit le moindre de ceux-ci et qui ne soit depuis enflé car il ne reste plus trop que cela depuis sa mort.
A propos je n’ai pas lu ce livre, j’en ai lu plusieurs autres ; après tout vous n’y découvrirez sûrement pas de mauvaises choses, mais je crains que beaucoup ne vous soient pas d’un profit accessible ou praticable. Le mieux est de le lire, vous saurez ainsi si j’ai tort ou raison…