Vers une définition du Bien Commun

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bien particulier et animalité

par bajulans » mer. 28 sept. 2005, 13:16

La politique, malheureusement, et c’est sa vilénie, consiste à interdire des comportements auxquels notre conscience nous oblige (donner asile à des étrangers, porter ostensiblement une marque de sa foi) ou à obliger chacun de nous à contribuer à des projets que notre conscience réprouve (ne serait-ce que par l’impôt).
Vous avez une vue trop pessimiste de la politique, que la politique serve aujourd'hui à autre chose que le bien commun, mais à mettre en oeuvre une idéologie, on le voit dans l'avortement, dans les femmes dans l'armée et dans les unités de maintien de l'ordre de la police, c'est une évidence. Ce qui est recherché, ce n'est pas le bien de l'ensemble de la société, de l'ensemble des citoyens, mais l'application d'une idéologie déconnectée de la réalité. OK.

Cet état de fait, ne doit pas nous cacher que le bien commun est malgré tout assuré sur beaucoup de point et que ce qui est important dans nos discussions, c'est de réfléchir à ce qu'est le bien commun, sans se désespérer parce que beaucoup ne sont pas d'accord avec nous. Ce n'est pas la compléxification des sociétés qui fera que ce genre de problème (se débarasser des nuisibles) ne demandera pas de solution commune, y compris au niveau du village ou de la petite ville. Mais que au contraire la mondialisation de fait des échanges et de la civilisation ne demande pas une réponse commune à l'humanité à divers problèmes humains.

A Capdequi : St Thomas parle du bien commun et du bien singulier dans Contra Gentiles, au sujet de la distinction il donne comme exemple la réponse des moutons à une attaque de loups et la réponse des hommes.

Le mouton (bélier, brebis et agneau) a une réponse unique à une attaque de loups : la fuite éperdue dans un chacun pour soi absolu. C'est l'application du bien singulier, il n'existe aucune société Il n'y a aucun bien commun, chacun cherche son salut.

Chez l'homme animal intelligent, la solution au problème posé par les loups sera sociale, on poursuivra un bien commun au différents membres et par l'organisation intelligente et réfléchie on arrivera à un but que chacun pour soi n'aurait même pas pu envisager.

Il n'empêche que le bien singulier et individuel existe encore et qu'il est un bien (chacun se nourrit, se lave, mais encore prie et s'élève vers Dieu etc.), on ne peut donc dire en rigueur de terme que tout bien est commun, ni même d'ailleurs que le bien commun l'emporte partout et toujours sur le bien particulier.

par CAPDEQUI PEYRANÈRE Lauren » mer. 28 sept. 2005, 10:01

Ce bien-là est donc commun, non seulement parce qu’il est une aspiration universelle, mais parce que chacun individuellement et aisément peut le procurer à autrui.
La seule aspiration universelle est Dieu. Nous ne pouvons rien procurer à autrui. Pour moi, tout est bien commun. Bien à vous: Laurent CAPDEQUI PEYRANÈRE

par Christian » mer. 28 sept. 2005, 9:23

Je crois que St Thomas pour parler du bien commun parle d'un village qui décide de se débarrasser des loups.
Vous illustrez, cher Bajulans, ce que j’écrivais à propos de Saint Thomas dans mes dernières interventions. Nous ne vivons plus dans des villages à la population socialement, culturellement, religieusement, économiquement homogène, entourés de loups. Même entre cathos pratiquants sur ce forum, nous ne sommes pas d’accord sur des grandes questions de société. Alors vous imaginez sans peine qu’au sein du pays, aucune unanimité n’est possible sur ce qui constitue nos loups modernes, et parmi ceux qui les ont identifiés, sur le moyen de les combattre.

Mondialisation, aide aux pays pauvres, terrorisme, pornographie, fiscalité, drogue, laïcité, intégration européenne, relation avec les Etats-Unis, défense nationale, privatisations, où est le Bien commun ? Qui peut le déclarer et entraîner derrière lui la même adhésion qu’auprès de villageois effrayés ?

Il me semble que seul le respect du Droit, objectif, mesurable, est le plus petit commun dénominateur entre nous tous.

Quant au ‘positif’, comme vous dîtes, ce qu’il faut construire, dans n’importe quel domaine, culturel, religieux, sportif, économique, laissons faire ceux qui souhaitent s’engager dans le projet, tant qu’ils respectent le Droit, et laissons dehors ceux que le projet n’intéresse pas.

La politique, malheureusement, et c’est sa vilénie, consiste à interdire des comportements auxquels notre conscience nous oblige (donner asile à des étrangers, porter ostensiblement une marque de sa foi) ou à obliger chacun de nous à contribuer à des projets que notre conscience réprouve (ne serait-ce que par l’impôt).

Cordialement
Christian

bien commun et droit minimum

par bajulans » mar. 27 sept. 2005, 16:48

Cher Christian,

Vous écrivez :
Pour que les ordinateurs d’un réseau puissent échanger des données entre eux, il leur faut une plateforme commune (Unix, Windows…). Cette plateforme, appelons-la le Droit, tel que défini dans mes interventions précédentes. Etre protégé des agressions physiques (meurtre, viol, vol…) est un bien commun universel (aux hommes et aux femmes, aux riches et aux pauvres, aux Zoulous, aux Lapons et aux Indiens…). S’abstenir d’agresser physiquement est aussi à la portée de chacun, quels que soient son niveau de vie et éducation. Ce bien-là est donc commun, non seulement parce qu’il est une aspiration universelle, mais parce que chacun individuellement et aisément peut le procurer à autrui.
Je crois que St Thomas pour parler du bien commun parle d'un village qui décide de se débarrasser des loups. Pour arriver à ce bien commun, but : les gens et les troupeaux vivront en sécurité. Il ne suffit pas, selon moi d'un simple droit, il faut une oeuvre commune où chacun aura un rôle, se soumettra à un chef qui lui-même aura pour but le bien de tous. C'est un peu comme dans l'histoire des "Sept SamouraÏs" ou "Sept Mercenaire" Donc à mon avis, il y faut du droit, car il ne faut que npersonne ne dévie soit par faiblesse (fuir le loup quand on attend qu'il résiste, mais, en amout il ne faudra pas avoir fait "d'erreur de casting"), soit par perversité (traitrise, jouer "perso" par exemple) etc.

Donc le bien commun est beaucoup plus large que le simple droit, qui en fait évidemment partie : il faut que chacun se sente en sécurité dans son groupe et se sente protégé par le droit, d'accord, mais le bien commun est beaucoup plus large. Dans l'histoire des sept samouraïs, il faut le chef des samouraïs, le chef du village, le contrat, les moyens humains et matériels proportionnés au but à atteindre (se débarasser des bandits) etc. Lorsque les bandits auront été mis hors d'état de nuire, le but sera atteint, mais on voit que tout concourra au bien commun, jusques et y compris le boulanger qui nourrira les samouraïs et les paysans qui fourniront le blé...

Si nous revenons à nos très complexes cités modernes, le bien commun est donc très complexe lui aussi et comprend à mon avis jusqu'à la très humble politesse ou urbanité qui ne sera pas dans le champ du droit, mais améliorera le confort de tous.

Pour ce qui concerne la sécurité apportée par les contrats d'assurances (maladie, vieillesse, maternité et autres), il est certain, selon moi, qu'il font partie du bien commun, qu'il incombe à la société civile de s'assurer que l'ensemble de la population soit couverte. Ce qui ne signifie nullement Sécurité Sociale, mais seulement veiller à rendre possible cette couverture, sans pour autant confisquer cette fonction.

Donc le bien commun est donc à la fois négatif (respect minimum de la morale élémentaire), mais aussi positif : oeuvre commune comprennant de nombreux éléments.

par Christian » lun. 26 sept. 2005, 16:02

Bonsoir Bajulans,

Je ne suis pas en désaccord avec ce que vous écrivez, mais j’en reviens obstinément à ma grande question. Dans la mesure où l’humanité entière n’a pas encore accepté la grâce de la Bonne Nouvelle, dans la mesure où même en France, pays de longue culture et assez homogène, une large majorité n’est plus chrétienne ou ne l’a jamais été, comment pouvons-nous définir un ‘bien commun’ dans les termes d’un Docteur de la foi catholique qui s’adressait à des coreligionnaires ? A qui ferons-nous croire, hors les plus fervents cathos, que le célibat (compris chez Saint Thomas comme une abstinence) est un bien ‘plus élevé’ que le mariage ? :roll:

Je prends une analogie. Je surestime peut-être sa pertinence car je ne suis pas informaticien (les spécialistes sur ce forum me diront si elle est éclairante).

:arrow: Pour que les ordinateurs d’un réseau puissent échanger des données entre eux, il leur faut une plateforme commune (Unix, Windows…). Cette plateforme, appelons-la le Droit, tel que défini dans mes interventions précédentes. Etre protégé des agressions physiques (meurtre, viol, vol…) est un bien commun universel (aux hommes et aux femmes, aux riches et aux pauvres, aux Zoulous, aux Lapons et aux Indiens…). S’abstenir d’agresser physiquement est aussi à la portée de chacun, quels que soient son niveau de vie et éducation. Ce bien-là est donc commun, non seulement parce qu’il est une aspiration universelle, mais parce que chacun individuellement et aisément peut le procurer à autrui.

(les droidloms, en revanche, droit à des soins médicaux gratuits, à une bonne éducation, etc., dépendent entièrement des contingences (prospérité, éducation...) pour être exigibles ; ils ne sont le plus souvent qu’une lettre au Père Noël).

:arrow: Posséder des données n’est pas suffisant. Il faut les traiter. Il faut leur donner du sens. Les informaticiens écrivent des applications, et il en existe de nombreuses en concurrence, que les utilisateurs choisissent selon une variété de critères personnels, besoin spécifique, fonctionnalités, séduction de la présentation… Dieu nous a révélé le sens de Sa création. Mais des prophètes, sages, philosophes, scientifiques et charlatans offrent aussi leur grille de lecture. Le choix que nous opérons entre ces ‘applications’, entre ces sens possibles, constitue une morale. Elle est notre bien personnel. Mais si une application ou une morale viole les règles du système (« il est bon d’éliminer les génétiquement déficients »), elle ne sera pas supportée par la plateforme. Toute morale doit être compatible avec le Droit.

:arrow: Entre les éléments d’un système, on peut former des sous-réseaux définis par des règles spécifiques. De même, les êtres humains qui partagent des valeurs communes s’associent pour les mettre en pratique (fonder une famille, travailler, militer, prier ensemble…). Comme pour les morales, la plateforme rejetterait légitimement une association au but incompatible avec le Droit, y compris le recrutement forcé de membres. Mais pour ceux qui participent volontairement, le but de l’association et ses valeurs sont le bien commun de ses membres.

:arrow: certes, nous passons parfois devant notre bien sans l’identifier. Tous ont des oreilles pour entendre, mais ne reçoivent pas le message. Jésus en personne a vu des assemblées se détourner de Lui en hochant la tête. Telle est notre condition humaine, exaltante et tragique dans sa liberté. « J’ai reconnu mon bonheur au bruit qu’il a fait en partant » pleurait Prévert. Le Christ ne part jamais, mais nous n’avons qu’une seule vie, et la plainte du communiste et anticlérical Prévert est pour moi la meilleure description de l’enfer, découvrir l’Amour quand il est trop tard.

Mais je m’égare. Pour revenir au Bien, il se présente sous 4 formes d’après moi.

- le bien commun universel : le Droit.

- le bien individuel, qui partant des circonstances spécifiques et des qualités de chaque personne permet son plein accomplissement : la hiérarchie de ses valeurs matérielles et spirituelles, sa morale

- le bien commun aux membres d’une association, église, entreprise, club...

- enfin le bien que beaucoup ne connaissent pas, comme ceux qui vivent avec un chef-d’œuvre dans leur salon mais n’ont aucune idée de sa valeur, qu’ils montent parfois au grenier tant il dérange, mais que peut-être un jour ils reconnaîtront, car où qu’il soit, il demeure inaliénablement leur bien, la Bonne Nouvelle.

Tout cordialement
Christian

Nuançons De Konick : Bien particulier préférable à bien co

par bajulans » sam. 24 sept. 2005, 21:59

Le bien commun est certes préférable au bien singulier, mais si le bien est du même genre, pas si le bien singulier est d'un genre plus élevé que le bien commun. Le bien commun est donc préférable toutes choses égales par ailleurs :
« Le bien commun est préférable au bien privé s’il est du même genre, mais il peut se faire que le bien privé soit meilleur quant à son genre. C’est de cette façon que la virginité consacrée à Dieu l’emporte sur la fécondité de la chair. C’est pourquoi S. Augustin déclare : " Il ne faut pas croire que la fécondité charnelle de celles qui, dans le mariage, n’ont en vue que les enfants qu’elles donneront au Christ, puisse compenser la perte de leur virginité. " »
Somme Théologique de St Thomas d'Aquin (Secunda Secundae (189 questions) question 152 & 3)

En effet le mariage est ordonné au bien commun, comme ordonné à la perpétuation de l'espèce et le célibat est ordonné au bien particulier qui est de s'élever plus librement vers Dieu. Mais le deuxième bien étant d'une nature plus élevé, il l'emporte, bien qu'il soit en fait un bien singulier.

Le bien commun n'est donc préférable que sous un certain rapport, et non toujours, au bien particulier.

bien commun de tous

par bajulans » mer. 21 sept. 2005, 19:47

Cher Christian,

Si demain la France est gouvernée par un athée, un musulman (quod Deus advertat) sa volonté sera la volonté de Dieu. Bien sûr s'il veut imposer la chariah, la lapidation des femmes adultères, la dihmitude et autres horreurs, il n'aura aucune autorité réelle (car ce sera une volonté contraire au bien commun), mais s'il se contente de poursuivre une politique modérée tendant à la concorde et à la paix, il sera revêtu de l'autorité et ses décisions seront obligatoires, parce qu'elles émaneront de Dieu (qui seul peut lier les hommes et non la volonté d'un autre homme).

Que des communautés apportent des idées neuves, rien ne s'y oppose. Je crois que ce fil, c'est de la science politique (voir le texte du P. Leclère), et cette science s'applique à toutes les sociétés humaines du Japonais à l'Argentin en passant par le Gabonnais.

Cher Christian n'oubliez pas qu'aujourd'hui les Nations Unies et toutes les société internationales vivent sur des déclaration des droits de l'homme, qui se veulent universelles, notre sujet de discussion n'est donc pas sectaire. C'est un fait que la civilisation chrétienne (ou du moins une de ses suites, inspirée des idées chrétiennes) inspire aujourd'hui le monde entier.

Selon moi, il faut bien distinguer entre projet de gouvernement (programmes de partis politiques) et principes généraux du droit et de la science politique, car il n'est pas vrai que toute opinions soit admissibles : témoins le IIIème Reich, mais aussi le stalinisme, les Khmers Rouges, les abus des autorités américaines et des autres... la science politique est donc nécessaire et s'impose à tous. Et notre démarche est scientifique autant que croyante, puisque nous autres catholiques savons que nous devons aimer la raison et l'aimer beaucoup (St Augustin). La raison, langage universel. Notre démarche est donc légitime.

Le P Leclère et autres philosophes du Bien commun

par Christian » mer. 21 sept. 2005, 18:17

Bonjour Bajulans,
Le court texte du P. Leclère sur les principes politique est, à mon avis, fondamental car il médite sur la nature matérielle du bien commun, sa source :
Citation:
On doit donc voir que la source de toute souveraineté se trouve dans la soumission au bien commun de la cité. Et ce n’est pas l’homme qui définit selon sa seule volonté ce qui est bien, mais il doit, pour connaître ce qui est bien objectivement, connaître sa nature. Mais l’auteur de la nature humaine et de l’être de chaque homme est encore l’auteur de la société humaine et du bien commun de la société humaine et donc de l’autorité de celui qui doit voir le bien commun et le réaliser par l’ordre de la cité que produit son gouvernement. La source de toute activité, et en particulier de l’autorité, est Dieu.
Tous ces textes sur le bien commun affichés ici sont justes — pour la « cité catholique ». Mais l’humanité toute entière n’est pas une « cité catholique ». La petite France ne l’est même pas. Que peut faire un incroyant du texte du P. Leclère ? Que peut dire un musulman de cette affirmation «La source de toute activité, et en particulier de l’autorité, est Dieu.», sinon que nous devons adopter la charia ?

Je m’intéresse tant à ces problèmes du vivre-ensemble, libertés, économie, violence, que pour la nouvelle dimension qu’ils prennent dans nos pays multiculturels et notre monde globalisé. Il ne peut plus y avoir une voix exprimant ‘la France’ (ni aucun autre pays). Il n’existe plus un riche ensemble de valeurs partagées par toute la population. La question qui se pose est de trouver ce plus petit commun dénominateur qui permet aux êtres humains de cohabiter sur la planète, puis, sur cette plateforme, laisser les communautés bâtir chacune leur mode de vie, en permettant seulement la défection (libre passage d’une communauté à l’autre).

Il existe donc, à mon avis et à ce point de ma réflexion, un bien commun de l’humanité, qui est le Droit ; puis compatible avec celui-ci, mais l’enrichissant d’autres apports, des biens communs à chaque membre d’une communauté (le bien des employés d’IBM, le bien des catholiques romains, le bien des Inuits, le bien de l’équipe de foot PSG, le bien de ma famille, etc.)

Il me semble que sur ce merveilleux forum, nous vivons en vase clos. Il est absolument nécessaire d’approfondir et fortifier sa propre foi, mais regardons autour de nous, le monde n’est pas évangélisé. Nous ne pouvons pas lui donner une législation comme si il l’était — pas plus que les musulmans ou les athées ou les végétariens ou les socialistes ne peuvent légitimement nous imposer la leur.

Christian

PS Et quelle serait la singularité des chrétiens et leur exemplarité si tout le monde était soumis à la même loi ?

le P. Leclère

par bajulans » mer. 21 sept. 2005, 9:18

Le court texte du P. Leclère sur les principes politique est, à mon avis, fondamental car il médite sur la nature matérielle du bien commun, sa source :
On doit donc voir que la source de toute souveraineté se trouve dans la soumission au bien commun de la cité. Et ce n’est pas l’homme qui définit selon sa seule volonté ce qui est bien, mais il doit, pour connaître ce qui est bien objectivement, connaître sa nature. Mais l’auteur de la nature humaine et de l’être de chaque homme est encore l’auteur de la société humaine et du bien commun de la société humaine et donc de l’autorité de celui qui doit voir le bien commun et le réaliser par l’ordre de la cité que produit son gouvernement. La source de toute activité, et en particulier de l’autorité, est Dieu.
Or le bien de l'homme selon sa nature, c'est d'être libre, c'est pourquoi un régime qui entraverait la liberté de l'homme (contenue dans de juste limite) ne serait pas un régime conforme au bien commun, mais contraire à celui-ci. Le bien commun principal réside donc dans la nature humaine qui est pour un être intelligent, d'être bon pour lui et pour les autres, et libre etc.

C'est pourquoi lorsque mon concitoyen est opprimé, ce n'est au titre d'une fraternité qui me coûterait en bien particulier, mais au nom du bien commun, qui est mon bien que je lui viens en aide dans la mesure de mes moyens et la plupart du temps par l'intermédiaire de l'autorité publique. Et le bien de mes concitoyens, c'est mon bien car c'est mon bien de vivre dans une société où chacun reçoit ce qui lui est dû (la possibilité de vivre en famille , en paix avec la liberté, l'éducation etc.) Ce bien commun qui est, aussi, à moi m'est plus précieux que le bien purement individuel de pouvoir manger à ma faim, mais sous la menace de l'arbitraire, de la violence aveugle, menaces communes à tous mes concitoyens et qui donc m'atteint avec eux. De plus le bien de la liberté, de la justice est plus élevé que le bien de pouvoir manger à ma faim, même si celui-ci est plus nécessaire à la vie matérielle, mais ce besoins satisfait est purement personnel, ne se partage pas et cette satisfaction c'est celle de chaque individu y compris les animaux, alors que la liberté, la possibilité de bien vivre (selon le bien commun) est le propre de l'homme et donc forcément plus élevé.

C'est ici le point de jonction entre les droits de l'homme et le bien commun. On constate aussi combien la doctrine de la primauté du bien commun garantit beaucoup plus certainement les droits de l'homme que les déclarations athées et qui supposent une dialectique entre bien singulier et bien commun (en fait liberté d'un côté et égalité et fraternité de l'autre).

Le bien commun étant le but de chaque association, on voit de ce fait que le bien commun ne peut aller contre la nature humaine laquelle a droit individuellement et encore plus collectivement à la liberté, la propriété, la sûreté etc.

De même il distingue la partie d'un tout substantiel (comme l'oeil par rapport au corps) et la partie d'un tout de finalité comme la société humaine (la personne par rapport à la société)
Alors qu’une partie physique est purement et simplement pour le tout auquel elle appartient, l’homme est pour la société en tant que la société est son bien. La société n’est pas pour l’homme en tant qu’il est un singulier, mais est le bien commun de chaque homme en tant que commun. Servir la société n’est donc pas renoncer à son bien propre mais au contraire c’est embrasser son bien suprême en tant que commun. Agir en sachant que l’on ne peut vivre sans la communauté politique à laquelle on appartient naturellement et même agir conséquemment à cela voilà la vertu (S. Th. II-II, Q.26, a.3, c). Et cela non pas seulement selon l’ordre surnaturel de la charité mais déjà pour la droite raison : " sicut Philosophus dicit, in VI ethic., quidam posuerunt quod prudentia non se extendit ad bonum commune, sed solum ad bonum proprium. Et hoc ideo quia existimabant quod non oportet hominem quaerere nisi bonum proprium. Sed haec aestimatio repugnat caritati, quae non quaerit quae sua sunt, ut dicitur I ad Cor. XIII. Unde et Apostolus de seipso dicit, I ad Cor. X, non quaerens quod mihi utile sit, sed quod multis, ut salvi fiant. Repugnat etiam rationi rectae, quae hoc iudicat, quod bonum commune sit melius quam bonum unius. " (S. Th. II-II, Q.47, a.10, c). Aussi saint Thomas d’Aquin écrit explicitement : " ille qui quaerit bonum commune multitudinis ex consequenti etiam quaerit bonum suum "(Ibid. ad 2um)
Traduction de la dernière phrase "Celui-là qui cherche le bien commun de la multitude, cherche malgré tout et en conséquence son bien propre."

commentaire de Christian

par bajulans » lun. 12 sept. 2005, 18:09

1. Qu’est-ce que le Bien ?

Le Bien est l'objet de la volonté de Dieu. Le Bien est la fin de toute chose. Le bien propre d’une chose est la volonté de Dieu pour cette chose particulière : elle est sa vocation dans le dessein de Dieu. Par application du principe harmonique, tous les biens particuliers trouvent leur cohérence dans leur ordonnancement au bien universel.
Moi, je n'ai rien à redire à cette définition. Je savais, que le bien est l'objet de la volonté. Que tout le monde cherche à faire le bien, même ceux qui se trompent.

Que l'homme donc s'estime son prix. Qu'il s'aime ; car il a en lui une nature capable de bien
Dit Pascal dans les PENSEES, Edition de 1675, orthographe moderne & 1021 (voir site ABU)

Lien :

http://abu.cnam.fr/cgi-bin/go?penseesXX1,1021,1040

C'est un bien qu'il s'aime lui-même, c'est un bien meilleur qu'il s'aime ensemble avec ses semblables.

Mais il me semble que l'homme, dans sa condition présente est capable de bien, donc du bien commun. Il est selon l'expression "un petit dieu", fait à l'image de Dieu, il trouve en sa volonté l'image de Dieu, et un de ses biens, c'est sa liberté qui lui donne la capacité de choisir entre des biens.

En sa qualité de dieu, l'homme désire un bien plus grand que son bien purement personnel, il est capable d'un bien plus grand qui est le bien qu'il partage, en lequel il communie avec ceux de ses semblables. De même que, analogiquement, Dieu vit lors de la création que tout était bon, mais que l'ensemble était très bon. (Gen.)

Je me permets de proposer d'ajouter à votre définition et pour définir le bien de l'homme, tant singulier que commun :

"Par application du principe harmonique, tous les biens particuliers trouvent leur cohérence dans leur ordonnancement au bien universel, Dieu Lui-même. Dans le cas de l'homme capable d'intelligence et de volonté libre, sans dédaigner son bien propre singulier, le bien plus parfait de l'homme se trouve dans la possession du bien commun qu'il possède avec ses semblables, bien promu par l'organisation, normalement consensuelle, des volontés dans les différentes sociétés (exemples : Etat, famille, entreprise, branche d'activité)."

Qu'en pensez-vous, Chers Amis ?

Ce genre de définition n'empêche nullement les divergences d'opinions, puisqu'elle les fonde (liberté), mais met l'accent sur le bien minimum, sans lequel nous ne pouvons vivre, car il ne peut s'agir de tout détruire, pour assurer un projet "ex nihilo".

pas de contradiction

par bajulans » dim. 11 sept. 2005, 21:55

A bien relire De Koninck, on ne peut dire qu'il dit de la société va contre ce que disent vos citations.

J'aime bien ce que dit St Bernard à au moins deux reprises, et qui parle de notre bien et de celui des autres, qui sont intimement liés, ce que notre saint fait bien comprendre :
« Celui qui n'est pas bon pour lui-même, peut-il avoir de la compassion pour les autres ? (St Bernard, semon sur le Ps XC - XI)

"D'ailleurs pour qui est-il bon, celui qui n'est pas bon pour lui-même ? (St Bernard sermon aux chevalier du Temple.) CH. VIII & 15
Il faut donc être bon pour soi, pour être bon pour les autres. C'est une évidence que St Bernard nous rappelle.

De Koninck :
La société humaine est faite pour l’homme. Toute doctrine politique qui ignore la nature raisonnable de l’homme, qui nie, par conséquent, sa dignité et sa liberté, est viciée a la racine et soumet l’homme à des conditions inhumaines. C’est donc à bon droit qu’on s’insurge contre les doctrines totalitaires au nom de la dignité de l’homme.
Ce qui ne l'empêche pas d'affirmer :
"Le bien commun est le meilleur des biens propres."
(Charles De Konninck, PRIMAUTE DU BIEN COMMUN)

Il n'y a aucun divorce entre la société et l'individu et ses semblables, ses frères pour lesquels elle est faite. C'est la différence entre la triade "liberté, égalité, fraternité" et le bien commun. N'ayez pas peur, le bien commun n'est pas et ne peut être totalitaire (car alors, le bien n'est plus commun), en revanche, sous couvert d'égalité et de fraternité des régimes ont promu le totalitarisme.

Sur ce point le post de Charles fait bien comprendre ce qu'est concrètement le bien commun et je le relis et le méditerai encore. Lorsque le bien commun disparaît, tout le monde souffre extrêmement, voire meurt ou au "mieux", on peut être réduit à des extêmités, on ne peut plus jouir de la paix, de la bonne entente, de l'entr'aide, de la protections des droits de tous et chacun qui constituent des biens supérieurs, atteints seulement en société et dont tous et chacun jouissent, alors que l'on peut imaginer que me resterait la jouissance, légitime, de mes satisfactions purement personnelles (comme par exemple être bien nourri, et disposer d'eau potable, dans une maison confortable). C'est pourquoi on disait qu'il était meilleur pour les communistes de vivre dans une société libérale, car par un triste paradoxe les sociétés libérale assuraient mieux le bien commun et alors même que les apparatchiks vivaient confortablement au milieu d'un peuple misérable.

Si Dieu est le bien commun de l'humanité, comme le disent vos citations, il ne peut s'agir d'être contre l'individu et de le priver de son bien propre, dans lequel bien propre on distingue : 1) propre singulier 2) propre commun.

Si j'en ai le temps, j'essaierai de composer un post sur le véritable sens de ce que dit De Koninck, des rapports avec les déclarations des droits de l'homme, tentant d'être plus concret pour descendre dans l'ordre de l'intellect à des matières plus immédiatement accessibles. Car, ce qui rend le texte de De Koninck si difficile, c'est son abstraction extrême et aussi quelques expressions polémiques inutiles qui risquent de parasiter la lecture, déjà très difficile.

Je tâcherai de commenter votre post sur le bien commun dès que possible.

Bien commun & Bien propre

par Christophe » dim. 11 sept. 2005, 21:05

Cher Bajulans,
bajulans a écrit :le bien commun n'est pas subordonné au bien singulier, mais au contraire il en constitue la partie la plus noble et la plus désirable. (De Koninck)
C'est effectivement la position défendue par Charles de Koninck en 1943 dans son ouvrage De la primauté du Bien Commun contre les personnalistes. J'ai déjà longuement exposé ma propre compréhension du concept de Bien Commun, et je ne vais pas y revenir. Mais il me semble que le développement du Magistère, ultérieur à l'oeuvre de Koninck, désavoue ce point de la doctrine koninckienne. Pour faire court, je me contenterai de citer - à l'appui de ma position - quelques extraits du nouvel Abrégé du Catéchisme de l'Eglise Catholique :

Question 401 : En quoi consiste la dimension sociale de l'homme ? ( 1877-1880 ; 1890-1891 )
En même temps qu'il est appelé personnellement à la béatitude, l'homme a une dimension sociale, qui est une composante essentielle de sa nature et de sa vocation. Tous les hommes sont en effet appelés à la même fin, Dieu lui-même. [...]

Question 402 : Quel est le rapport entre la personne et la société ? ( 1881-1882 ; 1892-1893 )
Le principe, le sujet et la fin de toutes les institutions sociales sont et doivent être la personne. [...]

Question 407 : Qu'est-ce que le bien commun ? ( 1905-1906 ; 1924 )
Par bien commun, on entend l'ensemble des conditions de la vie sociale qui permettent aux groupes et aux personnes d'atteindre leur perfection.
____________________
Dans sa première encyclique sociale, Rerum Novarum ( 1891 ), SS le pape Leon XIII rappelle significativement que l'homme est ordonné à sa fin dernière : la béatitude éternelle. ( RN 18.32 ) Dieu à crée l'homme pour le rendre participant de Sa vie bienheureuse.
Les institutions sociales - artificielles, naturelles ou surnaturelles - sont des institutions humaines et sont donc, très logiquement, ordonné à la fin dernière de l'homme. Le saint concile de Vatican II affirme ainsi que tout sur la terre doit être ordonné à l'homme comme à son centre et à son sommet. ( GS 12.1 ) Cette centralité de la personne humaine est un des grands principes de la Doctrine sociale de l'Eglise.
Le Bien commun, qui est la fin poursuivie collectivement par la société, est ordonnée à la fin dernière de l'homme : le bien commun est ordonné au bien propre de la personne humaine. Concrètement, la réalisation du bien commun est un auxilliaire sinon indispensable, en tout cas hautement favorable, à la réalisation de la vocation humaine.


Fraternellement en Jésus-Christ
Christophe

bien commun et droit

par bajulans » sam. 10 sept. 2005, 10:38

Répondant à Christian et à Christophe il me semble pour Christophe que le bien commun n'est pas subordonné au bien singulier, mais au contraire il en constitue la partie la plus noble et la plus désirable. (De Koninck)

Pour Christian, il me semble que le droit fait partie du bien commun, mais que l'on peut apréhender d'autres biens communs. L'urbanité, la compassion, la bonne entente, la paix sociale et tant et tant d'autres choses qui n'entrent pas dans le champ du droit font partie du bien commun. Sous ce rapport, le droit ne serait qu'un moyen pour atteindre au bien commun.

D'autre part les mobiles du boulanger ne sont pas uniquement de gagner de l'argent, même honnêtement, il s'agit pour lui de faire bien son devoir et d'en tirer un légitime bien personnel, ce qui est plus ample. Pour être plus concret, par exemple, de participer au service du public en satisfaisant une partie de ses besoins en nourriture saine et agréable. Ce bien commun que le boulanger réalise est pour lui plus noble et plus désirable que le fait de gagner de l'argent, lequel but n'est pas méprisable, mais moins bon (ça ne veut pas dire mauvais) que sa participation au bien commun de la nourriture du public (par exemple). Vérification concrète de la thèse thomiste de De koninck.

Enfin pour Christian, il me semble que les sociétés sont hiérarchisées et certaines nécessaires, d'autres simplement utiles, mais facultatives.

La famille et l'Etat, lui-même composé de familles sont les deux sociétés absolument nécessaires. Ce qui entre dans le champ de l'Etat est un bien commun nécessairement complété par les familles. Il conviendrait dès lors de préciser les matières regardant l'Etat, sa compétence juridique, en vue de quel bien.

Formellement le bien commun à la charge de l'Etat sera différent, mais en accord profond avec celui des branches d'activités, des entreprises, des familles, des individus etc. en assurant leur sécurité, leur liberté.

Le bien commun n'est pas un projet, il est un bien qui se réalise du fait de la vie en société. Le projet ne sera qu'une partie du bien, en ce qu'il proposera des amélioration de fonctionnement.

Enfin bien sûr, la repression ne doit se concevoir que contre les délinquants et non contre les idéologies, les projets divergeants, la liberté faisant aussi partie du bien commun. Si l'on veut à l'exemple de Pol Pot, lui-même disciple de nos marxistes français, tout refaire, faire du passé table rase, on fait le Cambodge, où plutôt on promeut son suicide par anéatissement du bien commun, (voir le post de Charles)

Bien propre & Bien commun

par Christophe » ven. 09 sept. 2005, 23:27

Bonjour à tous !

A l'attention de Bajulans en particulier, je signales l'existence du topic Personnalisme et Individualisme, dont le message initial que j'ai rédigé faisait justement suite à ma lecture de l'oeuvre sur le Bien commun de Koninck.

Ce débat, auquel - faute de temps - je n'ai pas pu participé activement, est passionnant. :)

Le bien propre de chaque homme, sa fin dernière, le but suprême de son existence n'est en aucune façon la sauvegarde de cette même existence, ni des biens qu'il aura acquis pendant celle-ci : c'est le salut de son âme. C'est à cette seule fin qu'il doit consacrer sa vie, y compris en la sacrifiant si tel est son devoir. Ceux qui auront voulu sauver leur vie la perdront...

Le bien commun, c'est le bien à atteindre en commun, et c'est aussi le bien propre de la société. Mais la société n'est pas sauvée collectivement : le bien commun n'est pas la somme des biens propres des citoyens. Par contre, le bien commun de la société est effectivement commun en ce sens qu'il est subordonné au bien propre de chaque homme : le bien commun est l'ensemble des conditions sociales qui permettent à la personne humaine de parvenir "plus pleinement et plus aisément" à sa propre perfection : sa félicité.


In Christo, gaudium.
Christophe

par Christian » ven. 09 sept. 2005, 15:06

Bonjour Exupère,
Seulement voilà... qui est ce Droit? Vous dîtes qu'il varie avec les puissants... mais il a bien un début? Une origine, une inspiration, une Morale. Cette Morale sous-jacente, quelle est-elle? Qui a le droit de la discuter, de la modifier, de l'éclater, de l'affiner? Quel poids sur le Droit ont l'imaginaire, la Tradition, l'Histoire?
Les plus anciens sur ce forum qui subissent régulièrement mes articles ;-) savent peut-être ce que j’entends par le Droit.

Sans vous renvoyer à d’autres fils, permettez-moi de citer à nouveau l’article auquel vous répondez:

J’ai soutenu tout au long de ce fil que le bien commun de l’humanité était le Droit

(la majuscule précise qu’il s’agit du droit de propriété de chacun sur son corps et ses biens, pas le droit positif ou législation, variant au gré des humeurs des puissants du moment).

Comme je l’ai écrit souvent, on ne peut pas imaginer une société, fût-elle une mafia, qui proclame ‘c’est ok de tuer, violer, voler, ne pas tenir ses promesses…’.


Le Droit de propriété est universel. Toutes les langues connues disposent d’un pronom personnel séparant le mien du tien du sien. Toutes les sociétés humaines appliquent en leur sein les règles issues du Droit de propriété, ne pas tuer, violer, mutiler, ne pas voler, ne pas tromper...

Certains, par définition, les puissants, s’affranchissent de cette prohibition générale. Mais ils ne peuvent le faire, même dans la société la plus primitive, qu’en légitimant leur transgression. Ils tuent, volent, etc., au nom de ‘la loi des ancêtres’, ‘l’ordre voulu par Dieu’, ‘la sécurité de l’Etat’, ‘la justice sociale’… Ce que nous appelons ‘la politique’ est le discours de légitimation de ces transgressions du Droit : qui est habilité à les pratiquer, jusqu’à quel degré ? Le fait qu’il faille toujours une légitimation valide a contrario la règle. Celui qui n’a pas de justification est un criminel.

L’imaginaire, la tradition, l’histoire que vous conviez ici, ne concernent que les transgressions et leur discours de légitimation. Le Droit, lui, reste immuable. Il y a toujours de la propriété, acquise par première appropriation, échangée ensuite, ou donnée.

Le libéralisme est la philosophie qui voudrait ramener la société au plus près du Droit. Parce que le Droit est le bien commun des hommes, ce sont les discours de transgression du Droit qui les opposent. ‘Dans ton cinéma, tu ne passeras pas de films porno’ ; ‘Sur ton terrain, tu ne construiras pas une église’ ; ‘Tu épouseras Abdul, qui aura l’usage de ton corps et contrôlera ta vie’ ; ‘Tu n’achèteras pas de produits qu’un Chinois veut te vendre et que tu es d’accord de payer’ ……

Comme nous ne serons jamais d’accord sur qui a le droit de transgresser la propriété d’autrui (il n'y a jamais unanimité en politique), renonçons à transgresser. Laissons les gens mettre en commun volontairement ce qui leur appartient (dans le mariage, l’investissement, les activités philanthropiques…). La sécurité de chacun s’en trouvera augmentée (et ce sont les pauvres qui sont le plus facilement volés, y compris par les hommes de l’Etat), l’énergie de tous sera libérée. Incidemment, nous formerons aussi une société plus conforme à la morale chrétienne.

Cordialement

Christian

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