par etienne lorant » dim. 11 janv. 2009, 17:30
Livre d'Isaïe (Is 55, 1-11)
55
01 Vous tous qui avez soif, venez, voici de l'eau !
Même si vous n'avez pas d'argent, venez acheter et consommer,
venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer.
02 Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,
vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?
Écoutez-moi donc : mangez de bonnes choses,
régalez-vous de viandes savoureuses !
03 Prêtez l'oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez.
Les textes du jour étaient très riches et se répondaient tous l'un à l'autre avec facilité, comme un échange entre personnes qui s'aiment et se comprennent. Nous avions ce matin un prêtre africain, venu nous évangéliser, nous dont les grands-parents sont partis un jour évangéliser les siens: quel retour de situation ! Il m'a mis les larmes aux yeux par le chant grégorien par lequel il a prononcé la Consécration, a capella, d'une voix très juste et qui montait très haut sans fausser... il a dû passer quelques années dans un monastère pour chanter ainsi, quelle extraordinaire louange !
Son homélie m'a paru aussi claire que sa voix. Il nous a rapporté ce qui s'est passé sur une place de marché lorsque des paysans du Rwanda, du fait d'une collaboration avec une mutuelle chrétienne, sont venus NON VENDRE MAIS OFFRIR des sacs contenant des produits de chez eux. Une heure avant la fin du marché, personne n'avait voulu de rien. Pas un lot n'était parti, en dépit des grands panneaux, disant bien que tout était gratuit. Il est alors intervenu avec un micro pour expliquer qu'il n'y avait vraiment rien à payer et il a laissé entendre: "En fait, ce sont les surplus de produits que vous avez déjà payés par vos cotisations mutualistes". Et en une dizaine de minutes, les stands se sont vidés. Incident combien révélateur, mais aussi navrant: le problème, a-t-il ajouté, c'est qu'en Occident, tout est devenu calcul, non gratuité. Tout doit être soupesé, évalué, comptablilisé, et s'il on a payé, on a droit. Si le droit est lésé, il y aura accusation. Mais dans tout çà, ce n'est pas que la gratuité qui a été perdue, c'est aussi l'Amour. On en est arrivé au droit d'avoir tout, y compris des enfants, et aussi d'avoir droit sur eux, mais si c'est de droit qu'il s'agit, quand surviendra l'amour, où rayonnera la joie ? A partir de là, il est passé à la Parole descendue du ciel au baptême de Jésus: "Celui-ci est mon fils bien aimé, en lui j'ai mis tout mon amour". Nous aussi, par notre propre baptême, nous sommes devenus les bien-aimés du Père, mais comment allons-nous manifester cette extraordinaire renaissance à l'Amour ?
En sortant, j'ai eu l'occasion de partager avec L-M et sa mère, et nous nous sommes rendus compte que les problèmes que nous rencontrons, à nous trois, ne proviennent pas de l'argent qui nous manqueraient, mais de la manière de gérer celui que nous avons de trop. Je suis bien concerné, puisque je viens d'hériter et je vais encore avoir une donation de ma mère (qui permet de façon légale d'éluder l'impôt). J'ai dit combien je m'étais senti "dépassé" lorsque j'ai découvert, il y a deux ans à peu près que mon père virait sur mon compte "des coupons" dont le montant équivalait ou dépassait parfois dix jours de mon travail: j'avais été content d'abord, puis consterné d'avoir été si prudent dans ma gestion. C'est ainsi, comme pour mon amie LM, que nous nous retrouvons, à cinquante ans passé, à la tête de capitaux auxquels nous n'avions sincèrement pas songé. Cela a quelque chose de profondément frustrant. Ces excédents semblent diminuer la valeur de notre travail (or c'est faux: le travail a été bien fait par amour du travail bien fait et avec le sens du service), mais c'est vrai que chez nous au jugement du monde: tu as l'argent ou tu l'as pas. Quant à tout liquider du jour au lendemain, c'est aussi une utopie: les obstacles réapparaissent aussi vite, ne devient pas pauvre qui veut !
En définitive, nous nous sommes mis d'accord sur un mot qui figure dans l'Imitation: ce qu'il faut c'est rapporter tous les biens au souverain bien, qui est le Christ. Par Lui, nous avons eu tous les biens, mais c'est toujours par Lui et en vue de Lui. Je veux désormais vivre en vue du seul bien qui contient tous les autres biens et qui est l'Amour miséricordieux. J'ai le sentiment que désormais le fait de gérer des biens va me peser beaucoup... et comment donner sans vexer ?
[b]Livre d'Isaïe (Is 55, 1-11)[/b]
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01 Vous tous qui avez soif, venez, voici de l'eau !
Même si vous n'avez pas d'argent, venez acheter et consommer,
venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer.
02 Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,
vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?
Écoutez-moi donc : mangez de bonnes choses,
régalez-vous de viandes savoureuses !
03 Prêtez l'oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez.[/color]
Les textes du jour étaient très riches et se répondaient tous l'un à l'autre avec facilité, comme un échange entre personnes qui s'aiment et se comprennent. Nous avions ce matin un prêtre africain, venu nous évangéliser, nous dont les grands-parents sont partis un jour évangéliser les siens: quel retour de situation ! Il m'a mis les larmes aux yeux par le chant grégorien par lequel il a prononcé la Consécration, a capella, d'une voix très juste et qui montait très haut sans fausser... il a dû passer quelques années dans un monastère pour chanter ainsi, quelle extraordinaire louange !
Son homélie m'a paru aussi claire que sa voix. Il nous a rapporté ce qui s'est passé sur une place de marché lorsque des paysans du Rwanda, du fait d'une collaboration avec une mutuelle chrétienne, sont venus NON VENDRE MAIS OFFRIR des sacs contenant des produits de chez eux. Une heure avant la fin du marché, personne n'avait voulu de rien. Pas un lot n'était parti, en dépit des grands panneaux, disant bien que tout était gratuit. Il est alors intervenu avec un micro pour expliquer qu'il n'y avait vraiment rien à payer et il a laissé entendre: "En fait, ce sont les surplus de produits que vous avez déjà payés par vos cotisations mutualistes". Et en une dizaine de minutes, les stands se sont vidés. Incident combien révélateur, mais aussi navrant: le problème, a-t-il ajouté, c'est qu'en Occident, tout est devenu calcul, non gratuité. Tout doit être soupesé, évalué, comptablilisé, et s'il on a payé, on a droit. Si le droit est lésé, il y aura accusation. Mais dans tout çà, ce n'est pas que la gratuité qui a été perdue, c'est aussi l'Amour. On en est arrivé au droit d'avoir tout, y compris des enfants, et aussi d'avoir droit sur eux, mais si c'est de droit qu'il s'agit, quand surviendra l'amour, où rayonnera la joie ? A partir de là, il est passé à la Parole descendue du ciel au baptême de Jésus: "Celui-ci est mon fils bien aimé, en lui j'ai mis tout mon amour". Nous aussi, par notre propre baptême, nous sommes devenus les bien-aimés du Père, mais comment allons-nous manifester cette extraordinaire renaissance à l'Amour ?
En sortant, j'ai eu l'occasion de partager avec L-M et sa mère, et nous nous sommes rendus compte que les problèmes que nous rencontrons, à nous trois, ne proviennent pas de l'argent qui nous manqueraient, mais de la manière de gérer celui que nous avons de trop. Je suis bien concerné, puisque je viens d'hériter et je vais encore avoir une donation de ma mère (qui permet de façon légale d'éluder l'impôt). J'ai dit combien je m'étais senti "dépassé" lorsque j'ai découvert, il y a deux ans à peu près que mon père virait sur mon compte "des coupons" dont le montant équivalait ou dépassait parfois dix jours de mon travail: j'avais été content d'abord, puis consterné d'avoir été si prudent dans ma gestion. C'est ainsi, comme pour mon amie LM, que nous nous retrouvons, à cinquante ans passé, à la tête de capitaux auxquels nous n'avions sincèrement pas songé. Cela a quelque chose de profondément frustrant. Ces excédents semblent diminuer la valeur de notre travail (or c'est faux: le travail a été bien fait par amour du travail bien fait et avec le sens du service), mais c'est vrai que chez nous au jugement du monde: tu as l'argent ou tu l'as pas. Quant à tout liquider du jour au lendemain, c'est aussi une utopie: les obstacles réapparaissent aussi vite, ne devient pas pauvre qui veut !
En définitive, nous nous sommes mis d'accord sur un mot qui figure dans l'Imitation: ce qu'il faut c'est rapporter tous les biens au souverain bien, qui est le Christ. Par Lui, nous avons eu tous les biens, mais c'est toujours par Lui et en vue de Lui. Je veux désormais vivre en vue du seul bien qui contient tous les autres biens et qui est l'Amour miséricordieux. J'ai le sentiment que désormais le fait de gérer des biens va me peser beaucoup... et comment donner sans vexer ?