par Nanimo » lun. 21 avr. 2008, 2:41
Ne vous en allez pas Monachorum!
Vous sautez à pieds joints sur la question de l'identité qui est la question qui taraude le genre humain (Qui es-tu, d’où viens-tu? Qui suis-je?) et vous vous étonnez des réactions que vous provoquez. En plus, c'est une question foncièrement culturelle outre-atlantique, puisque chacun ici vient de quelque part ; pouvoir indiquer ses origines semblent important.
Par exemple, les Écossais, qui en leur temps ont été expédiés par villages entiers vers l’Amérique pour faire de la place à l’élevage (!), connaissent leur région d’origine, leur patelin, même si celui-ci a été rayé de la carte. Tous les immigrants d’extraction européenne savent d’où ils viennent. Effectivement, dans les pays d’immigration anglo-saxons, « être de souche » désigne tout simplement les origines et, ce qui m’a semblé curieux lorsque je suis arrivée, on ne le demande pas forcément aux seuls nouveaux immigrants, ceux qui sont nés à l’étranger comme moi, mais aux Canadiens dont les ancêtres ont immigré (et on vous indique aussi le nombre de générations). C’est une simple question d'identité. Sans plus. (Merci d’avoir précisé la connotation « de souche » en France. Aïe!)
Mais venons-en au cas que vous citez : le Québec. Le cas est différent, puisque là on s’est coupé à la fois des origines françaises et de la nation canadienne; on n’a plus voulu être canadien-français. C’est une démarche inverse à la démarche habituelle qui tend à décliner les origines, mais en même temps, elle s’explique assez bien. J’y reviens.
Effectivement, lorsque vous dites du Canada qu’il s’est bâti sur l’immigration, c'est vrai. Toutefois, Hélène n’a pas tort non plus lorsqu’elle dit que l’immigration est récente (une cinquantaine d’années dit-elle). C’est vrai--- pour le Québec.
En effet, le Canada anglais, comme toutes les autres colonies britanniques, a connu des vagues d’immigration continuelles qui ont évolué avec les mentalités. Brièvement résumé, on est passé progressivement des WASP à toutes les nationalités et cela s’est fait progressivement, Mais ce n’est pas tant l’arrivée des Européens qui marque la progression, mais plutôt celle des Écossais, puis des Irlandais. Aujourd’hui, évidemment, ces peuples se confondent y compris avec les populations d’origine européenne, même si le fond est anglo-saxon et que la culture qui s’est développée est une culture angloaméricaine. Il faut comprendre que tout cela ne s’est pas fait sans heurt et on sait parfaitement que la sélection à l’immigration dans le passé (pour tous les pays d’immigration anglo-saxons) l’a toujours été sur la base de l’appartenance à une communauté d’origine, en l’occurrence WASP, ce qui excluait toutes les autres. Mais ces temps sont révolus et il faut le souligner.
L’histoire de l’immigration au Québec est totalement différente. Après la défaite, le Québec s’est totalement fermé. Il n’y a eu pour ainsi dire aucune immigration. J’en veux pour exemple la première ville italienne hors de l’Italie qui s’est bâtie à Toronto et non à Montréal. Lorsque l’on y songe le fait mérite que l’on s’y arrête : vous avez là une communauté très proche de culture et de langue et catholique en sus. Toutefois, elle passe son chemin et s’en va à Toronto, l’anglo-saxonne. Cela en dit long sur le repli de la société québécoise. Il faut ajouter que le Québec s’est ouvert récemment et cela aussi il faut le souligner.
Il y a toujours le risque d’appliquer son modèle à d’autres régions, d’autres sociétés et l’histoire du Québec, en matière d’immigration notamment, n’est pas celle du Canada, ni de tous les autres territoires de peuplement anglo-saxon, des territoires dont l’évolution est semblable à bien des égards. D’ailleurs nos voisins outre-frontière ressemblent tellement au Canada-anglais que celui-ci s’attend tout le temps à être aspiré par le bas. (Chacun ses soucis.) :>
Pour en revenir à la notion de souche.
Dans le cas des Québécois, je trouve votre question tout à fait pertinente. D’ailleurs, il me semblait qu'ils avaient résolu la question; ils ne voulaient plus être Canadiens-français, ce qui peut se comprendre, car après tout, ils ne sont ni Français, ni Canadiens au sens anglo-saxon (il n’y a pas réellement de fond anglo-saxon au Québec). Ils ont donc décidé qu’ils étaient Québécois. Pourquoi pas. Mais s’ils sentent la nécessité de rajouter « de souche », je sens quant à moi qu’ils n’ont rien résolu. Mon opinion qui vaut ce qu’elle vaut.
Ne vous en allez pas Monachorum! :)
Vous sautez à pieds joints sur la question de l'identité qui est la question qui taraude le genre humain (Qui es-tu, d’où viens-tu? Qui suis-je?) et vous vous étonnez des réactions que vous provoquez. En plus, c'est une question foncièrement culturelle outre-atlantique, puisque chacun ici vient de quelque part ; pouvoir indiquer ses origines semblent important.
Par exemple, les Écossais, qui en leur temps ont été expédiés par villages entiers vers l’Amérique pour faire de la place à l’élevage (!), connaissent leur région d’origine, leur patelin, même si celui-ci a été rayé de la carte. Tous les immigrants d’extraction européenne savent d’où ils viennent. Effectivement, dans les pays d’immigration anglo-saxons, « être de souche » désigne tout simplement les origines et, ce qui m’a semblé curieux lorsque je suis arrivée, on ne le demande pas forcément aux seuls nouveaux immigrants, ceux qui sont nés à l’étranger comme moi, mais aux Canadiens dont les ancêtres ont immigré (et on vous indique aussi le nombre de générations). C’est une simple question d'identité. Sans plus. (Merci d’avoir précisé la connotation « de souche » en France. Aïe!)
Mais venons-en au cas que vous citez : le Québec. Le cas est différent, puisque là on s’est coupé à la fois des origines françaises et de la nation canadienne; on n’a plus voulu être canadien-français. C’est une démarche inverse à la démarche habituelle qui tend à décliner les origines, mais en même temps, elle s’explique assez bien. J’y reviens.
Effectivement, lorsque vous dites du Canada qu’il s’est bâti sur l’immigration, c'est vrai. Toutefois, Hélène n’a pas tort non plus lorsqu’elle dit que l’immigration est récente (une cinquantaine d’années dit-elle). C’est vrai--- pour le Québec.
En effet, le Canada anglais, comme toutes les autres colonies britanniques, a connu des vagues d’immigration continuelles qui ont évolué avec les mentalités. Brièvement résumé, on est passé progressivement des WASP à toutes les nationalités et cela s’est fait progressivement, Mais ce n’est pas tant l’arrivée des Européens qui marque la progression, mais plutôt celle des Écossais, puis des Irlandais. Aujourd’hui, évidemment, ces peuples se confondent y compris avec les populations d’origine européenne, même si le fond est anglo-saxon et que la culture qui s’est développée est une culture angloaméricaine. Il faut comprendre que tout cela ne s’est pas fait sans heurt et on sait parfaitement que la sélection à l’immigration dans le passé (pour tous les pays d’immigration anglo-saxons) l’a toujours été sur la base de l’appartenance à une communauté d’origine, en l’occurrence WASP, ce qui excluait toutes les autres. Mais ces temps sont révolus et il faut le souligner.
L’histoire de l’immigration au Québec est totalement différente. Après la défaite, le Québec s’est totalement fermé. Il n’y a eu pour ainsi dire aucune immigration. J’en veux pour exemple la première ville italienne hors de l’Italie qui s’est bâtie à Toronto et non à Montréal. Lorsque l’on y songe le fait mérite que l’on s’y arrête : vous avez là une communauté très proche de culture et de langue et catholique en sus. Toutefois, elle passe son chemin et s’en va à Toronto, l’anglo-saxonne. Cela en dit long sur le repli de la société québécoise. Il faut ajouter que le Québec s’est ouvert récemment et cela aussi il faut le souligner.
Il y a toujours le risque d’appliquer son modèle à d’autres régions, d’autres sociétés et l’histoire du Québec, en matière d’immigration notamment, n’est pas celle du Canada, ni de tous les autres territoires de peuplement anglo-saxon, des territoires dont l’évolution est semblable à bien des égards. D’ailleurs nos voisins outre-frontière ressemblent tellement au Canada-anglais que celui-ci s’attend tout le temps à être aspiré par le bas. (Chacun ses soucis.) :>
Pour en revenir à la notion de souche.
Dans le cas des Québécois, je trouve votre question tout à fait pertinente. D’ailleurs, il me semblait qu'ils avaient résolu la question; ils ne voulaient plus être Canadiens-français, ce qui peut se comprendre, car après tout, ils ne sont ni Français, ni Canadiens au sens anglo-saxon (il n’y a pas réellement de fond anglo-saxon au Québec). Ils ont donc décidé qu’ils étaient Québécois. Pourquoi pas. Mais s’ils sentent la nécessité de rajouter « de souche », je sens quant à moi qu’ils n’ont rien résolu. Mon opinion qui vaut ce qu’elle vaut.