par ti'hamo » sam. 19 nov. 2011, 15:42
Ah, c'est amusant, ça : c'est un vieux sujet qui remonte, mais bien à propos, de mon point de vue, puisque j'ai découvert ce principe et ces idées il y a peu...
Je dois avouer que personnellement je trouve séduisant le principe de départ de "l'allocation universelle" - reste à savoir en pratique si c'est applicable -, et que les critiques listées, pour l'instant, ne me convainquent guère :
. l'argent de la politique sociale ne sera plus mis "là où il y en a besoin" : il ne l'est déjà pas.
. de nos jours, l'accumulation d'allocations et aides diverses ne semblent franchement pas atteindre le but visé. Ceux qui devraient être aidés ne le sont pas, ou pas comme il faudrait.
L'allocation universelle aurait vocation à remplacer toutes les allocations existantes : le minimum vital étant assuré, chacun ensuite y ajouterait ce que lui rapporte son travail.
Dans les versions les plus logiques, une somme est également allouée à chaque citoyen mineur (sinon ça n'a aucun sens : les familles se trouveraient défavorisées, en devant utiliser une même somme pour plus de personnes).
Dans son principe même, l'allocation universelle est donc une allocation familiale et une allocation parent au foyer.
. la valorisation du travail :
en fait, le principe de l'allocation universelle n'est pas qu'on peut se la couler douce et se tourner les pouces. L'idée à son fondement est plutôt que, étant assurée la simple survie, chacun peut se consacrer davantage, et mieux, à son travail - y compris, du coup, à un travail bénévole.
. l'argument de la dignité de l'homme dans son travail n'est pas convainquant pour une autre raison :
> D'abord, le principe de l'allocation universelle ne supprime pas du tout la récompense du travail par le salaire, la reconnaissance de la valeur d'un travail par sa rémunération : le travail continuerait à être salarié.
Le nécessaire à la survie serait assuré par l'allocation universelle, et chacun gagnerait en plus ce que lui rapporte son travail.
Donc, au contraire, la valeur du travail serait d'autant mieux reconnue que, ainsi, ce que chacun gagnerait par son travail lui permettrait non pas de survivre mais d'améliorer son ordinaire. La fierté de gagner un salaire mérité ne disparaît donc pas du tout, elle serait même d'autant plus marquée.
> D'autre part, ce n'est pas uniquement le salaire en argent qui fait la dignité du travail ; d'ailleurs, un artisan qui aime réellement son travail, voudra continuer à le pratiquer même s'il n'en avait plus besoin pour assurer sa subsistance.
Ce qui fait la dignité du travail, c'est sa qualité, c'est sa reconnaissance par autrui. Or, cette reconnaissance se manifeste autrement que par l'argent.
Cet argument peut d'ailleurs être complètement retourné :
un système qui réduit le travail à un "gagne-pain", ne laisse pas pleinement place à une réelle reconnaissance de la valeur et de la dignité du travail, ni au développement de toutes les qualités du travailleur (l'angoisse du salaire, des prêts et des fins de mois difficiles n'est pas franchement propice à la pleine liberté d'esprit nécessaire à un exercice libre et réussi de son travail ; on travaille mieux l'esprit libre).
Le fait de découpler le travail de la simple survie donne donc au travail une autre place, autrement plus élevée : serait souligné l'importance du travail non pas seulement comme un labeur obligatoire dont dépend la survie, mais comme indispensable participation à la vie en société - certains, d'ailleurs, on l'a dit, se trouveraient plus libres de se consacrer à des activités bénévoles tout aussi respectables (par exemple, le marché du soutien scolaire de nos jours est une véritable honte, ça devrait être en grande partie bénévole).
Le principe de l'allocation universelle ne dévalorise donc pas du tout le travail. Je lis les arguments en ce sens, et, objectivement, je conclue qu'ils sont faux, en ce qu'ils sont complètement passés à côté d'un aspect essentiel de la réalité.
Je ne dis pas que cette allocation universelle soit le remède miracle à tous nos problèmes, la question mériterait une étude encore plus approfondie,
je dis simplement que les objections soulevées par Christophe ne me convainquent pas du tout et qu'elles font appel à une conception du travail qui n'est pas la mienne.
Ah, c'est amusant, ça : c'est un vieux sujet qui remonte, mais bien à propos, de mon point de vue, puisque j'ai découvert ce principe et ces idées il y a peu...
Je dois avouer que personnellement je trouve séduisant le principe de départ de "l'allocation universelle" - reste à savoir en pratique si c'est applicable -, et que les critiques listées, pour l'instant, ne me convainquent guère :
.[i] l'argent de la politique sociale ne sera plus mis "là où il y en a besoin" [/i] : il ne l'est déjà pas.
. de nos jours, l'accumulation d'allocations et aides diverses ne semblent franchement pas atteindre le but visé. Ceux qui devraient être aidés ne le sont pas, ou pas comme il faudrait.
L'allocation universelle aurait vocation à remplacer toutes les allocations existantes : le minimum vital étant assuré, chacun ensuite y ajouterait ce que lui rapporte son travail.
Dans les versions les plus logiques, une somme est également allouée à chaque citoyen mineur (sinon ça n'a aucun sens : les familles se trouveraient défavorisées, en devant utiliser une même somme pour plus de personnes).
Dans son principe même, l'allocation universelle est donc une allocation familiale et une allocation parent au foyer.
. la valorisation du travail :
en fait, le principe de l'allocation universelle n'est pas qu'on peut se la couler douce et se tourner les pouces. L'idée à son fondement est plutôt que, étant assurée la simple survie, chacun peut se consacrer davantage, et mieux, à son travail - y compris, du coup, à un travail bénévole.
. l'argument de la dignité de l'homme dans son travail n'est pas convainquant pour une autre raison :
> D'abord, le principe de l'allocation universelle [b]ne supprime pas du tout[/b] la récompense du travail par le salaire, la reconnaissance de la valeur d'un travail par sa rémunération : le travail continuerait à être salarié.
Le nécessaire à la survie serait assuré par l'allocation universelle, et chacun gagnerait en plus ce que lui rapporte son travail.
Donc, au contraire, la valeur du travail serait d'autant mieux reconnue que, ainsi, ce que chacun gagnerait par son travail lui permettrait non pas de survivre mais d'[b]améliorer[/b] son ordinaire. La fierté de gagner un salaire mérité ne disparaît donc pas du tout, elle serait même d'autant plus marquée.
> D'autre part, [b]ce n'est pas uniquement le salaire en argent qui fait la dignité du travail[/b] ; d'ailleurs, un artisan qui aime réellement son travail, voudra continuer à le pratiquer même s'il n'en avait plus besoin pour assurer sa subsistance.
Ce qui fait la dignité du travail, c'est sa qualité, c'est sa reconnaissance par autrui. Or, cette reconnaissance se manifeste autrement que par l'argent.
Cet argument peut d'ailleurs être complètement retourné :
un système qui réduit le travail à un "gagne-pain", ne laisse pas pleinement place à une réelle reconnaissance de la valeur et de la dignité du travail, ni au développement de toutes les qualités du travailleur (l'angoisse du salaire, des prêts et des fins de mois difficiles n'est pas franchement propice à la pleine liberté d'esprit nécessaire à un exercice libre et réussi de son travail ; on travaille mieux l'esprit libre).
Le fait de découpler le travail de la simple survie donne donc au travail une autre place, autrement plus élevée : serait souligné l'importance du travail non pas seulement comme un labeur obligatoire dont dépend la survie, mais comme indispensable participation à la vie en société - certains, d'ailleurs, on l'a dit, se trouveraient plus libres de se consacrer à des activités bénévoles tout aussi respectables (par exemple, le marché du soutien scolaire de nos jours est une véritable honte, ça devrait être en grande partie bénévole).
Le principe de l'allocation universelle ne dévalorise donc pas du tout le travail. Je lis les arguments en ce sens, et, objectivement, je conclue qu'ils sont faux, en ce qu'ils sont complètement passés à côté d'un aspect essentiel de la réalité.
Je ne dis pas que cette allocation universelle soit le remède miracle à tous nos problèmes, la question mériterait une étude encore plus approfondie,
je dis simplement que les objections soulevées par Christophe ne me convainquent pas du tout et qu'elles font appel à une conception du travail qui n'est pas la mienne.