par Cinci » sam. 13 févr. 2021, 6:00
Bonjour,
Je me contenterai de faire circuler ici un article vu dans un périodique de "résistants" au mondialisme et à la presse "politiquement correcte" subventionnée.
Ici :
Le néo-sultan d'Ankara
La Turquie ne cesse de faire parler d'elle depuis quelques années, avec un jeu géopoliique pour le moins trouble, son implication directe en Syrie, son appuie à l'Azerbaïdjan dan son attaque contre l'Arménie et sa fronde en règle contre notre cousine la France, suite au meurtre de l'enseignant Samuel Paty, ainsi que les menaces qu'elle fait peser continuellement contre la Grèce.
Pour comprendre le jeu turc, il faut d'abord s'intéresser à son président actuel, Recep Tayip Erdogan, l'homme fort d'Ankara, qui bénéficie de l'appui de plus de 50% de la population turque, ce qui lui permet de régner sans trop s'inquiéter de sa réélection.
Erdogan, malgré son jeu trouble, demeure un allié de l'Oncle Sam dans cette région hautement stratégique. Bien vu de l'élite mondialiste, on lui a octroyé pas moins de 12 doctorats honoris causa et 25 décorations étrangères depuis son arrivée au pouvoir. Pourtant, cet homme ne représente plus, comme ce fut le cas par le passé, un islam tolérant et ouvert sur le monde, à l'image de celui professé par les jeunes turcs du siècle dernier. Depuis un certain temps, Erdogan a pris conscience de la force turque, mais aussi de l'aplaventrisme des nations occidentales, qui craignent par-dessus tout un affrontement avec la Turquie ou tout autre pays moyennement puissant et qui sont prêts à tous les renoncements pour éviter la violence.
Ainsi, à Ankara, malgré un chômage élevé et la menace d'une récession, Erdogan s'est pris à rêver d'un nouvel empire ottoman, de rétablir la fierté turque en redressant la tête et en tentant de relancer cet empire que les européens n'oseront endiguer. Sans en revendiquer le titre, il agit comme un néo-sultan dirigeant une puissance en pleine expansion. Mais pour asseoir son autorité, il a aussi troqué un islam occidentalisé pour un islam plus rigoriste, envoyant des messages clairs au reste du monde musulman, à la manière d'un néo-calife rassemblant derrière lui le peuple de Mahomet.
C'est dans cette optique qu'il attaqua violemment Emmanuel Macron, mais la France aussi par le fait même, suite au meurtre de Paty qui ramenait à l'avant-plan la question des caricatures de Mahomet et le droit d'heurter la sensibilité des musulmans, eux qui ne se gênent pas dans leur pays pour restreindre les droits de ceux qui ne suivent pas LA religion de paix. Pour Scipion de Salm (Rivarol, 18 novembre 2020), avec de tels discours, "il s'adresse en fait, dans une langue simple, à ses électeurs islamistes turc, qui sont absolument ravis, et, au-delà, au public populaire musulman du monde entier, du Maroc à l'Indonésie, et qui l'apprécie - dans l'importante communauté musulmane immigrée, bien au-delà des seuls Turcs." Le monde musulman étant morcelé selon différentes appartenances religieuses (chiites et sunnites notamment) et ethniques, il devient un peu le porte-parole des uns et des autres, au-delà des clivages.
Dans ce même article (Rivarol), on pouvait lire : "Une rupture marquée a eu lieu durant l'année 2012, avec un engagement clair en faveur des rebelles islamistes syriens opposés au gouvernement officiel de Damas. Depuis, Erdogan n'a cessé de mener une politique interventionniste de plus en plus agressive, et ce dans un espace large, au-delà des voisins immédiats de la Turquie, de la Libye à la Somalie, en passant par le Qatar. Erdogan poursuit une grande politique turque, à la fois nationaliste et néo-ottomane."
Cette politique put être mise de l'avant et consolidée à l'intérieur du pays grâce au fameux coup d'État de juillet 2016 et l'épuration qui en découla. Ce qui aurait pu le renverser lui donna paradoxalement la chance d'asseoir davantage son pouvoir.
Aujourd'hui, la Turquie est présente sur trois fronts distincts, soit la Somalie, le Qatar et la Libye. Mais à ces trois théâtres d'opération s'ajoute celui de l'Azerbaïdjan. [...] envahie à l'automne par les forces azerbaïdjanaises [enclave contrôlée par des Arméniens chrétiens], le président IIham Aliev n'aurait pas bougé sans l'accord explicite d'Ankara.
Ce n'est que le 9 novembre qu'un cessez-le-feu fut conclu suite aux pressions de Moscou, mais déjà l'armée azerbaïdjanaise avait réussi à prendre le contrôle de la région, la dépeuplant de ses habitants légitimes, orchestrant ainsi un véritable nettoyage ethnique, émulant dans sa façon de faire la Turquie qui avait fuir les populations grecques de l'île de Chypre en 1974. L'Europe n'avait pas réagi à cette agression ni même l'Otan, dont fait pourtant partie la Turquie. Force est de constater que la Turquie comprit la leçon. Erdogan mise sur cette inaction européenne et sur la lâcheté des occidentaux en général. Rien n'a changé depuis Chypre et il le sait fort bien. Ne s'était-il pas permis de déclarer en 2008 à Cologne en Allemagne, devant 20 000 Turcs rassemblés, que "l'assimilation est un crime contre l'humanité." Cela aurait dû susciter une crise diplomatique, surtout qu'à l'époque on parlait encore de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, projet fort heureusement mort au feuilleton. Ce manque de réaction de Berlin et des autres capitales le poussèrent à aller encore plus loin et à se faire le maître-chanteur de l'Europe, se servant des migrants comme d'une arme de submersion. Et puis force est de constater que la Grèce est aujourd'hui abandonnée face au géant ottoman, le reste de l'Europe détournant honteusement le regard lorsque la Turquie viole son territoire. Il y a un an, le conseiller d"Erdogan Ygit Bulut donnait l'heure juste en clamant haut et fort "pouvoir écraser la Grèce en trois ou quatre heures".
Chypre
Lancées sur l'île chypriote, en juillet 1974, les forces turques, comptant entre 30 000 et 40 000 hommes, appuyés par des blindés et de l'aviation, envahirent le nord de l'île, repoussant au passage les citoyens grecs qui formaient la majorité. Dans ce nettoyage ethnique moderne, duquel est issue la République turque de Chypre du Nord, ce sont plus de 200 000 Hellènes qui fuirent devant le rouleau compresseur turc qui ne s'arrêta qu'après avoir pris possession du tiers du pays, balafrant l'île en deux avec une immense ligne verte. La justification de ce crime toujours impuni : défendre la minorité turcophone qui, à l'époque, comptait pour moins de 20 % de la population. Le Nord était à 80% grec et présentait l'avantage de représenter la zone la plus riche et près de 70% des terres cultivables.
Alors que les dirigeants modernes ne cessent de fondre en excuses pour un passé souvent déformé, la Turquie continue d'occuper illégalement un territoire européen "non cédé", pour reprendre une expression souvent galvaudée. Alors que l'on parle d'indemniser tel et tel descendant d'un crime quelconque, les Chypriotes grecs qui furent spoliés de leurs terres en 1974 et sur lesquelles vivent aujourd'hui de colons turcs chargés d'islamiser et de turquifier le Nord de l'île, ne reçurent ni excuses, ni compensations.
Pour saisir le drame chypriote, on ne peut s'en tenir qu'à Chypre elle-même. le géant turc, qui refuse de céder un pouce, mérite qu'on s'y attarde. Jean-Claude Rollinat offre une section plus qu'étoffée sur la "Porte sublime", d'hier à aujourd'hui , dans son ouvrage Chypre, l'épine turque dans le talon européen., Éditions des Cimes, 2020, 233 p.
Recep Tayip Erdogan, ancien élève des écoles coraniques, bien décidé de rompre avec le passé laïc de la Turquie, leg de Mustapha Kemal Attaturk : il a déjà bien entamé le processus de réislamisation du pays, qui espère toujours entrer dans l'Union européenne. Il rêve d'un empire ottoman ressuscité de ses cendres, d'un sultanat 2.0. Avec une armée capable de rappeler 20 millions d'hommes, un certain contrôle sur le flot de migrants et une diaspora turque relativement nombreuse et unie, il pourrait bien avoir les moyens de ses ambitions.
Jérémie Plourde et Rémi Tremblay, "Le néo-sultan d'Ankara" dans Le harfang, vol, 9, numéro 3, février 2021/mars 2021
Bonjour,
Je me contenterai de faire circuler ici un article vu dans un périodique de "résistants" au mondialisme et à la presse "politiquement correcte" subventionnée.
Ici :
[size=150]Le néo-sultan d'Ankara
[/size]
La Turquie ne cesse de faire parler d'elle depuis quelques années, avec un jeu géopoliique pour le moins trouble, son implication directe en Syrie, son appuie à l'Azerbaïdjan dan son attaque contre l'Arménie et sa fronde en règle contre notre cousine la France, suite au meurtre de l'enseignant Samuel Paty, ainsi que les menaces qu'elle fait peser continuellement contre la Grèce.
Pour comprendre le jeu turc, il faut d'abord s'intéresser à son président actuel, Recep Tayip Erdogan, l'homme fort d'Ankara, qui bénéficie de l'appui de plus de 50% de la population turque, ce qui lui permet de régner sans trop s'inquiéter de sa réélection.
Erdogan, malgré son jeu trouble, demeure un allié de l'Oncle Sam dans cette région hautement stratégique. Bien vu de l'élite mondialiste, on lui a octroyé pas moins de 12 doctorats honoris causa et 25 décorations étrangères depuis son arrivée au pouvoir. Pourtant, cet homme ne représente plus, comme ce fut le cas par le passé, un islam tolérant et ouvert sur le monde, à l'image de celui professé par les jeunes turcs du siècle dernier. Depuis un certain temps, Erdogan a pris conscience de la force turque, mais aussi de l'aplaventrisme des nations occidentales, qui craignent par-dessus tout un affrontement avec la Turquie ou tout autre pays moyennement puissant et qui sont prêts à tous les renoncements pour éviter la violence.
Ainsi, à Ankara, malgré un chômage élevé et la menace d'une récession, Erdogan s'est pris à rêver d'un nouvel empire ottoman, de rétablir la fierté turque en redressant la tête et en tentant de relancer cet empire que les européens n'oseront endiguer. Sans en revendiquer le titre, il agit comme un néo-sultan dirigeant une puissance en pleine expansion. Mais pour asseoir son autorité, il a aussi troqué un islam occidentalisé pour un islam plus rigoriste, envoyant des messages clairs au reste du monde musulman, à la manière d'un néo-calife rassemblant derrière lui le peuple de Mahomet.
C'est dans cette optique qu'il attaqua violemment Emmanuel Macron, mais la France aussi par le fait même, suite au meurtre de Paty qui ramenait à l'avant-plan la question des caricatures de Mahomet et le droit d'heurter la sensibilité des musulmans, eux qui ne se gênent pas dans leur pays pour restreindre les droits de ceux qui ne suivent pas LA religion de paix. Pour Scipion de Salm (Rivarol, 18 novembre 2020), avec de tels discours, "il s'adresse en fait, dans une langue simple, à ses électeurs islamistes turc, qui sont absolument ravis, et, au-delà, au public populaire musulman du monde entier, du Maroc à l'Indonésie, et qui l'apprécie - dans l'importante communauté musulmane immigrée, bien au-delà des seuls Turcs." Le monde musulman étant morcelé selon différentes appartenances religieuses (chiites et sunnites notamment) et ethniques, il devient un peu le porte-parole des uns et des autres, au-delà des clivages.
Dans ce même article (Rivarol), on pouvait lire : "Une rupture marquée a eu lieu durant l'année 2012, avec un engagement clair en faveur des rebelles islamistes syriens opposés au gouvernement officiel de Damas. Depuis, Erdogan n'a cessé de mener une politique interventionniste de plus en plus agressive, et ce dans un espace large, au-delà des voisins immédiats de la Turquie, de la Libye à la Somalie, en passant par le Qatar. Erdogan poursuit une grande politique turque, à la fois nationaliste et néo-ottomane."
Cette politique put être mise de l'avant et consolidée à l'intérieur du pays grâce au fameux coup d'État de juillet 2016 et l'épuration qui en découla. Ce qui aurait pu le renverser lui donna paradoxalement la chance d'asseoir davantage son pouvoir.
Aujourd'hui, la Turquie est présente sur trois fronts distincts, soit la Somalie, le Qatar et la Libye. Mais à ces trois théâtres d'opération s'ajoute celui de l'Azerbaïdjan. [...] envahie à l'automne par les forces azerbaïdjanaises [enclave contrôlée par des Arméniens chrétiens], le président IIham Aliev n'aurait pas bougé sans l'accord explicite d'Ankara.
Ce n'est que le 9 novembre qu'un cessez-le-feu fut conclu suite aux pressions de Moscou, mais déjà l'armée azerbaïdjanaise avait réussi à prendre le contrôle de la région, la dépeuplant de ses habitants légitimes, orchestrant ainsi un véritable nettoyage ethnique, émulant dans sa façon de faire la Turquie qui avait fuir les populations grecques de l'île de Chypre en 1974. L'Europe n'avait pas réagi à cette agression ni même l'Otan, dont fait pourtant partie la Turquie. Force est de constater que la Turquie comprit la leçon. Erdogan mise sur cette inaction européenne et sur la lâcheté des occidentaux en général. Rien n'a changé depuis Chypre et il le sait fort bien. Ne s'était-il pas permis de déclarer en 2008 à Cologne en Allemagne, devant 20 000 Turcs rassemblés, que "l'assimilation est un crime contre l'humanité." Cela aurait dû susciter une crise diplomatique, surtout qu'à l'époque on parlait encore de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, projet fort heureusement mort au feuilleton. Ce manque de réaction de Berlin et des autres capitales le poussèrent à aller encore plus loin et à se faire le maître-chanteur de l'Europe, se servant des migrants comme d'une arme de submersion. Et puis force est de constater que la Grèce est aujourd'hui abandonnée face au géant ottoman, le reste de l'Europe détournant honteusement le regard lorsque la Turquie viole son territoire. Il y a un an, le conseiller d"Erdogan Ygit Bulut donnait l'heure juste en clamant haut et fort "pouvoir écraser la Grèce en trois ou quatre heures".
[b]Chypre
[/b]
Lancées sur l'île chypriote, en juillet 1974, les forces turques, comptant entre 30 000 et 40 000 hommes, appuyés par des blindés et de l'aviation, envahirent le nord de l'île, repoussant au passage les citoyens grecs qui formaient la majorité. Dans ce nettoyage ethnique moderne, duquel est issue la République turque de Chypre du Nord, ce sont plus de 200 000 Hellènes qui fuirent devant le rouleau compresseur turc qui ne s'arrêta qu'après avoir pris possession du tiers du pays, balafrant l'île en deux avec une immense ligne verte. La justification de ce crime toujours impuni : défendre la minorité turcophone qui, à l'époque, comptait pour moins de 20 % de la population. Le Nord était à 80% grec et présentait l'avantage de représenter la zone la plus riche et près de 70% des terres cultivables.
Alors que les dirigeants modernes ne cessent de fondre en excuses pour un passé souvent déformé, la Turquie continue d'occuper illégalement un territoire européen "non cédé", pour reprendre une expression souvent galvaudée. Alors que l'on parle d'indemniser tel et tel descendant d'un crime quelconque, les Chypriotes grecs qui furent spoliés de leurs terres en 1974 et sur lesquelles vivent aujourd'hui de colons turcs chargés d'islamiser et de turquifier le Nord de l'île, ne reçurent ni excuses, ni compensations.
Pour saisir le drame chypriote, on ne peut s'en tenir qu'à Chypre elle-même. le géant turc, qui refuse de céder un pouce, mérite qu'on s'y attarde. Jean-Claude Rollinat offre une section plus qu'étoffée sur la "Porte sublime", d'hier à aujourd'hui , dans son ouvrage [i]Chypre, l'épine turque dans le talon européen[/i]., Éditions des Cimes, 2020, 233 p.
Recep Tayip Erdogan, ancien élève des écoles coraniques, bien décidé de rompre avec le passé laïc de la Turquie, leg de Mustapha Kemal Attaturk : il a déjà bien entamé le processus de réislamisation du pays, qui espère toujours entrer dans l'Union européenne. Il rêve d'un empire ottoman ressuscité de ses cendres, d'un sultanat 2.0. Avec une armée capable de rappeler 20 millions d'hommes, un certain contrôle sur le flot de migrants et une diaspora turque relativement nombreuse et unie, il pourrait bien avoir les moyens de ses ambitions.
Jérémie Plourde et Rémi Tremblay, "Le néo-sultan d'Ankara" dans [i]Le harfang[/i], vol, 9, numéro 3, février 2021/mars 2021