par Simili modo » sam. 13 mars 2021, 0:23
Bonsoir à tous,
À vrai dire, plutôt une information qu'une question. Une information qui pourra – je l'espère – être le point de départ d'une conversation fructueuse.
Un ami prêtre m'a fait suivre un extrait d'une conférence de Carême de Fabrice Hadjadj, en 2018.
Dans la version latine du missel romain, le diacre poursuit la bénédiction du cierge pascal en disant : « Ce feu est divisé en plusieurs parties, et pourtant il ne perd rien en communiquant sa lumière, car il est nourri par la cire fondante dont la mère abeille a produit la substance. » Il n’y a donc pas que le miel dans la vie, il y a aussi la cire. Celui-là nourrit en s’écoulant, celle-ci illumine en brûlant. Si bien que, pour être rendue sensible, la lumière du Christ, celle qui repousse les ténèbres de la mort, celle qui se donne sans diminuer, a substantiellement besoin de la ruche. Dieu le Père en appelle à la mère abeille pour éclairer son mystère.
[...]
La citation de tout à l’heure est celle du missel latin. Dans le missel français, censé le traduire, ce passage est omis. La mère abeille a disparu. Rompu le lien entre les anges et les insectes. L’écologie intégrale en prend un sacré coup. Ce qui peut s’entendre, au nom d’un certain réalisme : les cierges pascals ne sont plus de pure cire d’abeille. De nos jours, ils sont très majoritairement constitués de paraffine – un produit extrait des résidus solides du pétrole. La bougie immaculée fraternise avec le moteur 6 cylindres du poids lourd. Plus le cierge est blanc, et plus il provient de l’or noir, puisque la cire d’abeille est plutôt jaune-orange. La disparition des abeilles de l’Exultet semble dès lors s’expliquer. Si l’on avait maintenu les versets en question, l’honnêteté eût exigé qu’on les reformulât en substituant à la « mère abeille » la « mère plateforme pétrolière ». Ou le « père derrick ». Enfin il aurait fallu avouer que la lumière du Christ dépend à présent d’un résidu d’hydrocarbure. Ce qui ferait un peu tache dans la liturgie pascale.
J'avoue avoir été scotché. Cette information m'était totalement inconnue et cela n'est pourtant pas anodin. Est-il prévu que cela change avec la nouvelle traduction du Missel ? Rien n'est moins sûr, je vais aller vérifier.
Moi qui suis heureux chaque année de rempiler pour un nouveau cierge pascal dont la cire qui coule est le stigmate de nos bienfaits qui se répandent pour notre Église...
Voilà une raison de plus de prêter attention à la liturgie durant la Vigile et un appel à ne pas oublier l'importance du feu nouveau.
Bonsoir à tous,
À vrai dire, plutôt une information qu'une question. Une information qui pourra – je l'espère – être le point de départ d'une conversation fructueuse.
Un ami prêtre m'a fait suivre un extrait d'une conférence de Carême de Fabrice Hadjadj, en 2018.
[quote]Dans la version latine du missel romain, le diacre poursuit la bénédiction du cierge pascal en disant : « [b]Ce feu est divisé en plusieurs parties, et pourtant il ne perd rien en communiquant sa lumière, car il est nourri par la cire fondante dont la mère abeille a produit la substance.[/b] » Il n’y a donc pas que le miel dans la vie, il y a aussi la cire. Celui-là nourrit en s’écoulant, celle-ci illumine en brûlant. Si bien que, pour être rendue sensible, la lumière du Christ, celle qui repousse les ténèbres de la mort, celle qui se donne sans diminuer, a substantiellement besoin de la ruche. Dieu le Père en appelle à la mère abeille pour éclairer son mystère.
[...]
La citation de tout à l’heure est celle du missel latin. [b]Dans le missel français, censé le traduire, ce passage est omis.[/b] La mère abeille a disparu. Rompu le lien entre les anges et les insectes. L’écologie intégrale en prend un sacré coup. Ce qui peut s’entendre, au nom d’un certain réalisme : les cierges pascals ne sont plus de pure cire d’abeille. De nos jours, ils sont très majoritairement constitués de paraffine – un produit extrait des résidus solides du pétrole. La bougie immaculée fraternise avec le moteur 6 cylindres du poids lourd. Plus le cierge est blanc, et plus il provient de l’or noir, puisque la cire d’abeille est plutôt jaune-orange. La disparition des abeilles de l’Exultet semble dès lors s’expliquer. Si l’on avait maintenu les versets en question, l’honnêteté eût exigé qu’on les reformulât en substituant à la « mère abeille » la « mère plateforme pétrolière ». Ou le « père derrick ». Enfin il aurait fallu avouer que la lumière du Christ dépend à présent d’un résidu d’hydrocarbure. Ce qui ferait un peu tache dans la liturgie pascale.[/quote]
J'avoue avoir été scotché. Cette information m'était totalement inconnue et cela n'est pourtant pas anodin. Est-il prévu que cela change avec la nouvelle traduction du Missel ? Rien n'est moins sûr, je vais aller vérifier.
Moi qui suis heureux chaque année de rempiler pour un nouveau cierge pascal dont la cire qui coule est le stigmate de nos bienfaits qui se répandent pour notre Église...
Voilà une raison de plus de prêter attention à la liturgie durant la Vigile et un appel à ne pas oublier l'importance du feu nouveau.