par Pneumatis » ven. 27 mars 2009, 2:05
Bonjour,
Pour répondre un peu aux questions de Chevy, et à la proposition de CGS qui, comme l'a dit Raistlin, n'est pas conforme à la tradition catholique, je voudrais expliciter ici ma clef de lecture de la Genèse, tenant compte à la fois de certains apports de l'exégèse moderne que je critique néanmoins pour une part, et des questions que posent le rapport à la science.
D'abord un mot sur l'exégèse moderne. Je suis plus que ravi de lire que notre Saint Père prévient, au dernier synode sur la parole de Dieu, qu'il faut se méfier dans certaines circonstances, de l'exégèse moderne. M'en méfier, grand bien m'en a pris ! En effet, bien que les travaux de nombreux exégètes soient d'une grande valeur et qu'on ne puisse les ignorer, les fondations et les orientations de cette exégèse ont une fâcheuse tendance au relativisme (grande tendance de la modernité) et au révisionnisme.
Ainsi on considère maintenant presque unanimement que la Genèse est le fruit de l'accumulation de plusieurs récits, venant de plusieurs auteurs, qui n'ont pas grand chose à voir les uns avec les autres. La théorie dite "documentaire", bien qu'ayant évolué depuis ses débuts au XVIIème siècle, continue de nous présenter une tradition yahviste et une tradition élohiste, permettant de justifier qu'il y ait par exemple deux récits de la création dans la Genèse. Gros problème selon moi ! Pourquoi ? Parce que lorsque quelqu'un demande pourquoi dans le premier récit Dieu est appelé "Elohim" et dans le second "YHVH", on répond que c'est parce que les récits ont été écrits par deux auteurs différents, à deux époques différentes, dans deux traditions différentes. C'est formidable, on évacue ainsi d'un revers de la main la question du sens de cette différence ! Sans compter qu'on fait un honteux blasphème au premier des commandements, le Sh'ma Israel qui met explicitement les deux appellations de Dieu en rapport l'une avec l'autre.
Cette même exégèse moderne considère également sans complexe que Moïse n'est pas l'auteur de la Torah, faisant ainsi le jeu de ceux qui veulent démontrer que Moïse n'a en fait jamais existé, ... C'est cette même exégèse moderne qui l'explique par le premier des arguments athées qui soit : comment Moïse aurait-il écrit la Torah puisque celle-ci comporte sa propre nécrologie ? On évacue ainsi du même revers de la main la foi multi-millénaire dans le premier des prophètes auquel Dieu aurait révélé jusqu'à sa fin même. Aujourd'hui cette idée nous parait tellement absurde qu'on préfère remettre en cause 3000 ou 4000 ans de traditions, y compris les enseignements du Fils de Dieu nous laissant clairement penser que Moïse est l'auteur de la révélation de l'Esprit, plutôt que d'accepter la possibilité que la fin de sa vie, en tant que modèle de libération, ait tellement du sens que Dieu la lui ait révélé et qu'il ait pu l'écrire. Bref, je m'égare un peu.
Enfin donc, cette même exégèse moderne nous indique que la Genèse est un récit qui peut être interprété historiquement uniquement à partir du chapitre 13. Pour la période d'avant, on parle plutôt de récit métahistorique. Maintenant cette vision qui s'applique particulièrement au péché originel n'est pas récente. Je cite un théologien qui réfute la thèse métahistorique, mais qui, dans ce passage en explique ici un peu l'origine :
Le péché dit originel, Par Gérard-Henry Baudry a écrit :Après vingt siècles de réflexion chrétienne on ne peut pas partir de zéro ; on se situe nécessairement dans un courant théologique. En ce qui concerne le péché originel il y a deux grandes voies d'approche : la voie historique et la voie métahistorique. La voie historique privilégie une lecture littérale du début de la Genèse et situe Adam et son péché au début de l'histoire humaine. Cette voie fut particulièrement suivie par la théologie latine, mais non exclusivement. La seconde voie, la seule qui nous intéresse ici, part d'une interprétation allégorique de la chute. Elle a souvent trouvé son expression théologique en se servant de la philosophie platonicienne comme dans l'école d'Alexandrie (Origène, Dydime, ...). La gnose juive ou judéo-chrétienne plaçait aussi Adam et son péché dans un état métahistorique et précosmique.
Pour ma part, je conteste cette opposition métahistoire/histoire dans les récits de la Genèse. C'est une opposition que je juge dangereuse en ce qu'elle amène le lecteur lambda, tel Chevy par exemple, à considérer le tout mythique ou le tout historique, mais en les excluant l'un de l'autre. Ce n'est pas parce que l'histoire de la tour de Babel est un mythe (au sens où c'est d'une symbolique à portée universelle) que cela n'a pas de réalité. Et à l'inverse, ce n'est pas parce que le personnage d'Abraham aura une réalité historique démontrée que sa vie en sera moins un mythe. Ainsi, je considère comme dangereux, au moins pour le profane, d'enseigner qu'il existe une rupture modale entre le début de la Genèse et la suite, car cela pousse à considérer que le récit historique est moins signifiant que le récit allégorique, et cela pousse à attacher moins de vérité à l'allégorie car elle n'aurait aucune réalité et qu'on pourrait la confondre avec de l'imaginaire.
Voilà pour en arriver dans le vif du sujet, je suis de ceux qui continuent de croire en une réalité spatio-temporelle d'Adam et Eve, ne serait-ce que parce que c'est ce qu'enseignent les conciles, et surtout de leurs descendants, tels que la Genèse les décrits.
Pour autant, et c'est là que je mets un bémol pour Chevy : la Genèse n'est pas un livre d'histoire. Attention, je ne contredis pas ce que j'ai dit juste avant. La Genèse n'est pas un livre d'histoire, c'est-à-dire qu'elle n'a aucune visée descriptive d'une chronologie temporelle. Il faut bien regarder de quoi parle la Genèse. On y voit la création du monde en premier lieu, mais c'est, il me semble, un défaut de lecture. La création décrite dans la Genèse, celle achevée en 6 jours, ce n'est pas la création du monde : c'est la création de l'Homme ! C'est l'homme qui est créé le 6ème jour. C'est ainsi que Dieu achève sa tâche. C'est là que tout est accompli. La Genèse est un enseignement non pas sur les origines de l'univers mais sur les origines de l'Homme. Et les jours de la genèse sont avant tout les étapes de la création de l'homme, si on croit un tout petit peu que cette création soit dynamique et signifiante. Car ces étapes nous enseignent alors sur notre nature humaine. La nature humaine n'est pas présentée dans un tautologie : la Genèse nous en offre une définition, une structure. Et par là même, elle nous dit quelque chose de Dieu.
L'étape suivante nous amène donc aux patriarches et aux généalogies. Ainsi, si on peut lire dans les 6 premiers jours les constituant ontologiques de la nature humaine, on peut tout autant voir dans les généalogies quelque chose d'intrinsèque à la nature humaine. Vous me direz alors : pourquoi chercher une correspondance entre paléontologie et Genèse ? Pour une raison simple : non pas pour prouver que la Genèse est un livre d'histoire, et certainement pas pour en faire un livre d'histoire. Mais la révélation divine mise de côté, Dieu livre à notre intelligence un autre enseignement : le monde sensible, la réalité physique. Je donne un exemple : Dieu s'incarne en Jésus Christ pour nous livrer un enseignement et un exemple de ce qu'est le vrai homme et vrai Dieu. Oui mais Dieu s'incarne bien en un lieu et un temps précis de l'histoire. Et ce temps et ce lieu ne peuvent pas être le fruit du hasard : il y a du sens dans cette incarnation en ce lieu et en ce temps. Pourquoi ce lieu ? Pourquoi ce temps ? Alors on comprends facilement que c'est important que la ville de naissance de Jésus soit Bethléem (maison du pain). Mais cela devient plus difficile si on se demande pourquoi à ce moment-là ? Est-ce justement parce que cela correspond à une conjoncture astrale particulière (l'étoile des mages, l'ère astrologique du poisson, ...) ? Pourquoi pas ? On pourrait dire aussi que cela correspond au temps où (via les routes construites par les hommes, et les moyens de déplacement) la diffusion d'un enseignement à portée universelle était rendu possible. Bref, ce qui est important c'est de considérer que la divine providence s'exerce toujours selon la conjoncture en place. Dieu n'est pas soumis au temps, dans le sens où sa parole dépasse toute finitude ; mais c'est le temps qui manifeste tel ou tel acte divin, existant de toute éternité.
Pour en revenir donc à ces généalogies, mon hypothèse est la suivante :
- la genèse nous enseigne sur la nature humaine : sa structure, comment sa création est ordonnée, ...
- l'ontogenèse nous enseigne que la conception d'un être humain est une évolution depuis un état primitif (embryon) vers un état évolué
- la phylogenèse nous enseigne que l'espèce humaine, dans sa considération animale, procède d'une évolution à partir d'espèces primitives, dont les mécanismes restent encore à identifier mais qu'on présume accessible à la science.
En premier lieu, on voit facilement la relation analogique entre l'évolution des espèces et la croissance d'un individu, au moins au cours de sa gestation (on peut aussi s'intéresser à la phase comprise entre la naissance et l'âge adulte). Ainsi, selon Haeckel, « l'ontogenèse récapitule la phylogenèse », c'est-à-dire que la formation de l'embryon récapitule l'histoire évolutive de l'espèce.
En second lieu, je pose comme incontournable l'idée que l'ontogenèse est signifiante de la création de la nature humaine. C'est-à-dire que la manière dont un embryon évolue est analogue à la manière dont la nature humaine évolue depuis sa conception jusqu'à l'état d'être créé. Ce n'est pas quelque chose que je peux prouver là comme ça, et pour tout dire cela m'intéresse assez peu. Je pense que c'est démontrable, mais surtout ça me parait tellement évident : la complexité de la formation d'un individu ne peut pas être quelque chose d'insensé. Il faut neuf mois de gestation pour qu'un oeuf deviennent un enfant à naitre, et ce n'est pas pour laisser plus de temps au hasard. C'est nécessairement signifiant, en sorte qu'on peut légitimement s'interroger : pourquoi 9 mois ? (Ce n'est pas l'objet de ma recherche actuellement)
Partant de ces deux considérations, j'en arrive par un simple syllogisme à considérer qu'il DOIT y avoir des similitudes, de type analogique, entre l'évolution des espèces conduisant à l'humanité et la création de la nature humaine par Dieu. Par exemple on peut affirmer, comme le dit l'Eglise, qu'Adam et Eve sont les premiers hommes et nos premiers ascendants commun dans l'humanité. A la fois Adam figure l'état de nature de l'Homme, donc l'état premier dans l'ordre différenciatoire (désolé je viens d'inventer un mot), sur un plan donc strictement métaphysique. Et à la fois ce même Adam est premier dans l'ordre phylogénétique, premier "historiquement", pourrait-on dire, et unique point de départ de la lignée humaine. Jusqu'ici je ne fais que développer un peu la doctrine de l'Eglise sur le sujet (voir l'encyclique Humani Generis).
Ainsi j'en suis venu à rechercher quels enseignements nous apportent la généalogie des patriarches de la Genèse.
- Quels enseignements sur la nature humaine ?
- Par analogie, quelles similitudes sur le plan de l'ontogenèse ?
- Par analogie, quelles similitudes sur le plan de la phylogenèse ?
Comme l'heure est aux débats sur l'évolution et la création, je m'intéresse plus particulièrement à l'approche des similitudes entre phylogenèse et généalogie, dans l'espoir que peut-être ils s'éclairent l'un l'autre. Voilà, je ne sais pas si c'est plus clair. J'ajoute, pour me disculper au cas où, que j'ai écris ce message bouts par bouts quand j'avais quelques minutes de libres un peu tout le long de la journée, donc c'est peut-être un peu décousu. Toutes mes excuses pour ça.
Bonjour,
Pour répondre un peu aux questions de Chevy, et à la proposition de CGS qui, comme l'a dit Raistlin, n'est pas conforme à la tradition catholique, je voudrais expliciter ici ma clef de lecture de la Genèse, tenant compte à la fois de certains apports de l'exégèse moderne que je critique néanmoins pour une part, et des questions que posent le rapport à la science.
D'abord un mot sur l'exégèse moderne. Je suis plus que ravi de lire que notre Saint Père prévient, au dernier synode sur la parole de Dieu, qu'il faut se méfier dans certaines circonstances, de l'exégèse moderne. M'en méfier, grand bien m'en a pris ! En effet, bien que les travaux de nombreux exégètes soient d'une grande valeur et qu'on ne puisse les ignorer, les fondations et les orientations de cette exégèse ont une fâcheuse tendance au relativisme (grande tendance de la modernité) et au révisionnisme.
Ainsi on considère maintenant presque unanimement que la Genèse est le fruit de l'accumulation de plusieurs récits, venant de plusieurs auteurs, qui n'ont pas grand chose à voir les uns avec les autres. La théorie dite "documentaire", bien qu'ayant évolué depuis ses débuts au XVIIème siècle, continue de nous présenter une tradition yahviste et une tradition élohiste, permettant de justifier qu'il y ait par exemple deux récits de la création dans la Genèse. Gros problème selon moi ! Pourquoi ? Parce que lorsque quelqu'un demande pourquoi dans le premier récit Dieu est appelé "Elohim" et dans le second "YHVH", on répond que c'est parce que les récits ont été écrits par deux auteurs différents, à deux époques différentes, dans deux traditions différentes. C'est formidable, on évacue ainsi d'un revers de la main la question du sens de cette différence ! Sans compter qu'on fait un honteux blasphème au premier des commandements, le Sh'ma Israel qui met explicitement les deux appellations de Dieu en rapport l'une avec l'autre.
Cette même exégèse moderne considère également sans complexe que Moïse n'est pas l'auteur de la Torah, faisant ainsi le jeu de ceux qui veulent démontrer que Moïse n'a en fait jamais existé, ... C'est cette même exégèse moderne qui l'explique par le premier des arguments athées qui soit : comment Moïse aurait-il écrit la Torah puisque celle-ci comporte sa propre nécrologie ? On évacue ainsi du même revers de la main la foi multi-millénaire dans le premier des prophètes auquel Dieu aurait révélé jusqu'à sa fin même. Aujourd'hui cette idée nous parait tellement absurde qu'on préfère remettre en cause 3000 ou 4000 ans de traditions, y compris les enseignements du Fils de Dieu nous laissant clairement penser que Moïse est l'auteur de la révélation de l'Esprit, plutôt que d'accepter la possibilité que la fin de sa vie, en tant que modèle de libération, ait tellement du sens que Dieu la lui ait révélé et qu'il ait pu l'écrire. Bref, je m'égare un peu.
Enfin donc, cette même exégèse moderne nous indique que la Genèse est un récit qui peut être interprété historiquement uniquement à partir du chapitre 13. Pour la période d'avant, on parle plutôt de récit métahistorique. Maintenant cette vision qui s'applique particulièrement au péché originel n'est pas récente. Je cite un théologien qui réfute la thèse métahistorique, mais qui, dans ce passage en explique ici un peu l'origine :
[quote="Le péché dit originel, Par Gérard-Henry Baudry"]Après vingt siècles de réflexion chrétienne on ne peut pas partir de zéro ; on se situe nécessairement dans un courant théologique. En ce qui concerne le péché originel il y a deux grandes voies d'approche : la voie historique et la voie métahistorique. La voie historique privilégie une lecture littérale du début de la Genèse et situe Adam et son péché au début de l'histoire humaine. Cette voie fut particulièrement suivie par la théologie latine, mais non exclusivement. La seconde voie, la seule qui nous intéresse ici, part d'une interprétation allégorique de la chute. Elle a souvent trouvé son expression théologique en se servant de la philosophie platonicienne comme dans l'école d'Alexandrie (Origène, Dydime, ...). La gnose juive ou judéo-chrétienne plaçait aussi Adam et son péché dans un état métahistorique et précosmique.[/quote]
Pour ma part, je conteste cette opposition métahistoire/histoire dans les récits de la Genèse. C'est une opposition que je juge dangereuse en ce qu'elle amène le lecteur lambda, tel Chevy par exemple, à considérer le tout mythique ou le tout historique, mais en les excluant l'un de l'autre. Ce n'est pas parce que l'histoire de la tour de Babel est un mythe (au sens où c'est d'une symbolique à portée universelle) que cela n'a pas de réalité. Et à l'inverse, ce n'est pas parce que le personnage d'Abraham aura une réalité historique démontrée que sa vie en sera moins un mythe. Ainsi, je considère comme dangereux, au moins pour le profane, d'enseigner qu'il existe une rupture modale entre le début de la Genèse et la suite, car cela pousse à considérer que le récit historique est moins signifiant que le récit allégorique, et cela pousse à attacher moins de vérité à l'allégorie car elle n'aurait aucune réalité et qu'on pourrait la confondre avec de l'imaginaire.
Voilà pour en arriver dans le vif du sujet, je suis de ceux qui continuent de croire en une réalité spatio-temporelle d'Adam et Eve, ne serait-ce que parce que c'est ce qu'enseignent les conciles, et surtout de leurs descendants, tels que la Genèse les décrits.
Pour autant, et c'est là que je mets un bémol pour Chevy : la Genèse n'est pas un livre d'histoire. Attention, je ne contredis pas ce que j'ai dit juste avant. La Genèse n'est pas un livre d'histoire, c'est-à-dire qu'elle n'a aucune visée descriptive d'une chronologie temporelle. Il faut bien regarder de quoi parle la Genèse. On y voit la création du monde en premier lieu, mais c'est, il me semble, un défaut de lecture. La création décrite dans la Genèse, celle achevée en 6 jours, ce n'est pas la création du monde : c'est la création de l'Homme ! C'est l'homme qui est créé le 6ème jour. C'est ainsi que Dieu achève sa tâche. C'est là que tout est accompli. La Genèse est un enseignement non pas sur les origines de l'univers mais sur les origines de l'Homme. Et les jours de la genèse sont avant tout les étapes de la création de l'homme, si on croit un tout petit peu que cette création soit dynamique et signifiante. Car ces étapes nous enseignent alors sur notre nature humaine. La nature humaine n'est pas présentée dans un tautologie : la Genèse nous en offre une définition, une structure. Et par là même, elle nous dit quelque chose de Dieu.
L'étape suivante nous amène donc aux patriarches et aux généalogies. Ainsi, si on peut lire dans les 6 premiers jours les constituant ontologiques de la nature humaine, on peut tout autant voir dans les généalogies quelque chose d'intrinsèque à la nature humaine. Vous me direz alors : pourquoi chercher une correspondance entre paléontologie et Genèse ? Pour une raison simple : non pas pour prouver que la Genèse est un livre d'histoire, et certainement pas pour en faire un livre d'histoire. Mais la révélation divine mise de côté, Dieu livre à notre intelligence un autre enseignement : le monde sensible, la réalité physique. Je donne un exemple : Dieu s'incarne en Jésus Christ pour nous livrer un enseignement et un exemple de ce qu'est le vrai homme et vrai Dieu. Oui mais Dieu s'incarne bien en un lieu et un temps précis de l'histoire. Et ce temps et ce lieu ne peuvent pas être le fruit du hasard : il y a du sens dans cette incarnation en ce lieu et en ce temps. Pourquoi ce lieu ? Pourquoi ce temps ? Alors on comprends facilement que c'est important que la ville de naissance de Jésus soit Bethléem (maison du pain). Mais cela devient plus difficile si on se demande pourquoi à ce moment-là ? Est-ce justement parce que cela correspond à une conjoncture astrale particulière (l'étoile des mages, l'ère astrologique du poisson, ...) ? Pourquoi pas ? On pourrait dire aussi que cela correspond au temps où (via les routes construites par les hommes, et les moyens de déplacement) la diffusion d'un enseignement à portée universelle était rendu possible. Bref, ce qui est important c'est de considérer que la divine providence s'exerce toujours selon la conjoncture en place. Dieu n'est pas soumis au temps, dans le sens où sa parole dépasse toute finitude ; mais c'est le temps qui manifeste tel ou tel acte divin, existant de toute éternité.
Pour en revenir donc à ces généalogies, mon hypothèse est la suivante :
- la genèse nous enseigne sur la nature humaine : sa structure, comment sa création est ordonnée, ...
- l'ontogenèse nous enseigne que la conception d'un être humain est une évolution depuis un état primitif (embryon) vers un état évolué
- la phylogenèse nous enseigne que l'espèce humaine, dans sa considération animale, procède d'une évolution à partir d'espèces primitives, dont les mécanismes restent encore à identifier mais qu'on présume accessible à la science.
En premier lieu, on voit facilement la relation analogique entre l'évolution des espèces et la croissance d'un individu, au moins au cours de sa gestation (on peut aussi s'intéresser à la phase comprise entre la naissance et l'âge adulte). Ainsi, selon Haeckel, « l'ontogenèse récapitule la phylogenèse », c'est-à-dire que la formation de l'embryon récapitule l'histoire évolutive de l'espèce.
En second lieu, je pose comme incontournable l'idée que l'ontogenèse est signifiante de la création de la nature humaine. C'est-à-dire que la manière dont un embryon évolue est analogue à la manière dont la nature humaine évolue depuis sa conception jusqu'à l'état d'être créé. Ce n'est pas quelque chose que je peux prouver là comme ça, et pour tout dire cela m'intéresse assez peu. Je pense que c'est démontrable, mais surtout ça me parait tellement évident : la complexité de la formation d'un individu ne peut pas être quelque chose d'insensé. Il faut neuf mois de gestation pour qu'un oeuf deviennent un enfant à naitre, et ce n'est pas pour laisser plus de temps au hasard. C'est nécessairement signifiant, en sorte qu'on peut légitimement s'interroger : pourquoi 9 mois ? (Ce n'est pas l'objet de ma recherche actuellement)
Partant de ces deux considérations, j'en arrive par un simple syllogisme à considérer qu'il DOIT y avoir des similitudes, de type analogique, entre l'évolution des espèces conduisant à l'humanité et la création de la nature humaine par Dieu. Par exemple on peut affirmer, comme le dit l'Eglise, qu'Adam et Eve sont les premiers hommes et nos premiers ascendants commun dans l'humanité. A la fois Adam figure l'état de nature de l'Homme, donc l'état premier dans l'ordre différenciatoire (désolé je viens d'inventer un mot), sur un plan donc strictement métaphysique. Et à la fois ce même Adam est premier dans l'ordre phylogénétique, premier "historiquement", pourrait-on dire, et unique point de départ de la lignée humaine. Jusqu'ici je ne fais que développer un peu la doctrine de l'Eglise sur le sujet (voir l'encyclique Humani Generis).
Ainsi j'en suis venu à rechercher quels enseignements nous apportent la généalogie des patriarches de la Genèse.
- Quels enseignements sur la nature humaine ?
- Par analogie, quelles similitudes sur le plan de l'ontogenèse ?
- Par analogie, quelles similitudes sur le plan de la phylogenèse ?
Comme l'heure est aux débats sur l'évolution et la création, je m'intéresse plus particulièrement à l'approche des similitudes entre phylogenèse et généalogie, dans l'espoir que peut-être ils s'éclairent l'un l'autre. Voilà, je ne sais pas si c'est plus clair. J'ajoute, pour me disculper au cas où, que j'ai écris ce message bouts par bouts quand j'avais quelques minutes de libres un peu tout le long de la journée, donc c'est peut-être un peu décousu. Toutes mes excuses pour ça.