par Crosswind » sam. 19 déc. 2020, 17:53
Le concept de liberté est redoutable parce qu'il fait intervenir, précisément, une image de notre nature. Une image que l'on peut considérer, si pas inaccessible (du moins pour les catholiques), à tout le moins très floue. Nous avons tous une conscience plus ou moins pleine de notre liberté, et pourtant sitôt le concept mis sur la table, on se retrouve très vite noyé sous les difficultés, à ne plus très bien quoi imaginer pour nous sortir du pétrin intellectuel et, pour finir et trop souvent, par conclure quelque sottise.
Il ne suffit pas de se sentir libre pour se déclarer absolument libre. Il est bien possible que cette liberté soit un leurre. Admettons quand même que cette liberté est une réalité, au sens fort, absolu. Etre libre, c'est bien évidemment pouvoir choisir sans contrainte. Mais peut-on choisir librement s'il n'y a pas au moins une contrainte qui nous permette de distinguer les buts et les moyens? Libéré de toute contrainte, comment donc raisonner? Or la liberté se fonde sur la raison. Si l'on choisit ceci plutôt que cela, c'est pour une bonne raison, sans quoi ce n'est plus de la liberté mais du réflexe. La liberté me semble donc inexorablement accompagnée de la contrainte. La question qu'il faut alors se poser c'est : dans quelle mesure?
C'est là que les choses pourraient devenir enquiquinantes. Les émotions sont des contraintes. Un raisonnement, quel qu'il soit, est une contrainte. Si, après analyse du plan de bataille, un général en chef décide d'adopter telle tactique, est-ce une liberté octroyée ou le résultat mécanique de la contrainte de son raisonnement? De même, de retour sur le plan des émotions, le commandant du Titanic, qui a choisi de rester à bord, l'a-t-il librement choisi, ou ses émotions l'ont-elles contraint à se laisser périr à bord? Et si je ne me jette pas de la fenêtre du huitième étage, c'est moins par liberté que par peur. Bien sûr, ma volonté peut outrepasser cette peur, de sorte que je puis de sauter du même étage, cette fois doté d'une parachute adapté à ce type de cascade. Mais est-ce que l'acte qui se produit, la chute, est réellement le résultat d'une volonté libre, ou plutôt le résultat d'une combinaison complexe de phénomènes biologiques sous-jacent et parfaitement inconscients? Rien n'est moins sûr à ce propos : car si je saute, c'est par conviction. Or qu'est ce qui peut convaincre ma volonté sinon la mise en perspective d'un raisonnement et d'une nature, ma nature? C'est ma nature qui, en définitive, donnera l'assentiment ou non aux conclusions d'un raisonnement, coiffé bien sûr des émotions. Or cette nature, est-elle comme telle une bonne fois pour toute, évolue-t-elle sans que je sois responsable de cette évolution, ou suis-je libre de la façonner à ma guise? Les deux premières options tendent à déforcer la position du libre-arbitre : si ma nature est fixe, je suis contraint d'agir en fonction d'elle et rien qu'elle, ce qui revient à ne plus être libre du tout. Si je la façonne par contre à ma guise, je dois avoir une raison pour le faire (sans quoi je ne pourrais être libre de choisir l'évolution souhaitée de ma nature et l'on retombe sur les actes réflexes animaux). Mais si j'ai une raison pour le faire, cette raison est elle-même issue de ma nature, confrontée à elle-même, et nous tombons dans un cercle. Modifier sa nature sur base de sa propre nature, c'est encore être contraint.
Paradoxalement, tout ceci ouvre une porte en or à Dieu (ou équivalent pour les agnostiques). Car lui seul, dans ce cas, dispose du pouvoir exogène d'insuffler, un peu comme par magie, la véritable extériorité seule capable de garantir la liberté d'une nature donnée.
Autrement dit, soit on accepte l'idée d'une liberté factice, soit celle d'une véritable liberté, insufflée par Dieu.
Le concept de liberté est redoutable parce qu'il fait intervenir, précisément, une image de notre nature. Une image que l'on peut considérer, si pas inaccessible (du moins pour les catholiques), à tout le moins très floue. Nous avons tous une conscience plus ou moins pleine de notre liberté, et pourtant sitôt le concept mis sur la table, on se retrouve très vite noyé sous les difficultés, à ne plus très bien quoi imaginer pour nous sortir du pétrin intellectuel et, pour finir et trop souvent, par conclure quelque sottise.
Il ne suffit pas de se sentir libre pour se déclarer absolument libre. Il est bien possible que cette liberté soit un leurre. Admettons quand même que cette liberté est une [b]réalité[/b], au sens fort, absolu. Etre libre, c'est bien évidemment pouvoir choisir sans contrainte. Mais peut-on choisir librement s'il n'y a pas au moins une contrainte qui nous permette de distinguer les buts et les moyens? Libéré de toute contrainte, comment donc [i]raisonner[/i]? Or la liberté se fonde sur la raison. Si l'on choisit ceci plutôt que cela, c'est pour une bonne raison, sans quoi ce n'est plus de la liberté mais du réflexe. La liberté me semble donc inexorablement accompagnée de la contrainte. La question qu'il faut alors se poser c'est : dans quelle mesure?
C'est là que les choses pourraient devenir enquiquinantes. Les émotions sont des contraintes. Un raisonnement, quel qu'il soit, est une contrainte. Si, après analyse du plan de bataille, un général en chef décide d'adopter telle tactique, est-ce une liberté octroyée ou le résultat mécanique de la contrainte de son raisonnement? De même, de retour sur le plan des émotions, le commandant du Titanic, qui a choisi de rester à bord, l'a-t-il librement choisi, ou ses émotions l'ont-elles contraint à se laisser périr à bord? Et si je ne me jette pas de la fenêtre du huitième étage, c'est moins par liberté que par peur. Bien sûr, ma volonté peut outrepasser cette peur, de sorte que je puis de sauter du même étage, cette fois doté d'une parachute adapté à ce type de cascade. Mais est-ce que l'acte qui se produit, la chute, est réellement le résultat d'une volonté libre, ou plutôt le résultat d'une combinaison complexe de phénomènes biologiques sous-jacent et parfaitement inconscients? Rien n'est moins sûr à ce propos : car si je saute, c'est par conviction. Or qu'est ce qui peut convaincre ma volonté sinon la mise en perspective d'un raisonnement et d'une nature, ma nature? C'est ma nature qui, en définitive, donnera l'assentiment ou non aux conclusions d'un raisonnement, coiffé bien sûr des émotions. Or cette nature, est-elle comme telle une bonne fois pour toute, évolue-t-elle sans que je sois responsable de cette évolution, ou suis-je libre de la façonner à ma guise? Les deux premières options tendent à déforcer la position du libre-arbitre : si ma nature est fixe, je suis contraint d'agir en fonction d'elle et rien qu'elle, ce qui revient à ne plus être libre du tout. Si je la façonne par contre à ma guise, je dois avoir une raison pour le faire (sans quoi je ne pourrais être libre de choisir l'évolution souhaitée de ma nature et l'on retombe sur les actes réflexes animaux). Mais si j'ai une raison pour le faire, cette raison est elle-même issue de ma nature, confrontée à elle-même, et nous tombons dans un cercle. Modifier sa nature sur base de sa propre nature, c'est encore être contraint.
Paradoxalement, tout ceci ouvre une porte en or à Dieu (ou équivalent pour les agnostiques). Car lui seul, dans ce cas, dispose du pouvoir exogène d'insuffler, un peu comme par magie, la véritable extériorité seule capable de garantir la liberté d'une nature donnée.
Autrement dit, soit on accepte l'idée d'une liberté factice, soit celle d'une véritable liberté, insufflée par Dieu.