par Jean-Mic » dim. 14 mars 2021, 19:48
Bibracte a écrit : ↑sam. 13 mars 2021, 12:17
La messe selon le rite romain, devenue hégémonique dans l'Eglise d'occident, est dite en latin depuis la fin de l'antiquité, à peu près.
C'est un peu plus compliqué que cela.
Tout d'abord, au premier temps de l'Église, la messe a été dite, selon les lieux,
en grec ou
en syriaque (le nom moderne pour désigner
l'araméen que parlait Jésus et ses disciples d'origine galiléenne). En gagnant Rome avec Pierre et Paul, elle est dite
aussi en latin dès la fin du 1er siècle. L'usage du latin se répand à l'ouest d'une ligne qui sépare approximativement l'actuelle Croatie de l'actuel Serbie au nord de la Méditerranée, la Tunisie de la Libye au sud. Le grec restait la langue de la prière et de la célébration à l'est de cette ligne. Voilà pour ce qui formait ce qui fut l'Empire romain. Mais ...
Mais ... l'évangélisation à l'Orient de l'Orient (comprenez en fait en direction du nord et de l'est) s'est fait dans d'autres langues :
-
Le syriaque (encore lui) à destination de l'ancienne Mésopotamie (Irak actuel), dès la fin du 1er siècle (par saint Matthieu et saint Jude, selon certaines sources).
- Les langues locales (on dit : langues vernaculaires) en particulier en direction du Caucase :
l'arménien et
le géorgien (Grégoire l'Illuminateur au 3ème siècle, saint André lui-même selon d'autres sources). Celles-ci étaient des langues parlées, et ceux qui ont apporté la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ont largement contribué à les fixer à l'écrit, quitte à créer des alphabets nouveaux (3ème siècle). Ce qui a permis de diffuser bibles et missels, ... et la liturgie qui va avec.
- Enfin, bien plus tard,
le slavon (racine commune à
toutes les langues slaves modernes), pour lesquelles les saints Cyrille et Méthode ont inventé au 9ème siècle l'alphabet qui porte le nom de l'un deux (l'alphabet cyrillique). Là encore, bibles, missels et liturgie ont été diffusés dans une langue vernaculaire, passée de l'oral à l'écrit grâce à un alphabet nouveau.
Autour de l'an mil, donc, avant les schismes et divisions qui séparèrent les Églises d'Orient et d'Occident, il est excessif, voire erroné, de prétendre que le latin était
LA langue de l'Église. Le grec et le latin dominaient donc les débats (comme le français en Afrique, ou l'anglo-américain dans le monde d'aujourd'hui), mais les langues utilisées pour la liturgie étaient variées selon les pays ou les régions du monde chrétien.
[quote=Bibracte post_id=432708 time=1615630659 user_id=17083]La messe selon le rite romain, devenue hégémonique dans l'Eglise d'occident, est dite en latin depuis la fin de l'antiquité, à peu près. [/quote]C'est un peu plus compliqué que cela.
Tout d'abord, au premier temps de l'Église, la messe a été dite, selon les lieux, [b]en grec[/b] ou [b]en syriaque[/b] (le nom moderne pour désigner [b]l'araméen[/b] que parlait Jésus et ses disciples d'origine galiléenne). En gagnant Rome avec Pierre et Paul, elle est dite [b][u]aussi[/u] en latin[/b] dès la fin du 1er siècle. L'usage du latin se répand à l'ouest d'une ligne qui sépare approximativement l'actuelle Croatie de l'actuel Serbie au nord de la Méditerranée, la Tunisie de la Libye au sud. Le grec restait la langue de la prière et de la célébration à l'est de cette ligne. Voilà pour ce qui formait ce qui fut l'Empire romain. Mais ...
Mais ... l'évangélisation à l'Orient de l'Orient (comprenez en fait en direction du nord et de l'est) s'est fait dans d'autres langues :
- [b]Le syriaque[/b] (encore lui) à destination de l'ancienne Mésopotamie (Irak actuel), dès la fin du 1er siècle (par saint Matthieu et saint Jude, selon certaines sources).
- Les langues locales (on dit : langues vernaculaires) en particulier en direction du Caucase : [b]l'arménien[/b] et [b]le géorgien[/b] (Grégoire l'Illuminateur au 3ème siècle, saint André lui-même selon d'autres sources). Celles-ci étaient des langues parlées, et ceux qui ont apporté la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ont largement contribué à les fixer à l'écrit, quitte à créer des alphabets nouveaux (3ème siècle). Ce qui a permis de diffuser bibles et missels, ... et la liturgie qui va avec.
- Enfin, bien plus tard, [b]le slavon[/b] (racine commune à [u]toutes[/u] les langues slaves modernes), pour lesquelles les saints Cyrille et Méthode ont inventé au 9ème siècle l'alphabet qui porte le nom de l'un deux (l'alphabet cyrillique). Là encore, bibles, missels et liturgie ont été diffusés dans une langue vernaculaire, passée de l'oral à l'écrit grâce à un alphabet nouveau.
Autour de l'an mil, donc, avant les schismes et divisions qui séparèrent les Églises d'Orient et d'Occident, il est excessif, voire erroné, de prétendre que le latin était [u][b]LA[/b][/u] langue de l'Église. Le grec et le latin dominaient donc les débats (comme le français en Afrique, ou l'anglo-américain dans le monde d'aujourd'hui), mais les langues utilisées pour la liturgie étaient variées selon les pays ou les régions du monde chrétien.