Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

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Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par cmoi » dim. 23 janv. 2022, 9:05

Trinité a écrit :
sam. 22 janv. 2022, 15:46
C'est vrai que vous aimez bien épiloguer... :rire:
Et vous ne croyez pas si bien dire !
A vrai dire (ce sera ma malice du jour) j’en avais un autre en vue mais j’en ai choisi un moins littéral, car votre exemple pourrait s’extraire d’une petite parabole dont le contexte serait :

En voulant éviter le péché d’être en retard, cet automobiliste en a commis un autre : excès de vitesse : sur le principe, ce n’est jamais acceptable, en serait-ce un de moindre. Et pourquoi ?
Parce que son péché fut d’abord d’être parti trop tard.
Or en admettant qu’il n’était pas encore commis avant d’arriver à l’Eglise, le portier aurait refoulé celui arrivé à l’heure mais ayant commis l’excès de vitesse (pas la bonne tenue) mais admis avec remontrance celui arrivé en retard !
Et arrivé en retard pour quoi ?
Le dimanche matin (c’est aujourd’hui !) chacun sait qu’il devra se préparer à la messe. Prendre du retard, traîner, c’est y penser beaucoup à cette messe de crainte d’y être en retard et donc s’y préparer et y penser plus que celui…

Celui qui arrive toujours à l’heure et qui sait pourquoi et comment s’y prendre. Il a simplement bien planifié ses activités, il ne pense pas à la messe, mais il a son idée sur ce qu’il y fera. ll connait bien le rite, il a peut-être des responsabilités (s’occuper des acolytes, une lecture, peu importe) en tout cas il pense avoir son mot à dire et pouvoir juger de ce qui se passera. Un temps, il se disputera avec ceux qui comme lui se sentent investis et qui retarderont le début de la messe de leur dispute.
  • Alors partir en retard, c’est dû à un refoulement psychologique. C’est une habitude prise pour éviter ces disputes. Et en même temps, c’est pour ce retardataire s’humilier, se reconnaître pécheur… Mais comme il ne l’a pas compris, voilà qu’il accélère. Et le jour où des gendarmes l’attrapent, cela lui permettra de mieux comprendre son comportement…
Alors il redeviendra comme un autre car il y en a aussi un qui depuis le réveil ne fait rien que se préparer, seulement en priant et méditant (oubliant ce qui est accessoire, : ces disputes incessantes qui retardent l’heure du début de la messe), et il part longtemps en avance, comme si l’horaire sera respecté et pour poursuivre sa préparation intérieure « sur place », il prend son temps pour arriver ( il n’a même pas vu qu’il y avait des bolides et des radars, heureux d’avoir vu des gendarmes qui travaillent (puisqu’il y a des autos qui circulent, c’est normal !) et il a loué Dieu que son Eglise ait prévu des messes le samedi soir pour eux !

Il supportera ces disputes trop fréquentes avec tristesse et angoisse, dominant sa colère, priant pour que le St Esprit les éclaire de sa paix… Et ne partira pas plus tard la prochaine fois, triste et angoissé mais heureux d’offrir cette croix à son Seigneur.
  • jusqu’au jour où ce sera trop excessif, où il élèvera la voix et … (c’est une parabole, donc il lui faut une chute idéale !) …les fera taire…
Voilà : bon dimanche à vous, Trinité !

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par Trinité » sam. 22 janv. 2022, 15:46

cmoi a écrit :
sam. 22 janv. 2022, 9:19
Trinité a écrit :
ven. 21 janv. 2022, 18:30
J'ai créé un sujet dans quartier libre, mais je trouve que ce" faits divers" va très bien également dans ce fil .

On pourrait dire :

Jusqu'où pousse la "peur du péché mortel"
Bon, je m’arrête là. Quand la récréation est finie, il faut se remettre au travail. Donc il y a des commandements, et ce ne sont pas des recommandations. L’Eglise peut en donner, c’est un des moyens dont elle dispose pour nous aider et accomplir sa mission. Mais lesquels et pour quelle fin ? Mais peut-elle en ajouter à ceux de Dieu « sous peine de péché mortel » !? L’Eglise en a-t-elle seulement le droit – d’aller jusque-là ! Et à quelles conditions (dont l’infaillibilité) ? C'est Jésus le Seigneur du Sabbat, pas son Eglise...

Mais je vais probablement trop loin pour une conversation sur un forum…
Bonjour c moi ,

C'est vrai que vous aimez bien épiloguer... :rire:

Par contre ce que vous dites à la fin...c'est "super" intéressant et résume très bien les vraies questions... :oui:

Cordialement.

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par cmoi » sam. 22 janv. 2022, 9:19

Trinité a écrit :
ven. 21 janv. 2022, 18:30
J'ai créé un sujet dans quartier libre, mais je trouve que ce" faits divers" va très bien également dans ce fil .

On pourrait dire :

Jusqu'où pousse la "peur du péché mortel"
Remarque fort bienvenue que la vôtre, Trinité, tant sur le fond que sur la forme car il est bon aussi de ne pas se prendre au sérieux, de faire fonctionner ses zygomatiques. Après tout, ma « préconisation » mérite de n’être tenue que comme une forme d’humour un peu absurde, c’est un jour qui lui convient et ne la rabaisse nullement.
On se gausse des juifs avec leur respect du Sabbat, qui aurait été aboli par Jésus, mais si c’est pour refaire la même chose avec le dimanche !
La question reste posée : qu’est-ce qu’adorer en esprit et en vérité ?
Et derrière elle, se cache la querelle des messes.

Rien que l’attitude, par exemple : nous savons tous comment les musulmans prient, qui prétendent (et pas à faux) qu’ainsi priait Jésus et non « à genoux » (typiquement catho ! Mais plus trop... )
Combien d’agenouilloirs sont partis où, dans quelle décharge ou flambée ?
Les orthodoxes prient debout, attitude qu’ils défendent et justifient fort bien…
Pourquoi ne prierions-nous pas allongés, pour que l’esprit soit mieux « libéré du corps » : ce qui peut être tenu pour une offense pourrait très bien se défendre ! Problème de place, il est vrai…
D’ailleurs autre attitude catho ; rester assis : cela n’a rien de très glorieux ! Est-ce bien la meilleure façon d’écouter ?
Et pourquoi pas danser ?

Ce qui est sûr, c’est que pour beaucoup, tous les membres d’’une assemblée doivent avoir la même attitude, pour qu’il s’en dégage quelque chose de pieux et respectueux, par l’effet d’ordre : or n’est-ce pas possible aussi en ce que chacun serait libre de son attitude extérieure ?
Après Vatican II, des tradis ont fait des couacs corporels dans les assemblées : se mettre à genoux était une de leurs revendications, je veux dire « conservations/préconisations » et qu’ils appliquaient comme d’un ordre ; une façon qui serait supérieure pour prier et adorer, au mépris de la discipline que pourtant ils affectionnent et voyant dans cet acte un acte de courage…

Du coup, cette perte ou ce changement de repères n’est-elle pas une invitation à plus de réflexion, en vue de trouver et d’adopter quelque chose « d’encore mieux » et qui nous réunira ? Ne pourrait-on au moins se mettre d’accord sur ce désir et cette quête, la partager ?
Choisir en attendant l’ordre plutôt que l’attitude que l’on croit la meilleure me semble être un bon choix qui ne mérite pas d’être drastiquement taxé de modernisme… Car il est plus certain d’appartenir au bon résultat final qui devra être commun, qu’une attitude et quelle qu’elle soit dès lors qu’il n’y en a pas qu’une – à moins d’avoir décidé de figer un choix passé comme étant arbitrairement le meilleur.

Quand on est hermétique à toute remise en cause, comment progresse-t-on ?

Repartir de ce que devrait être une messe « en esprit et en vérité », en oubliant toutes les réponses que l’on connaît, pour les retrouver et les « coller » en face de certains résultats communs obtenus, mais pas avant ni en s’en servant pour y arriver !
Une telle attitude exclut certains comportements, très subalternes et destructeurs, comme… Je vous laisserai les deviner : j’ai écrit que je serai plus « soft » cette année !
Prenons l’élévation : est-ce pour que l’assemblée adore l’hostie, ou pour la montrer et l’offrir ainsi à Dieu par un geste éloquent ? Difficile que ce soit les 2 en même temps et à la fois pour une même personne ! Alors qu’est-ce qui doit prévaloir et comment le mettre en forme ?

« Sanctifier le dimanche » se limite-t-il à l’assistance à la messe, laquelle évoque la position assise, très passive, passivité à laquelle voulait remédier non sans raison le pape Paul VI ?

Il est odieux de remettre en cause la « bonne volonté » du pape Paul VI, père de la nouvelle messe. Laquelle a fait beaucoup de tort au concile, car sans cette nouvelle messe, la contestation de ce concile aurait tourné court, elle se serait finie dans des conciliabules entre théologiens qui ne sont que rarement tous d’accord, et qui n’empêchent pas le magistère de continuer son œuvre.
Dès lors qu’il y eut un « parti tradi » (ce que voulut judicieusement éviter l’Eglise en s‘efforçant longtemps de ne pas leur donner de nom), leur position s’est figée dans une contestation appliquant une certaine grille de lecture uniforme et appliquant décidément à l’envers la recommandation de St Ignace et de la charité.
Ainsi, "l’esprit d’Assise" était pervers, était du syncrétisme hérétique, et non une façon de révéler au monde que seul le Christ pouvait réunir ainsi ceux qui cherchaient Dieu avec un cœur sincère, et leur apporter la paix et l’espérance. Leur ouvrir une voie commune. Au lieu de considérer l’élan missionnaire ils chipotaient sur les détails – et sur aucun ne purent convaincre autrement que si s’adoptait leur postulat de départ comme une vérité première.

Bon, je m’arrête là. Quand la récréation est finie, il faut se remettre au travail. Donc il y a des commandements, et ce ne sont pas des recommandations. L’Eglise peut en donner, c’est un des moyens dont elle dispose pour nous aider et accomplir sa mission. Mais lesquels et pour quelle fin ? Mais peut-elle en ajouter à ceux de Dieu « sous peine de péché mortel » !? L’Eglise en a-t-elle seulement le droit – d’aller jusque-là ! Et à quelles conditions (dont l’infaillibilité) ? C'est Jésus le Seigneur du Sabbat, pas son Eglise...

Mais je vais probablement trop loin pour une conversation sur un forum…

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par Trinité » ven. 21 janv. 2022, 18:30

J'ai créé un sujet dans quartier libre, mais je trouve que ce" faits divers" va très bien également dans ce fil .

On pourrait dire :

Jusqu'où pousse la "peur du péché mortel"

https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q ... Z4VHWDk03q

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par cmoi » ven. 21 janv. 2022, 13:04

Si je peux me permettre de donner un avis personnel, le « problème » de Ademimo (et qui n’est pas que le sien) n’est pas d’abord doctrinal, ce qui ne veut pas dire qu’il soit « au carré » sur ce point, mais suffisamment averti ou formé pour admettre ce qui est largement suffisant pour croire en Dieu, en Jésus et donc être chrétien et en avoir la vie de grâce.
Il est issu de la pastorale et donc de l’ordre du sentiment. Quand on a une sensibilité « tradi », certains changements ont représenté un bouleversement et si certains les ont résolus en se bouchant le cœur et continuant à pratiquer comme avant pour ne pas avoir à prendre en compte ce que le St -Esprit a voulu nous dire, d‘autres ont quand même accepté l’idée, le principe, et en ont été interloqué.

Ainsi il y a peu s’est développé ici la liaison entre l’eucharistie et le salut, à quoi elle est obligatoire. Or si on ne regarde plus trop aux conditions pour la recevoir dignement, et si donc le salut se réduit à une communion qui est une consommation, il y a de quoi se poser des questions. Et ainsi, un certain laxisme apparent toléré pour des raisons de cafouillis liturgique, de nouvel « esprit » etc. si on en multiplie les exemples comme celui-là qui ont existé, constituent une sorte de harcèlement qui en a conduit beaucoup à douter de la foi, de l’Eglise, etc.
Voire à juger sans arrêt… Ou du moins leur sensibilité les y conduisait et même en s’y refusant et le refoulant, de l’intérieur cela les minait…

Comment distinguer la volonté délibérée du laxisme, de ce qui est le fruit aussi d’une « overdose » ou suractivité : le départ de milliers de prêtres (finies donc les « rentes de situation »), la contestation tradi, etc. il y avait trop de front sur lesquels lutter et les « modernistes » qui en ont profité pour semer à la volée, tout cela et bien d‘autres facteurs (comment bien appliquer les nouvelles directives ?) expliquent le sentiment que ce qui avant était la règle n’était plus la règle, et là il y avait de quoi apostasier par refus de l’absurde et adhésion à une partie de la contestation quelle qu’elle soit quand elle nous paraissait justifiée (cela peut aller du « ne nous soumets pas à la tentation », au refus de saccage de certains objets avant vénérés, au désir de « donner sens » à des pratiques qui n’en avaient plus, en plus du latin et d’autres rites cela pour la sensibilité tradi… Mais il y eut le même phénomène pour d’autres sensibilités…)
Au final, même un tradi peut finir par s’en prendre à ce qui était fiable, et cela d’autant plus qu’il en sait plus sur ces « mythologies » (c’est ici le mot que je ne fais que reprendre) qui ne sont pas strictement nécessaires à la foi mais s’y ajoutent par une connaissance dont la Révélation ne s’appuyait pas sur les saintes Ecritures, mais davantage sur « une certaine tradition » remise en cause à tout va…- Ou s’acharner à les défendre au détriment de l’essentiel : la Résurrection …

Il y a une explication à cela, et des remèdes… un forum sur internet peut en être un ou y contribuer, mais cela n’existait pas à l’époque…
C’est ce qui en a conduit certains ici à prétendre après certains échanges que désormais, un chrétien se devait d’être quelqu’un qui avait profondément réfléchi et étudié sa religion, et que c’était une bonne chose. Mais il y a manière et manière d’étudier, étude et étude, et l’essentiel se tient plutôt dans le coeur, car cette situation « difficile » a aussi secoué ceux-ci, obligés à ce que paraisse à la lumière certains de leurs défauts, et le réflexe de beaucoup a été de fuir ou de plus les dissimuler, au lieu d’admettre leur état et de se convertir…
Défauts qui pouvaient aussi être d’ordre philosophique, mais que la théologie d’avant recouvrait et dissimulait par de grandes affirmations pas toujours étoffées de preuves ( elles appartenaient à une élite qui seule en connaissait les éventuelles lacunes…) et qu’il fallait croire aveuglement.

Si pour des personnes comme Mgr Lefèvre la doctrine était la question cruciale, n’est-il pas étonnant que tous les tradis ne reprennent que ces points qui formaient des questions pour lui ? Eux avaient d’autres raisons plus obscures… Parce qu’ils avaient besoin de lui ils ont adopté ses positions, pourtant sur des points qui depuis ont reçu tous les éclaircissements nécessaires – mais lui à cet égard et il ne fut pas le seul, était devenu incapable d’incorporer une autre compréhension que celle qui lui avait été enseignée et qu’il enseignait : il était intellectuellement devenu aussi obsolète qu’un Galilée l’aurait été devant la théorie de la relativité, à l’égard de quelques changements doctrinaux qui pourtant s’inscrivaient dans une continuité au regard de la vérité.
Car comme en science ce qui est vrai est ce qui nous échappe et qui peu à peu se dévoile, tandis que partir de ce que l’on sait déjà c’est risquer l’erreur ou l’échec face à toute nouveauté à comprendre et assimiler…
Il a cru que cela remettait en cause ce qu’il savait, car incapable de « concilier les 2 »…
Le plus triste, c’est que les nouveaux tradis ont surtout hérité de cette incapacité et l’ont renforcée de tas de belles considérations, mais qui nécessairement sont la plupart « hors sujet » ou le fruit de procès d’intention !

Alors quand un Ademimo vient agiter un bout de tissu rouge devant nos yeux, il ne faut pas tel le taureau furieux foncer dessus : cela le confortera dans le sentiment de sa supériorité.
Mieux que nous, il sait comment le considérer, ce tissu.

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par Perlum Pimpum » jeu. 20 janv. 2022, 15:14

ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 14:54
Dieu n'est pas amoindri par l'absence de liturgie terrestre. Pour lui, rien ne change. Alors pourquoi nous ordonner de lui livrer un culte qui ne sert à rien ?
Pour nous ordonner à Lui comme à notre fin dernière absolue surnaturelle.

ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 14:54
C'est pour nous éviter le dam, répondez-vous. Mais pourquoi ? On ne sait pas. Personne ne l'explique jamais. Je veux dire, en faisant abstraction de toute la mythologie du Salut (avec le Diable, Saint-Michel, etc.). Dieu pourrait très bien ne pas faire peser cette menace, et tout serait arrangé.
D’une, rien de mythologique là dedans : vous filez un très mauvais coton...

De deux, pour vous répondre, parce qu’il exige le concours de nos libertés à sa grâce. En définitive ne cherchez pas d’autre raison à l’arbitraire divin que cet arbitraire même : Dieu est libre de ses choix.

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par ademimo » jeu. 20 janv. 2022, 14:58

Thurar a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 10:27
ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 2:52
ressentirait le besoin de nous ordonner ceci ou cela ? Qu'est-ce que ça change, au final ? La loi morale, l'homme est capable de la découvrir (ne pas tuer, ne pas voler, etc.).
Bonjour,
Oui mais, malheureusement, toute l'histoire nous prouve que cela ne suffit pas. Tout le monde peut connaître la loi morale, mais quand il s'agit de la mettre en pratique...
Comme dit saint Paul (Romains, chapitre 7) :

16 Or, si je ne veux pas le mal que je fais, je suis d’accord avec la Loi : je reconnais qu’elle est bonne.

17 Mais en fait, ce n’est plus moi qui agis, c’est le péché, lui qui habite en moi.

18 Je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans l’être de chair que je suis. En effet, ce qui est à ma portée, c’est de vouloir le bien, mais pas de l’accomplir.

19 Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas.

20 Si je fais le mal que je ne voudrais pas, alors ce n’est plus moi qui agis ainsi, mais c’est le péché, lui qui habite en moi.

21 Moi qui voudrais faire le bien, je constate donc, en moi, cette loi : ce qui est à ma portée, c’est le mal.
Hé bien, c'est ce que je dis, justement. Personne ne parvient à être un parfait citoyen modèle.

Et ?

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par ademimo » jeu. 20 janv. 2022, 14:54

Perlum Pimpum a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 8:15
ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 2:52
Oublions trente secondes les Écritures et la Révélation.
Jamais ! Car sauf à perdre la foi, nous est impossible de nous soustraire à la Révélation, fût-ce pour trente minutes ! La foi théologale est un assentiment intellectuel commandé par la volonté à ce que le vrai Dieu révèle. Cesser d’y assentir est cesser d’avoir la foi.

Dieu a donnê des commandements, c’est un fait, attesté par la révélation, à laquelle nous assentons par la foi, et à laquelle nous nous soumettons dans l’amour, car « qui aime Dieu accomplit ses commandements ».

ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 2:52
Pourquoi Dieu ressentirait le besoin de nous ordonner ceci ou cela ?
Votre question est d’abord profondément ambiguë, en tant que pouvant sous-entendre, par défaut d’évidence quant à sa réponse, que Dieu n’aurait pas donné de commandements. C’est pourquoi votre question mérite d’être interrogée : (1) S’agit-il, ayant la foi, de chercher à en avoir l’intelligence, en cherchant la raison de ce que nous croyons ? (2) S’agit-il tout au contraire de l’expression d’un doute, contraire à la foi, de celui qui, n’ayant pas l’évidence du pourquoi du commandement, remet en cause son existence même ? Pour le dire en termes scolastiques votre question se restreint elle au « propter quid » (au pourquoi du commandement) ou vise t’elle sournoisement au « quia » (au fait que le commandement nous est donné) ? Dans un cas vous cherchez à avoir l’intelligence de la foi, dans l’autre vous la mettez en cause, cessant du fait même d’avoir la foi, en suspendant votre assentiment au donné révélé.

Votre question est ensuite mal posée, car Dieu n’a pas besoin de donner des commandements : Dieu n’est aucunement nécessité par ses créatures. La question n’est donc pas celle du besoin qu’aurait Dieu de nous donner des commandements, mais celle de la libre volonté de Dieu nous créant pour nous ordonner à Lui comme à notre fin dernière absolue et surnaturelle, moyennant que vous vivions par grâce en conformité à sa Loi morale. De sorte que bien posée la question est : Dieu est-il le Seigneur Souverain à quoi tout est soumis ? Dieu est-il l’auteur et le donateur de l’être, de la vie, du sens de la vie, et de la norme morale ? La loi morale peut-elle avoir son fondement ultime ailleurs qu’en Dieu ? Si vous pensez que Dieu est Créateur, est la Cause efficiente première dont tout découle, vous répondrez affirmativement, et confesserez que le fondement de toute moralité crée est en Dieu, ce : (1) tant au regard de la Loi naturelle, puisque Dieu est l’auteur des natures, (2) que de la Loi divine positive, puisque la créature est soumise à l’arbitraire (la libre volonté) de Dieu ; ce d’ailleurs jusqu’en nos existences et nos natures, ce que nous sommes et le fait que nous soyons relevant de la libre volonté de Dieu, en d’autre termes de l’arbitraire divin, qui nous crée, nous conserve, et nous ordonne à la fin qu’il nous assigne. Dieu soit béni.

Pour ce qui est de la Loi morale naturelle, les théologiens catholiques se répartissent en deux obédiences.

  • (1) Pour les uns, elle découle de la nature même des choses, donc de Dieu ayant l’idée de toutes choses, l’intelligence divine étant, par le biais des idées divines, cause exemplaire de toutes choses. Les tenants de cette première opinion s’opposent entre eux quant à la nature des idées divines : (a) relations de raison à la Déité sur-exemplaire pour les uns (thomistes), (b) expresses mentales produites par Dieu ad intra pour les autres (scotistes). Aussi pensent-ils que le fondement ultime de la Loi naturelle est (a) dans l’essence divine elle-même, (b) ou dans l’intelligence divine ; son fondement prochain étant dans la volonté divine choisissant librement de créer celles des natures qu’il créera.
  • (2) Pour les autres (les nominalistes et plus généralement tous ceux qui nient l’existence des idées divines), l’unique fondement divin de l’ordre moral objectif est dans la volonté divine.
  • En tout état de cause, le fondement ultime de la morale est Dieu, auteur de l’ordre moral du seul fait qu’assignant la création à la fin à laquelle il l’ordonne et aux moyens qu’il ordonne à cette fin. Ou serait-ce que la souveraineté de Dieu sur sa création vous échappe ?

ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 2:52
Qu'est-ce que ça change, au final ? La loi morale, l'homme est capable de la découvrir (ne pas tuer, ne pas voler, etc.).
D’une, la loi morale ne se restreint pas à la seule Loi naturelle, la Loi divine positive étant aussi en cause. C’est ainsi que si la loi naturelle prescrit le culte de latrie, seule la loi positive précise qu’il est dû au Dieu Trine, Incarné, Sauveur et Juge, Tête de l’Église en grâce qui est son corps vivant ; et que ce culte n’est agréé de Dieu qu’autant que celui qui s’y livre est en état de grâce… De même les commandements relatifs aux sacrements ne relèvent pas de la Loi naturelle, et pourtant les accomplir est requis pour le salut s’il est vrai que le baptême est nécessaire au salut et que celui qui ne mange pas le corps du Christ n’a pas part à la vie éternelle… Bref l’ignorance des commandements conduit au dam… Bref, ça change tout.

De deux, quant aux seules dispositions de la Loi naturelle, si l’homme est capable d’en connaître par l’usage de sa seule raison, il est aussi capable de les méconnaître profondément : les consciences erronées existent ! Il suffit pour s’en convaincre de lire Platon : les hommes divergent profondément sur ce qui est moralement bon. Un quidam qui considèrerait que la loi naturelle n’est que la loi de la jungle, concluera qu’il est moral d’agir en prédateur, de tuer et piller autant que de besoin, à raison du primat du loup sur le mouton, du fort sur le faible, du maître sur l’esclave… De même celui qui, cédant au vif attrait du plaisir, agira en Sardanapale, considérant que son plaisir est un bien, jugera absurde les enseignements moraux relatifs à la tempérance, la pudeur, la chasteté… Ces erreurs dramatiques sont d’autant plus fréquentes que la nature humaine est déchue, obérée dans son intelligence et inclinée au péché dans sa volonté par la triple concupiscence héritée d’Adam, et que sauf à avoir été éduqué dès l’enfance dans les voies de la vertu, l’homme se trompera. Aristote parle ici d’un jugement moral d’inclination, qui fait qu’on regarde comme bon ce à quoi on incline, de sorte qu’à défaut d’avoir été éduqué dans la vertu, on sombrera dans le vice. Pour ces motifs, n’était que souhaitable que Dieu révéla aux hommes ce qu’ils doivent faire. Les commandements divins sont une miséricorde que Dieu nous fait.

De trois, puisque vous admettez vous-même la loi morale, vous affirmez du fait même qu’elle exige, donc commande, d’agir ou de ne pas agir : « ne pas voler, ne pas tuer ». Vous affirmez vous-même l’existence des commandements. Serait-ce donc que vous puissiez dire à quoi la loi morale engage, mais que Dieu, autorité suprême, ne le puisse pas ? Ce serait bien absurde…


ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 2:52
Quant à la question de faire du bien à son prochain, je ne vois pas de différence entre des chrétiens et des non croyants. Des deux côtés on trouve des égoïstes et des altruistes.
La différence est pourtant fondamentale, car il ne suffit pas d’être naturellement vertueux pour être un saint. C’est pour autant que vous soyez en état de grâce, et qu’ayant la foi, l’espérance et la charité - qui est un amour pour Dieu, le vrai Dieu, le Dieu de la foi théologale - que vous pourrez vivre en Christ, en communiant sacramentellement à Lui, pour qu’il vous porte et vous donne de vivre, par grâce, selon sa Loi. Comprenez bien que l’héroïcité des vertus morales est celle des vertus morales surnaturelles, qui ne sont surnaturelles que par l’influence de la grâce sanctifiante et des vertus théologales surnaturellement infuses, et que cette heroïcité n’est pas le formel mais le symptôme de la sainteté, dont le formel est la grâce sanctifiante et la charité, à supposer qu’on les distingue (avec saint Thomas d’Aquin) plutôt qu’on les confonde (avec saint François de Sales). C’est à la sainteté, d’ordre surnaturel, que nous sommes tenus : nous sommes tenus de vivre en Christ, pour qu’en Christ nous recevions l’adoption filiale, surnaturelle, et devenions fils du Père et cohéritiers de la gloire à venir. Les vertus des païens ne sont pas des vices, mais privées du surnaturel, elles ne suffisent pas au salut !

Aussi la charité pour le prochain relève t’elle de l’amour théologal pour le Dieu de la foi : la première des charités au prochain est de vouloir son salut : c’est une miséricorde spirituelle. Quant aux œuvres de miséricorde temporelle, dont l’enseignement sur le jugement dernier nous révèle toute l’importance :nourrir les affamés, vêtir ceux qui sont nus, soigner les malades, visiter les prisonniers… elles ne sont agrées du Christ que si faites par amour de Dieu. Comprenez que la charité est une philothéïe surnaturelle, pas une philanthropie naturelle : la philanthropie n’est surnaturelle et chrétienne qu’enracinée et articulée à la philothéïe surnaturelle ! C’est précisément là toute la différence entre le christianisme et le paganisme.


ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 2:52
Donc à la fin, à quoi servent les commandements ?
À vivre en Christ, en échappant à la puissance démoniaque sous laquelle le monde gît, passant des ténèbres du péché à la splendeur lumineuse de la résurrection. Les commandements divins éclairent la terre. Dieu soit béni.


Cordialement.
Bonjour Perlum Pimpum,
Je ne vais pas avoir le temps d'étudier votre longue dissertation, et m'en voyez navré...

Je vais essayer de réagir à quelques points précis.

Le domaine de la Foi (et donc de la Révélation, du soutien des Écritures, et de l'enseignement de l'Eglise assistée du Saint-Esprit) importe peu dans la démarche que je propose de comprendre, sur le plan de la seule raison, la pertinence pour Dieu d'adresser aux hommes un corpus de commandements. Donc déjà, on peut évacuer un large pan de considérations qui fonctionnent en vase clos, et n'apportent aucun éclairage.

Pour adopter votre angle de vue, Dieu est-il le souverain maître de l'univers et de la Création, il l'est incontestablement puisque le monde est dans sa main. Mais, qu'est-ce que cela change ? Dieu ordonne, l'homme désobéit. Et ensuite ? Qu'est-ce que cela changerait si Dieu n'ordonnait pas ? Rien. Dieu se dérangerait-il pour rien ?

Prenons l'idée de culte. Dieu lui-même le dit : je vomis vos offrandes qui ne me sont offertes que du bout des lèvres. C'est dans les prophètes, je cite de mémoire. Je renvoie également au psaume 50. À quoi sert le culte ? À rien. De toute façon, les saints anges rendent le vrai culte, la vraie liturgie est célébrée dans les cieux. Dieu n'est pas amoindri par l'absence de liturgie terrestre. Pour lui, rien ne change. Alors pourquoi nous ordonner de lui livrer un culte qui ne sert à rien ?

C'est pour nous éviter le dam, répondez-vous. Mais pourquoi ? On ne sait pas. Personne ne l'explique jamais. Je veux dire, en faisant abstraction de toute la mythologie du Salut (avec le Diable, Saint-Michel, etc.). Dieu pourrait très bien ne pas faire peser cette menace, et tout serait arrangé.

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par Thurar » jeu. 20 janv. 2022, 10:27

ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 2:52
ressentirait le besoin de nous ordonner ceci ou cela ? Qu'est-ce que ça change, au final ? La loi morale, l'homme est capable de la découvrir (ne pas tuer, ne pas voler, etc.).
Bonjour,
Oui mais, malheureusement, toute l'histoire nous prouve que cela ne suffit pas. Tout le monde peut connaître la loi morale, mais quand il s'agit de la mettre en pratique...
Comme dit saint Paul (Romains, chapitre 7) :

16 Or, si je ne veux pas le mal que je fais, je suis d’accord avec la Loi : je reconnais qu’elle est bonne.

17 Mais en fait, ce n’est plus moi qui agis, c’est le péché, lui qui habite en moi.

18 Je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans l’être de chair que je suis. En effet, ce qui est à ma portée, c’est de vouloir le bien, mais pas de l’accomplir.

19 Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas.

20 Si je fais le mal que je ne voudrais pas, alors ce n’est plus moi qui agis ainsi, mais c’est le péché, lui qui habite en moi.

21 Moi qui voudrais faire le bien, je constate donc, en moi, cette loi : ce qui est à ma portée, c’est le mal.

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par Perlum Pimpum » jeu. 20 janv. 2022, 8:15

ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 2:52
Oublions trente secondes les Écritures et la Révélation.
Jamais ! Car sauf à perdre la foi, nous est impossible de nous soustraire à la Révélation, fût-ce pour trente minutes ! La foi théologale est un assentiment intellectuel commandé par la volonté à ce que le vrai Dieu révèle. Cesser d’y assentir est cesser d’avoir la foi.

Dieu a donnê des commandements, c’est un fait, attesté par la révélation, à laquelle nous assentons par la foi, et à laquelle nous nous soumettons dans l’amour, car « qui aime Dieu accomplit ses commandements ».

ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 2:52
Pourquoi Dieu ressentirait le besoin de nous ordonner ceci ou cela ?
Votre question est d’abord profondément ambiguë, en tant que pouvant sous-entendre, par défaut d’évidence quant à sa réponse, que Dieu n’aurait pas donné de commandements. C’est pourquoi votre question mérite d’être interrogée : (1) S’agit-il, ayant la foi, de chercher à en avoir l’intelligence, en cherchant la raison de ce que nous croyons ? (2) S’agit-il tout au contraire de l’expression d’un doute, contraire à la foi, de celui qui, n’ayant pas l’évidence du pourquoi du commandement, remet en cause son existence même ? Pour le dire en termes scolastiques votre question se restreint elle au « propter quid » (au pourquoi du commandement) ou vise t’elle sournoisement au « quia » (au fait que le commandement nous est donné) ? Dans un cas vous cherchez à avoir l’intelligence de la foi, dans l’autre vous la mettez en cause, cessant du fait même d’avoir la foi, en suspendant votre assentiment au donné révélé.

Votre question est ensuite mal posée, car Dieu n’a pas besoin de donner des commandements : Dieu n’est aucunement nécessité par ses créatures. La question n’est donc pas celle du besoin qu’aurait Dieu de nous donner des commandements, mais celle de la libre volonté de Dieu nous créant pour nous ordonner à Lui comme à notre fin dernière absolue et surnaturelle, moyennant que vous vivions par grâce en conformité à sa Loi morale. De sorte que bien posée la question est : Dieu est-il le Seigneur Souverain à quoi tout est soumis ? Dieu est-il l’auteur et le donateur de l’être, de la vie, du sens de la vie, et de la norme morale ? La loi morale peut-elle avoir son fondement ultime ailleurs qu’en Dieu ? Si vous pensez que Dieu est Créateur, est la Cause efficiente première dont tout découle, vous répondrez affirmativement, et confesserez que le fondement de toute moralité crée est en Dieu, ce : (1) tant au regard de la Loi naturelle, puisque Dieu est l’auteur des natures, (2) que de la Loi divine positive, puisque la créature est soumise à l’arbitraire (la libre volonté) de Dieu ; ce d’ailleurs jusqu’en nos existences et nos natures, ce que nous sommes et le fait que nous soyons relevant de la libre volonté de Dieu, en d’autre termes de l’arbitraire divin, qui nous crée, nous conserve, et nous ordonne à la fin qu’il nous assigne. Dieu soit béni.

Pour ce qui est de la Loi morale naturelle, les théologiens catholiques se répartissent en deux obédiences.

  • (1) Pour les uns, elle découle de la nature même des choses, donc de Dieu ayant l’idée de toutes choses, l’intelligence divine étant, par le biais des idées divines, cause exemplaire de toutes choses. Les tenants de cette première opinion s’opposent entre eux quant à la nature des idées divines : (a) relations de raison à la Déité sur-exemplaire pour les uns (thomistes), (b) expresses mentales produites par Dieu ad intra pour les autres (scotistes). Aussi pensent-ils que le fondement ultime de la Loi naturelle est (a) dans l’essence divine elle-même, (b) ou dans l’intelligence divine ; son fondement prochain étant dans la volonté divine choisissant librement de créer celles des natures qu’il créera.
  • (2) Pour les autres (les nominalistes et plus généralement tous ceux qui nient l’existence des idées divines), l’unique fondement divin de l’ordre moral objectif est dans la volonté divine.
  • En tout état de cause, le fondement ultime de la morale est Dieu, auteur de l’ordre moral du seul fait qu’assignant la création à la fin à laquelle il l’ordonne et aux moyens qu’il ordonne à cette fin. Ou serait-ce que la souveraineté de Dieu sur sa création vous échappe ?

ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 2:52
Qu'est-ce que ça change, au final ? La loi morale, l'homme est capable de la découvrir (ne pas tuer, ne pas voler, etc.).
D’une, la loi morale ne se restreint pas à la seule Loi naturelle, la Loi divine positive étant aussi en cause. C’est ainsi que si la loi naturelle prescrit le culte de latrie, seule la loi positive précise qu’il est dû au Dieu Trine, Incarné, Sauveur et Juge, Tête de l’Église en grâce qui est son corps vivant ; et que ce culte n’est agréé de Dieu qu’autant que celui qui s’y livre est en état de grâce… De même les commandements relatifs aux sacrements ne relèvent pas de la Loi naturelle, et pourtant les accomplir est requis pour le salut s’il est vrai que le baptême est nécessaire au salut et que celui qui ne mange pas le corps du Christ n’a pas part à la vie éternelle… Bref l’ignorance des commandements conduit au dam… Bref, ça change tout.

De deux, quant aux seules dispositions de la Loi naturelle, si l’homme est capable d’en connaître par l’usage de sa seule raison, il est aussi capable de les méconnaître profondément : les consciences erronées existent ! Il suffit pour s’en convaincre de lire Platon : les hommes divergent profondément sur ce qui est moralement bon. Un quidam qui considèrerait que la loi naturelle n’est que la loi de la jungle, concluera qu’il est moral d’agir en prédateur, de tuer et piller autant que de besoin, à raison du primat du loup sur le mouton, du fort sur le faible, du maître sur l’esclave… De même celui qui, cédant au vif attrait du plaisir, agira en Sardanapale, considérant que son plaisir est un bien, jugera absurde les enseignements moraux relatifs à la tempérance, la pudeur, la chasteté… Ces erreurs dramatiques sont d’autant plus fréquentes que la nature humaine est déchue, obérée dans son intelligence et inclinée au péché dans sa volonté par la triple concupiscence héritée d’Adam, et que sauf à avoir été éduqué dès l’enfance dans les voies de la vertu, l’homme se trompera. Aristote parle ici d’un jugement moral d’inclination, qui fait qu’on regarde comme bon ce à quoi on incline, de sorte qu’à défaut d’avoir été éduqué dans la vertu, on sombrera dans le vice. Pour ces motifs, n’était que souhaitable que Dieu révéla aux hommes ce qu’ils doivent faire. Les commandements divins sont une miséricorde que Dieu nous fait.

De trois, puisque vous admettez vous-même la loi morale, vous affirmez du fait même qu’elle exige, donc commande, d’agir ou de ne pas agir : « ne pas voler, ne pas tuer ». Vous affirmez vous-même l’existence des commandements. Serait-ce donc que vous puissiez dire à quoi la loi morale engage, mais que Dieu, autorité suprême, ne le puisse pas ? Ce serait bien absurde…


ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 2:52
Quant à la question de faire du bien à son prochain, je ne vois pas de différence entre des chrétiens et des non croyants. Des deux côtés on trouve des égoïstes et des altruistes.
La différence est pourtant fondamentale, car il ne suffit pas d’être naturellement vertueux pour être un saint. C’est pour autant que vous soyez en état de grâce, et qu’ayant la foi, l’espérance et la charité - qui est un amour pour Dieu, le vrai Dieu, le Dieu de la foi théologale - que vous pourrez vivre en Christ, en communiant sacramentellement à Lui, pour qu’il vous porte et vous donne de vivre, par grâce, selon sa Loi. Comprenez bien que l’héroïcité des vertus morales est celle des vertus morales surnaturelles, qui ne sont surnaturelles que par l’influence de la grâce sanctifiante et des vertus théologales surnaturellement infuses, et que cette heroïcité n’est pas le formel mais le symptôme de la sainteté, dont le formel est la grâce sanctifiante et la charité, à supposer qu’on les distingue (avec saint Thomas d’Aquin) plutôt qu’on les confonde (avec saint François de Sales). C’est à la sainteté, d’ordre surnaturel, que nous sommes tenus : nous sommes tenus de vivre en Christ, pour qu’en Christ nous recevions l’adoption filiale, surnaturelle, et devenions fils du Père et cohéritiers de la gloire à venir. Les vertus des païens ne sont pas des vices, mais privées du surnaturel, elles ne suffisent pas au salut !

Aussi la charité pour le prochain relève t’elle de l’amour théologal pour le Dieu de la foi : la première des charités au prochain est de vouloir son salut : c’est une miséricorde spirituelle. Quant aux œuvres de miséricorde temporelle, dont l’enseignement sur le jugement dernier nous révèle toute l’importance :nourrir les affamés, vêtir ceux qui sont nus, soigner les malades, visiter les prisonniers… elles ne sont agrées du Christ que si faites par amour de Dieu. Comprenez que la charité est une philothéïe surnaturelle, pas une philanthropie naturelle : la philanthropie n’est surnaturelle et chrétienne qu’enracinée et articulée à la philothéïe surnaturelle ! C’est précisément là toute la différence entre le christianisme et le paganisme.


ademimo a écrit :
jeu. 20 janv. 2022, 2:52
Donc à la fin, à quoi servent les commandements ?
À vivre en Christ, en échappant à la puissance démoniaque sous laquelle le monde gît, passant des ténèbres du péché à la splendeur lumineuse de la résurrection. Les commandements divins éclairent la terre. Dieu soit béni.


Cordialement.

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par cmoi » jeu. 20 janv. 2022, 7:19

Trinité a écrit :
mer. 19 janv. 2022, 23:38
Le calcul de Dieu est certainement différent du notre, car lui seul connait nos âmes , mais l'enfer doit être plein et le paradis bien vide sur la base de ces statistiques! :(
En d'autres termes c'est effrayant, et ce qui l'est le plus c'est que cela correspond à bien des propos de Jésus rapportés par les évangiles.
Mais tout comme vous, je crois en la miséricorde, et je crois qu'en dépit de la délégation remise entre les mains des apôtres, où il semble s'en remettre à eux pieds et mains liées, il a conservé son autonomie et sa liberté, n'est pas compromis dans ce qui lui est frelaté, et saura corriger/rectifier les erreurs de son Eglise.
La Vérité ne peut se tromper ni se laisser abuser, elle ne peut qu'être ce qu'elle est.
Ce dont l'Eglise n'a jamais disconvenu, puisqu'elle a toujours affirmé qu'en dernier ressort, le dernier mot Lui revenait ainsi qu'au for interne de chaque personne. Mais au niveau des inévitables apparences, du for externe, il se sent bien qu'elle ne joue pas sa partie au mieux, en toute transparence de Sa volonté, et malheureusement cela nous complique beaucoup les choses car cela rend certaines désobéissances vertueuses, et beaucoup qui ne le sont pas s'en servent pour nous égarer, et certaines obéissances erronées, or beaucoup qui obéissent sont dans la lumière.
Il n'en demeure pas moins qu'il est bon que les choses soient quelquefois clarifiées par un bon rayon de lumière sur tout l'horizon et jusqu'aux moindres endroits cachés, et que le but ou le remède ne saurait et ne peut pas être que la désobéissance vertueuse gagne, mais que le chef rectifie le critère ou filtre externe et l'ajuste mieux pour que ceux qui sont dans l'ombre encore voient la lumière - et leurs fautes - et se convertissent.
Autrement dit reprennent le bon chemin en toute transparence, ou sinon soient confondus. Mais beaucoup continueront à apprécier le mélange, ils ont un "goût" frelaté, et c'est bien ce qui déplaît le plus à Jésus et cela se comprend.
Ce pour quoi ceux qui ne sont pas "le chef", le mieux qu'ils aient à faire pour la communauté soit de permettre la distinction et de rendre à chaque élément ce qui lui revient et son affiliation. Ce qui est possible à beaucoup de prétendants, mais tous n'ont pas une bonne santé et donc une bonne vue ! Et puis c'est bien connu, le mal copie le bien et sème la zizanie. Invoquer le St -Esprit ne veut pas dire qu'il arrivera et nous soutient, il faut pour cela que nous lui soyons une demeure accueillante et il ne pourra venir que là où une place lui aura été faite : peu supportent ce vide et ce silence de l'attente !

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par ademimo » jeu. 20 janv. 2022, 2:52

Perlum Pimpum a écrit :
lun. 17 janv. 2022, 11:17
ademimo a écrit :
lun. 17 janv. 2022, 1:05
Je vais mettre les pieds dans le plat, mais pourquoi voulez-vous absolument que Dieu adresse aux hommes des "commandements" ?
Parce que Dieu nous l’enseigne dans la Révélation, de sorte qu’ayant la foi nous recevons son enseignement, et qu’ayant la charité nous accomplissons sa sainte volonté, selon qu’il est écrit : « Qui aime Dieu accomplit ses commandements » (voyez Jn. XIV, 21-23 ; I Jn. V, 3 ; II Jn. I, 6).

Et parce que de Dieu aux hommes, le rapport est celui du Seigneur Souverain à ses créatures assujetties à la Loi divine.
Oublions trente secondes les Écritures et la Révélation. Pourquoi Dieu ressentirait le besoin de nous ordonner ceci ou cela ? Qu'est-ce que ça change, au final ? La loi morale, l'homme est capable de la découvrir (ne pas tuer, ne pas voler, etc.). Quant à la question de faire du bien à son prochain, je ne vois pas de différence entre des chrétiens et des non croyants. Des deux côtés on trouve des égoïstes et des altruistes.

Donc à la fin, à quoi servent les commandements ?

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par Trinité » mer. 19 janv. 2022, 23:38

cmoi a écrit :
mer. 19 janv. 2022, 4:55
Trinité a écrit :
mar. 18 janv. 2022, 22:34
Une question :
A quel moment l'Eglise a t'elle décrété que , le manque à la messe du dimanche était considéré comme péché mortel ?
Il a toujours existé des préceptes, mais ceux-ci ont été formalisés en commandements vers le milieu du XV ème siècle, quand la papauté était à Avignon et avant le grand schisme.
Je ne reviendrai pas sur les raisons de cet « exil » (conflit politique entre le roi de France et le pape) car la raison s’en trouve plutôt selon moi dans l’existence de courants qui donneront lieu plus tard au protestantisme, d’ailleurs le Concile de trente a repris 1 siècle plus tard ces commandements à son compte et s’est appuyé dessus.
Le plus important me semble être d’en retenir :
  • Que l’Eglise les a fixés pour nous aider à accomplir les commandements de Dieu, ils ont donc une visée pastorale haute.
    Que c’est son droit d’en fixer et notre devoir de les observer (cela découle de la délégation reçue de Jésus) sous peine de faute aussi grave qu’à l’égard des commandements divins.
    Que depuis disons le dernier concile mais déjà avant, la tendance a été de les alléger pour en privilégier l’esprit sur la lettre, surtout concernant le jeûne et l’abstinence. Au point que le pape a donné délégation aux évêques nationaux de les préciser mieux,
sur la base commune de :
  • Messe du dimanche et aux fêtes d’obligation (certains pays comme l’Espagne en ont bien plus que nous ! ) mais plus largement et cela s’oublie : sanctification de ces jours !
    Communion annuelle au moins 1 fois au temps pascal et au moins 1 confession annuelle
    Jeûne et abstinence (c’est là où chaque pays a le plus varié, outre les fêtes d ‘obligation)
    Enfin l’aide financière apportée à l’Eglise.
Il s’agit clairement d’un minimum aux yeux de l’Eglise, cela se voit bien quant à la communion et la confession ( et devrait se voir aussi d’une seule messe hebdomadaire mais le dimanche !).
Dans ce contexte, il y a formellement une forte présomption de damnation pour tous les catholiques qui ne sont pas pratiquants - voire les pratiquants qui se contentent d’en être quitte en assistant à la messe !
Et on voit bien que cela n’a pas été remis à jour depuis longtemps concernant ce dont j’ai fait ici le sujet, depuis que l’Eglise a perdu une mainmise qui faisait d’un laïc une sorte de « moine bis », dans le genre du tableau champêtre de l’angélus.
Merci cher c moi pour ces infos claires.

En partant de ces critères, et en considérant la fréquentation de nos Eglises par des catholiques pratiquants en France à notre époque , de l'ordre de 3 % de la population, je me faisais cette réflexion.
Le calcul de Dieu est certainement différent du notre, car lui seul connait nos âmes , mais l'enfer doit être plein et le paradis bien vide sur la base de ces statistiques! :(

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par cmoi » mer. 19 janv. 2022, 4:55

Trinité a écrit :
mar. 18 janv. 2022, 22:34
Une question :
A quel moment l'Eglise a t'elle décrété que , le manque à la messe du dimanche était considéré comme péché mortel ?
Il a toujours existé des préceptes, mais ceux-ci ont été formalisés en commandements vers le milieu du XV ème siècle, quand la papauté était à Avignon et avant le grand schisme.
Je ne reviendrai pas sur les raisons de cet « exil » (conflit politique entre le roi de France et le pape) car la raison s’en trouve plutôt selon moi dans l’existence de courants qui donneront lieu plus tard au protestantisme, d’ailleurs le Concile de trente a repris 1 siècle plus tard ces commandements à son compte et s’est appuyé dessus.
Le plus important me semble être d’en retenir :
  • Que l’Eglise les a fixés pour nous aider à accomplir les commandements de Dieu, ils ont donc une visée pastorale haute.
    Que c’est son droit d’en fixer et notre devoir de les observer (cela découle de la délégation reçue de Jésus) sous peine de faute aussi grave qu’à l’égard des commandements divins.
    Que depuis disons le dernier concile mais déjà avant, la tendance a été de les alléger pour en privilégier l’esprit sur la lettre, surtout concernant le jeûne et l’abstinence. Au point que le pape a donné délégation aux évêques nationaux de les préciser mieux,
sur la base commune de :
  • Messe du dimanche et aux fêtes d’obligation (certains pays comme l’Espagne en ont bien plus que nous ! ) mais plus largement et cela s’oublie : sanctification de ces jours !
    Communion annuelle au moins 1 fois au temps pascal et au moins 1 confession annuelle
    Jeûne et abstinence (c’est là où chaque pays a le plus varié, outre les fêtes d ‘obligation)
    Enfin l’aide financière apportée à l’Eglise.
Il s’agit clairement d’un minimum aux yeux de l’Eglise, cela se voit bien quant à la communion et la confession ( et devrait se voir aussi d’une seule messe hebdomadaire mais le dimanche !).
Dans ce contexte, il y a formellement une forte présomption de damnation pour tous les catholiques qui ne sont pas pratiquants - voire les pratiquants qui se contentent d’en être quitte en assistant à la messe !
Et on voit bien que cela n’a pas été remis à jour depuis longtemps concernant ce dont j’ai fait ici le sujet, depuis que l’Eglise a perdu une mainmise qui faisait d’un laïc une sorte de « moine bis », dans le genre du tableau champêtre de l’angélus.
Trinité a écrit :
mar. 18 janv. 2022, 23:30
Je pense que cette solution, ne viderait pas les Eglises du nombre de paroissiens la fréquentant à l'heure actuelle , mais je me demande si elle ramènerait beaucoup de fidèles ...tièdes .
Je vous remercie de votre avis qui rejoint le mien.
J’osais espérer que l’épouvantail de l’excommunication puisse en remmener certains, mais sinon il aurait le mérite d’être clair et cohérent, Je suppute que si les pieds n’ont pas été mis dans le plat depuis longtemps par la papauté, c’est par crainte du résultat disons « statistique » : les cathos ne seraient plus très nombreux.
Et aussi par peur de perdre de l’influence sur les « tièdes » mais je pense que cela aboutit au résultat opposé.
Mais c'est un très mauvais calcul... Je crois impératif de recadrer les choses !

Je préfère une situation claire avec un petit nombre, qu’un délitement progressif qui ouvre à toutes les critiques, y compris (soit dit en passant) à une confusion extrême de la part des tradis (dont la plupart des critiques non fondées ne portent que sur les non pratiquants et « noient le poisson »)

Le « ressenti » exprimé ici par Nicolas, sa réticence à ce que l’Eglise prenne en charge quelque chose qui devrait être selon lui (mais c’est je crois l’opinion commune) du ressort de chacun, cela fait directement « offense » à la raison d’être de ces commandements et montre bien la rupture entre la réalité et ce qui est devenu une utopie pieuse de l’Eglise, donc à sa mission même.
On est là dans une sorte d’attitude schismatique au moins égale à celle des tradis et qui vise moins le pape que l’Eglise en tant qu’institution !

Re: Le premier commandement de l'Eglise (et peut-être plus...)

par Trinité » mar. 18 janv. 2022, 23:30

c moi,

Vous dites:

Concernant la fréquentation, je pense avoir clairement laissé entendre que l’obligation serait selon moi à « descendre » à une douzaine par an, à cause de la nécessité pour certains d’en avoir une à observer. Ce qui est faire preuve de souplesse…

Hum!

Je pense que cette solution, ne viderait pas les Eglises du nombre de paroissiens la fréquentant à l'heure actuelle , mais je me demande si elle ramènerait beaucoup de fidèles ...tièdes .

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