La démonstration par la raison naturelle de l’existence de Dieu n’est ni la foi en Dieu ni moins encore l’intuition (vision intuitive) de Dieu ! C’est une démonstration opérée par les seules forces de la raison !!!Ombiace a écrit : ↑jeu. 04 nov. 2021, 3:07C'est que .. la raison naturelle invoquée par l'Eglise n'a pas à mes yeux valeur de démonstration, en ceci que je réserve cette terminologie (démonstration) pour le domaine des hypothèses déductions. Ce que l'Eglise appelle "raison naturelle" serait pour moi davantage de l'intuition, ou même de la foi.
- « La même sainte Église, notre Mère, tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées, car, "depuis la création du monde, ce qu'il y a d'invisible se laisse voir à l'intelligence grâce à ses oeuvres" (Rm 1,20). Vatican I, Constitution dogmatique Dei Filius, chapitre 2
- « Si quelqu'un dit que le Dieu unique et véritable, notre Créateur et Seigneur, ne peut être connu avec certitude par ses oeuvres grâce à la lumière naturelle de la raison humaine, qu'il soit anathème. » Vatican I, Constitution dogmatique Dei Filius, canon 1 du chapitre 2
Ce que l’Église appelle démonstration, c’est une démonstration… : ici une démonstration a posteriori qui, partant des effets, remonte à leur Cause.
1° Il y a deux ordres distincts de connaissances, l’un naturel, l’autre surnaturel :
- « L'Eglise catholique a toujours tenu et tient encore qu'il existe deux ordres de connaissance, distincts non seulement par leur principe, mais aussi par leur objet. Par leur principe, puisque dans l'un c'est par la raison naturelle et dans l'autre par la foi divine que nous connaissons. Par leur objet, parce que, outre les vérités que la raison naturelle peut atteindre, nous sont proposés à croire les mystères cachés en Dieu, qui ne peuvent être connus s'ils ne sont divinement révélés. » Vatican I, Constitution dogmatique Dei Filius, chapitre 4.
3° L’Église affirme donc ce que vous niez… C’est bien pourquoi vous ne recevez pas ce que l’Église enseigne…
Pour le dire autrement, vous affirmez contradictoirement (donc faussement, d’une fausseté dont j’ai du mal à croire qu’elle vous échappe…) que l’existence de Dieu est et n’est pas démontrable en raison. En effet vous affirmez : 1° que fondamentalement elle ne l’est pas, à suivre votre conception du « démontrable » abusivement réduit par vos soins à l’hypothético-déductif ; 2° mais puisque l’Église dit qu’elle est démontrable, vous acceptez que cette existence soit dite démontrable, à condition qu’il soit entendu qu’en réalité elle ne l’est pas : qu’elle ne soit pas une démonstration rationnelle par la lumière naturelle de la raison mais, toujours à vous suivre, une connaissance atteinte par la lumière surnaturelle de la foi ou de l’intuition mystique. Vous niez donc ce que l’Église affirme…
[Suppression d'éléments ad hominem inutiles]
Par définition l’abstraction de l’intelligible se fait à partir d’un donné sensible, empiriquement saisi, duquel l’intellect agent abstrait l’intelligible.
Ombiace a écrit : ↑jeu. 04 nov. 2021, 3:07Oui, le mot "disposition" convient, d'autant que l'adjectif associé est "dispos". Encore faut-il que l'ignorant n ait pas l'esprit encombré par d'autres considérations préoccupantes, bien évidemment.Perlum Pimpum a écrit : ↑jeu. 04 nov. 2021, 2:23Donc pour vous un théologien a une disposition moindre à l'état contemplatif qu'un homme ignorant, parce qu'il a la tête pleine d'imaginations, de représentations, d'opinions et de spéculations ? Ceci résume-t-il bien votre pensée ?
J’avais compris que votre discours est entaché de quiétisme ; vous m’en donnez ici confirmation.
Je vous met ici la soixante-quatrième proposition de Miguel de Molinos, condamnée par Décret du Saint-Office, 23 novembre 1670, comme scandaleuse et proche de l’hérésie. Vous y trouverez en italique la proposition condamnée à laquelle vous souscrivez :
« Un théologien a une disposition moindre à l'état contemplatif qu'un homme ignorant premièrement parce qu'il n'a pas une foi aussi pure ; deuxièmement parce qu'il n'est pas aussi humble ; troisièmement parce qu'il n'a pas autant le souci de son propre salut ; quatrièmement parce qu'il a la tête pleine d'imaginations, de représentations, d'opinions et de spéculations, et que la vraie lumière ne peut pas entrer en lui. »
Comme je suis sympa, je vais vous expliquer. On admet certes, en nous fiant au témoignage de nos grands mystiques, que les plus hautes demeures de la contemplation mystique sont caractérisées par un état de passivité. Mais :
- D’une, jamais cette passivité ne peut être prétexte à la cessation des actes de foi, d’espérance et de charité ; cette cessation étant l’annihilation de toute vie spirituelle. En d’autres termes, loin d’être totale, cette passivité à la grâce est compatible à l’activité psychique se dêployant dans les actes des vertus théologales. De tels actes sont antécédents, concomitants, et conséquents à l’infusion des lumières mystiques.
- De deux, le Christ, en son humanité, jouissait de la vision intuitive. Nonobstant il agissait. Et notamment, il prêchait. Quand il parlait en mots humains, il se servait de sa propre conceptualité et de son idiome (langage) : loin de pousser des cris saugrenus, il parlait un langage d’homme : il pensait et parlait… Ceci prouve que la passivité absolue de l’intelligence et de la volonté n’est aucunement requise aux sommets de la vie mystique.
- Enfin, quant à cette passivité relative dont parlent les mystiques, même à être dans un profond état de passivité au moment de l’infusion des lumières mystiques, l’intellect va y réagir. En termes aristotéliciens, dans le processus d’illumination mystique, Dieu infuse directement en « l’intellect patient » quelque chose, nommé « espèce impresse », qui imprimé dans l’intellect va le faire réagir et produire une « espèce expresse » : l’intellect surélevé par l’impression divine va exprimer ce qui est imprimé en lui, en une expression, une « espèce expresse », tributaire de sa propre conceptualité et de son langage. Cette conceptualité pouvant être défaillante, s’explique pourquoi l’Église confia à l’Inquisition le soin de contrôler les assertions des mystiques : même un vrai mystique (par opposition au faux-mystique, mystificateur sinon mystifié par les puissances démoniaques) peut tenir des propos erronés (puisque son expression sera tributaire d’une conceptualité pouvant être défaillante), sauf à jouir d’une assistance toute spéciale de l’Esprit. Aussi, de ce point de vue, loin d’être un obstacle à la vie mystique, la haute culture théologique sera un cadre particulièrement adapté à l’expression humaine des lumières divinement infuses. Ce ne sera peut être pas adapté à la pastorale, qui exige nombre de simplifications pour être entendue de tous, mais ce sera particulièrement adapté à l’expression doctrinale rigoureuse et précise si nécessaire à la vie de l’Église, le pastoral étant toujours en aval du doctrinal…
Cordialement.