Pellicer, de l'aveu même de Messori, était de "moralité douteuse". J'ai donné la référence. Le chirurgien Estanga était un catholique militant, confrère en inquisition d'un des juges ecclésiastiques. Le cas du Dr Van Hoestenberghe, dans l'affaire du miracle De Rudder, montre qu'au cours des années, la mémoire d'un médecin catholique peut travailler en faveur du surnaturel. Estanga déclare qu'il n'a appris le nom de l'amputé que "par après", ce qui ne donne pas l'impression qu'il s'était intéressé au cas de très près. Il est affirmatif sur l'identité ente l'amputé et Pellicer, mais deux personnes le sont moins. Donc, si on fait abstraction des affirmations d'un mendiant à la moralité douteuse, ce qu'il y a de plus solide est une reconnaissance de visage à trois années de distance. (A ma connaissance, on n'a pas fait état, lors du procès, d'une trace écrite de l'amputation de Pellicer dans les registres de l'hôpital.) Eh bien, sans affirmer qu'Estanga ait menti délibérément, on peut trouver que c'est peu, on peut trouver que de tels témoignages ne sont pas très fiables. Ajoutez à cela que l'Eglise s'est montrée tout de suite favorable à la thèse surnaturelle (messe d'action de grâces dès le matin du miracle), ce qui ne devait pas inciter les villageois ou les subordonnés d'Estanga à entrer dans de subtiles considérations sur la faillibilité de leurs observations et de leurs souvenirs. Si on venait vous célébrer un miracle d'une autre religion sur une base pareille, un miracle dont le principal témoin serait un imam prônant la charia pour la France et fichant les "ennemis de l'islam", vous convertiriez-vous à l'islam ?Raistlin a écrit : Eh bien justement, vous avez la charge de prouver que les témoins ne sont pas fiables. J’attends toujours.
Je croyais avoir distingué clairement entre un raccourcissement réel de 5,5 mm de l'os, dû à la fracture (chose courante) et un raccourcissement apparent de quelques centimètres de la jambe droite, dû à ce que, dans les premiers temps du rétablissement de la fonction, l'atrophie musculaire affaiblissait les extenseurs du genou, ce qui devait avoir pour effet que le genou restait fléchi pendant la marche, de sorte que le pied droit se trouvait plus haut que le pied gauche, d'où l'impression erronée que la jambe droite était de plusieurs centimètres plus courte que l'autre.Raistlin a écrit : Quel rapport entre la force des extenseurs et la taille des os ? D’ailleurs, vous vous empêtrez dans les contradictions: si selon vous le jeune Pellicer avait fini sa croissance au moment de « l’accident », comment expliquer qu’une jambe ait été plus courte que l’autre à cause d’une atrophie ? Depuis quand des os (un tibia en l’occurrence) raccourcissent-ils lorsqu’on plie un membre, même pendant longtemps ?
Ángel Briongos Martínez et Antonio Gascón, "El milagro del cojo de Calanda, a debate", revue “Más Allá”, n° 133, mars 2000, citent le livre du chanoine Leandro Aina Naval, “El milagro de Calanda a nivel histórico”, édité en 1972, où on lit : "En el mes de septiembre del año 1949 se realizó en la zona señalada una diligencia en la que participaron varios médicos de Zaragoza, en presencia de la autoridad eclesiástica; se excavó una sepultura y se encontró una huesa, cuyo reconocimiento no dio resultado positivo."Raistlin a écrit :Et au passage, j’attends toujours les sources fiables pour cette exhumation et ces 5.5 mm. Messori, lui au moins, cite ses sources.
Briongos Martínez et Gascón disent toutefois que ce passage contient deux inexactitudes : l'année de l'exhumation n'est pas 1949 mais 1950, et le résultat fut plutôt en faveur de l'identité avec Pellicer.
Ils se fondent pour cela sur le rapport d'exhumation, qu'ils ont consulté "en el Archivo Diocesano de Zaragoza" (et dont il résulte d'ailleurs qu'il y eut deux exhumations en 1950).
Ils citent ensuite des conclusions formulées lors de la seconde exhumation (l'exhumation officielle) par "Valentín Pérez Argilés, catedrático de medicina Legal; Tomás Lerga Luna, académico de Medicina, y su ayudante, Eduardo Mª Martín Muñoz, todos ellos de la Universidad de Zaragoza". Parmi ces conclusions, il y a celle-ci : “La irregularidad existente en la tibia derecha y el hecho de ser 5.5mm. más corta que la izquierda, inversamente a la norma (sin que tan pequeña diferencia pudiera producir claudicación) son dos circunstancias que, aunque de valor limitado, pueden estimarse como meros indicios a favor de la identificación de Miguel Pellicer.”
Briongos Martínez et Gascón s'étonnent que les journaux n'aient pas parlé de l'exhumation à l'époque, alors que la presse était présente à la cérémonie. Ils s'étonnent aussi que Messori n'en dise rien, alors qu'il a été en relations avec Tomás Domingo Pérez, archiviste de l'archevêché de Saragosse et spécialiste du miracle de Calanda.
Ils reproduisent la photo des chaussures de l'exhumé et disent qu'elles sont inégales. (Je ne peux pas le confirmer, la photo ne me semble pas assez claire.)
Je ne vous apprends rien, vous avez bien dit que vous avez lu cet article de Briongos Martínez et Gascón. Que trouvez-vous de non fiable dans ces affirmations précises, publiées dans une revue pour grand public et qu'à ma connaissance l'Eglise n'a jamais démenties ? Je serais curieux de vous voir donner des motifs de non-fiabilité qui ne vaudraient pas aussi, mutatis mutandis, contre le témoignage du chirurgien Estanga.
En lisant le livre de Messori, je n'ai pas été frappé par des dizaines de témoignages probants, je n'ai rien remarqué de très supérieur à ce que des naïfs disent au sortir d'une séance de tables tournantes au cours de laquelle j'ai vu moi-même qu'il ne s'est rien passé de tel. Les simulateurs font des dupes et en faisaient beaucoup à l'époque. Les profanes observent mal les faits médicaux, ajoutez-y le désir de convaincre les autres quand on est soi-même convaincu, et aussi la crainte de contredire une Eglise qui a déjà montré qu'un miracle lui ferait plaisir, tout cela peut faire converger les témoignages dans le sens du surnaturel. Je suppose une convergence rare ? Vous aussi, vous supposez quelque chose de très rare : Dieu lui-même ne procède que très rarement au rattachement d'une jambe amputée.Raistlin a écrit :Mais de toute façon, cette explication est en frontale contradiction avec TOUS les témoignages qui ont assuré avoir vu le jeune Pellicer sans sa jambe. Votre théorie est improbable car elle manque de simplicité : elle implique de tenir que les dizaines de témoins étaient soit idiots, soit malhonnêtes, soit aveugles.
Vous avez dit vous-même que vous avez consulté l'article de Briongos Martínez et Gascón quand il était disponible sur Internet. Ils citent le rapport d'exhumation qui se trouve aux archives diocésaines de Saragosse. Au fait, pourquoi n'écririez-vous pas à l'archevêché de Saragosse en faisant état de la vaillance avec laquelle vous défendez le miracle de Calanda ? Vous diriez : "J'ai traité publiquement Briongos Martínez et Gascón de menteurs, parce que c'est ainsi que doivent être traités des gens qui pensent qu'un chirurgien catholique peut commettre une erreur de mémoire. Puis-je vous prier de démentir... ", et vous préciseriez ici ce qui vous déplaît si fort dans les allégations de Briongos Martínez et Gascón. (C'est quoi, au fait, ce qui vous déplaît si fort dans leurs allégations ?)Raistlin a écrit :Je veux bien vos sources s’il-vous-plaît. Parce que vous citez un article mais nul ne l’a consulté.
Quels sont les faits qui accréditent votre théorie sur Briongos Martínez et Gascón ?Raistlin a écrit :Le problème, c’est qu’aucun fait n’accrédite votre théorie.
J'ai bien dit que je ne prétends pas prouver que le miracle de Calanda n'a pas eu lieu, je prétends seulement que les preuves qu'on en donne ne sont pas très convaincantes, même si on n'exige pas une preuve scientifique et qu'on se contente d'une appréciation raisonnable du témoignage humain. Au risque de me répéter : guérison d'une infirmité qui était souvent simulée avec succès à l'époque, moralité douteuse du bénéficiaire du miracle, importance capitale d'une reconnaissance de visage à trois ans de distance...Raistlin a écrit :Avec votre méthode, je peux « prouver » que vous n’êtes pas le fils de vos parents.
S.