Cher Gérard,
gerardh a écrit :Que désigne le mot croire ? On pourrait commencer par citer Romains 10, 9 sqq : «si tu confesses de ta bouche Jésus comme Seigneur et que tu croies dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. Car du cœur on croit à justice, et de la bouche on fait confession à salut. Car l’écriture dit : «Quiconque croit en lui ne sera pas confus» [Ésaïe 28:16].
Il s’agit donc d’une conviction, non seulement intellectuelle ou conventionnelle, mais d’une certitude qui pénètre profondément jusqu’au plus profond de l’être du croyant. Cela est permis par la nouvelle naissance qu’acquiert le chrétien du fait de sa conversion, et par le fait qu’il est scellé du Saint Esprit, en tant que personne divine qui vient faire son habitation en lui.
Celui qui croit acquiert une nouvelle nature, qui par l’Esprit, l’incite aux bonnes œuvres, sans que ces dernières aient une vertu expiatoire.
Nous allons finir par être presque d'accord. Si je vous suis, pour vous, la vraie Foi implique les bonnes œuvres et une Foi sans œuvre est fausse. On peut dire les choses comme cela. Pour moi il y a une nuance: il n'y a pas une alternative simple avoir la foi et être sauvé / ne pas l'avoir et être condamné. On peut avoir une foi insuffisante, qui se manifeste par des œuvres en partie bonnes, en partie mauvaises. Je crains que ce soit notre sort commun, et qu'il nous faille espérer en la miséricorde de Dieu.
Ananias et Saphira étaient des croyants, mais ils ont commis un péché à la mort, si grave pour l’époque qu’il a entraîné ipso facto la mort de leur corps. Mais je pense que cela n’a pas remis en cause leur salut éternel : ils ont été sauvés comme à travers le feu (1 Cor 3 je crois).
Le Purgatoire ?
Nous serions d'accord.
D’après de nombreux commentateurs, Simon le magicien, bien que baptisé, n’avait pas la vie de Dieu, c'est-à-dire n’était pas chrétien, tout au moins à l’époque de la commission de son péché de simonie (lequel a été largement imité par la suite).
Certes. Donc une déclaration de foi extérieure ne suffit pas.
Vous avez raison de dire que Paul « engueulé » les corinthiens et les galates. J’ai employé ce terme dans mon groupe chrétien et cela a été diversement apprécié, mais le fait était là. Mais ces admonestations ne visaient pas à remettre en cause leur salut éternel.
C'est là que je ne peux vous suivre. S'il ne s'agit pas de leur salut, pourquoi une telle violence de la part de Paul ? Y a-t-il vraiment des choses importantes, suffisamment pour justifier de telles lettres, mais qui n'ont aucun rapport avec le salut ? Je ne peux le croire. Si le salut est assuré, plus rien n'a d'importance.
L’Epître de Jacques a été totalement incomprise de beaucoup, même parmi les Réformateurs. A cet égard je pourrais développer ce thème. Notons que la Parole de Dieu ne peut pas se contredire.
C'est bien précisément pour cela qu'il faut comprendre ce qui est écrit sur le salut garanti à ceux qui croient à la lueur de ce que dit Jacques (qui n'est pas le seul. Voir le jugement dernier chez Matthieu): la foi n'est rien sans les œuvres
Ce qui a été retranché selon vous par la sphère protestante : vous citez des versets qui ont été totalement incompris, voire pervertis, par le catholicisme.
Ça, c'est un peu facile. Ils me semblent fort clairs, au contraire. Mais je ne demande qu'à connaître votre interprétation non pervertie.
Ephésiens 2, 20 : « ayant été édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin ». Il y a certes d’autres passages qui disent aussi que le fondement c’est le Christ.
Il ne s'agit pas ici de la Foi, mais de l'Église. Effectivement, les fondations de l'Église sont les Apôtres. Et l'Église n'a pas été fondée pour une génération. C'est pourquoi après les Apôtres sont venus les évêques, leurs successeurs.
Ce ne sont pas les Apôtres qui "achèvent la Bible".
Colossiens 2 (en fait 1, EL), 25 : « moi je suis devenu serviteur selon l’administration de Dieu qui m’a été donnée envers vous, pour compléter la parole de Dieu ». Certes tous les écrivains inspirés du NT n’étaient pas des apôtres, mais ils écrivaient sous couvert de l’autorité apostolique, du vivant de ces derniers.
La dernière affirmation est parfaitement gratuite.
Pour ce qui de votre citation, nous allons être confrontés à un douloureux problème de traduction. Le texte grec est "ekklesia es egenomen ego diakonos kata ten oikonomian tou theou ten dotheisan moi eis umas plerosai ton logon tou theou"
Je reconnais volontiers qu'il n'est pas commode (s'il y a ici un bon helléniste, j'aimerais beaucoup avoir son opinion sur la construction de la phrase et son sens)
Mais votre Darby est le seul à donner à ce verset ce sens curieux.
La Bible de Jérusalem donne : Car je suis devenu ministre de l'Eglise, en vertu de la charge que Dieu m'a confiée, de réaliser chez vous l'avènement de la Parole de Dieu
La traduction liturgique: De cette Église, je suis devenu ministre, et la charge que Dieu m'a confiée, c'est d'accomplir pour vous sa parole,
La TOB:j'en suis devenu le ministre en vertu de la charge que Dieu m'a confiée à votre égard:achever l'annonce de la parole de Dieu
Segond, qu'on ne saurait soupçonner de catholicisme: C'est d'elle que j'ai été fait ministre, selon la charge que Dieu m'a donnée auprès de vous, afin que j'annonçasse pleinement la parole de Dieu,
Leur diversité confirme que le texte n'est pas simple. Le verbe plero peut avoir bien des sens autour de l'idée de remplir, et la construction de la phrase est acrobatique.
Il est quand même difficile de prétendre renverser la doctrine qui est celle de l'Église depuis plus de dix-neuf siècles à partir d'une traduction pour le moins douteuse.
D'ailleurs, même de votre point de vue, cette version Darby ne me semble pas satisfaisante:
1) Si c'est Paul qui est chargé de "compléter la parole de Dieu", quid des autres Apôtres ? À quoi servent-ils dans votre construction ? Il parle clairement à la première personne du singulier.
2) Pourquoi "eis humas" (pour vous, i e pour les Philippiens) ? D'après vous, il s'agissait de compléter la bible pour tous les hommes, non ? Ça semble prouver que ce n'est pas cela, mais l'annonce précise de la Parole à Philippes.
Il y a bien sûr là derrière (mais vous ne me croirez pas) votre contresens numéro un: pour vous, ton logon tou theou renvoie forcément à un texte écrit, alors que pour Paul il s'agit d'une annonce orale.
avec un culot certain, le discours de Paul à des Éphésiens (Ac 20). Vous omettez de préciser qu'il s'adresse aux "anciens", c'est à dire aux prêtres (presbuteroi).
Merci pour « le culot certain ! ». Les anciens, ou surveillants, ou presbytres, ou épiscopes, n’avaient pas d’autorité hiérarchique sur leurs frères. Cela fut une déviation de la période ultérieure. Ils étaient mis en place par les apôtres ou leurs légats au temps de l’existence de ces apôtres. Il n’y a aucune certitude que cela ait été systématique. Par ailleurs après le départ des apôtres, nul n’avait plus l’autorité de le faire. Néanmoins, à titre informel, il y a encore des chrétiens qui ont des capacités de surveillants ou de serviteurs : nous devons reconnaître de telles personnes.
De rien pour le culot (comme on connaît ses saints, on les honore). Nous progressons en ce que vous admettez (enfin !) que ce discours ne s'adresse pas aux Éphésiens, mais à certains d'entre eux, que vous pouvez appeler prebytres si le mot prêtres vous arrache la bouche (ou le clavier), que Paul avait convoqué à Milet d'où ils partait pour Jérusalem.
S'ils n'avaient aucune autorité hiérarchique, pourquoi Paul a-t-il choisi de s'adresser à eux ?
Surtout, pourquoi leur dit-il, comme je le citais (vous l'avez escamoté) ""Soyez attentifs à vous-mêmes, et à tout le troupeau dont l'Esprit Saint vous a établis gardiens pour paître l'Eglise de Dieu, qu'il s'est acquise par le sang de son propre fils."
N'est-ce pas la preuve que
1) Paul les a institués pour gouverner l'Église d'Éphèse après son départ ?
2) Il considère qu'à travers lui c'est l'Esprit qui agissait ?
Bref, la meilleure justification possible de la doctrine catholique de la tradition apostolique.
Si, comme vous voulez le croire, ces "anciens" avaient été mis en place sans pouvoir hiérarchique (juste pour rire et faire rire ?) et perdu tout rôle (que d'aillerus ils n'avaient pas) à la mort de l'Apôtre, comment celui-ci oserait-il attribuer leur fonction à l'Esprit ?
Il y avait deux types distincts de gens qui avaient des capacités dans l’Eglise : ceux qui avaient des dons (apôtres, docteurs, prophètes, pasteurs, évangélistes …), et ceux qui avaient des charges locales (surveillants et serviteurs) : les 2 ne doivent pas être confondus.
C'est pourtant Paul lui-même qui qualifie les presbytres de "gardiens du troupeau", pasteurs, donc.
Votre position est surprenante en soi. Si je vous suis bien, Dieu a envoyé son fils révéler la Vérité, puis laissé (dès la génération suivante !) l'Église sombrer dans l'erreur puis attendu dix-huit siècles pour susciter John Darby qui seul a pu donner la bonne interprétation que Lin, Clet, Clément et tous les autres avaient sottement ignorée.
Dieu n’a pas laissé les chrétiens orphelins : notamment il leur a donné son Esprit.
Par intermittence, d'après vous, puisque si peu ont su et savent l'entendre.
Nous croyons, nous, que l'Esprit assiste particulièrement les pasteurs qui succède aux Apôtres, comme le dit Paul dans le discours dont il vient d'être question.
Cela dit il était clairement écrit dans le NT que l’Eglise allait dériver
,
Où ?
à l’instar que toutes les choses bonnes que Dieu a instituées dans l’histoire sainte
Non, car cette fois ci l'Alliance est perpétuelle, contrairement aux précédentes. Voyez Jérémie et Ézéchiel.
Cependant il y a toujours eu à toutes les époques de fidèles témoins dans l’Eglise, même si beaucoup n’avaient pas de lumières sur tout ou commettaient des erreurs.
Les Pères de l’Eglise ont écrit beaucoup de bonnes choses, mais aussi beaucoup de mauvaises. Il faut en retenir ce qui est bon, mais ne pas considérer ces auteurs comme infaillibles.
Tout à fait d'accord avec vous. Seuls sont infaillibles le pontife romain, et le concile œcuménique approuvé par lui.
Cordialement,
EL