Cazab a écrit :Encore une fois vous tombez dans ce qu'on appelle en anglais la "fallacy of composition" : ce n'est pas parce que chacune des parties d'un tout est contingente que le tout est contingent. Logiquement, ce n'est pas un raisonnement valide.
J'ai bien compris où vous vouliez en venir. Et j'ai répondu en disant qu'il ne faisait pas sens de traiter l'Univers comme une espèce de cause en lui-même : l'Univers n'est pas un être en lui-même, il est composé d'êtres. L'erreur est de croire qu'on peut expliquer la contingence des êtres composant l'Univers par une espèce d'invocation de l'"être" de l'Univers, Cause première. Qu'on m'explique donc cela.
En fait, la comparaison de l’Univers avec un corps organique ou même inorganique n’est pas très pertinente car l’Univers est davantage un ensemble de choses qu’un corps structuré et individualisé.
Cazab a écrit :Si l'univers est nécessaire, il n'a pas de cause. End of the story. C'est comme demander quelle est la cause de Dieu.
Sauf qu’il est impossible que l’Univers n’ait pas de cause puisque RIEN dans l’Univers n’est ainsi. Je sais, je sais, vous allez me dire qu’il ne fait pas sens de déduire les attributs du tout des parties le composant. Sauf que comme je vous le dis, il ne me semble pas judicieux de faire de l’Univers un être à part, une sorte de cause nécessaire qui produirait des êtres contingents habitant son « espace ». L’Univers n’est rien d’autre que les êtres qui le composent.
Pour essayer de clarifier les choses : qu’est-ce que l’être de l’Univers ? Rien d’autre que les êtres qui le composent. L’être dans l’Univers n’est pas autre chose que l’être des étoiles, des galaxies, de l’énergie, etc. Or si tout cela est contingent - c’est-à-dire aurait pu ne pas être -, on voit mal comment l’Univers pourrait être nécessaire, car il est impossible qu’une somme d’être contingents donne un être nécessaire. Il y a un saut qualitatif que je ne vois pas comment vous passez.
L’article que vous citez suggère qu’il suffit qu’il existe toujours quelque chose, sous une forme ou une autre, pour faire de l’Univers un être nécessaire. Ca me semble complètement erroné comme approche car justement, ce « quelque chose » ne sera JAMAIS nécessaire. Comment donc, même s’il y a toujours quelque chose de contingent, cela pourrait-il donner un être nécessaire ? Cela revient à dire qu’il suffit de faire durer la contingence éternellement pour en faire une nécessité. Faux et archi faux.
N’oubliez pas que la question est : qu’est-ce qui est la cause de ce qui existe ? Certains disent « l’Univers ». Mais l’Univers n’est pas une cause explicative, il est ce qu’il faut justement expliquer ! Il n’existe pas un être « Univers » qui ne soit pas les êtres contingents qui le constituent.
Pour essayer de mieux me faire comprendre, prenez un mécanisme d’horloge. Vous aurez beau prendre une infinité de rouages, et repousser ainsi l’explication du mouvement à l’infini, vous n’expliquerez pas leur mouvement car AUCUN rouage n’a le mouvement par lui-même. Il faut à un moment conclure le ressort qui les met tous en mouvement.
En définitive, vous aurez beau me dire qu’on ne peut toujours inférer une propriété d’un ensemble en observant ses parties, je vous réponds que du moins ne peut pas sortir le plus et que la nécessité ne peut pas émerger de la contingence. C’est absurde !
Cazab a écrit :C'est pourtant la seule définition de nécessité qui soit couramment employée.
D’accord, si vous voulez. Ne nous battons pas sur la définition de la nécessité. Ce que vous devez comprendre, c’est que l’Être absolument nécessaire possède certaines propriétés que l’Univers n’a pas. L’Univers ne peut en aucun cas être l’Être nécessaire, quand bien même il serait éternel.
L’Être nécessaire est immuable et simple. Or l’Univers connaît le changement et la multiplicité (parce qu’il est justement un ensemble d’êtres multiples et changeants) . Il est donc impossible que l’Univers soit l’être nécessaire.
Cordialement,