Mal et Bien- inexplicable pour l'athéisme -témoignage

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Un gentil athée
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Re: Mal et Bien- inexplicable pour l'athéisme -témoignage

Message non lu par Un gentil athée » dim. 24 févr. 2013, 22:22

On peut peut-être déduire des caractéristiques "positives" par la voie négative, cela dit. A mon avis, cela reste restreint, mais ce n'est peut-être pas impossible totalement. La négation de la plupart des concepts qui peuvent être appliqués aux êtres matériels n'implique pas nécessairement l'affirmation du concept opposé (par exemple, la négation de "courageux" n'implique pas nécessairement "peureux"). Mais il me semble qu'il y a des exceptions. Je pense que la négation des concepts qui s'appliquent nécessairement aux réalités matérielles implique bien l'affirmation du concept opposé. Ainsi, je pense que la négation des concepts suivants (qui s'appliquent à toutes les réalités matérielles sans exceptions) : contingent, relatif, changeant, fini, temporel, etc., implique bien, nécessairement, l'affirmation des concepts suivants (qui ne s'appliquent à aucune réalité matérielle) : nécessaire, absolu, immuable, infini, éternel, etc.

Cordialement.

Cinci
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Re: Mal et Bien- inexplicable pour l'athéisme -témoignage

Message non lu par Cinci » dim. 24 mars 2013, 19:59

Aarf ! ... j'avais oublié ce fil. C'est que je vous aurais laissé doucement mitonner sur le feu pendant un mois, Un gentil athée. Excusez. ... et alors l'anthropomorphisme ... Faudrait y revenir. Oui, puisque vous n'êtes pas satisfait à quelque part.

:)

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Re: Mal et Bien- inexplicable pour l'athéisme -témoignage

Message non lu par Cinci » lun. 25 mars 2013, 13:27

Bonjour Un gentil athée,

J'ai ici deux extraits semblant bien toucher à un point ou l'autre de votre présente réflexion. Le premier concerne cette histoire d'anthropomorphisme, le deuxième pour refléter l'aspect de théologie négative qui vous préoccupe.

Voici :
  • «... j'en viens tout de suite au reproche fondamental d'anthropomorphisme. Qu'entend-on par là ? Si l'on veut dire qu'il ne faut pas se représenter Dieu comme une personne humaine avec toutes les imperfections que la personnalité comporte dans l'homme, nous l'accorderons bien volontier. ''Mais, remarque justement Maritain, tout ce qu'emporte de laborieux et de compliqué tout ensemble, de redéployé sur un pauvre centre et sur de pauvres desseins l'usage courant du mot personnalité, toute la charge anthropomorphique qui alourdit le mot tient uniquement à la liaison en nous de la personnalité à l'individuation, donc à notre condition matérielle ... Il faut délivrer de cette gangue la notion de personne pour la saisir dans sa valeur transcendante et dans sa force anaoétique''.

    Si au contraire par l'accusation d'anthropomorphisme, on entend refuser à l'esprit le droit strict de former des notions positives de l'Être infini à partir de l'homme, qui est un être fini, quand ces notions ne disent par elle-mêmes aucune limitation, la critique ne porte plus. Entre l'anthropomorphisme proprement dit, en effet, et l'agnosticisme, il y a l'analogie. Mais justement la grande difficulté des modernes à comprendre la personnalité divine est cette méprise intellectuelle qui leur fait méconnaître l'analogie et rejeter comme anthropomorphisme toute tentative visant à connaître Dieu au moyen de l'homme. [...]

    La personnalité divine offre une difficulté si, comme il semble, l'anthropomorphisme est ici inévitable, et si, à vouloir l'exterminer, on risque d'ôter toute signification précise à ce que nous affirmons. [...]

    Nous avons le droit de nous former une idée de la personnalité divine à partir de la seule personnalité que nous connaissions, la personnalité humaine, mais à condition de ne retenir de celle-ci que les traits essentiels, ceux qui ont une valeur analogique et justifient ainsi l'attribution de la personnalité à la fois à Dieu et à la créature.

    Si Dieu n'est pas une personne et que l'homme en soit une, en tant que personne au moins, en tant qu'il juge et choisi, il échappe au domaine de Dieu : peut-être faudrait-il chercher là la raison profonde de la répugnance des sages de ce monde à reconnaître en Dieu une personne. C'est en effet à ce titre que Dieu mérite de nous à un degré infini ce respect que nous devons à la personne comme telle - et qui, dans ce cas, est l'adoration. C'est à ce titre que nous dépendons radicalement de lui non seulement dans l'ordre physique, mais dans l'ordre moral. C'est là ce qui fonde la gravité du mal moral et le distingue du mal physique : il offense une personne, il viole les droits sacrés d'une personne infinie : Parce que Dieu est souverainement personnel, la notion de péché a un sens : blesser l'ordre selon lequel la nature de ce qui est réclame aux volontés libres de se régler, c'est blesser Dieu lui-même. On s'explique bien ainsi, comme le remarque Gilson, que la vraie notion du bien et du mal moral n'ait apparu qu'avec la claire notion du Dieu personnel.»

Peut-on exprimer quelque chose au sujet de Dieu ?


  • «Devrons-nous renoncer à rien dire de Dieu sans attenter à sa transcendance ? Au premier abord, il semblerait que oui. Affirmer Dieu n'est-ce pas en effet affirmer qu'il n'est rien de ce qui tombe sous le champ de notre expérience, qu'il est le Tout-Autre. Et il reste vrai que ceci est la première chose que nous devons dire de lui. Les grands théologiens patristiques ont insisté à juste titre sur cette incompréhensibilité de l'essence divine contre le néo-platonicien Eunome, qui affirmait que la notion d'inengendré, agenetos, était le concept adéquat de l'essence divine. Contre lui Jean Chrysostôme, Grégoire de Nysse, Cyrille de Jérusalem ont inlassablement affirmé que l'ousie divine était un mystère inaccessible à la raison humaine.

    Mais en face de cela il est vrai aussi que, si nous ne pouvons connaître directement, dans une intuition immédiate, la nature divine, quelque chose en est accessible à notre intelligence à travers le monde crée. [...] les réalités visibles sont des hiérophanies de Dieu, l'âme humaine est son image crée. Et ceci est vrai de toutes les réalités de ce monde. Ainsi chacune d'entre elles nous fait connaître quelque chose de Dieu. Et après avoir dit que nous ne pouvions rien dire de lui, nous devons dire maintenant que nous pouvons dire de lui infiniment de choses. Nous retrouvons ici le paradoxe que présente toujours la connaissance de Dieu. Il faut à la fois nier et tout affirmer de lui. Et c'est l'union de cette théologie affirmative et de cette théologie négative qui est la vraie connaissance de Dieu.

    [...]

    Les uns rejettent à juste titre une représentation de Dieu qui leur paraît le rabaisser aux réalités humaines. Mais si je ne dis rien de Dieu, je trahis ainsi ma mission de théologien. Et je dois pour en parler employer des mots empruntés à l'expérience humaine, parler de son amour ou de sa beauté, tout en sachant combien ces expressions peuvent prêter à équivoque. Telle est la condition tragique du théologien, qui doit parler de ce qui est au-delà de la parole.»


    Jean Daniélou, Dieu et nous, pp. 69-77




Un Jean Daniélou vous accorde que «vous ne parlez pas pour rien dire» lorsque vous suggérerez la possibilité d'une théologie négative, comme la capacité d'affirmer que Dieu se trouverait toujours ailleurs que dans le moindre objet de considération manipulable par l'esprit humain ou notre raison. C'est sûr. Il ne s'agirait pas de Lui si nous pouvions le contenir dans notre intelligence. Ce que Dieu serait en lui-même, comme «son être», sa nature propre : c'est cela qui nous échappe. Il y a bien là un mystère pour nous.

Donc, si l'on peut dire quelque chose de Dieu, et puis c'est bien le cas pour le théologien manifestement, il ne s'agit toujours que d'éléments de surface et comme extérieurs (sorte de frontière partagée; qui nous comprend ainsi que le monde), à partir de quoi l'analogie serait légitime à employer; tenant compte également de ce que Dieu peut nous avoir déjà révéler de Lui.

Il signale enfin qu'une vraie connaissance de Dieu implique le négatif autant que le positif.

Il est possible de parler de Dieu. On peut en dire quelque chose, même si l'on va savoir que Dieu lui-même transcenderait la raison humaine (en le sens qu'il peut être contenu en Dieu comme des oppositions apparemment inconciliables pour notre entendement; que notre bonne vieille logique humaine avec son principe de non-contradiction fait plus que risquer d'être mise à mal par l'être de Dieu). La transcendance divine nous rend obscur l'être ultime de ce qu'est Dieu, sa personne. Mais cette transcendance ne fait pas que nous ne pourrions plus en aucune manière parler de Dieu, ni savoir que Dieu existe, etc.

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