gerardh a écrit :Si j'ai un peu de temps je vais approfondir ma pensée sur le baptême et voir notamment si cela est purement symbolique ou non comme vous me le faites dire.
Toutes mes excuses si j'ai déformé votre propos, c'est sincèrement involontaire de ma part.
Je me fiais à la citation que vous avez tirée de Bibliquest, qui affirme "Le baptême ne sauve pas; c'est un signe extérieur, non pas une régénération intérieure".
Ce à quoi je répond que le baptême est sacrement, c'est à dire le signe visible et efficace d'une action qui touche le corps et agit sur l'esprit. Le baptême est une modification ontologique profonde de l'homme, qui se retrouve lavé du péché originel (et c'est en cela qu'il sauve : il purifie l'homme et le remet dans un état où il est capable de communion avec Dieu).
Le baptême n'efface pas pour autant toutes les conséquences du péché originel (l'homme reste mortel en ce monde, notamment, mais est appelé à la vie éternelle), et ne prive absolument pas l'homme de son libre arbitre, et donc de sa capacité à pécher. De fait, on voit bien que même baptisé, l'homme continue de pécher.
Et j'ai expliqué le lien profond qu'il y a entre visible et invisible, entre corporel et spirituel, car l'homme est un, et non pas "3 en un" (où corps, âme et esprit seraient indépendant et en coïncidence). Il est important de faire un effort pour se défaire de cette idée que nous a transmis Platon que l'âme existerait par elle-même et serait simplement "glissée" dans l'enveloppe charnelle. Je le répète, l'homme est un. Cet aspect anthropologique est fondamental pour une juste compréhension des sacrements.
Sur les questions que j'avais posées, j'avais repris le verset de Marc 16, 16, et noté (de manière qu'on ne peut pas contester je pense), qu'il y avait 4 occurrences possibles, et je demandais ce qu'il en était du salut pour chacune d'entre elles :
1°) quelqu'un aura cru et aura été baptisé : sera t-il sauvé ? Pour moi c'est oui
2°) quelqu'un n'aura pas cru et n'aura pas été baptisé : sera t-il sauvé ? Pour moi c'est non
3°) quelqu'un n'aura pas cru et aura été baptisé : sera t-il sauvé ? Pour moi c'est non
4°) quelqu'un aura cru et n'aura pas été baptisé : sera t-il sauvé ? Pour moi c'est oui
Et vous quelles sont vos réponses ?
Mais réponse est que votre analyse logique de cette phrase est erronée. La phrase écrite comporte 1 alternative, 1 conjonction, et 2 implications. Il est important de bien les placer pour en avoir une compréhension juste selon les lois de la logique.
((croyant ET baptisé) => sauvé) OU (non-croyant => non-sauvé)
Si vous voulez faire un tableau logique, comme vous l'avez fait, cela donne :
Code : Tout sélectionner
C : croyant / B : baptisé / S : sauvé
1 pour "oui", 0 pour "non"
C B S
1 1 -> 1
1 0 -> ?
0 1 -> 0
0 0 -> 0
Il serait erroné de se limiter à ce seul verset des évangiles pour espérer comprendre l'économie du salut. Il faut réfléchir à ce que signifie "être sauvé". Il faut lire ce que l'Ancien et le Nouveau Testament nous disent d'autre sur le salut. Il faut écouter l'enseignement de l'Eglise sur la manière d'interpréter tout cela... (même les protestants lisent ce qu'ont écrit les Pères, avez-vous vous-même expliqué un jour sur le forum). Il faut faire le lien avec la vie éternelle ("qui mange mon corps et boit mon sang aura la vie éternelle")...
En l'occurrence, si la phrase citée ne donne pas la réponse pour un croyant non-baptisé, c'est parce que tout dépend des raisons pour lesquelles il n'a pas été baptisé.
Celui qui aurait sincèrement voulu être baptisé, mais en a été empêché malgré sa volonté, est considéré comme ayant le "baptême de désir" : sa foi l'a sauvé. De même pour ceux qui désiraient le baptême et sont morts martyrs à cause de cela.
Celui qui dit avoir la foi, mais refuse le baptême (parce qu'il considère que ça ne sert à rien, parce qu'il considère que le rite proposé n'est pas valable, alors que l'Eglise affirme que si...), alors qu'il pourrait le recevoir, pour celui-là je dirais qu'il faut instamment prier, mais je crains pour son salut (sans pouvoir affirmer qu'il ne sera pas sauvé : je ne suis pas juge de la grâce de Dieu).
Celui qui dit avoir la foi, mais néglige le baptême (n'en ressent pas l'urgence) me parait en situation moins grave, mais à peine : c'est signe que la flamme de sa foi est encore bien vacillante, s'il n'entend pas l'urgence de l'appel de Dieu, s'il n'entends pas l'avertissement de Jésus qui nous dit de veiller car nous ne connaissons ni le jour, ni l'heure. Car comment expliquer sa négligence s'il vient à mourir avant d'avoir décidé que là, il avait le temps de s'occuper de cette "formalité" ? Il va lui falloir de solides raisons pour justifier que des "urgences" de ce monde ont toujours été prioritaires sur celle de son propre salut.
On peut continuer avec les oeuvres si vous voulez, car cela en découle :
Le baptême doit vivre en nous, et nous devons vivre de notre baptême. Le but du chrétien est de faire la volonté de Dieu, et nous voyons bien dans les Evangiles et les Actes des apôtres que cela se manifeste par des signes visibles, par des actions entreprises par l'homme, concrètement dans le monde, et pas seulement dans le secret de son coeur.
Les oeuvres peuvent être très variées, et dépendront des circonstances et des charismes de chacun. Les uns sont appelés au sacerdoce, d'autres à l'action apostolique en mission dans le monde, d'autres à agir dans leur entourage proche, d'autres encore à la vie contemplative, et il y a bien d'autres possibilités encore.
Les oeuvres sont le fruit du baptême : elles sont le travail que nous faisons, nous qui ne sommes que des serviteurs de Dieu.
Celui qui se refuse à faire les oeuvres dont Dieu le charge ne laisse pas vivre son baptême en lui, il ne vit pas de son baptême : il se coupe de Dieu. Est-ce que cela "annule" son baptême ? Non : le péché originel lui a été remis, et reste remis. Mais pour autant, cet homme sera bel et bien jugé d'après la manière dont il a étouffé la charité en lui (et probablement les autres vertus théologales aussi), c'est à dire la manière dont il s'est opposé à l'action de Dieu en lui.
Hors Jésus l'a très clairement indiqué : il ne suffit pas de croire, de dire "Seigneur, Seigneur", il faut que cette foi nous amène à vouloir faire la volonté du Père : ce sont les oeuvres.
Pour bien comprendre cela, il faudrait d'ailleurs revenir aux sacrements, et comprendre la profonde unité qu'il y a entre le baptême, la confirmation et l'eucharistie, car le sommet et le sens de tout est dans l'eucharistie, le sacrement qui nous donne d'être en communion avec Jésus. Le baptême sans l'eucharistie n'a pas beaucoup de sens.