Intéressant! Mais un élément m'échappe: pour quoi faut-il nécessairement le "traverser"? On peut très bien être perdu quelque part dans l'infini sans pour autant inclure la notion temporelle. Puis on peut très bien considérer l'infini comme une boucle qui se répète continuellement, dans ce cas il n'y a ni début ni fin, mais seulement un éternel recommencement où l'être a toujours été. Vôtre explication m'interesse, mais j'ai du mal à la comprendre.Mais voici en gros l'argument (j'espère bien le rapporter, sinon j'ira consulter l'ouvrage en question pour vous en faire un exposé plus précis) : supposer un univers infini signifie qu'avant le moment où nous parlons, il y aurait eu un temps infini. Donc il aurait fallu "traverser" un temps infini pour arriver jusque maintenant. Or on ne traverse pas un temps infini, pas plus qu'on ne traverse un espace infini. Supposer un temps infini avant nous signifie logiquement que jamais nous ne pourrions dire qu'on est arrivé à "maintenant". Or précisément, nous pouvons le dire.
On peut émettre des hypothèses, quand bien même elle soient tirées par les cheveux, ce n'est pas la seule explication possible de l'être incausé censé être illustré comme "Dieu". Comme l'exemple que j'avais énoncé quelques pages plus tôt où je parlais d'être le produit d'une forme de vie spirituelle -hors de la notion de création- qui aurait très bien pu nous créer pour des motifs qui nous échappent. Vous pouvez dire que ces théories ne donnent pas d'explication concrète de la cause première, pourtant l'être incausé peut en réalité revêtir beaucoup de choses, les possibilités sont infinies. Définir Dieu, de base, je pense que c'est une erreur.Non, je pense que vous commettez une erreur. La nécessité d'un Principe Premier n'est pas liée à la temporalité de l'Univers, saint Thomas l'a montré comme je l'ai déjà dit. Car peu importe que vous supposiez une régression à l'infini de causes contingentes, vous ne parviendrez jamais à expliquer pourquoi il y a de l'être plutôt que rien. Il est nécessaire qu'il y ait un être nécessaire, c'est-à-dire ayant l'être par soi.
Un sophisme c'est énoncer une évidence et la faire passer pour un argument, je ne vois pas de sophisme ici. Dieu n'est pas apparu comme par magie, lui aussi comme toute chose a forcément une cause. Il est donc tout a fait légitime de se demander d'où il vient, vous ne pensez pas?Cet "argument" est un sophisme qui n'a en fait aucun sens puisque justement, par définition, le Principe premier est celui qui possède l'être par soi, et donc qui n'a pas besoin d'être causé.
Vous avez parfaitement raison, par contre, à titre personnel je ne vous reproche rien du tout. C'est d'ailleurs vous qui m'avez reproché mon indifférence face aux questions existentielles.~~Pourquoi faut-il que les athées et les agnostiques reprochent toujours aux croyants d'avoir besoin de donner un sens à leur vie ? Comme si c'était une mauvaise chose (et que eux ne le faisaient pas) ! Autant reprocher à celui qui cherche l'amour de vouloir être heureux... Quand on a soif, c'est normal d'aller à la source.
Cette dernière phrase me rappelle le pari de pascal. Aborder les grandes questions de la vie avec légèreté n'est pas vraiment quelque chose de reprochable. Ça dépend des gens, je suis comme ça un peu pour tout, on me reproche souvent de ne pas être assez sérieux, mais bon on s'en fout de moi, ce qui compte c'est le débat!Bref, ceci étant dit, ma question portait sur votre légèreté face à cette question, pas sur votre état intérieur et comment vous vivez votre agnosticisme (étant un converti, je sais bien qu'on peut vivre sans Dieu... mais en fait, je pense qu'on vit surtout sans se poser de questions gênantes et sans jamais aller creuser dans notre coeur quelles sont nos aspirations les plus profondes). Quand je dis que la question de Dieu est la plus importante, c'est que si Dieu existe (et je me permets de penser qu'il est quasi certain que ce soit le cas, la foi ne portant que sur qui est ce Dieu), alors ça change tout. C'est purement logique. J'ai tout à gagner à chercher activement si Dieu existe car :
1/ S'il existe, je trouve une réponse aux aspirations les plus profondes du coeur humain (ce qui le distingue, en gros, de la vie animale).
2/ S'il n'existe pas, qu'aurais-je perdu ? Du temps ? De toute façon, tout finira dans le néant - et plus vite qu'on ne le croit souvent - donc pour ce qu'on s'en fiche...
Cordialement,