Dieu des chrétiens et divinités de l'hindouisme, du boudhisme...

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Re: Dieu des chrétiens et divinités de l'hindouisme, du boudhisme...

Message non lu par Suliko » mer. 25 nov. 2020, 15:57

En fait, on peut croire à une vérité tout en conservant une certaine souplesse d’esprit.
Je vois que vous changez complètement de sujet... Personne n'a jamais dit que les saints catholiques manquaient de charité ou que le faire est une bonne chose. Mais le fait est qu'il croyait profondément qu'il n'existait qu'une vraie religion et que c'est cela que vous critiquiez et que vous opposiez à votre ouverture d'esprit (toutes les religions, bien pratiquées, etc...).
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: Dieu des chrétiens et divinités de l'hindouisme, du boudhisme...

Message non lu par Gaudens » mer. 25 nov. 2020, 16:08

"Je pense X car Y et Z":
Oui,je pense que l'ésotérisme chrétien n'existe pas (X) car on n'a jamais pu en prouver l'existence (Y) et que le mysticisme n'est pas l'ésotérisme(Z). Que vous faut-il de plus ?
Vous même vous dites: "l'ésotérise chrétien existe (X) car René Guénon l'affirmait(Y) et que les Chevaliers du Graal , l'Ordre du Temple etc... en étaient (Y).

Vous pensez-vous plus convaincant que moi? Commencez donc par prouver l'existence des supposés ésotérismes que vous nous assénez, Daidalon.

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Message non lu par Daïdalon » mer. 25 nov. 2020, 16:11

Suliko: Vous bottez en touche. Le fanatisme (= la certitude de détenir la seule vérité) exclut la charité. En revanche, les convictions religieuses (= le fait de croire qu’une certaine doctrine est vraie) n’exclut pas le dialogue bienveillant avec les autres doctrines (qui peuvent elles aussi être porteuses de sagesse, de vérité).
Dernière modification par Daïdalon le mer. 25 nov. 2020, 16:14, modifié 1 fois.

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Message non lu par Daïdalon » mer. 25 nov. 2020, 16:14

Gaudens a écrit :
mer. 25 nov. 2020, 16:08
Oui,je pense que l'ésotérisme chrétien n'existe pas (X) car on n'a jamais pu en prouver l'existence (Y)
Je vous renvoie vers les travaux de R. Guénon et B. Mouraviov cités plus haut. Si vous n’avez pas le temps de consulter ces documents, cela vous regarde.

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Message non lu par Suliko » mer. 25 nov. 2020, 17:24

Vous bottez en touche.
Non. C'est vous qui jouez sur les mots. Les saints catholiques croyaient que "hors de l'Eglise, point de salut". Ils croyaient que leur religion était la seule vraie et la seule salvifique. C'est un fait.
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Message non lu par Daïdalon » mer. 25 nov. 2020, 17:28

Donc selon vous, quand un musulman dit "Dieu existe", il se trompe ? Car il n'est pas catholique ?
Quand des musulmans de nom se conforment en tous points à l'idéal évangélique et que des chrétiens de nom foulent ce même idéal aux pieds, qui est dans l’Église ? Le chrétien ou le musulman ?

Pardonnez-moi, mais une telle vision des choses est sa propre réfutation. Si je me dis footballeur mais que je joue comme un pied ( :siffle: ), et que quelqu'un qui ne se dit pas footballeur joue très bien, c'est celui-là qui est footballeur, et pas moi.

Tout le reste relève de catégorisations superficielles qui n'ont que peu d'intérêt.

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Message non lu par Suliko » mer. 25 nov. 2020, 17:52

Donc selon vous, quand un musulman dit "Dieu existe", il se trompe ? Car il n'est pas catholique ?
Vous le faites vraiment exprès... Croire qu'il n'y a qu'une seule vraie religion salvifique ne signifie pas que tout ce qui est enseigné dans les autres cultes est faux : des vérités y sont mélangées à des erreurs, que ce soit en matière de dogme ou de morale.
Quand des musulmans de nom se conforment en tous points à l'idéal évangélique et que des chrétiens de nom foulent ce même iVous déal aux pieds, qui est dans l’Église ? Le chrétien ou le musulman ?
Un musulman ne peut par définition pas se conformer en tous points à l'idéal évangélique, qui suppose la reconnaissance de la messianité et de la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ ainsi que la reconnaissance de l'Eglise qu'il a fondée. Il peut certes avoir de bonnes valeurs morales et être sympathique, mais ce n'est pas le sujet et cela n'en fait pas un catholique.
Quant au mauvais catholique, ses péchés ne lui ôtent pas son appartenance à l'Eglise catholique. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne doit pas se repentir pour être sauvé...
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Message non lu par Daïdalon » mer. 25 nov. 2020, 18:06

Vous voyez, c’est ce genre de raisonnement absurde qui me laisse penser que les monothéismes sémites n’ont pas d’avenir à long terme.

Ainsi, quelqu’un qui est baptisé, donc nominalement membre de l’Eglise, et qui ensuite commet les pires vilenies jusqu’à sa mort, est déclaré par vous catholique et chrétien (alors que ce sont des titres de gloire spirituelle et pas des formalités administratives) ;
Et quelqu’un qui n’est pas baptisé, mais qui dans les faits se conforme sa vie durant à l’enseignement contenu dans les Évangiles, est selon vous un païen, un hérétique, un impie qui brûlera dans les flammes éternelles, car après tout « hors de l’Eglise point de salut » :oui:
(Entre parenthèses nul besoin de croire en la divinité du Christ pour mettre en pratique son enseignement.)

Vous ne voyez pas ce qu’il y a de ridicule là-dedans ? Croyez-vous vraiment que Dieu jugera plus sévèrement le non-baptisé ?
Bien entendu que non !

Et donc, encore une fois, ce n’est pas le lettre, la forme, l’apparence extérieure ou l’appartenance à telle ou telle dénomination qui compte mais le cœur — et c’est ce cœur seul qui sera jugé.

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Message non lu par prodigal » mer. 25 nov. 2020, 18:37

Néanmoins, cher Dadaïlon, "catholique" n'est pas un compliment, mais un terme objectif. Est catholique celui qui est baptisé et pratique sa religion. Cela n'implique pas qu'il soit parfait, ni même qu'il soit pieux, encore moins charitable. Mais sur ce point précis Suliko a raison, un catholique pervers n'en demeure pas moins catholique, ce qui ne le dispense certainement pas du repentir.
Donc il se peut évidemment que tel non chrétien fasse davantage la volonté de Dieu que tel chrétien. Cela va d'ailleurs plutôt dans votre sens. Quant à dire qui sera sauvé ce serait une affirmation bien téméraire.
Les questions qui se posent me semblent être un peu différentes. Au fond, votre interrogation, si j'ai bien suivi, porte sur ce qui sauve (plus que sur qui sera sauvé). Vous avez un peu essayé de l'exprimer, en allant directement au plus profond. La question est de savoir alors ce qu'il y a dans la religion catholique qui témoigne de cette profondeur mieux que n'importe quelle autre religion. On en revient toujours là et c'est normal.
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Re: Dieu des chrétiens et divinités de l'hindouisme, du boudhisme...

Message non lu par Milla » mer. 25 nov. 2020, 18:58

Daïdalon a écrit :
mer. 25 nov. 2020, 18:06
Ainsi, quelqu’un qui est baptisé, donc nominalement membre de l’Eglise, et qui ensuite commet les pires vilenies jusqu’à sa mort, est déclaré par vous catholique et chrétien (alors que ce sont des titres de gloire spirituelle et pas des formalités administratives) ;
Et quelqu’un qui n’est pas baptisé, mais qui dans les faits se conforme sa vie durant à l’enseignement contenu dans les Évangiles, est selon vous un païen, un hérétique, un impie qui brûlera dans les flammes éternelles, car après tout « hors de l’Eglise point de salut » :oui:
(Entre parenthèses nul besoin de croire en la divinité du Christ pour mettre en pratique son enseignement.)
Bonjour Daïdalon !
Vous lire me fait penser à ce qu'écrit C.S. Lewis (anglican) dans Les fondements du christianisme. Comme prodigal, il pense que chrétien doit rester un terme descriptif et non devenir une façon de louer quelqu'un, au risque de devenir un mot inemployable. Je cite le passage ci-dessous si cela vous intéresse :
On a soulevé des objections bien plus vives quant à mon utilisation du mot chrétien qui désigne selon moi celui qui accepte les doctrines fondamentales du christianisme. On peut me demander : "Qu'êtes-vous pour juger qui est chrétien ou non ?" ou encore "Maints individus n’adhérant pas à ces doctrines ne peuvent-ils pas être des chrétiens plus près de l'Esprit du Christ que certains qui les adoptent ?". Certes, cette objection est un modèle de justice, de charité, de spiritualité et de sensibilité. Elle possède toutes les qualités, sauf un caractère pratique [suit un exemple avec le mot gentleman] Or, si nous permettions aux gens de spiritualiser, d'affiner ou d'approfondir le sens du mot chrétien, il deviendrait rapidement lui aussi un mot inutile. En premier lieu, les chrétiens eux-mêmes ne pourraient jamais l'appliquer à qui que ce soit. Il ne nous appartient pas de dire qui, au sens le plus profond, est ou n'est pas inspiré par le Christ. [...] Manifestement, un mot que nous ne pouvons jamais utiliser à juste titre ne saurait être très utile. Quant aux incroyants, soyez-en surs, ils utiliseront allègrement ce mot dans le sens le plus élevé. Dans leur bouche, il deviendra rapidement un terme de louange. Un "chrétien" sera pour eux un homme de bien. Mais cette appellation n'enrichira pas la langue davantage, car nous avons déjà les mots bon, bien. [...]
Quand un homme accepte la doctrine chrétienne et vit d'une façon indigne de sa foi, il est beaucoup plus clair de dire qu'il est un mauvais chrétien plutôt que de conclure qu'il n'est pas chrétien du tout.
Dire que Dieu se détourne des méchants revient à dire que le soleil se cache des aveugles.
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Message non lu par Suliko » mer. 25 nov. 2020, 19:25

Et quelqu’un qui n’est pas baptisé, mais qui dans les faits se conforme sa vie durant à l’enseignement contenu dans les Évangiles, est selon vous un païen, un hérétique, un impie qui brûlera dans les flammes éternelles, car après tout « hors de l’Eglise point de salut » :oui:
(Entre parenthèses nul besoin de croire en la divinité du Christ pour mettre en pratique son enseignement.)
Je ne suis juge de la destinée éternelle de personne, pas même de la mienne... Par contre, je maintiens que l'on ne peut pas accepter pleinement l'enseignement du Christ sans adhérer à son Eglise. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'existe pas des païens au cœur pur, qui ne sont pas catholiques par ignorance invincible. Dieu saura les reconnaître.
Je précise enfin que ceci n'est pas mon avis, mais celui de l'Eglise.
Avez-vous lu l'article du Père Garrigou-Lagrange ?
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Message non lu par Daïdalon » mer. 25 nov. 2020, 19:26

Je vous remercie, Milla, Prodigal, pour vos interventions.

La citation de C. S. Lewis est intéressante et vous avez bien entendu raison de dire Prodigal qu’il nous faut un terme pour désigner les membres des Églises chrétiennes. Mais je ne crois pas en l’utilité de mots qui désignent des coquilles vides : un catholique baptisé, s’il n’agit pas en conséquence, ou disons plus modestement, si son comportement va à l’encontre de la doctrine chrétienne, alors ce catholique n’est pas plus chrétien que disons un prétendu honnête homme - qui s’adonnerait au mensonge, à la tromperie et à toutes sortes de mauvaises actions etc. - n'est honnête.
Dernière modification par Daïdalon le mer. 25 nov. 2020, 20:03, modifié 3 fois.

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Message non lu par Daïdalon » mer. 25 nov. 2020, 19:41

Suliko a écrit :
mer. 25 nov. 2020, 19:25
Ce qui ne veut pas dire qu'il n'existe pas des païens au cœur pur, qui ne sont pas catholiques par ignorance invincible. Dieu saura les reconnaître.
En d’autres termes, toute religion peut mener à Dieu. CQFD.

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Message non lu par Suliko » mer. 25 nov. 2020, 19:54

En d’autres termes, toute religion peut mener à Dieu. CQFD.
Vous avez une bien étrange manière de raisonner. Qu'un homme puisse être sauvé sous certaines conditions en dehors de l'appartenance extérieure à l'Eglise ne signifie en rien que toutes les religions mènent à Dieu. Un homme peut éventuellement être sauvé malgré son appartenance extérieure à une fausse religion, mais pas par l'appartenance à une fausse religion. Observer les dogmes et les préceptes de l'islam ou du judaïsme rabbinique ne sauvera personne. De plus, on ne saurait faire une règle générale d'exceptions que seul Dieu connaît.
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Message non lu par Foxy » mer. 25 nov. 2020, 19:55

Un petit rappel de ce que dit l'Eglise dans "Nostra Aetate" :

http://www.vatican.va/archive/hist_coun ... te_fr.html
1. Préambule

À notre époque où le genre humain devient de jour en jour plus étroitement uni et où les relations entre les divers peuples se multiplient, l’Église examine plus attentivement quelles sont ses relations avec les religions non chrétiennes. Dans sa tâche de promouvoir l’unité et la charité entre les hommes, et aussi entre les peuples, elle examine ici d’abord ce que les hommes ont en commun et qui les pousse à vivre ensemble leur destinée.

Tous les peuples forment, en effet, une seule communauté ; ils ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter tout le genre humain sur toute la face de la terre [1] ; ils ont aussi une seule fin dernière, Dieu, dont la providence, les témoignages de bonté et les desseins de salut s’étendent à tous [2], jusqu’à ce que les élus soient réunis dans la Cité sainte, que la gloire de Dieu illuminera et où tous les peuples marcheront à sa lumière [3].

Les hommes attendent des diverses religions la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui, hier comme aujourd’hui, agitent profondément le cœur humain : Qu’est-ce que l’homme? Quel est le sens et le but de la vie? Qu’est-ce que le bien et qu’est-ce que le péché? Quels sont l’origine et le but de la souffrance? Quelle est la voie pour parvenir au vrai bonheur? Qu’est-ce que la mort, le jugement et la rétribution après la mort ? Qu’est-ce enfin que le mystère dernier et ineffable qui embrasse notre existence, d’où nous tirons notre origine et vers lequel nous tendons ?

2. Les diverses religions non chrétiennes

Depuis les temps les plus reculés jusqu’à aujourd’hui, on trouve dans les différents peuples une certaine perception de cette force cachée qui est présente au cours des choses et aux événements de la vie humaine, parfois même une reconnaissance de la Divinité suprême, ou même d’un Père. Cette perception et cette reconnaissance pénètrent leur vie d’un profond sens religieux. Quant aux religions liées au progrès de la culture, elles s’efforcent de répondre aux mêmes questions par des notions plus affinées et par un langage plus élaboré. Ainsi, dans l’hindouisme, les hommes scrutent le mystère divin et l’expriment par la fécondité inépuisable des mythes et par les efforts pénétrants de la philosophie ; ils cherchent la libération des angoisses de notre condition, soit par les formes de la vie ascétique, soit par la méditation profonde, soit par le refuge en Dieu avec amour et confiance. Dans le bouddhisme, selon ses formes variées, l’insuffisance radicale de ce monde changeant est reconnue et on enseigne une voie par laquelle les hommes, avec un cœur dévot et confiant, pourront acquérir l’état de libération parfaite, soit atteindre l’illumination suprême par leurs propres efforts ou par un secours venu d’en haut. De même aussi, les autres religions qu’on trouve de par le monde s’efforcent d’aller, de façons diverses, au-devant de l’inquiétude du cœur humain en proposant des voies, c’est-à-dire des doctrines, des règles de vie et des rites sacrés.

L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois, elle annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses [4]. Elle exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue et par la collaboration avec les adeptes d’autres religions, et tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles qui se trouvent en eux.

3. La religion musulmane

L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre [5], qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes après les avoir ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne.

Même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le saint Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté.

4. La religion juive

Scrutant le mystère de l’Église, le saint Concile rappelle le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la lignée d’Abraham.

L’Église du Christ, en effet, reconnaît que les prémices de sa foi et de son élection se trouvent, selon le mystère divin du salut, chez les patriarches, Moïse et les prophètes. Elle confesse que tous les fidèles du Christ, fils d’Abraham selon la foi [6], sont inclus dans la vocation de ce patriarche, et que le salut de l’Église est mystérieusement préfiguré dans la sortie du peuple élu hors de la terre de servitude. C’est pourquoi l’Église ne peut oublier qu’elle a reçu la révélation de l’Ancien Testament par ce peuple avec lequel Dieu, dans sa miséricorde indicible, a daigné conclure l’antique Alliance, et qu’elle se nourrit de la racine de l’olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l’olivier sauvage que sont les Gentils [7]. L’Église croit, en effet, que le Christ, notre paix, a réconcilié les Juifs et les Gentils par sa croix et en lui-même, des deux, a fait un seul [8].

L’Église a toujours devant les yeux les paroles de l’apôtre Paul sur ceux de sa race « à qui appartiennent l’adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et les patriarches, et de qui est né, selon la chair, le Christ » (Rm 9, 4-5), le Fils de la Vierge Marie. Elle rappelle aussi que les Apôtres, fondements et colonnes de l’Église, sont nés du peuple juif, ainsi qu’un grand nombre des premiers disciples qui annoncèrent au monde l’Évangile du Christ.

Selon le témoignage de l’Écriture Sainte, Jérusalem n’a pas reconnu le temps où elle fut visitée [9] ; les Juifs, en grande partie, n’acceptèrent pas l’Évangile, et même nombreux furent ceux qui s’opposèrent à sa diffusion [10]. Néanmoins, selon l’Apôtre, les Juifs restent encore, à cause de leurs pères, très chers à Dieu, dont les dons et l’appel sont sans repentance [11]. Avec les prophètes et le même Apôtre, l’Église attend le jour, connu de Dieu seul, où tous les peuples invoqueront le Seigneur d’une seule voix et « le serviront sous un même joug » (So 3, 9) [12].

Du fait d’un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux Juifs, le saint Concile veut encourager et recommander la connaissance et l’estime mutuelles, qui naîtront surtout d’études bibliques et théologiques, ainsi que d’un dialogue fraternel. Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ [13], ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. S’il est vrai que l’Église est le nouveau Peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture. Que tous donc aient soin, dans la catéchèse et la prédication de la Parole de Dieu, de n’enseigner quoi que ce soit qui ne soit conforme à la vérité de l’Évangile et à l’esprit du Christ.

En outre, l’Église, qui réprouve toutes les persécutions contre tous les hommes, quels qu’ils soient, ne pouvant oublier le patrimoine qu’elle a en commun avec les Juifs, et poussée, non pas par des motifs politiques, mais par la charité religieuse de l’Évangile, déplore les haines, les persécutions et les manifestations d’antisémitisme, qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les Juifs.

D’ailleurs, comme l’Église l’a toujours tenu et comme elle le tient encore, le Christ, en vertu de son immense amour, s’est soumis volontairement à la Passion et à la mort à cause des péchés de tous les hommes et pour que tous les hommes obtiennent le salut. Le devoir de l’Église, dans sa prédication, est donc d’annoncer la croix du Christ comme signe de l’amour universel de Dieu et comme source de toute grâce.

5. La fraternité universelle excluant toute discrimination

Nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l’image de Dieu. La relation de l’homme à Dieu le Père et la relation de l’homme à ses frères humains sont tellement liées que l’Écriture dit : « Qui n’aime pas ne connaît pas Dieu » (1 Jn 4, 8). Par là est sapé le fondement de toute théorie ou de toute pratique qui introduit entre homme et homme, entre peuple et peuple, une discrimination en ce qui concerne la dignité humaine et les droits qui en découlent.

L’Église réprouve donc, en tant que contraire à l’esprit du Christ, toute discrimination ou vexation dont sont victimes des hommes en raison de leur race, de leur couleur, de leur condition ou de leur religion. En conséquence, le saint Concile, suivant les traces des saints Apôtres Pierre et Paul, prie ardemment les fidèles du Christ « d’avoir au milieu des nations une belle conduite » (1 P 2, 12), si c’est possible, et de vivre en paix, pour autant qu’il dépend d’eux, avec tous les hommes [14], de manière à être vraiment les fils du Père qui est dans les cieux [15].

Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette déclaration ont plu aux Pères du Concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu.

Rome, à Saint-Pierre, le 28 octobre 1965.

Moi, Paul, évêque de l’Église catholique.
La foi que j’aime le mieux,dit Dieu,c’est l’Espérance.
Charles Péguy

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