ademimo a écrit : ↑jeu. 23 juil. 2020, 19:21
En fait, vous mettez le doigt sur le point central qui me pose problème. Je n'arrive pas à me rallier à l'idée de la damnation, qui me semble incompréhensible et incroyablement injuste. Je sais qu'on justifie, en général, cette idée (qui en réalité pose problème à tout le monde, reconnaissons-le, sauf aux fanatiques qui ont envie de voir brûler éternellement leurs ennemis) par l'explication que vous venez de rappeler : Dieu ne force personne à l'aimer, il ne force personne à accepter son Salut, et donc l'Enfer serait un choix délibéré du damné contre lequel personne ne peut rien, et que Dieu respecte comme étant un acte libre.
J'y vois une explication faite à posteriori pour justifier un point de doctrine impossible à changer. En effet, si on doit justifier l'Enfer sans donner de Dieu un aspect que la mentalité moderne accepte difficilement (le Dieu en colère qui se venge contre sa créature rebelle), il ne reste que ce dernier recours théorique, qui me paraît d'ailleurs dater de l'époque moderne (si vous avez des textes anciens qui expriment cette théorie, je veux bien savoir lesquels).
Mais peu importe. C'est l'explication à laquelle on a systématiquement recours aujourd'hui pour expliquer l'Enfer, et qui serait infaillible. Mais je ne vois pas en quoi elle serait infaillible, voilà le problème. Qui a envie de souffrir ? Personne. Tout le monde souhaite le bonheur. Comment peut-on vouloir être malheureux éternellement ? Comment peut-on le décider délibérément ? Totalement absurde.
Cher ademimo,
vous choisissez un exemple qui, c'est un fait, trouble beaucoup de consciences. En effet, supposons qu'un spectateur impartial et ignorant du christianisme assistât à un débat entre un chrétien et un athée à ce sujet, il est probable que les arguments de l'athée lui paraîtraient plus convaincants. Mais je voudrais faire trois remarques, que vous pourrez prolonger par vos objections éventuelles, si vous le jugez bon.
1) Il faut toujours chérir la vérité. Si vous êtes convaincu que l'enfer n'existe pas ne vous mentez pas à vous-même. Cependant constatez que l'Eglise dit autre chose, et donc qu'elle ou vous êtes dans l'erreur. C'est d'ailleurs bien ce que vous pensez, je crois.
2) l'existence de l'enfer s'accorde logiquement avec l'ensemble du dogme, et en particulier avec la croyance en une vie éternelle à laquelle nous sommes tous appelés, croyance qu'on ne peut clairement pas ôter de la foi catholique sans la dénaturer. Dès lors, ou bien les pécheurs que nous sommes répondons tous favorablement à cet appel, ou bien certains seulement sont appelés à découvrir l'état de gloire réservé aux bienheureux. Or, la première de ces deux hypothèses semble très clairement démentie par l'expérience. Donc, nous n'irons pas tous au paradis. Ceux qui n'iront pas sont condamnés à un lieu que l'on appelle l'enfer.
3) si l'existence de l'enfer fait partie du dogme, celui-ci ne va pas jusqu'à donner tous les détails. Grâce aux citations fournies par Foxy, on peut constater que l'enseignement du catéchisme est à la fois en continuité de l'enseignement traditionnel, puisqu'il affirme l'existence de l'enfer, mais aussi en rupture au moins apparente sur deux points. Je cite : a)
l’enfer, c’est "cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux ". Il me semble que selon la tradition c'est Dieu qui punit en exerçant sa souveraine justice. Toutefois, cette nouvelle inflexion ne crée pas une contradiction, mais ouvre des perspectives. Et aussi, b)
la peine principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu , ce qui fait silence, sans toutefois les exclure, sur les tourments subis par les damnés. Il se peut donc que la théologie relative aux fins dernières se précise dans un sens qui puisse lever les objections que vous suscitez. En clair, si l'enfer est le nom que l'on donne au sort de ceux qui sont privés de la vision béatifique cela ne heurte plus l'affirmation ô combien nécessaire de la miséricorde divine.