Kerniou :
Ne dit_on pas, dans la vie courante, que l'amour a surgi quand on n'y pensait pas, quand on ne l'attendait pas... On n'aime pas par obligation ! Alors, dans ce contexte, Amour et Obligation ne vont pas de pair ... Ce sont même des notions, des ressentis et sentiments opposés et des attitudes contradictoires.
Ce n'est pas exactement cela dans le contexte de la Bible et même de l'Église, je penserais. Votre schéma de pensée nous renverrait à une notion toute moderne de l'amour. Parce que si vous prenez les dix commandements : «Tu aimeras ton Dieu de toute de ton âme, de toute ta force ... » mais l'on voit bien que c'est comme Dieu faisant valoir une exigence, une vraie demande.
Ce n'est pas comme si nous devrions nous appuyer sur un sentiment volatile qui peut apparaître une journée, pour ensuite disparaître pour les vingt prochaines années. Et alors cette requête ne peut pas être non plus comme si Dieu nous demanderait de produire une beau sentiment, et lequel, par définition, serait chose assez capricieuse . Il faut que la demande nous enligne sur une exigence qui serait celle de rechercher ce qui pourrait plaire à Dieu, pour s'efforcer d'entrer dans ses voies, dans ce qui pourrait lui être aimable, pour s'efforcer solidement de développer un attachement pour ce qui nous serait profitable. Il y a bien de la matière sur laquelle pouvoir travailler. Vouloir rendre service à Dieu, aussi curieuse que la formule pourrait apparaître : une velléité d'aimer Dieu déjà.
L'amour dont il est question se commande.
C'est comme l'exigence de devoir choisir l'orientation vers le Bien. Un exercice du libre arbitre. «Tu aimeras Dieu de tout ton coeur, tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le coeur ? Oui, mais pas celui de Jean-Jacques Rousseau. Non pas l'émotion, pas la sentimentalité, pas l'effusion amoureuse ... Le «coeur» au sens biblique pour exprimer que Dieu doit occuper une place assez centrale dans nos pensée, qu'il soit bien présent à notre esprit, pour orienter nos motivations. Pas facile tout de suite. Demande un entraînement. Beaucoup de prières, la grâce svp.
La prochaine fois qu'un chauffard viendra me couper sur la route, avant d'avoir le réflexe de me venger, mais comment Jésus préférerait que je réagisse ? La volonté en premier. Travailler à briser les résistances que présentent notre chair à ce que nous puissions prendre plus résolument le chemin de la liberté.
Le commandement paraît monstrueux quand on est esclave du mal, d'autant plus effrayant que l'on serait plus enfoncé dans le péché par-dessus la tête. Le processus de sanctification allège l'affaire. Il devient plus facile d'aimer Dieu, comme le prochain.