Pour reprendre le sujet de départ, il me semble que la réponse théorique est facile :
- Ce qui est nécessaire pour aller au ciel c’est le mérite
Comme le mérite peut s’acquérir par des prières, la pratiques des œuvres de miséricorde, etc., bref des choses qui ne supposent a priori aucune souffrance
La souffrance n’est pas nécessaire.
Néanmoins, en vivant un peu longtemps une vie chrétienne, on tombe sous le couperet de plusieurs annonces de Jésus.
2 suffiront (Jen 15 : 20 ; Jean 16 : 2)
- « il n’y a pas de serviteur qui soit plus grand que son maître : ceux qui me persécutent, ils vous persécuteront aussi »
« il viendra un temps où tout un chacun pensera que vous tuer, c’est une offrande de choix à présenter à Dieu. »
Par conséquent en admettant même que nous soit accordée la grâce d’une vie « naturelle » sans douleur ni souffrance, il y en aura du fait du devoir missionnaire du chrétien. Et en provenance en particulier de ceux qui sont « autrement croyants » et même et surtout qui se disent évidemment chrétiens !
N’est-il pas venu pour « apporter le glaive » et diviser (Mathieu, 10 : 34-39) ?
Tout comme d’autres ici, j’y suis allé de mon petit couplet sur la souffrance non nécessaire mais inévitable, et de l’attention à celle d’autrui. Il n’empêche que :
Certaines pratiques sado-maso le révèlent, la souffrance permet d’optimiser le délice. La joie :plaisir de bouger, par exemple par le sport, est de courte durée : vient ensuite la souffrance. Mais en s’entrainant et assumant cette souffrance, avec le temps, on finit par prolonger la durée de la joie/plaisir et surtout l’intensifier.
N’est-ce pas là un avant-goût de ce qui attend au ciel ceux qui auront « assumé » ces souffrances « pour le Christ » ? N’est-ce pas pourquoi les saints les recherchaient et ne devons-nous devenir des saints ?
La souffrance est donc bien enviable, désirable, heureuse et source de joie chrétienne ! (Mathjeu, 5: 11-12)
Les saints s’inquiétaient d’en éprouver moins, comme d’un signe d’abandon par Jésus…
Et si Jésus leur « en donne », n’est-ce pas pour qu’au ciel, leur délice soit suractivé et intensifié ?
Je ne suis pas certain que ces douleurs/souffrances provoquées par une vie naturelle méritent la compassion, je veux dire une compassion qui relève de la charité et qui ne soit pas plutôt, comme Kérygme l’effleure, se mettre à leur place et penser à soi, voire « regimber sous l’aiguillon ».
D’ailleurs la vraie compassion de charité suppose d’apporter une aide et très souvent elle est impossible ou inutile et stérile (souffrir de la souffrance de l’autre ne le soulage en rien, au contraire, nous savoir heureux et sans souffrance lui ferait plus de bien). Il nous faut en premier accepter cette impuissance dans toutes ses conséquences, et ne pas nous débarrasser de la souffrance de l’autre en lui offrant un narcotique.
Quand il s ‘agit d’autrui sans doute cela peut-il relever d’une bonne intention, mais à condition de respecter sa volonté.
Or Jésus n’y a pas consenti et a refusé le narcotique, et il est notre modèle.
Il ne s’agit pas de refuser par exemple une péridurale (quoique…), mais je pense que derrière cette attitude contemporaine peut se cacher bien des choses dont certaines peu chrétiennes.
- [+] Texte masqué
- J’ai été opéré de la cataracte 2 fois (2 yeux !). Ce qui se fait sous anesthésie locale et qui suffit largement : on ne sent rien ! Mais pour éviter « le stress » du patient, et qu’il ait un comportement perturbant, on le shoote quand même « un peu beaucoup » pour « qu’il se sente bien » (on se croirait dans une fumerie d’opium).
Cela permet à un anesthésiste de toucher au passage une coquette somme, car sans quoi on n’aurait besoin de lui qu’en cas rarissime de problème.
J’ai refusé mais on m’a fait comprendre que … Je n’ai pu obtenir (liberté quand même… j’ai dû insister comme quoi ceci et cela et dû être assez convainquant ) qu’une réduction de la dose. Et je me suis demandé pourquoi on ne me permettait pas de rentrer chez moi juste après (vivant seul et n’ayant voulu déranger personne pour venir me chercher).
La seconde fois, l’anesthésiste étant plus pugnace, j’ai cru qu’en feignant que j’étais déjà très cool et très bien je le convaincrai mieux. Il a cru que j’appréhendais et m’a donné la dose habituelle…. Et j’ai été « vaseux » pendant plusieurs jours, ce qui m’a fort déplu et contrarié, sans parler de ce produit inoculé que j’ai ressenti comme un viol. Je n’aurais pu en effet « rentrer chez moi de suite ». Et j'ai dû user de mes connaissances en naturopathie pour résorber le mal
Une personne qui connait bien son corps et maîtrise ses émotions en toute quiétude, bref une personne normale, n’a nullement besoin de cette aide qui lui fait en fait du mal !
Et quand bien même j’aurais « souffert », j’aurais de beaucoup préféré souffrir et me rapprocher ainsi de Jésus ! Un dentiste un peu sadique avait senti cela chez moi (vu le temps que je mettais à venir le consulter quand j’avais eu des douleurs dont il connaissait par profession l’intensité et les réactions habituelles) et du coup avait joué à me « tester ». Je l’ai gardé comme attitré longtemps, mais il a fini par se calmer et cela m’a fait penser à « faire mille pas avec celui qui en demande 10 » et j’en ai pu apprécier le résultat.
Par ailleurs, une bonne partie de nos souffrances proviennent de nous, de notre manque d’éveil spirituel.
Et nous nous accrochons à elles (singeant le saint) par ce qu’elles nous protègent d’une sorte d’épreuve de vérité, et nous refusons d’en être débarrassés et nous y accrochons.
Cette attitude certes inconsciente ne mérite pas la compassion, mais l’audacieuse agression (oui) de la correction fraternelle. De la manière même dont Jésus en usa à maintes reprises dans les évangiles et en en sachant les conséquences !
Bien sûr, une personne qui n’est pas « en demande » n’ira pas chez le psy, mais l’attitude chrétienne n’est pas alors de « la laisser tranquille » à moins qu’elle le demande (mais cela peut remettre en cause la relation si elle n'est pas "nécessaire" par obligation (collègue, famille...)), or entrer de sa part en conflit n’est pas le demander, mais révéler la justesse d’une analyse critique.
(Bien sûr, il y a toujours la possibilité aussi de l'erreur ou du mensonge, et la vérité ne triomphe pas toujours si aisément... )
Si cela se fait entre 2 personnes ainsi souffrantes mais dont la justification des maux s’oppose, cela peut aller loin et être interminable, cela l’est déjà avec une personne désintéressée, charitable et habile, car il y a des résistances au changement qui pourtant serait guérisseur.
Quand la résistance est trop forte, la préconisation du Christ est sans appel (bien qu’il faille faire mille pas avec qui nous en demande 10…) : il faut traiter cette personne comme le publicain, autrement dit l’abandonner à son sort et ne plus s’en préoccuper.
De fait, sa souffrance est malsaine et nous perdons notre temps avec elle.
Perplexe a écrit : ↑mar. 25 oct. 2022, 9:46
C'est alors plutôt le rapport négatif à soi-même qui fait souffrir que l'histoire douloureuse que l'on puisse porter.
C'est en effet quelque chose comme cela... Sachant que vous avez probablement voulu écrire, et je le précise pour que le sens de mon appropriation soit clair : "C'est alors le rapport négatif à soi-même qui fait souffrir plutôt que l'histoire douloureuse que l'on peut porter quelle qu'elle soit". Ou "quelle que soit l'histoire douloureuse que l'on puisse porter, c'est alors plutôt..." il arrive que plusieurs idées se télescopent trop vite et aboutissent à cette synthèse formellement incorrecte mais si éloquente...
Pensons à Luc (4-42) :
« Les foules le cherchèrent et allèrent jusqu’à lui, l’encerclant pour qu’il ne puisse leur échapper mais reste auprès d’elles. »
La veille il venait de guérir tous les souffrants qui se présentaient. Il n’y en avait par conséquent plus, ou que de ces « mauvaises souffrances ». Ces foules qui voulaient le garder sous la main, probable qu’elles étaient de celles à dire « mon seigneur à moi » mais à ne pas faire ce qu’il disait et appliquer son enseignement. Sans quoi elles n’auraient plus eu besoin de lui.
Et elles lui reprocheront sans doute d’être un théologien sans charité, ou fou, excessif !
Nous retrouvons cela chez Jean avec ces foules qui « voulaient le faire roi » et qui provoquèrent sa fuite (multiplication des pains, chapitre 6). Souvent Jésus fuira… et on l’en maudira sûrement ! Encore cette histoire de « signe », comme s’ils n’en avaient pas suffisamment ! Ceux de Nazareth ne voulurent-ils pas le tuer de ce qu’il n’aura pas fait pour eux assez de miracles..
Or c’était parce qu’ils manquaient de foi !
Conclusion : la réponse à la question ici posée se trouve bien dans la foi et permet d'en mesurer l'aloi.