Quelle apologétique en ce début du XXIe siècle ?

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Gaudens
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Quelle apologétique en ce début du XXIe siècle ?

Message non lu par Gaudens » ven. 09 févr. 2024, 16:39

Je conseille la vidéo ci-dessous émanant du site Foi et Raison du jeune Belge Thomas Rémy, à la fois étudiant en théologie (doctorant?) et déjà professeur de religion. Thomas Rémy est favorable à une apologétique de l'engendrement (partir de là où en sont les personnes à qui on s'adresse,comme Saint-Paul à Athènes) . Il débat ici avec l'également jeune Mathieu Lavagna (association Marie de Nazareth) qui a récemment publié "Soyez rationnel,devenez catholique". Celui-ci part davantage d'une approche traditionnelle de l'apologétique (les preuves rationnelles de l'existence de Dieu,en particulier) mais reconnait aussi la validité de l'approche du jeune belge.
En tous cas, tous deux révoquent une apologétique type "coup de poing dans la figure", fondée sur la menace de l'enfer et autres arguments agressifs, dont j'écrivais ailleurs ces jours-ci combien ils pouvaient être inaudibles, insupportables et finalement contre-productifs.

A écouter et méditer. En tous cas, bravo à ces deux jeunes qui sont l'avenir de l'Eglise dans le monde francophone et au delà.


https://www.youtube.com/watch?v=l_LuRHTXiyU&t=215s

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Perlum Pimpum
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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIè siècle ?

Message non lu par Perlum Pimpum » ven. 09 févr. 2024, 17:57

« Celui qui croit en lui n'est point jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. » Jn. III, 18.

Ah ben non, c’est trop violent.


« Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. » Mc XVI, 16.

Quelle horreur ! Ce discours totalitaire est inadapté à la mentalité droidlomiste contemporaine.


« Gardez-vous de refuser d'entendre celui qui parle; car si ceux-là n'ont pas échappé qui refusèrent d'entendre celui qui publiait les oracles sur la terre, combien moins échapperons-nous, si nous nous détournons de celui qui parle du haut des cieux » Hb. XII, 25

Cette violence est insuportaaaaable.


« Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui-même; celui qui ne croit pas Dieu le fait menteur, puisqu'il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu à son Fils. » I Jn. V, 10.

Assez, c’est trop !


« Qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu; vous n'écoutez pas, parce que vous n'êtes pas de Dieu. » Jn. VIII, 47.

Cette pastorale est insupportaaaaable.


« Prenez garde, frères, que quelqu'un de vous n'ait un coeur mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant. » Hb. III, 12.

Cette parole me brûle !!! Oups, que m’arrive-t-il ?



Image
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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prodigal
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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIè siècle ?

Message non lu par prodigal » ven. 09 févr. 2024, 22:19

Gaudens a écrit :
ven. 09 févr. 2024, 16:39
Je conseille la vidéo ci-dessous émanant du site Foi et Raison du jeune belge Thomas Rémy, à la fois étudiant en théologie (doctorant?) et déjà professeur de religion. Thomas Rémy est favorable à une apologétique de l'engendement (partir de là où en sont les personnes à qui on s'adresse,comme Saint-Paul à Athènes) . Il débat ici avec l'également jeune Mathieu Lavagna (association Marie de Nazareth) qui a récemment publié "Soyez rationnel,devenez catholique". Celui-ci part davantage d'une approche traditionnelle de l'apologétique (les preuves raionnelles de l'existence de Dieu,en particulier) mais reconnait aussi la validité de l'approche du jeune belge.
En tous cas, tous deux révoquent une apologétique type "coup de poing dans la fiugure", fondée sur la menace de l'enfer et autres arguments agressifs, dont j'écrivais ailleurs ces jours-ci combien ils pouvaient être inaudibles, insupportables et finalement contre-productifs.

A écouter et méditer. En tous cas, bravo à des deux jeunes qui sont l'avenir de l'Eglise dans le monde francophone et au delà.


https://www.youtube.com/watch?v=l_LuRHTXiyU&t=215s
Merci beaucoup, cher Gaudens, pour votre apport au forum, qui me semble en avoir vraiment besoin.
Selon moi, l'apologétique est soumise à deux conditions :
- préférer la vérité
- ne rien dire de mal de Dieu.
J'ai l'impression que, en ce qui vous concerne, vous satisfaites à ces deux conditions, ce qui n'est manifestement pas si fréquent. :)
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

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Léon
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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIè siècle ?

Message non lu par Léon » sam. 10 févr. 2024, 10:33

Merci Gaudens pour ce débat dynamique avec deux jeunes chrétiens bien intentionnés.
J'ai apprécié le passage où Rémi se rend compte que le témoignage de vie chrétienne est indispensable, avant même de se lancer dans des discours rationnels argumentés... C'est une question de cohérence et de crédibilité... Sinon on reste dans une bulle philosophique abstraite, qui finit par éclater, puis pouf, ne reste plus rien.
Mathieu lui a choisi d'adopter le sens de l'Eglise avec des références à l'appui, afin d'être capable de rendre compte de la Foi et l'Espérance qui l'anime... C'est bien plus solide et balisé, à mon avis. Et ça complète bien l'approche artisanale de Rémi qui cherche une pédagogie apologétique adaptée selon le public et la situation.
J'espère que ces deux jeunes vont continuer à travailler ensemble, parce que très intéressant.
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Gaudens
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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIè siècle ?

Message non lu par Gaudens » sam. 10 févr. 2024, 13:32

Merci Prodigal, pour votre bienveillance. Comme beaucoup,j'essaie de rester sur un chemin éclairé par la foi,l'espérance et la charité.Mais je ne vous cache pas que j'ai du mal ...
Cher Léon, heureux que ce débat vous ait plu, ces deux jeunes gens ont au moins le mérite d'exister et de travailler en utilisant des outils de leur temps qui leur permettent d'aller vers des publics souvent nouveaux et bien peu évangélisés. Evidemment ils sont le fruit de la société ecclésiale dans laquelle ils baignent: le climat autour de Mathieu Falagna (que j'ai découvert à cette occasion) en France est certainement plus observant que celui de l'Eglise belge (hiérarchie,système éducatif,université de Louvain) qui a fait éclore Thomas.Celui-ci est encore trop formaté (je trouve) par l'exégèse historico-critique, ce qui se sent dans ses premiers débats avec des athées. Mais il est jeune et plein d'une totale bonne volonté.

Gaudens
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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIè siècle ?

Message non lu par Gaudens » sam. 10 févr. 2024, 13:52

« Celui qui croit en lui n'est point jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. » Jn. III, 1.

« Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. » Mc XVI, 16.

« Gardez-vous de refuser d'entendre celui qui parle; car si ceux-là n'ont pas échappé qui refusèrent d'entendre celui qui publiait les oracles sur la terre, combien moins échapperons-nous, si nous nous détournons de celui qui parle du haut des cieux » Hb. XII, 25

« Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui-même; celui qui ne croit pas Dieu le fait menteur, puisqu'il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu à son Fils. » I Jn. V, 10.

« Qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu; vous n'écoutez pas, parce que vous n'êtes pas de Dieu. » Jn. VIII, 47.

« Prenez garde, frères, que quelqu'un de vous n'ait un coeur mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant. » Hb. III, 12.

Bien sûr . Mais il y a aussi :

"Le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde.
35 Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;
36 j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”
37 Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?
38 tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ?
39 tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?”
40 Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
41 Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges.
42 Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;
43 j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.”
44 Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?”
45 Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.”
46 Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »(Matthieu XXV)
Et aussi :
« Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père »(Jean,XIV,2).

Et pas mal d’autres qui élargissent le champ de l’espérance et peuvent nourrir une apologétique non fondée sur la provocation et la terreur , à laquelle je n’assimilerais pas la salutaire crainte de Dieu.Celle-ci ne peut se comprendre correctement qu'à partir du moment où l'être humain a réussi à se percevoir comme créature de Dieu, créature aimée et à qui revient une mission sur terre,chacun la sienne probablement. Une perception dont nos contemporains sont encore massivement très éloignés.

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Olivier JC
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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIè siècle ?

Message non lu par Olivier JC » sam. 10 févr. 2024, 15:02

Bonjour,

Deux observations en passant...

La première est que l'on ne s'adresse pas de la même manière à un chrétien et à un païen (et je mets dans cette dernière catégorie les personnes baptisées mais qui sont éloignées de toute pratique religieuse et de toute connaissance du catholicisme). La prédication des fins dernières, avec un accent certes excessif sur l'enfer, s'adressait à des chrétiens. Pas à des païens.

Ainsi, lorsque S. Paul s'adresse à l'Aéropage, il annonce le Dieu qu'il adorent sans le connaître. Quand il écrit aux chrétiens de Corinthe, il ne mâche pas ses mots au contraire. Expliquer à un païen qu'il est sauvé n'est pas la même chose qu'expliquer à un chrétien qu'il risque de ne plus l'être.

La deuxième est qu'il y a une gradation en ces choses :
+ La logique de l'esclave, qui se garde du péché par peur du châtiment ;
+ La logique du mercenaire, qui se garde du péché par attrait pour la récompense ;
+ la logique de l'ami, qui se garde du péché par amour pour Dieu manifesté en Notre Seigneur.

Il me semble que si l'objectif est la logique de l'ami, il n'en demeure pas moins qu'aucune des deux autres logiques ne peut être exclue, et que la faiblesse humaine consécutive au péché originel rend nécessaire d'avoir parfois comme aiguillon l'attrait de la récompense ou la peur du châtiment. C'est lorsque l'une de ces deux logiques l'emporte sur la logique de l'ami au point de la faire presque perdre de vue qu'il y a une difficulté.

Mais face à une tentation à laquelle il est difficile de résister, la peur de l'enfer peut tenir lieu d'électrochoc et être salutaire. Face encore à telle action charitable que l'on rechignerai à accomplir au regard de l'effort requis, l'attrait de la récompense pourra utilement soutenir la volonté.

+
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Perlum Pimpum
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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIè siècle ?

Message non lu par Perlum Pimpum » sam. 10 févr. 2024, 18:40

Et pas mal d’autres qui élargissent le champ de l’espérance et peuvent nourrir une apologétique non fondée sur la provocation et la terreur , à laquelle je n’assimilerais pas la salutaire crainte de Dieu
Il ne s’agit pas de terroriser ou d’être terrorisé, mais de prendre au sérieux le risque très réel d’être damné. Il serait criminel pour soi et pour autrui d’occulter cette perspective, qui invite plus que jamais chacun au combat spirituel, dans l’espérance et le recours aux sacrements.

Il me semble que si l'objectif est la logique de l'ami, il n'en demeure pas moins qu'aucune des deux autres logiques ne peut être exclue, et que la faiblesse humaine consécutive au péché originel rend nécessaire d'avoir parfois comme aiguillon l'attrait de la récompense ou la peur du châtiment. C'est lorsque l'une de ces deux logiques l'emporte sur la logique de l'ami au point de la faire presque perdre de vue qu'il y a une difficulté. Mais face à une tentation à laquelle il est difficile de résister, la peur de l'enfer peut tenir lieu d'électrochoc et être salutaire. Face encore à telle action charitable que l'on rechignerai à accomplir au regard de l'effort requis, l'attrait de la récompense pourra utilement soutenir la volonté.
Exact. J’ajoute que la logique de l’amour trouve profit à la méditation de l’Enfer, par l’horreur qu’inspire l’une des caractéristiques des damnés : la haine formelle de Dieu. De plus, si « l'amour parfait bannit la crainte, car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n'est pas parfait dans l'amour » (I Jn. IV, 18), encore faut-il être arrivé à ce degré de perfection de l’amour où tout péché mortel nous est désormais impossible par l’effet d’une grâce d’exception, que le Christ n’accorde qu’à certaines âmes, celles précisément qui sont parfaites dans l’amour. Aussi, tant qu’imparfaits dans l’amour, n’est que présomption et illusion à répudier la crainte. « Ainsi… travaillez à votre salut avec crainte et tremblement… » (Ph. II, 12).

Il est évident que la vertu d’espérance nous fait demander d’atteindre à notre fin dernière absolue (Dieu, Dieu aimé par amour de Dieu, pour l’aimer à jamais dans la gloire). Mais n’est pas contraire à l’espérance théologale de demander d’atteindre à notre fin dernière relative (la béatitude de l’élu), puisque cette fin dernière relative est le corollaire de la fin dernière absolue. Et parce que le désir d’échapper au malheur suprême est implicitement inclut dans le désir de la béatitude, supplier Dieu qu’il nous sauve de la perdition sempiternelle est de soi un motif surnaturel conforme à la vertu théologale d’espérance, même si l’objet premier de cette vertu sera toujours d’espérer de Dieu qu’il nous donne d’aimer Dieu par amour de Dieu : de l’aimer en vérité, en accomplissant ses commandements, donc en évitant le péché, et conséquemment la ruine sempiternelle que le péché implique. De la mort éternelle délivre nous Seigneur.

:croix:
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIè siècle ?

Message non lu par Perlum Pimpum » mar. 13 févr. 2024, 13:00

Pour ce qui est de la catéchèse, est évident qu’elle doit être centrée sur la miséricorde. Mais remarquez tous que parler de miséricorde implique d’aborder préalablement la vindicte, la miséricorde ayant précisément pour effet de nous délivrer de la vindicte. La prédication de l’Enfer est donc le préalable de celle sur la miséricorde. Est-ce pourtant que, rappelant la réalité de la vindicte à ceux qui la nient, pour ensuite expliquer aux objectants comment elle s’articule à l’amour, la prédication devient janséniste ? Assurement non, n’en déplaise aux calomniateurs. Que doit donc être une pastorale équilibrée centrée sur la miséricorde ? Certainement pas une de ces niaiseries selon quoi, au choix, l’Enfer est vide, Dieu ne frappe pas, etc. Quoi donc alors ? Ceci peut-être :


I - RÉALITÉ DE LA VINDICTE.

Un jour à son réveil, la bienheureuse Marguerite-Marie entendit une voix qui lui disait : « Le Seigneur se lasse d’attendre ; Il veut entrer dans son grenier pour cribler son froment et séparer le bon grain d’avec le chétif. Mon peuple choisi me persécute secrètement ; il a irrité ma justice ! Mais je manifesterai ses péchés secrets par des châtiments visibles. Je criblerai les coupables, dans le crible de ma sainteté de justice, pour les séparer d’avec mes bien-aimés, les ayant séparés, je les environnerai de cette même sainteté qui se met entre le pécheur et ma miséricorde, et quand elle a un fois environné le pécheur, il est impossible qu’il se reconnaisse, sa conscience demeure sans remords, son entendement sans lumière, son cœur sans contrition ; il meurt enfin, dans son aveuglement. » (Ed. Gauthey, II, p. 173.)

« Tu le vois, ma fille bien-aimée, les hommes ont été régénérés dans le sang de mon Fils et rétablis dans la grâce : mais ils la méconnaissent et s’enfoncent de plus dans le mal ; ils me poursuivent de leurs outrages et méprisent mes bienfaits. Non seulement ils repoussent ma grâce, mais ils me la reprochent, comme si j’avais d’autres buts que leur sanctification. Plus ils s’endurciront et plus ils seront punis ; leur châtiment sera plus terrible qu’il ne l’aurait été avant la rédemption. N’est-il pas juste que celui qui a beaucoup reçu soit tenu de donner davantage à son bienfaiteur ? Les hommes me sont .bien redevables, eux qui ont reçu le trésor de ce sang précieux qui les a rachetés, et la dette est plus grande après la rédemption qu’avant. Ils me doivent l’amour envers le prochain ; ils me doivent des vertus sincères et véritables et s’ils ne s’acquittent pas, plus ils me doivent, plus ils m’offensent. Ma justice alors demande que je proportionne la peine à l’offense et que je rende plus terrible pour eux la peine de l’éternelle damnation. Aussi le mauvais chrétien est-il beaucoup plus puni que le païen. Le feu terrible de ma vengeance, qui brûle sans consumer, le torture davantage, et le ver rongeur de la conscience le dévore plus profondément. Quels que soient leurs tourments, les damnés ne peuvent perdre l’être ; ils demandent la mort sans pouvoir l’obtenir, le péché ne leur ôte que la vie de la grâce. » (Sainte Catherine de Sienne, Dialogue, ch. XV).

« Je veux entrer dans leurs cœurs ; mais ils disent : nous aimons mieux mourir que de quitter nos volontés. Vois, ô mon épouse, de quelle trempe ils sont : je les ai faits, et d’une seule parole je pourrais les détruire ; cependant vois comme ils s’enorgueillissent contre moi. Maintenant, à cause des prières de ma Mère et de tous les saints, je suis encore si miséricordieux et si patient que je veux leur envoyer des paroles sorties de ma bouche et leur offrir ma miséricorde. S’ils veulent la recevoir, je serai apaisé et je les aimerai ; sinon, je leur ferai ressentir ma justice et ils seront confondus publiquement devant les anges et les hommes, et ils seront jugés comme des larrons. Comme des larrons pendus au gibet sont dévorés par des corbeaux, de même ceux-ci  seront dévorés par des démons sans jamais se consumer ; comme ceux qui sont punis par le cep de bois ne trouvent aucun repos, de même ceux-ci seront en tout et partout environnés de douleur et d’amertume. Un fleuve de feu coulera en leur bouche ; de jour en jour ils seront en proie à de nouveaux supplices. » (Sainte Brigitte de Suède, Liv. Ier, ch V.)


II - VINDICTE OU MISERICORDE.

« Apprends, ma fille, que personne ne peut échapper à mes mains, parce que je suis celui qui suis. Vous n’avez pas l’être par vous-même, mais vous êtes faits par moi, qui suis le Créateur de toutes les choses qui participent à l’être, excepté le péché qui n’est pas (car il n’a pas été fait par moi), et comme il n’est pas en moi, il n’est pas digne d’être aimé. La créature se rend coupable parce qu’elle aime le péché qu’elle ne devrait pas aimer et parce qu’elle me hait, moi, qu’elle devrait tant aimer puisque je suis le Souverain Bien, et que je lui ai donné l’être avec tant d’amour. Mais elle ne peut m’échapper, car ou elle est punie par ma justice pour ses fautes, ou elle est sauvée par ma miséricorde. Ouvre donc l’œil de ton intelligence et regarde ma main et tu verras la vérité de ce que je te dis… » (Sainte Catherine de Sienne, Dialogue, ch. XVIII).


III - PRIMAT DE LA MISÉRICORDE.

« … Ma fille, vois et comprends que personne ne peut m’échapper, tous sont le sujet de ma justice ou de ma miséricorde, car tous ont été créés par moi et je les aime d’un amour ineffable, et malgré leurs iniquités je leur ferai miséricorde par le moyen de mes serviteurs et je t’accorderai ce que tu m’as demandé avec tant d’amour et tant de douleur. » (Sainte Catherine de Sienne, Dialogue, ch. XVIII).

« Je vous ai poursuivie longtemps, non pas comme un Dieu de vengeance pour vous accabler sous le joug de ma loi, mais comme Père de miséricorde pour vous vivifier de ma grâce. » (Jésus à Sainte Thérèse d’Avila).


IV - TRIOMPHE DE LA MISÉRICORDE : L’ESPÉRANCE EN LA MISÉRICORDE DÉLIVRE DE LA VINDICTE.

1. ESPÉRANCE VS. PRÉSOMPTION.

« Personne ne sera rejeté s’il espère dans le sang de mon Fils et dans ma miséricorde ; mais personne aussi ne doit être assez aveugle et assez insensé pour attendre le dernier moment. »  (Sainte Catherine de Sienne, Dialogue, ch. CXXIX.)

« Celui qui m’offense en s’appuyant sur ma miséricorde ne peut pas dire qu’il espère en ma miséricorde, il est plutôt coupable de présomption, cependant il a la foi en ma miséricorde. Si, quand vient l’heure de la mort, il reconnaît ses fautes et décharge sa conscience par une sainte confession, la présomption cesse, et il ne m’offense plus. La miséricorde lui reste, et, avec cette miséricorde, il peut, s’il le veut, se rattacher à l’espérance. Sans cela il ne pourrait éviter le désespoir, qui l’entraînerait avec les démons dans l’éternelle damnation. » (Sainte Catherine de Sienne, Dialogue, ch. CXXXII).

2. ESPERANCE VS. DÉSESPOIR.

« Je puis en un  moment réparer tout le passé d'une âme, pourvu que cette âme me traite  en Dieu, c'est-à-dire qu'elle ne borne pas ma bonté par sa méfiance, qu’elle ne resserre pas ma miséricorde avec ses angoisses, qu’elle ne mesure pas mon amour au sien. » (Jésus à Bénigna Consolata, 4 mai 1916).

« Le plus grand mal que le démon fait aux âmes, après leur avoir fait commettre le péché, c’est la défiance. Tant qu’une âme à confiance, la route est encore ouverte devant elle, mais quand le démon parvient à lui fermer le cœur par de la défiance, oh ! Comme Il me faut lutter pour reconquérir cette âme… Ecris, ma Bénigna, écris pour qu’on le sache ; il est certain que 100 péchés m’offensent plus qu’un seul ; mais si ce péché unique était un péché de défiance, il me frapperait au Cœur plus que les cent autres, car la défiance blesse mon Cœur au plus intime : j’aime tant les hommes. » (Jésus à Bénigna Consolata, Notice, p. 88).

« C’est ma miséricorde qui fait espérer l’homme en ma miséricorde pendant sa vie. Je ne lui accorde pas cette grâce pour qu’il m’offense, mais pour qu’il se livre à ma charité et à la considération de ma bonté. Il fait le contraire, quand il m’offense, parce qu’il compte sur ma miséricorde. Cependant je le conserve dans l’espérance de ma miséricorde, afin qu’au moment de sa mort il puisse s’y attacher, et qu’il ne périsse pas en tombant dans le désespoir, car ce qui est le plus odieux pour moi et le plus malheureux pour lui, c’est le désespoir. Ce dernier péché est plus grand que tous ceux qu’il a commis. Ce qui fait que ce péché m’irrite et lui nuit plus que les autres, c’est qu’il y a dans les autres péchés un certain plaisir, un entraînement des sens, et qu’on peut en avoir un regret qui attire la miséricorde ; mais dans le péché de désespoir, comment prétexter la faiblesse, puisqu’on n’y trouve aucune jouissance, mais au contraire, une peine insupportable? Le désespoir est le mépris de ma miséricorde ; il fait croire la faute plus grande que ma miséricorde et ma bonté. Celui qui tombe dans ce péché ne se repent pas et ne pleure pas véritablement de m’avoir outragé, il pleure son malheur et non mon offense ; et c’est pourquoi il tombe dans l’enfer, ou il sera tourmenté pour ce péché et pour tous ceux qu’il a commis. S’il se fût repenti de l’offense qu’il m’avait faite, s’il avait espéré dans ma miséricorde, il eût trouvé le pardon, car ma miséricorde est infiniment plus grande que tous les péchés que peuvent commettre les créatures. Aussi ceux qui la jugent inférieure à leurs péchés, me déplaisent plus que tous les autres. C’est là le péché qui n’est pardonné ni en cette vie ni en l’autre. Quand vient l’heure de la mort pour celui qui a vécu dans le désordre et le crime, le désespoir me déplaît tant que je voudrais le faire espérer dans ma miséricorde c’est pour cela que pendant sa vie je me suis servi d’un doux stratagème en le laissant trop compter sur ma miséricorde ; l’habitude de l’espérance l’expose moins à la perdre au moment de la mort, quand se font entendre les terribles reproches de la conscience. » (Sainte Catherine de Sienne, Dialogue, ch. CXXXII).

« Je suis ton espérance certaine. Tu ne dois jamais entrer en défiance. Les âmes qui m'aiment espèrent toujours, et la fidélité qu'elles ont de tout attendre de mon amour les empêche d'être confondues. » (Jésus à Mère Clément, Vie, p. 364).

3. TRIOMPHE DE L’ESPÉRANCE.

« J’ai donné à l’homme le secours de l’espérance. Dès qu’à la lumière sainte de la foi, il contemple le prix du sang précieux qui a été payé pour lui, cette vue doit mettre dans son cœur une espérance ferme et la certitude de son salut. L’honneur lui est rendu par les opprobres de Jésus crucifié; car, s’il m’a souvent offensé par tous les membres de son corps aussi, Jésus, mon Fils bien-aimé, a souffert d’atroces tourments. Son humble obéissance a corrigé, purifié la désobéissance d’Adam et de sa postérité. Par cette obéissance, vous avez tous acquis la grâce, comme par la désobéissance de votre premier père vous aviez tous contracté la faute. » (Sainte Catherine de Sienne, Dialogue, ch. CXXXVI.)

« L’âme, qui espère en moi et qui me sert de tout son cœur, refuse nécessairement sa confiance au monde et ne saurait la placer dans sa propre faiblesse. » (Sainte Catherine de Sienne, Dialogue, ch. CXXXVI).

« Si tu savais ce que peut sur mon Cœur une âme qui se livre doucement à cette familiarité. Je ne peux rien lui refuser. Et je voudrais que cette disposition de mon Cœur fût mieux connue et cette douce familiarité mieux pratiquée. » (Jésus a Gertrude-Marie, 24  mai 1907).

« Sais-tu quelles sont les âmes qui profitent le plus de ma bonté ?  Ce sont celles qui ont le plus de confiance. Les âmes confiantes sont les voleuses de mes grâces… Ecris donc que l’agrément que je trouve dans une âme confiante est indicible. » (Jésus à Bénigna Consolata, Notice, p. 87).

« Je te le dis en vérité, il me plait beaucoup que les hommes aient une confiance qui leur fasse espérer recevoir de moi de grandes choses ; et si quelqu’un croit qu’après sa vie je le comblerai de bienfaits bien au-delà de son mérite, et m’en rend à l’avance des actions de grâces, il m’est en cela si agréable que, autant qu’il peut croire ou présumer, autant et plus encore, je le rémunèrerai au-delà de son mérite, parce qu’il est impossible que l’homme ne reçoive pas ce qu’il a cru et espéré. C’est pourquoi il est utile à l’homme, et d’espérer beaucoup de moi, et de se bien confier à moi. » (Jésus, à sainte Mechtilde).



Bon silence de Carême.
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIè siècle ?

Message non lu par ChristianK » mer. 14 févr. 2024, 22:14

Gaudens a écrit :
ven. 09 févr. 2024, 16:39
.
En tous cas, tous deux révoquent une apologétique type "coup de poing dans la fiugure", fondée sur la menace de l'enfer et autres arguments agressifs, dont j'écrivais ailleurs ces jours-ci combien ils pouvaient être inaudibles, insupportables et finalement contre-productifs.
A mon avis une des pires erreurs des 50 dernières années. Les fin dernières n'ont rien d'aggressives, elles sont au centre du lien philo-théo ((chez Kant p.ex., sans parler du pari de pascal), rien n'est pire et contre productif que de les ramollir devant les mondains, qui nous voient venir et répondent par un mépris amusé (comte sponville : ")l'enfer serait métaphoriquem on arrète pas le progrès")
La censure cuculisante rend les choses encore plus inaudibles et insupportable. C'est justement pour rejoindre le monde que le mépris du monde (Contemptio mundi) est nécessaire quoique paradoxal, car les mondains cherchent autre chose que le monde.
bref Hervieu Léger s'est mis le doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate.

Je reconnais toutefois que nous sommes dans le domaines des hypothèses, à être confirmées partiellement par les séminaires pleins ou les protestants évangéliques voire la pasto musulmane,

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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIè siècle ?

Message non lu par Altior » ven. 16 févr. 2024, 0:11

Olivier,
Olivier JC a écrit :
sam. 10 févr. 2024, 15:02
La deuxième est qu'il y a une gradation en ces choses :
+ La logique de l'esclave, qui se garde du péché par peur du châtiment ;
+ La logique du mercenaire, qui se garde du péché par attrait pour la récompense ;
+ la logique de l'ami, qui se garde du péché par amour pour Dieu manifesté en Notre Seigneur.

Le souci est que la plupart d'entre nous, nous sommes des esclaves. Même si, par le Saint Baptême, nous sommes reblanchis, nous redevenons esclaves par nos péchés propres, sans pouvoir dire que c'est la faute à Adam est Eve. Même les amis redevient souvent des esclaves. Pourquoi même les amis de DIeu tombent et retombent dans le péché c'est un autre sujet, l'un à part entière.
Gradation ? D'accord, mais alors que ce soit gradation. Or, à ce que j'ai compris, l'apologétique ainsi que vue par Gaudens voudrait que les païens deviennent directement amis de DIeu. Pourtant les conversions, sauf des cas spéciaux comme celui de Saint Paul, se font progressivement. Si on parle de gradation, a-t-on noté qu'il y a une gradation dans les dons du Saint Esprit ? Le premier don qu'on reçoit est celui de la crainte de DIeu. Le deuxième, l'amour filial envers Dieu, lui suit. Pour aboutir à la sagesse. Et chaque étape n'annule pas l'autre. Chaque don du Saint Esprit de chasse pas le don antérieur. Personnellement, je ne connais AUCUN ami de Dieu qui n'ait pas peur du châtiment. Ainsi, tous les vrais amis de Dieu que j'ai connu et que je connais savent clairement trois choses : 1) le châtiment, ça existe 2) le châtiment est terrible et 3) cela pourrait très bien être leur cas.

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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIe siècle ?

Message non lu par cmoi » ven. 16 févr. 2024, 8:40

Altior a écrit :
ven. 16 févr. 2024, 0:11
Le premier don qu'on reçoit est celui de la crainte de DIeu. Le deuxième, l'amour filial envers Dieu, lui suit. Pour aboutir à la sagesse.
Si cela correspond en effet à un a priori doctrinal qui recompose ainsi les choses ultérieurement, à cause des chutes, cela ne correspond à rien dans la réalité. Je n’ai connu ni entendu parler d’aucun catéchumène adulte ou enfant, dont ce fut la motivation.
  • La plupart demandent le baptême et s’y sentent appelés par le sens du sacré et de la transcendance de Dieu, même s’ils ne l’expriment pas ainsi. Cela leur vient la plupart du temps, même si leurs parents sont athées (techniquement baptisés ou non, peu importe), car il y a eu une rencontre dans leur vie, avec un proche (la plupart du temps un parent lointain et souvent un grand-parent) qui leur a parlé de Dieu ou leur a lu la bible.
    Ils ont conservé cela dans leur cœur, comme une lumière intérieure, jusqu’au moment où devenus adultes, ayant acquis l’indépendance par un travail, ils entreprennent la démarche qui répond à une aspiration profonde et enfouie dans leur cœur, qu’ils avaient de façon variable entretenue (prières, …)
    Certains reconnaissent aussi, souvent avec d’autres mots, vouloir retrouver ainsi des racines ou des valeurs auxquelles ils se sentent attachés.
    D’autres, et pas si rarement pour que cela ne soit pas formidable pour ceux qui les accueillent, ont reçu une grâce dont le caractère surnaturel est à la fois probant et extraordinaire, sans qu’ils y mettent ces mots.
Récemment, une JF de 26 ans est venue parce qu’en accompagnant son concubin chrétien à Fatima, durant leurs vacances au Portugal, elle s’est soudainement sentie habitée de la tête au pied, par une vague d’amour (elle n’en a décrit le « symptôme » que succinctement et presque à contre cœur, parce qu’on (moi-même et sa future accompagnante) a su insister habilement et la mettre en confiance, qu'elle a senti que cela nous serait pour nous quasiment "ordinaire" ).
Ce « point de départ », croyez-vous qu’il soit judicieux et que ce ne soit pas le trahir que de commencer par leur parler de la crainte de Dieu (avec une connotation de peur, et non de respect) alors que l’amour est si porteur ! Croyez-vous que cette lumière intérieure qui déjà les habite, sera entretenue et grandira en leur parlant de l'enfer ?
Peut-être ne seront-ils pas "rapidement " parfaits, mais ils ne cesseront de progresser chacun à leur rythme et si c'est le bon amour que les accompagnants leur auront donné pour cela, il y a tout lieu de croire que leur parcours ne correspondra pas à vos pronostics...

La plupart, aussi, ne sont pas en situation « régulière » mais de péché « grave ». Et quand elle les mettrait dans une situation « techniquement impossible » (époux divorcé remarié, ayant été marié à l’Eglise, mais pas que…) et qu’ils le sauraient, cela ne les empêchera pas de « croire en Dieu » et ils pratiqueront ce qui leur sera possible de pratiquer au sein de l’Eglise, souvent avec encore plus d'assiduité que d'autres.
La preuve que la peur ne fait pas partie de leur motivation, c’est que même en sachant que c’est un péché grave et les conditions pour qu’un péché soit mortel - et le droit qu'a le magistère de fixer des commandements en plus), la pratique de la messe dominicale ne leur devient pas à tous coutumière (il y faut plus de temps, sans doute et c’est à espérer, mais la perspective d’une fréquentation d’amour se heurte aussi en revanche à une sorte de crainte (un peu celle de Moïse devant le buisson) et plus qu’à la compréhension du sacré, au temps que demande son « incubation » ) et quand elle l’est, ce n’est pas pour cette raison.

Je ne pense pas que d'autres participants, coordinateurs, accompagnants ou prêtres, de quelque horizon qu'ils soient et si peu présents ici, renieraient cette analyse qui est la mienne mais la compléteraient.
Et ne croyaient pas pour autant que ces catéchumènes en "arrivant" ignorent ce qu'est l'enfer et pourquoi, ignorent aussi les scandales pas que sexuels de l'Eglise !
Altior a écrit :
ven. 16 févr. 2024, 0:11
Personnellement, je ne connais AUCUN ami de Dieu qui n'ait pas peur du châtiment.
C’est bien dommage. Surtout s’ils n’estiment pas devoir travailler contre cette peur.
Altior a écrit :
ven. 16 févr. 2024, 0:11
Ainsi, tous les vrais amis de Dieu que j'ai connu et que je connais savent clairement trois choses : 1) le châtiment, ça existe 2) le châtiment est terrible et 3) cela pourrait très bien être leur cas.
Çà oui, mais vous oubliez une chose : le châtiment est toujours juste. Pas assez de saints ont dit qu’ils seraient prêts à aller en enfer, si là est le lieu où ils pourront louer le mieux leur Seigneur et contribuer à sa gloire. Croyez-vous qu’ils puissent alors avoir encore peur ?
Altior a écrit :
ven. 16 févr. 2024, 0:11
l'apologétique ainsi que vue par Gaudens voudrait que les païens deviennent directement amis de DIeu. Pourtant les conversions, sauf des cas spéciaux comme celui de Saint Paul, se font progressivement. Si on parle de gradation, a-t-on noté qu'il y a une gradation dans les dons du Saint Esprit ?
Non, les conversions ne se font pas progressivement, ce qui l’est c’est leur préparation, et ensuite la « formation » qui les fera en effet progresser, et qu’ils demandent et attendent avec impatience.
Mais une conversion est toujours immédiate, même quand ce n’est pas flagrant et tout en douceur. C’est d’ailleurs ce que vous reconnaissez en reconnaissant qu’il n’y a pas de gradation dans les dons du St Esprit. Et une conversion n’est JAMAIS due à la peur.

Pour votre gouverne et depuis 2 ans, les demandes de baptême par des adultes explosent en France. Je connais une paroisse (pas la « meilleure » du diocèse mais proche) qui a 60 catéchumènes (pour 27000 habitants, ce qui fait pour les amateurs de statistiques que le ¼ de sa population se convertirait en 10 ans ! (je plaisante...)) Imaginez-vous quand même le regain que suppose et entraîne leur accompagnement, l’organisation à mettre en place, les participants, etc. ?
Ce n’est pas un scoop que les échanges sur ce forum ne représentent que de très loin et à travers des marginaux la vie et les préoccupations de l’Eglise actuelle...

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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIe siècle ?

Message non lu par Gaudens » ven. 16 févr. 2024, 11:46

Merci à Cmoi de nous avoir replacé dans le monde réel , qui est d'ailleurs aussi la réalité du paysage spirituel dans lequel se meuvent les personnes qui sont "à la porte" de la foi et de l'Eglise,en la franchissant (parfois pas) à leur rythme et progressivement (pas "directement" comme l'écrit Altior).
Pr ailleurs,il me semble que celui-ci et Christian K avec lui ne considèrent que deux options comme possibles:la théologie/pastorale/sociologie ( "cuculs") des Delumeau,Bellet,Hervieu Léger d'un côté ( totalement à côté de la plaque) et l'option "bourrin" (*)de l'autre :crainte de l'enfer assénée à temps et contretemps ,rappel des normes avant le rappel de l'Amour divin,etc.... Il y a au milieu,un vaste champ, celui dont parle Cmoi ci-dessus.

* comme Christian K continue d'employer le premier terme,j'utilise celui suggéré ailleurs par Didyme pour désigner l'option opposée !

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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIe siècle ?

Message non lu par Altior » sam. 17 févr. 2024, 11:35

Cher Gaudens,

Ce que je peux constater sur le terrain, ce que je puis vous dire, est que le résultat de la pastorale des derniers 50 ans est un désert sans nom, en dépit du ton triomphaliste que plein d'Éminences et d'Excellences arborent depuis "La Nouvelle Pentecôte" qui, pour eux, fut LE concile. Et je n'ai pas l'impression que ce désert sans nom s'est produit suite à la "pastorale bourrin". Plutôt j'ai l'impression que cela concorde avec le pastorale édulcorée qui est, de loin, prévalente de nos jours.

Enfin, la chose me paraît tellement évidente que je n'ai aucune intention de revenir sur ce sujet.
Dernière modification par Altior le dim. 18 févr. 2024, 0:53, modifié 1 fois.

Coco lapin
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Re: Quelle apologétique en ce début du XXIe siècle ?

Message non lu par Coco lapin » sam. 17 févr. 2024, 22:28

Au final y aura deux catégories de gens : ceux qui auront fait la volonté de Dieu, et ceux qui n'auront pas voulu observer tous ses commandements. Les premiers sont sauvés, les autres sont en enfer. Alors, mieux vaut avoir une contrition imparfaite de tous ses péchés, que d'avoir la contrition parfaite de quelques péchés sans avoir aucune contrition concernant certains péchés. Mieux vaut 30 sauvés par peur de l'enfer contre 70 damnés, que 5 sauvés par pur amour de Dieu contre 95 damnés.

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