La succession apostolique

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Compagnon de Tobie
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La succession apostolique

Message non lu par Compagnon de Tobie » sam. 16 mars 2024, 19:58

Bonjour à tous !

Quelques uns d'entre vous auraient-ils l'amabilité de résumer les fondements, raisons et enjeux de la succession apostolique au sens catholique romain ? Je suppose qu'il y en a de diverses sortes mais je ne doute pas que certains d'entre vous possèdent les savoirs et le talent d'en résumer l'essentiel.

Afin de rester personnellement neutre, je ferais mienne, pour commencer, l'explication suivante : https://www.gotquestions.org/Francais/s ... lique.html

Certes, on peut penser que l'adjectif "biblique" introduit un certain biais dans la question. Pire, mais le texte ne le fait pas, on pourrait tirer de vilaines conséquences en affirmant que la succession apostolique catholique serait "anti-biblique". Qui plus est, le texte n'insiste pas tellement sur la succession par la foi et sur la succession des fidèles, pourtant au cœur du message réformé. Cela dit, il me semble qu'il s'agit d'une explication claire et relativement nuancée de la position réformée.

Bonne soirée !

Altior
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Re: La succession apostolique

Message non lu par Altior » sam. 16 mars 2024, 22:18

Acta 1 : 15 sqq ici.

Compagnon de Tobie
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Re: La succession apostolique

Message non lu par Compagnon de Tobie » sam. 16 mars 2024, 23:56

Soit :/

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Olivier JC
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Re: La succession apostolique

Message non lu par Olivier JC » lun. 18 mars 2024, 10:42

Bonjour,

Sur cette question, il faut d'abord définir clairement ce dont il s'agit. Un évêque n'est pas un apôtre. Au sens strict, les apôtres n'ont pas de successeurs, et il suffit d'un bref regard sur l'histoire pour le constater, puisque dans le cas contraire, il n'aurait jamais existé que douze évêques simultanément, voire treize si l'on inclut S. Paul qui est un cas un peu particulier.

La référence aux Actes des Apôtres que suggère Altior le démontre d'ailleurs, puisqu'il s'agit ici de compléter le groupe des Douze. En effet, Jésus avait choisi douze hommes, qui ont bénéficié d'un enseignement plus approfondi que celui dispensé en public, parce qu'ils devaient être ses témoins après le terme de sa mission terrestre. Fidèle à cette volonté ayant une importante portée symbolique, en référence notamment aux douze tribus d'Israël, les apôtres ont donc décidé, non pas de remplacer Judas qui n'a jamais été apôtre, mais de pourvoir sa place restée vacante.

Il reste que, si la désignation de S. Matthias présente une différence essentielle avec la désignation d'un évêque, ce texte apporte une information importante bien qu'elle n'apparaisse pas de manière explicite : les apôtres peuvent transmettre les "pouvoirs" qui sont les leurs, et qu'il convient d'évoquer brièvement.

Ces pouvoirs sont conférés par Notre Seigneur Lui-même, ainsi qu'il peut être lu en divers endroits de l'évangile. Il y a ainsi la rémission des péchés en Son Nom, l'eucharistie ("vous ferez cela en mémoire de Moi"), l'enseignement avec autorité ("Qui vous écoute m'écoute"), le pouvoir des clés, etc.

Nous savons ensuite que les Apôtres ont fait la tournée de la diaspora juive pour annoncer l'Evangile, et qu'après leur départ d'un lieu, ils laissaient la communauté nouvellement constituée sous la responsabilité d'un surveillant (episkopos d'où vient le terme évêque), autrement appelé dans les Ecritures presbytre ou ancien.

Sur ce dernier terme, il est intéressant de lire 1 Pierre 5 : "Voici les exhortations que j'adresse aux anciens qui sont parmi vous, moi ancien comme eux, témoin des souffrances de Christ, et participant de la gloire qui doit être manifestée : Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde, non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec dévouement ; non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau. Et lorsque le souverain pasteur paraîtra, vous obtiendrez la couronne incorruptible de la gloire.". On voit que S. Pierre pose comme une équivalence entre lui et les "anciens", étant évident que les dits anciens ne peuvent être regardés comme étant des apôtres à proprement parler. S. Pierre évoque leur responsabilité : paître le troupeau, ce qui renvoie à l'image du pasteur dont on sait qu'elle a été utilisée par Notre Seigneur pour se désigner Lui-même, et qu'Il a également utilisé cette image pour décrire la responsabilité des apôtres sur le "troupeau", c'est-à-dire sur la communauté des baptisés.

Nous savons également que la transmission de ces responsabilité n'est pas une question uniquement "juridique", mais bien spirituelle, ainsi qu'il ressort par exemple des épîtres de S. Paul à Timothée. Dans la seconde, S. Paul exhorte Timothée à "ranimer le don de Dieu que tu as reçu par l'imposition des mains", lequel don est "un esprit de force, d'amour et de sagesse" ayant pour finalité de "garder bon dépôt", c'est-à-dire l'évangile prêché par les Apôtres. Dans la première, S. Paul exhorte Timothée à ne pas négliger "le don qui est en toi, et qui t'a été donné par prophétie avec l'imposition des mains de l'assemblée des anciens". En cette épître, S. Paul insiste également sur l'enseignement de la "bonne doctrine".

Ainsi, nous pouvons comprendre que les apôtres ont estimé pouvoir transmettre à des hommes choisis par eux la responsabilité de prendre soin de la communauté de baptisés réunis en un lieu précis, cette transmission ayant une dimension spirituelle puisque impliquant l'imposition des mains par laquelle une réalité spirituelle (un "don de Dieu") est accordée à l'impétrant.

Tout cela concerne de manière explicite l'enseignement, ce dont on peut déduire pour les anciens ce que Notre Seigneur dit des Apôtres : "qui vous écoute m'écoute". Les premiers chrétiens l'ont bien compris ainsi, et je ne cite pas à nouveau ce qu'en dit S. Irénée, par exemple, l'un des plus anciens témoins de cette tradition apostolique.

On peut considérer également que ce qui est transmis inclut la responsabilité de célébrer l'eucharistie. On peut le comprendre en lisant 1 Co 11, 23 et suivants, où S. Paul rappelle les fondements de la doctrine eucharistique dans un contexte où il est claire que cette eucharistie est célébrée par la communauté sans qu'un apôtre y soit présent. C'est donc que la responsabilité de "faites ceci en mémoire de moi" a été confiée à celui qui préside la communauté.

Tout ceci, naturellement, n'est qu'un rapide survol des données scripturaires sur cette question, qu'il faut également lire en étudiant la compréhension que les premiers chrétiens ont eu de l'organisation de l'Eglise : depuis l'origine, on voit que la structure fondamentale du troupeau et du pasteur, de la communauté et du surveillant/ancien caractérise le christianisme. On voit qu'il est au sein de la communauté des baptisés un homme auquel il revient, non de son propre chef mais en raison du don reçu de Dieu par l'imposition des mains conférée par les apôtres ou par la "communauté des anciens", d'être gardien du dépôt, c'est-à-dire de l'enseignement des apôtres, et de présider à la célébration de l'eucharistie.

Notre Seigneur n'a certes pas explicitement promulgué une sorte de "constitution" de l'Eglise. Il n'en demeure pas moins qu'il a donné à ses Apôtres divers pouvoirs, et que lesdits Apôtres ont estimé qu'ils pouvaient transmettre ces pouvoirs. C'est une évidence scripturaire et historique. La question est donc surtout de savoir si les Apôtres se sont trompés. Question me semble-t-il parfaitement oiseuse puisque si le christianisme existe, c'est uniquement parce que les Apôtres ont existé et ont témoigné de l'enseignement, de la vie, de la mort et de la résurrection de Notre Seigneur.

En dernière instance, le christianisme ne repose pas sur la confiance accordée aux Ecritures, mais sur la confiance accordée à des hommes, les Apôtres, et à leur témoignage tel qu'il est retracé dans les Evangiles et les épîtres dont ils sont les auteurs. C'est à mon sens le point fondamental et la pierre centrale d'achoppement : le christianisme n'est pas une religion du Livre. Il est l'histoire d'hommes qui ont vécu et connu Notre Seigneur et en ont témoigné et vécu, d'hommes qui ont cru à ce témoignage, l'ont vécu et l'ont à leur tour transmis, et ainsi de suite jusqu'à nos jours. Le christianisme est une tradition, une transmission.

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Gaudens
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Re: La succession apostolique

Message non lu par Gaudens » lun. 18 mars 2024, 11:31

Le document inséré par Compagnon de Tobie pèche par une évidente naïveté « biblique « .
En particulier quand il prétend que « Si les Écritures sont étudiées dans leur intégralité et dans leur contexte approprié, la vérité peut être facilement établie. Les différences doctrinales et les conflits confessionnels sont dus au fait que certains chrétiens refusent d’accepter ce que disent les Écritures – et non parce qu’il n’y a pas d’« autorité suprême » pour interpréter les Écritures ».

Si c’était si évident que cela ,les communautés protestantes ne se seraient pas éparpillées comme elles l’ont fait au nom de leurs divergences d’interprétation. L’unité (relative) d’interprétation provient de la Tradition ecclésiale,rendue possible par le magistère de l’Eglise,légitimé par la succession apostolique..
Par ailleurs ce document surévalue le rôle de l’évêque de Rome en le supposant non exposé à des « remontrances » ,comme celles que Paul adressa autrefois à Pierre.Aujourd’hui encore nous voyons des remontrances (des « dubia » ) adressés au pape actuel qui n’en est pas moins pape,n’en déplaise aux sédévacantistes.
Je conseille à notre ami la lecture de deux livres assez éclairants sur l’importance de la succession apostolique :
Les Pères apostoliques,écrits de la primitive Eglise ‘Sagesses,Editions du Seuil 1980) ,en particulier les écrits de Saint Ignace d’Antioche , et
L’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée, qui relate avec soin au IVe siècle les successions épiscopales, reliées aux Apôtres, des principaux sièges de la chrétienté d’alors, preuve s’il en est de l‘importance de ce thème pour les Eglises d’alors.

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Re: La succession apostolique

Message non lu par Olivier JC » lun. 18 mars 2024, 12:35

Gaudens a écrit :
lun. 18 mars 2024, 11:31
Le document inséré par Compagnon de Tobie pèche par une évidente naïveté « biblique « .
En particulier quand il prétend que « Si les Écritures sont étudiées dans leur intégralité et dans leur contexte approprié, la vérité peut être facilement établie. Les différences doctrinales et les conflits confessionnels sont dus au fait que certains chrétiens refusent d’accepter ce que disent les Écritures – et non parce qu’il n’y a pas d’« autorité suprême » pour interpréter les Écritures ».
Le plus piquant est que la citation que vous faites, Gaudens, est d'une parfaite exactitude dès lors qu'il est bien clair que le "contexte approprié" est le contexte en dehors duquel la notion d'Ecriture n'a pas le moindre le sens, c'est-à-dire dans le contexte de l'Eglise tel que nous pouvons la connaître à travers les actes des apôtres, les épîtres et les Pères, apostoliques comme de l'Eglise.

En un mot, ce n'est que si l'on étudie les Ecritures dans leur intégralité et dans le contexte de la tradition qui les a vu naître que la vérité peut être facilement établie. Et, de fait, les différences doctrinales et les conflits confessionnels sont bien dus au fait que certains chrétiens refusent d'accepter ce que disent les Ecritures étudiés ainsi qu'il a été dit plus haut, c'est-à-dire dans le contexte que ce qui est transmis au sein de l'Eglise à travers le temps sous le contrôle et la responsabilité des évêques dont le rôle essentiel tel que défini par les apôtres est d'assurer la garde fidèle de leur témoignage que Notre Seigneur leur a donné pour mission de répandre à travers le monde, ce qui s'entend dans son étendue géographique comme dans son étendue historique.

On en revient toujours au même problème avec les protestants, à savoir la parfaite inconséquence intellectuelle, voire l'irrationalité radicale, du principe Sola Scriptura.

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