Page 1 sur 2

Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : jeu. 04 sept. 2008, 2:37
par LumendeLumine
Bonjour à tous, cela fait longtemps qu’on ne s’est pas parlé.

L’année passée nous avons eu une longue discussion sur ce que je percevais comme des contradictions dans la doctrine chrétienne. Sans être fort convaincu par vos répliques, j’ai pu tout de même constater lors de cette discussion que je ne comprenais pas tout. Sur deux points, tout de même, la discussion n’a fait que consolider mon opinion : la foi chrétienne ne parvient pas à concilier la toute-puissance de Dieu avec la liberté humaine, ni à donner une définition de la Providence qui en fasse autre chose qu’un nom poétique pour le cours naturel des choses.

Néanmoins j’ai voulu prendre du temps et laisser à la foi chrétienne le bénéfice du doute. Après tout, elle pouvait fort bien ne pas avoir de sens intellectuellement, elle pouvait tout de même en avoir moralement. « La foi et la vie chrétienne ne sont pas une philosophie, une discipline théorétique, elles sont une vie offerte à l’amour », me rappelait Charles.

Fort bien donc, l’essentiel de vivre en Chrétien, c’est d’aimer le Christ. Or, l’amour, c’est une relation. Quelle relation ai-je avec le Christ? Je suis aujourd’hui amené à cette conclusion : je n’en ai aucune.

D’abord pour qu’il y ait relation il faut qu’il y ait un échange. La prière d’abord : le fait de « parler avec Dieu ». Or Dieu ne m’a jamais parlé. Je constate que si Dieu n’existait objectivement pas et que j’imaginais simplement sa présence, ma prière serait exactement identique. Par conséquent, Dieu n’intervient pas dans ma prière; s’il n’intervient pas, il n’y a pas de dialogue; donc pas d’échange dans la prière.

Dans l’évangile Jésus dit ces paroles : « Quiconque boit de cette eau aura soif de nouveau ; mais qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif. » Je ne vois pas d’application dans ma vie. Quelle est cette eau? En quoi suis-je censé, comme chrétien, n’avoir « plus jamais soif »?
De façon plus générale, j’observe un abîme grotesque entre les prétentions de la foi, dans ce qu’elle implique moralement, et ses conséquences réelles dans ma vie. Dans l’Eucharistie, c’est le Seigneur de l’Univers qui se donnerait à moi en nourriture. Le Baptême ferait de moi un « Enfant de Lumière ». Je lis dans l’Évangile que les boiteux courent, que les aveugles voient. « Ta foi est grande », leur dit Jésus en guise d’explication du miracle. Et moi, ma foi n’est pas assez grande? Et vous, vous connaissez beaucoup d’aveugles qui ont recouvré la vue grâce à leur foi? Je ne suis pas aveugle, mais j’ai mes tares comme tout le monde, et hormis me les faire soumettre au prêtre de temps à autre, la foi chrétienne n’y change pas grand-chose.

Donc pour parler simplement, la foi chrétienne a commencé par ne plus avoir de sens intellectuellement pour moi, et à présent elle ne fait plus de sens moralement non plus. Les deux dimensions ne sont pas indépendantes de toute manière : je vois mal qu’est-ce que je peux attendre de Dieu si la Providence se limite à permettre le cours naturel des choses, par exemple. Je ne veux pas passer ma vie à « gagner mon Paradis », ça ne m’intéresse pas. En fait, ça n’intéresse personne. Les chrétiens convaincus que je connais trouvent un soutien essentiel dans la foi; les athées s’en balancent royalement. D’un côté comme de l’autre on montre un intérêt très mince pour la vie éternelle, ce qui compte c’est qu’est-ce qui m’est utile maintenant.

Je ne rejette pas l’existence de Dieu, ou la nécessité d’un créateur. Je rejette le surnaturel. Je rejette que notre destinée soit dans les Cieux. Que les Sacrements soient une participation à la vie divine. Que la grâce agisse en nous pour nous faire agir en Fils de Dieu. Tout cela n’est que poésie. En pratique, tout dépend de l’attitude, de la conviction personnelle : c’est cela qui agit. Un chrétien convaincu se comporte en chrétien parce qu’il est convaincu et non parce qu’il communie. La prière procure une paix parce qu’on a le sentiment que Dieu nous aime et non parce que Dieu nous aime; elle cesse de procurer une joie quand le sentiment (ou la conviction intellectuelle, comme pour Sainte Thérèse de Lisieux) disparaît. Au final, je me retrouve le seul démiurge de mon existence, libre de m’imaginer un Dieu à mes côtés ou non. Je n'ai pas d'évidence d'une action particulière de Dieu dans ma vie (autre que le cours naturel des choses), alors je la nie. En science, on n'accepte pas une théorie à moins qu'elle explique quelque chose qui ne s'explique pas autrement. Je ne vois rien dans ma vie qui requiert le surnaturel pour être expliqué.

Voilà donc. Je suis simplement curieux de vos réflexions à ce sujet. Est-ce que Dieu fait pour vous des miracles? Si oui je suis jaloux.

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : jeu. 04 sept. 2008, 8:31
par Christophe
Cher LumendeLumine

Pour faire simple, comment la Foi chrétienne pourrait-elle faire "sens moralement" pour vous, si vous rejetez le surnaturel et que notre destinée soit dans les Cieux ? En effet, la morale chrétienne est essentiellement subordonnée à la fin surnaturelle de l'homme qu'est la béatitude... même si des fins intermédiaires "naturelles" peuvent souvent être discernées !

D'autre part, il me semble que vous mélangez dans votre message vie spirituelle et vie morale. En effet, pour illustrer les difficultés que vous avez avec la morale chrétienne, vous évoquez vos doutes sur la prière, la participation aux sacrements, les grâces de la foi...

Le moteur de la vie morale des chrétiens est rarement à rechercher dans une forme d'utilitarisme (la recherche du Salut). C'est l'amour de Dieu qui est généralement le moteur principal de la vie morale des chrétiens, et la béatitude est conçue par la théologie comme une participation éternelle en Dieu. Autrement dit, la vie spirituelle est antérieure à la vie morale... Vos "difficultés" me semblent davantage porter sur la vie spirituelle que sur la vie morale, mais expliquent que la morale perde tout sens pour vous.

L'amour altruiste est le principe qui s'oppose à l'utilitarisme individualiste : c'est ce qui nous porte à la communion cosmique, à la "fraternité", à l'amitié ; ce qui nous dirige vers l'autre et s'oppose au repli sur soi.

Si j'avais un conseil à vous donner, ce serait de développer votre vie intérieure. Il n'y a pas de méthode "universelle", et c'est la richesse de l'Église de proposer une très large variété de spiritualités afin que chacun puisse trouver celle qui lui convient le mieux, à chaque moment de l'existence... D'autres vous en parleront, et vous orienterons, bien mieux que moi.

Bon courage ! ;)
Christophe

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : jeu. 04 sept. 2008, 9:08
par jeanbaptiste
Au sujet de la Providence, Simone Weil a une belle réponse à vous faire : Dieu s'est retiré de la Création afin de se soumettre à l'ordre qu'il a lui-même créé. Ainsi l'homme est parfaitement libre de l'aimer et de se soumettre à Lui. L'ordre, selon S.W., permet de concilier Dieu, l'homme et le monde. L'ordre fait le lien entre politique et métaphysique, puisqu'il joue aussi bien sur le monde comme Nature, le monde comme collectivité humaine, l'homme individuel, et Dieu. Il y a donc un déterminisme de la nature, ou plutôt : une obéissance de la nature à Dieu (à l'ordre qu'il a créé).

Dès lors, selon S.W., la grâce est l'action de Dieu perçue comme "mécanique impersonnelle" (Dieu fait lever le soleil sur les bons et les méchants, Dieu fait tomber la pluie sur les justes et les injustes), Dieu se soumet à l'ordre qu'il a créé afin de préserver la liberté humaine. Jésus est l'intermédiaire, il est aussi la "preuve" de la soumission de Dieu à l'ordre du monde : il n'a pas abandonné son Fils sur la Croix, il n'a tout simplement pas pu intervenir.

C'est l'enracinement qui est pour S.W., libérateur. La soumission à l'ordre se connait plus hautement dans l'épreuve de la nécessité : le travail.

Je m'arrêterai là, je ne maîtrise pas cette grande dame. Mais elle semble donner des pistes, si ce n'est répondre, à votre question !

Pour le reste de vos propos, j'avoue être frappé par votre "exigence". Vous semblez attendre beaucoup de Dieu, exigez beaucoup de Lui. Comme vous le dîtes : s'il fait des miracles pour vous, je serai jaloux.

Si l'action personnelle de Dieu est pour vous la seule preuve de Dieu, alors il me semble que vous avez une double raison de ne jamais le rencontrer :

1) parce que Dieu est lui-même soumis à l'ordre qu'il a créé (ce qui n'a rien à voir avec le naturel/surnaturel)

2) si vous exigez de Dieu, votre coeur n'est pas aimant, et l'amour (qui est soumission) est la seule vértable voie d'accès à Dieu, par le Christ.

Je ne demande rien à Dieu. Le monde qu'il nous a donné est en lui-même une prière perpétuelle faite à Notre Seigneur, il nous a déjà énormément donné ! Il s'est donné Lui-même par son Fils. Que devons-nous attendre de plus ?
Dans mes prières, je prie Dieu de donner la volonté aux personnes que j'aime de vaincre leurs épreuves, de se tourner vers Lui etc. Je n'attend pas une action individuelle et personnelle de sa part. Les réponses à mes prières doivent se réaliser dans l'ordre qu'Il a lui-même créé.

C'est pour cette raison que l'amour est le premier, et presque seul, lien possible avec Dieu. Celui qui aime Dieu, l'aime, et ne s'occupe pas de savoir s'il gagnerait à ne plus l'aimer, il lui est parfaitement soumis. Celui qui n'aime pas Dieu ne peut être qu'en perpétuelle attente de "preuves" individuelles de Son action, qui n'arriveront jamais.

Pascal avait proposé le Pari dans ses pensées. Mais il faut rappeler que les pensées est le lieu de discussion de trois Pascal : le Pascal libertain, le Pascal scientifique et le Pascal "croyant". Pascal savait que la foi était un saut. Que ce saut soit perceptible ou non, tant que l'on a n'a pas sauté dedans, on peut avoir les meilleurs dispositions du monde vis à vis de Dieu, on ne sera jamais "satisfait'.

On peut réfléchir des heures sur les questions (passionantes) que vous posez, mais dans le fond votre problème est un problème de foi, et avoir la foi est la seule manière d'y répondre.

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : jeu. 04 sept. 2008, 9:40
par Serge BS
Je ne répondrai que sur le point de l'eau vive. Mais, comme cela impose de relire tout (Jn 4, 1-42), je crée un autre sujet spécifique.

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : jeu. 04 sept. 2008, 9:55
par Raistlin
Cher LumendeLumine,

En vous lisant, j'ai l'impression que, finalement, la foi vous encombre. Ah, que la vie serait belle si Dieu se manifestait à toutes et à tous dans une lumière fulgurante, exauçant tous nos souhaits, hein ?
Sauf que ce n'est pas ce qu'Il veut pour nous dans l'immédiat, dommage. Le mystère de la Providence (qui est un mystère, je le rappelle, pas une équation mathématique à laquelle on peut trouver une réponse toute faite) ne peut se comprendre que dans la foi. Les sacrements doivent être accueillis dans la foi. La prière doit être vécue dans la foi, en étant persuadé que Dieu nous entend et nous répond même si ce n'est pas comme le ferait la boulangère du coin.

Quant au surnaturel, il fait partie de la foi chrétienne. Le rejeter, sous prétexte que ça ne vous arrive pas à vous est puéril. Déjà, qui vous dit que vous êtes digne que Dieu fasse des miracles pour vous ? Tous les saints se sont sentis indignes des grâces surnaturelles qu'ils recevaient. Ensuite, qui vous dit que Dieu ne fait rien de "surnaturel" pour vous ? Vous réduisez le surnaturel à ses effets sensibles, mais il n'y a pas que ça. Le fait de vaincre ses péchés et ses tendances mauvaises peut relever d'une grâce surnaturelle.
N'oubliez jamais que Dieu est infiniment bon et totalement libre : il dispense ses grâces à qui Il veut et comme Il veut, et cela toujours en vue du plus grand Bien. Mais pour comprendre cela, encore faut-il aimer Dieu et Lui faire confiance.

Enfin, votre vision utilitariste de la foi et de Dieu me choque un peu. A vous entendre, Dieu est censé aplanir toutes nos difficultés et nous éviter les souffrances, les épreuves, etc. Comme l'a fait remarquer Christophe, cette vision utilitariste est contraire à l'amour vrai, or Dieu est Amour. Et vous vous demandez pourquoi vous ne parvenez pas à être plus proche de Dieu ?

Pour finir, en effet, un athée n'a pas "besoin" de la foi pour vivre cette vie. Les animaux non plus au demeurant. Et alors ? Vous voulez quoi ? Comparer la qualité de vie d'un croyant et d'un athée ? Et celui qui a la meilleure note l'emporte ?
La foi chrétienne est une réponse à l'amour de Dieu. Ceux qui cherchent une béquille pour leur vie désordonnée (ce fut mon cas) vont droit dans le mur : Dieu se dérobe à ce genre de manipulation.

Est-ce qu'il faut en conclure que la foi chrétienne se limite à aimer Dieu et que celui-ci ne fait rien pour nous ? Bien sûr que non ! Déjà, il a donné son Fils pour nous sauver, ce qui n'est pas rien. Ensuite, Dieu agit dans nos vies, mais de la manière la plus adaptée à son dessein pour nous (désolé, mais je n'adhère pas à cette nouvelle "théologie" d'un Dieu qui ne serait pas Tout-Puissant et qui ne pourrait pas agir dans le monde : les Ecritures, la Tradition de l'Eglise et tous les Saints affirment le contraire). Il faut Lui demander des grâces, mais il faut aussi s'abandonner avec confiance.

Bref, voici mon conseil : priez pour que Dieu vous fasse le don d'une foi solide et sincère. Je prierai Dieu pour que ce soit le cas.
Bon courage dans votre combat spirituel, car c'est de ça qu'il s'agit.

Fraternellement,

P.S.: Je ne sais pas si ce que Dieu fait pour moi peut être qualifié de miracles, mais en tout cas Il me comble de grâces. Et des miracles, il y en a, il suffit d'étudier la vie des saints, de certains mystiques, de se pencher sur les guérisons de Lourdes (merci SBS), etc... Et je rends grâce à Dieu pour nous donner tant de signes de son amour.

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : jeu. 04 sept. 2008, 10:52
par Serge BS
Néanmoins, en attendant, voici un commentaire court :-D , plus axé sur l'eau vive !

Le texte de la rencontre de Jésus avec la samaritaine (Jn 4, 1-42)est si connu qu’il en est devenu ignoré. C’est là l’éternel paradoxe de la sur-connaissance vidant de son sens la réalité ou l’objet. Il est donc nécessaire de relire mot par mot, phrase par phrase, et de plus si possible en grec, ce passage de l’Évangile de Jean pour en saisir à nouveau le sens, pour lui redonner en esprit et en vérité la place fondamentale qu’il occupe dans le ministère et le mystère de Jésus. Ce texte, qui a une dimension pascale, est en lui-même une pastorale, une catéchèse, ouvrant aux sacrements, d’où son importance majeure aussi bien pour les catéchumènes que pour les chrétiens, nous qui devons bien comprendre la route qui nous conduit à Dieu, mais aussi le don de Dieu : la vie éternelle !

Ce texte n’est pas une parabole, Jésus nous ayant lui-même donné en [Mc 4, 10] la définition et la grille de lecture des paraboles. Ce texte n’est pas une parabole, mais une histoire vraie ! Il n’est pas non plus une paroumie, car il ne s’agit pas d’un discours mystérieux où chaque élément a un sens séparé tout en formant un tout ; il n’est donc pas à interpréter par exemple de la même manière que le texte sur le Bon Pasteur de [Jn 10, 1-5] ! Il est un témoignage, une histoire que nous offre Jésus-Christ, un épisode de sa vie témoignant de sa sollicitude envers ses frères humains, une démonstration de la miséricorde du Père. Cependant, faisant appel aux symboles – l’eau, le puits -, à la métaphore, c’est-à-dire au transfert de sens, ce texte a un fort caractère allégorique puisque chaque verset, voire même chaque bribe de verset a sa signification propre, traduisant la lente marche de l’homme vers la découverte du mystère de Jésus et de la Foi intérieure. Par ce texte, Jésus veut nous faire entrer dans le mystère de Dieu, donc dans celui de l’homme, tant le destin de l’homme est lié au dessein de Dieu.

Ce texte, qui est à la fois histoire, message, appel à la Foi, appel à l’approfondissement de cette même Foi, et surtout Révélation, lien entre l’élan de Jésus et sa Pâque, doit nous porter, nous chrétiens, car c’est au monde qu’il s’adresse. Il est donc aussi appel à la méditation. Jésus, au travers de son humanité, s’adresse à chacun de nous, à chaque homme pour qu’il découvre Dieu, mais Il s’adresse aussi à chaque croyant pour qu’il se dépasse dans sa Foi, non pas de façade, mais réellement intérieure ! Car le message que nous délivre Jésus est simple : « Je le suis » (Jn 4, 26) !

Et ce message atteint chacun d’entre nous en son cœur, car il est l’expression de la joie et de la certitude de la présence de Dieu parmi nous.

Après le texte de la samaritaine, Dieu n’est plus inaccessible ! Il n’est plus le Dieu lointain du Premier Testament ! Il n’est plus le Dieu impalpable des philosophes : Il est ! Il est vivant parmi nous et pour l’éternité, en confiance, en amour, en liberté et en miséricorde. Dieu s’est approché de nous ; Il nous tend la main… À nous de la saisir ! prenons sans hésiter l’ascenseur qui nous élèvera sans fatigue vers les régions infinies de l’amour, cette voie de miséricorde divine qui conduit au ciel et que nous offre sainte Thérèse de Lisieux (LTT, 2, 23 mai 1897, À Mère Agnès de Jésus).

Ce texte est magnifique car il parle tant à la Foi intellectuelle qu’à la simple confiance du cœur, les fusionnant dans une même Foi, celle en Jésus-Christ, donc celle en Dieu ! ce texte parle à tous, à chacun selon ses moyens. Il est donc susceptible de proposer des niveaux de lecture différents, mais ce n’est pas là une source de faiblesse du Christianisme, mais bien plus une source de richesse car le message du Christ est ainsi universel, parlant pour et à tous les hommes et non plus pour et à une minorité – comme dans tant d’autres religions –. Tous les hommes peuvent comprendre le message divin, quel que soit leur niveau de culture ou d’éducation. Jésus nous ouvre – ouvre nos cœurs – avec ce texte à la perception, à la compréhension, à la perspective divine : « Entende, qui a des oreilles » (Mt 13, 43).

Jésus, par ce texte, par cette histoire vraie, nous fait comprendre qu’Il est Le Verbe ! Il nous fait entr’apercevoir Sa Gloire ! Il est Dieu parmi nous ! Tout au long de ce récit, Jean nous fait comprendre qu’avec la venue du Messie, la face du monde est changée : toutes les questions ont trouvé leur réponse, les temps sont accomplis. L’heure vers laquelle tendait toute l’histoire humaine a sonné (M.-N. Thabut, L’intelligence des Écritures, Éd. Soceval, Châteaufort, 1999, p. 166). À nous de le comprendre !

Jésus veut nous amener à une soif bien plus grande que celle de l’eau, à une lumière bien plus grande que celle de la vue, et Il veut nous en rassasier ! Jésus veut illuminer notre Foi et combler nos cœurs. Il nous invite à le suivre. Il veut tous nous sauver en nous intégrant dans l’amour et la miséricorde du Père. Laissons nous emporter par l’eau qu’Il offre à la samaritaine, par la vue qu’Il offre à Bartimée (Mc 10, 46-52), par la parole qu’Il nous offre ! Abandonnons-nous à Dieu et soyons donc toujours attentifs et ouverts en esprit et en vérité, en nos cœurs et en nos vies, au message de Jésus-Christ, Dieu le Fils, Vrai Dieu et Vrai Homme, Ressuscité et Sauveur. Vivons et méditons donc en Église le Kérygme… Mettons nous à la suite de Jésus ! Bondissons joyeux vers Sa Lumière et laissons nous submerger par Son Eau, près du Puits, vers la sixième heure ! Que notre Foi soit un irrésistible élan d’amour !

Rappelons au passage ce qu’est le Kérygme, le Khi/Rhô, car beaucoup l’ignorent… Toute la Foi du chrétien réside dans le Kérygme, dans l’annonce de la Bonne Nouvelle : Jésus-Christ, Dieu le Fils, Ressuscité et sauveur (cf. Lc 24, 34 ; 1Co 1, 21 ; 15, 3b-5 ; …). Tout le reste, Loi, rites, dogme, n’est que secondaire – du moins par rapport à lui – … Le Prêtre lui-même n’est plus comme il l’était au moment de l’Alliance avec le sacerdoce (Nb 25, 10-13 ; Ml 2, 4-5) un simple intermédiaire devant ramener le peuple dans l’Alliance puisque l’Alliance est aujourd’hui présente, unique et définitive ! Le Prêtre d’aujourd’hui est in persona Christi, le représentant du Christ, l’image de Son sacerdoce, agissant toujours en Son Nom, … ce qui explique la raison de son devoir de célibat car il s’est fondu dans le Christ, le seul vrai Prêtre, le seul vrai Pontife, le seul vrai intermédiaire entre Dieu et la création, le seul médiateur… Comprendre le Kérygme, accepter l’Amour de Dieu, donner son Amour à son prochain (cf. Mt 22, 34-40) : tout le message chrétien tient en ces quelques mots, accomplissant et non détruisant le message Biblique de [Lv 19, 18] et de [Dt 6, 5] (Mt 5, 17-18). Qui l’a compris est chrétien, tout le reste étant superflu ! C’est le Jésus = Amour de Benoît XVI ; c’est le Une fois pour toutes, on t’impose un précepte facile : Aime et fais ce que tu voudras de saint Augustin (septième traité sur l’Épître de saint jean aux Parthes, 8) ! Le Kérygme, c’est la prédication du Royaume de Dieu, c’est-à-dire un résumé de la prédication même de Jésus, mais amplifiée, revue, corrigée, réinterprétée à la lumière de l’événement fondamental de la mort et de la résurrection de Jésus de Nazareth, Messie et Fils de Dieu, cet événement étant la seule explication possible de tout l’enseignement de Jésus-Christ (DEB, p. 720).

Il ne faut pas lire l'épisode de la samaritaine en termes de relativisme, ou plutôt, s'il y a relativisme, c'est au sujet des croyances des juifs et des samaritains, pas de la Révélation du Christ, ou encore vis-à-vis d'une perception fermée de l'Église. Ce texte doit au contraire se lire comme un parcours de Foi, comme un cheminement de la Foi, une démarche de conversion qui est tout sauf relative ou relativiste, une Révélation en six étapes : 1. L'eau, source de la vie éternelle (vv. 7-15) ; 2. La vérité intérieure : je vois (vv. 16-19) ; 3. Le culte intérieur (vv. 20-23) ; 4. La Révélation (vv. 24-26) ; 5. La volonté du Père (vv. 34-38) ; 6. Nous savons, nous croyons (vv. 39-42)

Mes propres grilles de lecture sont les suivantes selon les choix de priorité :

- Plan littéral : 1. Introduction (vv. 1-6) ; 2. Autour du puits (vv. 7-15) ; 3. A propos des maris et des faux dieux (vv. 16-19) ; 4. A propos du culte (vv. 20-26) ; 5. Les disciples (vv. 27-8) ; 6. Les samaritains (vv. 39-42) ;
- Les lieux : 1. De Judée vers la Galilée (vv. 1-3) ; 2. En Samarie (v. 4) ; 3. Près de Sychar (v. 5) ; 4. Au puits de Jacob (vv. 6-27) ; 5. De Sychar vers le puits (vv. 28-30) ; 6. Au puits de Jacob (vv. 31-40) ; 7. A Sychar (vv. 41-42) ;
- Les personnages : 1. Jésus (vv. 1-6) ; 2. Jésus et la samaritaine (vv. 7-26) ; 3. Jésus et ses disciples (v. 27) ; 4. La samaritaine et les gens de Sychar (vv. 28-30) ; 5. Jésus et ses disciples (vv. 31-38) ; 6. Les gens de Sychar (v. 39) ; 7. Tous (vv. 40-42) ;
- La progression dans la connaissance du Mystère du Christ : 1. Juif (v. 9) ; 2. Seigneur (v. 11) ; 3. Plus grand que Jacob (v. 12) ; 4. Prophète (v. 19) ; 5. Messie et Christ (vv. 25-26) ; 6. Sauveur du Monde (v. 42) ;
- Le cheminement de la Foi : 1. Rappel sur l’œuvre de Jean et le Baptême (vv. 1-2) ; 2. L’eau, source de la vie éternelle (vv. 7-15) ; 3. La vérité intérieure : Je vois (vv. 16-19) ; 4. Le culte intérieur (vv. 20-23) ; 5. La Révélation (vv. 24-26) ; 6. La volonté du Père (vv. 33-38) ; 7. Nous savons, nous croyons (vv. 39-42) ;
- Les dominantes verbales : 1. Mouvement, dialogue, don, repas (vv. 6-15) ; 2. Dialogue, connaissance (vv. 16-19) ; 3. Mouvement, connaissance, dialogue (vv. 20-26) ; 4. Mouvement, dialogue (vv. 27-38) ; 5. Foi (vv. 39-42)

La rencontre de Jésus avec la samaritaine était a priori triplement improbable : - le passage de Jésus par la Samarie honnie des juifs ; - un juif et une samaritaine ; - mais aussi que la samaritaine aille puiser de l'eau à midi, à l'heure où la chaleur est la plus intense. Il n'y a cependant pas de hasard, le dessein de Dieu s'exprimant au travers de cette improbabilité : il faut une rencontre déterminante tant pour la transformation de l'une que pour la Révélation du Christ !

«Une femme de Samarie.. » Les gens de Samarie -et plus encore les samaritaines- sont méprisés par les juifs; parmi d'autres, le prophète Amos l'exprime lorsqu'il écrit à propos des samaritaines : « Écoutez cette parole, vaches de Bashân qui êtes sur la montagne de Samarie, qui exploitez les faibles, qui maltraitez les pauvres, qui dites à vos maris : «Apporte et buvons ! » » [Am 4, 1]. La samaritaine est donc ce qui est de plus méprisable pour un juif, et pourtant -ou justement à cause de cela- c'est à elle que Jésus choisit de se révéler. On notera déjà une référence aux maris et à la soif : « buvons ! »

«...vient pour puiser de l'eau. » On est ici en présence d'un acte éminemment humain : celui de la recherche de la source principale de la vie terrestre...

«..., Jésus lui dit : ... » Il faut remarquer que c'est Jésus qui prend l'initiative du dialogue, même s'il se pose presque en hérétique aux yeux des juifs en parlant à une samaritaine : par lui, c'est Dieu qui cherche à parler aux hommes, car il a besoin des hommes pour laisser éclater l'infinité de son amour, de ces hommes qui le craignent, le prient, mais l'oublient tout aussi souvent depuis la chute d'Adam : même si nous ne nous croyons pas dignes de l'amour de Dieu, Dieu nous aime comme nous sommes ! Par son Fils et en l'Esprit, le Père veut faire exister les hommes, tous les hommes, y compris les exclus qui sont ici symbolisés par la samaritaine : une femme non juive et a priori pas très futée puisqu'elle va puiser de l'eau à midi, c'est-à-dire à la pire heure.

Il n'est pas innocent que la rencontre entre Jésus et la samaritaine suive l'entretien avec Nicodème [Jn 3, 1-21], car tout les oppose, même s'ils ont tous les deux la même attente : une femme/un homme, une samaritaine/un juif, une "pas très futée"/un "intellectuel"; tous les deux sont aux extrémités de l'humanité (du moins dans le cadre de la civilisation que le Père a choisi pour cadre à l'Incarnation), mais, alors que tout les oppose, ils se retrouvent dans leur rencontre avec Jésus, tendant tous deux vers un même but, celui de la découverte de la vérité, mais par deux voies différentes : une voie très intellectuelle pour Nicodème, une voie du cœur pour la samaritaine. Ceci montre bien que Jésus s'adresse à tous. Il n'est cependant pas innocent que Jésus ne se révèle pleinement qu'à la samaritaine, car celle-ci est l'image de nos faiblesses, mais aussi de la joie du coeur. Arrêtons nous ici un instant pour méditer le message des Béatitudes.... Et comment ne pas penser ici à la première Épître aux Corinthiens : «Où est-il , le sage ? Où est-il, l'homme cultivé ? Où est-il, le raisonneur de ce siècle, Dieu n'a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde ? Puisqu'en effet le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie du message qu'il a plu à Dieu de sauver les croyants. Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de sagesse; nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés Juifs et Grecs, c'est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu » [1 Co 1, 20-24] ?

«Donne-moi à boire » Toute la démarche de Jésus, toute son approche de la samaritaine ne sera plus désormais qu'au service de l'évolution de la foi intérieure de la samaritaine : il ne se révèle pas ipso facto, mais la laisse au contraire s'approcher d'elle-même de son mystère. Cette démarche progressive est à rapprocher de notre propre démarche qui, progressive, n'est qu'une découverte permanente du mystère divin. Il y a donc là bien démarche de foi, d'adhésion à Dieu, et non pas simple croyance comme dans le cas des faux dieux. C'est d'ailleurs pour cette raison que le chrétien parle de Foi et non pas de croyance, la foi impliquant une démarche personnelle aboutissant à une adhésion intime à Dieu, à un engagement a priori individuel même s'il s'exprime en communion au sein de l'Église, donc à une réalité et non à une probabilité éventuelle; la foi met en jeu un tressaillement individuel et un appel du -et au- Cœur de l'Homme que ne présuppose pas forcément la croyance qui n'est qu'un mode de connaissance parmi d'autres, la croyance qui, comme le souvenir, est toujours mieux ou pire que la réalité, qu'il s'agisse de celle de Dieu ou de celle de sa création. La foi, qui est avant tout témoignage -ici celui à venir de la samaritaine- est en fait totale car adhésion à Dieu, alors que la croyance peut n'être que partielle. C'est par notre rencontre personnelle avec Dieu que notre foi grandit, s'affermit, qu'elle s'insinue dans notre coeur, car, comme le dit saint Paul : «Ayant donc reçu notre justification de la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, lui qui nous a donné d'avoir accès par la foi à cette grâce en laquelle nous sommes établis, et nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu » [Rm 5, 1-2].

La rencontre de la samaritaine avec Dieu, c'est notre propre rencontre avec Dieu, sur la route de la vie éternelle et du salut ! Nous vivons en notre Foi les mêmes étapes qu'elle : le doute, l'effarement, la réflexion, l'adhésion. Comme Jésus lui donne peu à peu les éléments qui lui permettront d'accéder à la Foi en Dieu, Il nous donne petit à petit les éléments qui nous permettront de concrétiser notre propre Foi… Comme Dieu demande de l'eau à la samaritaine, Il a soif de nous : Il nous demande "tout", "tous"

«La femme samaritaine lui dit : "Comment ! toi qui es juif, tu me demandes à boire à moi qui suis une femme samaritaine ?" (Les Juifs en effet n'ont pas de relations avec les Samaritains). » Ne connaissant pas encore Jésus, la samaritaine le qualifie telle qu'elle le voit matériellement, c'est-à-dire de “juif”. Elle est interloquée. Peut-être même a-t-elle un peu peur.... Elle vit la première des cinq étapes de sa lente montée vers la connaissance et surtout l'adhésion au mystère du Christ. Je pense ici aux degrés de la foi dont parle Saint Paul : «Au nom de la grâce qui m'a été donnée, je le dis à tous et à chacun : ne vous surestimez pas plus qu'il ne faut vous estimer, mais gardez de vous une sage estime, chacun selon le degré de foi que Dieu lui a départi » [Rm 12, 3].

Saint Paul nous demande ainsi de servir Dieu selon ses compétences, celles-ci étant un don de Dieu. Refuser de mettre ses compétences au service de l'Église - au sens de Corps mystique - est donc condamnable, tout comme il est condamnable de se sentir supérieur aux autres, car cette “supériorité” est un don de Dieu qui crée plus de devoirs que de droits, tout homme étant égal aux yeux de Dieu. Ce que Dieu veut, c'est que chacun progresse dans sa vie intérieure, dans la foi de son cœur, en aucun cas dans un “spectacle” par nature faux et contraire au dessein de Dieu. Dieu nous appelle à servir notre prochain, pas à l'humilier (on doit ainsi méditer sur la charité envers les faibles exprimée en [Rm 14—15], texte trop souvent négligé par les théologiens ou les catéchistes, alors qu'il devrait être le seul guide de leur "méthodologie" de travail).... C'est d'ailleurs la démarche que Jésus adopte avec la samaritaine en cherchant à la faire monter progressivement vers la découverte de son mystère et celle du don de Dieu.

La samaritaine s'étonne qu'un juif lui demande à boire de l'eau puisée avec un vase (en effet, conformément à la coutume, les juifs ne se servaient pas de vases à leur usage). Comme le dit saint Augustin, ce qu'elle ignore encore, c'est que celui qui lui demande à boire a soif de la Foi de cette femme (Johan. Ev. Tract. , XV, 11).... Elle s'étonne d'autant plus que, pour les juifs, le samaritain est un zâr, c'est-à-dire un étranger profane, un dévergondé, un bâtard, ... - qui vient de zoûr : se détourner, devenir un inconnu-, en aucun cas un gèr, c'est-à-dire un étranger accepté car respectant les règles de la vie juive, voire un prosélyte (je renvoie ici à Ex 22, 20 et à Dt 10, 19). Le samaritain n'est donc pas un proche pour le juif : il est inassimilable au “pauvre”, ce qui fait que la Loi qui invite les juifs à se souvenir qu'ils étaient immigrés en Égypte ne s'applique pas en ce cas. Pire, pour le juif, le samaritain est considéré comme un am ha-arets, un “peuple du pays”, c'est-à-dire comme un étranger ignorant et incapable de mettre en pratique la Loi, et cela même si certains les considèrent comme faisant partiellement partie du peuple d'Israël (voir : H. Cousin éd., Le monde où vivait Jésus, Cerf, 1998, pp. 736-737). La fracture est donc très profonde entre le juif et le samaritain. Le juif est en Samarie comme le conquistador de la Renaissance face aux Terra incognita; dans les deux cas, l'autre est l'inconnu, et si l'on ne cherche pas à le comprendre comme le fit par exemple Francisco de Vitoria avec les Amérindiens, on le tue par peur, ou, pour le moins, on refuse de l'affronter, de dialoguer -alors même que Jésus n'hésite pas à dialoguer, prenant même l'initiative de ce dialogue, avec la samaritaine-, donc de se connaître, blessant ainsi le coeur de Dieu par refus de son message éternel d'amour....

Mais quelle actualité ! D'une certaine manière, on pourrait dire que le samaritain est au juif ce que le beur de troisième génération -quelle que soit sa volonté d'assimilation- est à certains extrémistes nationalistes, alors que le juif est pour le samaritain le symbole d'une société incomprise sur les membres desquels on jette des pierres, comme certains jeunes de banlieues jettent des pierres sur les représentants de l'autorité que sont par exemple les policiers. Rien de nouveau sous le ciel, alors même que Jésus est venu rompre ces relations -ou plutôt ces absences de relations- absurdes et contraires au dessein du Père. C'est ici encore une preuve de l'actualité de ce passage de l'Évangile de Jean, une invitation faite aux hommes d'aujourd'hui à dépasser leurs différences, leurs querelles et leurs jalousies stériles pour appliquer le commandement d'amour de [Mc 12, 31] : tout ce texte n'est qu'un immense appel à la foi, à l'espérance et à la charité, c'est-à-dire à la mise en pratique quotidienne des trois vertus théologales, des trois charismes offerts aux hommes sur lesquelles insiste Saint Paul en [1 Co 13, 13].

La foi chrétienne n'est finalement pas si difficile que cela à comprendre : aimer Dieu à fond; aimer son prochain en acceptant les charismes ! C'est tout, c'est bien plus divin et humain que la Loi ancienne, que les préceptes des autres religions,... mais c'est déjà beaucoup car exigeant de nous une totale adhésion, un total abandon. C'est le trop occulté «Aime donc et fais ce que tu veux » de saint Augustin (Ep. Johan. Tract. , VII, 8), car, comme l'a écrit à propos de cette sentence Jacques Chevalier dans son Histoire de la pensée : « quand un homme aime profondément Dieu et les hommes, il peut faire ce qu'il veut, parce que, se guidant sur la vérité suprême et la sainte charité, il ne peut tomber dans l'erreur. »

L'amour absolu conduit toujours à la liberté absolue, à la joyeuse liberté des enfants de Dieu, alors que la peur, le refus de l'autre ne font que construire des prisons toujours plus rudes autour de nous et dans nos coeurs.... Mais l'amour de Dieu, sa miséricorde, par la réconciliation, peut, si l'on accepte de s'abandonner à lui, faire exploser toutes ces prisons, aussi “solides” soient elles.....

«Jésus lui répondit : "Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c'est toi qui l'aurais prié et il t'aurait donné de l'eau vive. » Le Christ voit plus loin; je pense ici à l'entretien -qui précède l'épisode de la samaritaine- avec Nicodème : «En vérité, en vérité, je te le dis, nous parlons de ce que nous savons et nous attestons ce que nous avons vu; mais vous n'accueillez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas quand je vous dis les choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous dirai les choses du ciel » [Jn 3, 11-12], et Il sera mieux accueilli par la samaritaine que par certains notables et savants juifs, même si ceux-ci cherchent eux aussi la lumière (cf. [1 Co 1, 20-24]).

Jésus part de très haut dans son dialogue, avec une approche immédiatement spirituelle, alors que la samaritaine part de très bas, d'une approche uniquement matérielle; tout ce récit est donc celui d'une approche progressive avec une double démarche : une lente montée vers Dieu et Dieu qui vient vers nous, qui se met à notre portée. C'est là notre histoire ! La lente quête mutuelle de la perfection se fera par des signes imperceptibles, au coeur, et je ne peux m'empêcher ici de repenser à l'oeuvre majeure de saint Jean de la Croix : La montée du Carmel, avec cette montagne au sommet de laquelle la divine sagesse attend l'âme bien-aimée -notre propre âme-, au Chemin de la Perfection de Thérèse d'Avila, ou encore à l'histoire personnelle de saint Augustin et de saint François d'Assise qui ont tous deux connu une vie de péché avant de devenir des figures fondamentales de la foi; ces deux derniers ont trébuché, mais la rencontre avec Dieu leur a permis de triompher du mal et de devenir des lumières du bien pour l'humanité entière. Par là même, par cette lente montée vers Dieu que Dieu lui-même nous rend possible en se rendant accessible, nous pouvons surmonter les pièges du péché, tirer du mal du péché le bien de la grâce et du Salut; en cela, qui que nous soyons, quel que soit notre niveau intellectuel, de culture ou de richesses matérielles, nous pouvons imiter au quotidien les plus grandes figures de la foi ! Comme le dit saint Jean de la Croix, la voie vers Dieu est semée d'embûches, mais elle est aussi fléchée par Dieu pour nous sauver; à nous de reconnaître les “panneaux indicateurs”, en sachant qu'existe toujours la voie de secours du sacrement de réconciliation que nous offre Dieu qui sait que nous ne sommes que des hommes....

La question qui se pose à nous est alors : "Qu'est-ce que j'attends de Jésus ?" . Or, Il nous a tout donné par le Père et avec l'Esprit. Notre prière ne doit donc pas être supplication, mais au contraire louange et joie nous permettant d'atteindre notre propre perfection dans la foi et dans le témoignage.

«Jésus lui répondit : "Quiconque boit de cette eau aura soif à nouveau; mais qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif; l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source d'eau jaillissant en vie éternelle." » L'eau dont parle Jésus n'est pas l'eau matérielle, l'eau putrescible , mais la vie éternelle. L'eau dont parle Jésus est en fait celle du baptême : l'eau baptismale; elle est signe de vie, non pas signe de mort, renvoyant à la symbolique de la naissance à la vie nouvelle (on peut penser ici aux eaux matricielles, à l'eau purificatrice, à la plus vivifiante en vue des moissons. À rapprocher des versets 35 à 38 ?), car le baptême est un « bain d'eau qu'une parole accompagne » [Ep 5, 26]. Cette eau est purification du péché, et plus encore pardon plein de miséricorde divine de ce même péché [Tt 3, 5] et illumination à la lumière du monde [Jn 1, 9; 14, 6; Ep 5, 8]. L'eau vive est celle de la vie : elle est la vie car ouverture à la participation à la joie du Père, fécondation de la terre, pureté et fraîcheur, libération du péché [Ex 17; Ps 50, Ez 36, 24-28]. Cette eau est celle du baptême; elle est intarissable (voir Is 58, 11) et Dieu, si nous voulons bien accepter son Don, nous en donne à profusion, autant que nous en souhaitons, à la condition que nous nous abandonnions à lui....

L'eau vive n'est en aucun cas la mort, ou plutôt, s'il y a mort lors de la réception de l'eau vive, c'est uniquement celle du péché : l'idée de mort ontologique est donc à bannir, l'ontologie étant de plus la science de l'être en tant qu'être, en dépit de ses déterminants ; Jésus est vainqueur de la mort, vainqueur du péché : Il ne peut que donner la vie, et l'eau vive qu'il offre à tous les hommes au travers de la samaritaine est celle de la naissance à la foi, celle du renouvellement de la nature pécheresse dans le bain de la nouvelle naissance. En fait, Jésus est lui-même l'eau vive, lui-même le don de Dieu. N'oublions jamais que l'eau a jailli de Son côté avec le sang à l'heure de la Passion : ce sont là les marques de la double nature à la fois divine et à la fois humaine de Jésus ; cette eau jaillissant du flanc du Christ, cette eau offerte en source inépuisable aux hommes (il y en aura toujours assez, toujours plus, pour tous ceux qui acceptent de boire à la source du Christ) est la marque suprême de la vie éternelle battant la mort, la marque suprême de l'amour de Dieu [Jn 19, 34]. On peut ici songer à [Pr 5, 15] : « Bois l'eau de ta propre citerne, l'eau jaillissante de ton puits ! » ou encore à la source de [Ct 4, 12-15]. L'eau jaillissante des Proverbes, c'est peut-être celle de notre vie intérieure, celle dont parle Jésus....

Cette eau vive offerte par Jésus à la samaritaine est celle du baptême, de ce baptême qui est entrée dans la vie nouvelle [Mt 18, 19-20; Jn 3, 3; 1 P 1]. Par cette eau offerte et acceptée, nous devenons les fils adoptifs de Dieu [2 Co 5, 17] et nous sommes définitivement incorporés au Corps unique du Christ, à l'Église [1 Co 12, 13; Ep 4, 25]. On comprend ici encore mieux le sens de cette citation commentée par l'Abbé Gaubert : « Baptisé, tu es consacré ! Tu es le tabernacle de la Sainte Trinité ! Tu es greffé sur le Christ comme un membre vivant à son corps mystique, l'Église », citation qui est à mettre en parallèle avec cet extrait de l'Épître aux éphésiens : « (le Christ) dont le corps tout entier reçoit concorde et cohésion, par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l'actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même dans la charité » [Ep 4, 16]. L'eau vive est une grâce reçue : à nous de la faire vivre en nous, pour Dieu, l'Église et nos frères... Tout ceci nous est rappelé par le texte de l'Apocalypse : «Jamais plus ils ne souffriront de la faim ni de la soif; jamais plus ils ne seront accablés par le soleil ni par aucun vent brûlant. Car l'Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur et les conduira aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. » [Ap 7, 16-17].

L'eau vive, le don de Dieu, c'est Dieu lui-même, sa parole, l'accès à son mystère ! Elle préfigure l'Eucharistie, cet accomplissement de l'initiation chrétienne qui est la source et le sommet de toute la vie chrétienne car don de la vie éternelle, seul véritable “aliment” sur la route vers Dieu ! L'eau vive, le don de Dieu, c'est le don gratuit par le Père de son Fils aux hommes, don qui aboutira au sacrifice de Jésus sur la Croix glorieuse qui a tué la haine [Ep 2, 16], notre foi étant le seul sacrifice saint et agréable à Dieu [Rm 12, 1] qui nous soit désormais demandé... N'oublions jamais que le Père nous a donné ce qu'il avait de plus beau : son Fils, c'est-à-dire lui-même, Dieu lui-même dans le mystère de la Trinité !

Étant Dieu lui-même, le don de Dieu ne s'achète pas. Il est une grâce, et c'est ce que rappellera saint Pierre à Simon le magicien - d'ailleurs en Samarie ! - : «Périsse ton argent, et toi avec lui, puisque tu as cru acheter le don de Dieu à prix d'argent » [Ac 8, 20]. Le don de Dieu est gratuit, offert à tous; à nous de l'accepter dans nos cœurs et dans nos vies !

«La femme lui dit : "Seigneur, je vois que tu es un prophète…" » La samaritaine en arrive à la troisième étape de son adhésion au mystère de Jésus, de son initiation à l'esprit et à la vérité. La samaritaine a définitivement compris que Jésus est autre, mais elle ne sait toujours pas ce qu'il est vraiment. Humaine, elle continue à se référer à son histoire : si Jésus n'est pas “Seigneur”, n'est-il pas “prophète” ? Même si la samaritaine n'a pas encore compris la personne de Jésus, elle accède déjà à la vie intérieure, à la foi intérieure par son « Seigneur ». Elle commence à s'abandonner en toute confiance à Jésus : elle est désormais prête à recevoir l'eau, source de la vie éternelle, et cela même si elle n'a pas tout compris. Mais nous-mêmes, pouvons-nous vraiment comprendre toutes les dimensions et tout le contenu du mystère de Jésus ? Sa foi n'est peut-être pas encore en vérité, mais elle commence à l'être en esprit; elle est déjà au cœur, intérieure, cachée, mais bien réelle. Il ne lui manque plus grand chose pour devenir un témoin de la vérité et du Verbe incarné. On peut ici encore songer au sacrement de la confirmation en son sens d'affermissement de la grâce; la samaritaine nous rappelle ici qu'il faut désirer recevoir la grâce de l'Esprit Saint, se rendre disponible intérieurement à l'accueil du Seigneur (la Foi est ici celle du cœur, pas celle de la raison, du pari ou de l'intellectualité, donc pas celle de Nicodème), mais surtout avoir conscience de sa petitesse et de sa pauvreté face à Dieu; il faut, pour saisir au maximum - tant est-il qu'il soit possible de saisir totalement le mystère divin sur cette terre où nous ne pouvons pas contempler la Face de Dieu, juste l'entrevoir au temps de l'adoration du Saint-Sacrement ou à celui de l'Eucharistie -, nous abandonner à Dieu, dans un bonheur et une joie indicibles. La samaritaine a elle la grâce de contempler Dieu “en direct”....


«Jésus lui dit : "Crois-moi, femme, l'heure vient où ce n'est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs" » Par Jésus, c'est l'homme qui devient le Temple (on peut penser ici à l'Épître aux Hébreux). Comme l'a dit saint Boniface, ou encore saint François d'Assise, Dieu est partout, même s'il ne faut pas tomber dans l'erreur du fétichisme ou de l'animisme; Dieu est partout, mais sa création n'est que témoignage de sa présence, non pas partie de Dieu lui-même.

Ce verset pousse à réfléchir sur les notions de transcendance et d'immanence, sur le rôle de l'homme dans la création. Au contraire de la transcendance qui établit une relation personnelle avec Dieu, l'immanence exprime l'idée de la fusion de l'être dans la conscience collective; elle réfute donc dans sa finalité toute notion d'individualité et d'individualisme, tendant donc non à l'exclusion mais à l'anéantissement de celui qui n'y adhère pas. L'immanence est donc par essence totalitaire. L'immanence est de plus inhumaine en ce sens qu'elle nie la perception qui est à la base même de l'humanité et de la conscience; c'est ainsi que Spinoza définissait l'immanence comme l'idée que la vérité de la chose ne réside pas dans la perception mais dans sa place dans le système de l'esprit absolu. Donc, si l'immanence ne remet pas forcément en cause Dieu, elle dénie à ce dernier son unicité en le divisant en de multiples éléments qui sont les éléments constitutifs du monde; ainsi Dieu n'est pas le créateur du monde car il est lui-même le monde. Or, pour le chrétien, Dieu est distinct de sa création. Un autre aspect négatif de l'immanence procède du fait que, suite aux écrits de Blondel, elle s'oppose, certes au fidéisme -ce qui n'est pas forcément négatif-, mais surtout à la foi elle-même car donnant une priorité absolue à la raison; ainsi, il n'y a pas équilibre entre la foi et la raison mais subordination de la foi à la raison puisque, selon Blondel, si Jésus existe, c'est de la raison et d'elle seule que doit émerger la nécessité d'un oui total à la Révélation chrétienne. Négation de la grâce, l'immanence n'est donc pas chrétienne malgré ses aspects séduisants au premier abord. Alors que l'immanence pourrait finalement conduire l'homme à négliger soit sa propre existence, soit celle de la création du fait de l'absence de toute remise en cause de l'équilibre de l'univers, la transcendance impose au contraire à l'homme, certes une certaine maîtrise du monde terrestre, mais surtout un respect de la création, tout irrespect le conduisant inéluctablement à sa perte du fait de sa relation personnelle avec Dieu par l'alliance et par la révélation. La transcendance n'est donc pas la traduction du seulement humain, mais bien plus la réalisation d'une fusion permanente et évocatrice entre l'humain et le sacré, entre l'homme, créature de Dieu, la nature, objet de la création, et Dieu créateur. Alors que l'immanence est par nature statique -ou du moins figée lorsqu'elle se veut dynamique-, la transcendance se veut progrès, mais progrès respectueux de la création; alors que l'immanence implique une création figée, la transcendance implique une création évolutive, l'homme ayant été créé par Dieu pour qu'il continue, pour qu'il peaufine, sa propre création, et c'est pour cela qu'il est dit que Dieu créa l'homme à son image, l'homme étant établi dans un lien personnel à Dieu et chargé d'une double mission de préservation et d'amélioration. On pourrait presque dire que Dieu a joué son existence même en créant l'homme, même si une telle expression est à la limite du dogme; ceci doit en fait être compris comme sublimation du lien de l'homme à Dieu et non pas dans le sens d'une dépendance de Dieu envers l'homme. C'est en cela que les théories contemporaines tendant à concevoir le divin dans un sens uniquement d'immanence sont dangereuses, car permettant tous les excès, la création et Dieu lui-même n'étant qu'énergie et cette énergie étant immuable quelle qu'en soit la forme. Admettre que la relation entre Dieu et l'homme est une relation d'immanence, c'est en fait nier l'homme lui-même, car le réduire au seul sens de point de l'histoire terrestre, alors que Dieu l'en a établi le maître; c'est nier le Christ car privant la révélation de toute signification; c'est nier la nature elle-même, puisqu'elle se trouve ainsi réduite seulement à une forme particulière de l'énergie cosmique universelle, puisque seule cette énergie cosmique universelle compte, quelle qu'elle soit.

Néanmoins, nous ne devons pas oublier que l'immanence chrétienne existe, mais il faut bien la situer au risque de se perdre car elle n'a rien à voir avec le sens contemporain que l'on veut donner à ce mot, alors même que l'immanence chrétienne est contemporaine en son éternité. Je ne parlerai bien sûr pas de l'immanence des trois personnes de la Trinité en elles-mêmes puisque dans la Trinité il n'y a qu'une seule nature, qu'une seule essence, qu'une seule substance, qu'une seule éternité, qu'une seule divinité (4° Concile du Latran, II). Je parlerai par contre de cette immanence que nous connaissons à l'occasion de l'acceptation de chacun des trois sacrements de l'initiation chrétienne ou encore dans celui de la réconciliation : - le baptême est en premier lieu une grâce, une nouvelle création [2 Co 5, 17] faisant du baptisé un fils adoptif aimé de Dieu : le baptême est délivrance des ténèbres. En tant que fils adoptif de Dieu, le baptisé est réconcilié avec Jésus et se doit donc de participer à la vie du Christ et à sa mission. Le baptême est aussi une incorporation, celle de membre du corps unique du Christ qu'est l'Église. Le baptisé est ainsi invité à participer au sacerdoce du Christ. Temple vivant de l'Esprit Saint, le baptisé est d'une certaine manière un nouvel Apôtre. Pierre vivante de l'édifice spirituel qu'est l'Église [1P 2, 5], le baptisé ne s'appartient plus : il appartient désormais, et ce de manière définitive à Jésus mort et ressuscité; il est membre de la communauté de l'Église, donc membre du peuple de Dieu, celui de la nouvelle alliance. Marqué de la nouvelle alliance, le baptisé l'est donc d'une trace indélébile qui fait que le baptême est un sacrement unique, non renouvelé -a contrario par exemple du sacrement de l'Eucharistie qui est mémoire et accès subtil et hors du temps à la vie éternelle-. Après le baptême, le baptisé est définitivement uni au Christ, le péché -né par nature d'une créature- ne pouvant briser cette union même s'il empêche d'accéder -en l'absence de pénitence et de réconciliation- aux fruits du salut. Incorporation définitive, le baptême est le sceau qui marque le chrétien pour le jour de la rédemption, le sceau de la vie éternelle entr'aperçue lors du sacrement de l'Eucharistie. Le baptême est donc une forme de l'immanence chrétienne ; - l'effusion de l'Esprit de la confirmation est enrichissement et fortification de notre foi; cela nous oblige donc à répandre et à défendre la foi, en parole et en action, faisant de nous des témoins vivants du Christ. On peut penser ici au j'ai péché en pensée, en parole, en action et par omission du Confiteor, la grâce de l'Esprit Saint, unie au sacrement de pénitence et de réconciliation, transformant le mal du péché en bien. L'effusion de l'Esprit nous fait saisir par l'amour de Dieu, dans un don réciproque d'amour : l'amour de Dieu qui nous est offert, mais aussi l'offrande aimante de soi à Dieu auquel on doit s'abandonner : il nous faut, à l'imitation du Psalmiste, goûter et voir comme est bon le Seigneur. L'effusion de l'Esprit est donc expérience de l'amour de Dieu, amour dont le désir vient lui-même de Dieu. L'effusion de l'Esprit est un moment de grâce, un cadeau de l'Esprit Saint; c'est un moment de joie qui donne le désir et la capacité de nous offrir totalement à la vie du Christ par l'Esprit Saint donc au Père. En acceptant la confirmation, nous disons à Dieu "Prends tout ! Prends nous tout !", et ce avec joie et reconnaissance de sa miséricorde. Nous devons donc saisir cette expérience unique de l'amour de Dieu comme un don gratuit qui nous rappelle que Jésus est vivant, ressuscité, présent et agissant dans nos vies. Il faut, pour saisir au maximum -tant est il qu'il soit possible de saisir totalement le mystère divin sur cette terre-, nous abandonner à Dieu, dans un bonheur et une joie indicibles. La confirmation est aussi un signe fort de notre communion avec l'Évêque, l'Église, donc le Christ dont elle est le corps mystique, d'où l'idée renforcée de communauté des croyants, de communion avec ses frères, mais aussi avec tous les hommes, Jésus ayant rouvert l'Alliance à toute l'humanité. La confirmation est donc un temps fondamental et essentiel de la vie du chrétien, mais il est donc fort dommage que beaucoup n'en saisissent pas le sens.... Elle est au sens de ce qui précède elle aussi immanence chrétienne ; - L'Eucharistie, enfin, cette "célébration du célébré", ce don de la vie éternelle, cette insertion plénière dans le corps du Christ est elle aussi immanence. Mystère de la plénitude du Christ, nous devons accepter en esprit et en vérité que le Christ est présent dans l'Eucharistie pour rendre présente sa victoire sur la mort et sur le péché. L'Eucharistie vise à rendre présente et à proclamer la victoire et le triomphe de la mort de Jésus-Christ par la vertu de l'Esprit Saint, et, en ce sens, elle est incorporation de nous-mêmes au corps du Christ, participation à sa vie glorieuse; elle est suspension du temps instantané, mais en des moments isolés et hors du temps nous mettant en contact direct -y compris physique- avec Dieu, et c'est pourquoi nous devons renouveler ce sacrement car il est impossible d'exprimer la totalité du mystère de l'Eucharistie, tout comme il est impossible de vivre sur cette terre marquée par le temps -survivance physique du péché originel- l'éternité vivante et dynamique. Créant une communion entre nous et le Ciel, entre l'Église et le Ciel, l'Eucharistie est le sommet et le centre de la vie de la communauté chrétienne, tous les fidèles se devant d'y participer, offrant à Dieu la victime divine et s'offrant ainsi eux-mêmes avec elle comme membres du corps du Christ. L'Eucharistie est donc bien elle aussi immanence chrétienne....

Cette immanence chrétienne se retrouve enfin dans le sacrement de réconciliation. La réconciliation est en effet un deuxième baptême, non plus dans les eaux, mais dans les larmes. La réconciliation permet de retrouver sa place dans la communauté ecclésiale et la grâce de l'amour du Père. Elle est ainsi le lieu privilégié d'exercice de la miséricorde divine. Comme l'a dit le Frère Jean Legrez o.p. lors d'une conférence prononcée à Marseille le 2 mars 1999 : «Si un baptisé a commencé à entrer dans le mystère de la miséricorde du Père, il doit comprendre que la réconciliation est un retour vers le Père, qu'il doit, après l'avoir blessé par le péché, faire un retour vers Lui ; mais pensons-nous vraiment au Père lorsque nous nous confessons ? Quelle utilité alors ? La réconciliation ne doit pas être tristesse mais au contraire moyen de demeurer sur un chemin joyeux, celui de la communion, de la communauté par et en l'amour du Père, celui de la joie d'un cœur pardonné tourné vers le père et donc vers tout frère en humanité. » La réconciliation est elle aussi une forme d'immanence chrétienne....

Comment ne pas penser ici à la conversion des samaritains [Ac 8, 4-25] ou encore à l'épisode du baptême de l'eunuque éthiopien qui poursuit son chemin tout joyeux après le baptême [Ac 8, 26-39] ? «L'accueil de la foi par les Samaritains annonçait une résurrection pour le peuple divisé. Le retour chez lui de cet adorateur du bout du monde, après son baptême par Philippe, annonce l'essaimage des lieux d'adoration par toute la terre. En ces jours décisifs, le Ressuscité se donnera bientôt à rencontrer en tout lieu, par ses messagers. Partout sa vie se donnera à partager aux croyants (...) Le Lieu saint a repris la route pour aller dresser sa tente en toute nation où réside un croyant messianique » (Bossuyt (Ph.) sj, L'Esprit en Actes, Éd. Lessius, Bruxelles, 1998, coll. Le livre et le rouleau, n° 3, page 46). L'annonce faite par Jésus en [Jn 4, 21] s'accomplit, les deux épisodes cités des Actes des Apôtres étant là pour en témoigner, tout comme l'actuelle diffusion de la Foi le démontre aussi puisque ce sont aujourd'hui près de deux milliards d'hommes, environ le tiers des hommes qui sont touchés par la Bonne Nouvelle. Un long chemin a été parcouru, mais il reste encore du chemin à parcourir, mais par l'exemplarité de la foi, non pas par la persécution ou la contrainte ! Si l'on rajoute à ce total le milliard de musulmans de diverses confessions, ce sont plus de trois milliards d'hommes qui connaissent Jésus Christ, car, -et il ne faut pas l'oublier-, même s'ils se trompent sur la nature de Jésus en niant sa divinité et la Trinité -ce qui est quant même fondamental pour nous chrétiens-, les musulmans reconnaissent que Jésus est le Messie, fils de Marie (le Coran consacre plus de 100 versets à Jésus, sans même parler des très nombreux textes qui lui sont consacrés dans la littéature et la philosophie coranique !!!). N'oublions pas aussi que le Mahatma Gandhi avouait lui-même avoir été guidé dans sa pensée par ... le message des Béatitudes !!! Même Lénine a dit : «Quelques gouttes de sang de Saint François d'Assise suffiraient à régénérer l'humanité » (quelle vérité dans la bouche d'un ennemi de la religion) !!! La Parole a donc fait du chemin, mais il lui en reste beaucoup à parcourir......

Souvenons-nous donc du sens de la confirmation pour être de vrais témoins de Jésus, mais je le répète, par l'exemple, par notre vie quotidienne, par notre témoignage plein de paix et d'amour, y compris par le martyr, mais en aucun cas par la guerre, par la discorde, par le martyre provoqué, car celui-ci est insulte à Dieu, alors que le martyr vrai (voir Ac 7, 1-60) est une grâce de Dieu à laquelle l'on ne s'attend pas, car le martyr vrai est aussi témoignage et pardon : «Seigneur, ne leur impute pas ce péché » [Ac 7, 60]. C'est là le sens du martyre de Maximilien Kolbe, de celui d'Édith Stein, .... On peut ici avoir une pensée émue pour le martyr de saint André Dung-Lac et ses compagnons, au Vietnam, en 1839, ou encore pour celui, très récent -1998 !-, de ces 40 séminaristes du Burundi massacrés pour avoir refusé de dénoncer ceux qui, parmi eux, étaient des Hutus, étaient des Tutsis; on peut aussi penser à saint Abo, mort martyr des musulmans en 786 parce qu'il ne voulait pas renier Jésus-Christ.... Et ce ne sont là que des exemples infimes, mais toujours présents, dans la multitude des martyrs pour le Christ.... N'oublions pas qu'ils sont allés au supplice en pardonnant à leurs bourreaux !!! Qui mieux que les martyrs pour le Christ a appliqué pleinement le commandement d'Amour de ce dernier, à la suite d'Étienne, premier martyr, qui devait s'endormir dans la mort en pardonnant et en priant pour ses bourreaux : Seigneur, ne leur impute pas ce péché ? Je me répète peut-être, mais cela est fondamental. Soyons des témoins, des exemples, soyons des témoignages vivants de la miséricorde divine, des porteurs de réconciliation, pas des exhibitionnistes !

«Mais l'heure vient -et c'est maintenant- où les véritables adorateurs adoreront le Père dans l'esprit et la vérité, car tels sont les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c'est dans l'esprit et la vérité qu'ils doivent adorer. » La vérité, c'est la découverte progressive, la recherche de la Parole de Dieu en écoutant cette même Parole. Comme le dit le père André Marchadour, à la source extérieure doit se substituer la source intérieure à chacun, révélatrice de la vérité intérieure de chaque croyant, débouchant sur un culte intérieur. Il dit encore : «Ce culte en Esprit et en vérité est celui que chaque croyant habité par l'Esprit rend au Père. Il est intérieur, non pas parce qu'il serait localisé dans la partie la plus intérieure de chacun, mais parce qu'il est l'œuvre de l'Esprit : c'est l'adoration véritable que l'Esprit Saint qui est vérité (c'est-à-dire révélation) suscite en nous, qui provient de sa présence et de sa permanence en nous (...) Une telle naissance d'un culte spirituel s'appuie sur la révélation du mystère de Dieu (...) Désormais Dieu n'est plus relié à une terre (...), mais habite dans le cœur de tout homme, en qui l'Esprit a fait sa demeure. » En recevant cette révélation, la samaritaine a retrouvé son vrai mari, car elle peut comprendre que le vrai culte est inspiré par l'Esprit Saint, par le don que lui fait le Fils et pour la plus grande gloire du Père....

«...et ils disaient à la femme : "Ce n'est plus sur tes dires que nous croyons; nous l'avons nous-mêmes entendu, et nous savons que c'est vraiment lui le sauveur du monde" » La Révélation est accomplie, l'adhésion au mystère de Jésus -hormis sa Résurrection, mais le temps n'est pas encore venu- est achevée : tous comprennent que Jésus est plus qu'un “Seigneur”, plus qu'un “prophète”, plus même qu'un “Messie” sacerdotal ou royal : il est bien plus que tout cela, même s'il est “Seigneur”. Il est le Messie, LE Sauveur du monde, celui par qui le dessein du Père s'accomplit pour l'éternité, pour notre Salut et pour celui du monde ! On remarquera que les habitants de la ville ne s'adressent pas à Jésus; ils n'ont plus “besoin” de lui pour rendre témoignage car ils ont reçu l'eau vive; c'est par contre au premier témoin, à la samaritaine qu'ils rendent témoignage, à celle qui n'était rien et qui est désormais tout ! Que sont-ils devenus ? Nul ne le sait.... Néanmoins, c'est à Samarie que Philippe annonça avec un grand succès la parole de la Bonne Nouvelle [Ac 8, 4-25]……

Pour conclure, quelques mots sur les versets 25-26, ceux de la Révélation, ceux du Je le suis. On est ici à un moment décisif qui marque l'avant-dernière étape de la samaritaine vers l'adhésion au mystère du Christ, après avoir professé qu'elle croyait fermement en la venue du Messie. Jésus se révèle définitivement à la samaritaine : il est LE Messie, comme elle commençait à s'en douter au verset précédent. C'est LA Révélation ! La samaritaine vit peut-être en cet instant le premier sacrement de l'initiation chrétienne, celui du baptême, car elle a reçu l'eau vive, source de la vie éternelle. Dans le cadre de la Révélation, Dieu, seul et unique, un et trine, a quelque chose à dire aux hommes. Pour ce faire, il s'est révélé à eux en s'incarnant en Jésus-Christ. Dieu se montrant aux hommes -et s'adressant directement à eux-, la Révélation est donc, dans sa manifestation humaine, vérité vivante et absolue, car divine non pas en essence, mais en principe même. La Révélation est pour le chrétien une vérité absolue, mais surtout et avant tout une vérité vivante.

Jésus se révèle en des termes qui sont proches du témoignage de Jean le baptiste : «Et voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : "Qui es-tu ?"Il confessa, il ne nia pas, il confessa : "Je ne suis pas le Christ" -"Qu'es-tu donc ? lui demandèrent-ils. Es-tu Élie ?" Il dit : "Je ne le suis pas" - "Es-tu le prophète ?" Il répondit : "Non" » [Jn 1, 19-21]. Comme le disait Jean le baptiste, Il est, Il arrive : «Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. C'est de lui que j'ai dit : derrière moi vient un homme qui est passé devant moi parce que avant moi il était » [Jn 1, 29b-30]. Dieu lui même s'était révélé à Moïse dans des termes très proches : quoi de plus beau que le Je suis celui qui suis [Ex 3, 14]. Dieu, qu'il soit Père, Fils ou Esprit conserve le même langage pour parler aux hommes, pour se révéler.

Le « Je le suis » de Jésus est le même que celui de [Mt 18, 20] : «Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux. » Jésus s'est révélé, Il est au milieu de nous, la gloire de Dieu est présente, l'Église et le culte ont désormais leur(s) fondement(s) en esprit et en vérité.

Plus que se comprendre, plus que se lire, plus que se commenter, ce passage doit se méditer, par exemple en le confrontant avec Jn 1, 49 !

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : jeu. 04 sept. 2008, 19:19
par LumendeLumine
Je veux répondre à chacun mais pour l’instant je me bornerai faute de temps à ceci :
Pour le reste de vos propos, j'avoue être frappé par votre "exigence". Vous semblez attendre beaucoup de Dieu, exigez beaucoup de Lui. Comme vous le dîtes : s'il fait des miracles pour vous, je serai jaloux.

Si l'action personnelle de Dieu est pour vous la seule preuve de Dieu, alors il me semble que vous avez une double raison de ne jamais le rencontrer :

1) parce que Dieu est lui-même soumis à l'ordre qu'il a créé (ce qui n'a rien à voir avec le naturel/surnaturel)

2) si vous exigez de Dieu, votre coeur n'est pas aimant, et l'amour (qui est soumission) est la seule vértable voie d'accès à Dieu, par le Christ.
Si Dieu ne fait aucun miracle pour moi, rien qui dépasse l’ordre de la nature, alors je n’ai pas de raison de croire que la foi chrétienne est vraie. Je peux certes croire en un Dieu qui créé l’Univers, avec ses lois, et le livre à lui-même. L’expérience de foi que vous me suggérez est parfaitement compatible avec cette version d’ailleurs. Mais la foi chrétienne demanderait une vraie relation, et dans une vraie relation c’est donnant-donnant, comme on dit ici, ça va dans les deux sens. Or si malgré mes efforts Dieu ne fait rien personellement pour moi, je ne vois pas pourquoi je ferais quoi que ce soit personnellement pour lui. Il me donne la vie naturelle sans plus, soit, c’est ainsi que je vivrai, sans plus. Mais ce n’est pas ça la vie chrétienne ! Il devrait y avoir plus !

D'après ce que vous me dites, l'essentiel de la vie chrétienne consiste en ce que je fais et comment je perçois Jésus - et donc c'est une pure subjectivité où Dieu n'a en fait qu'à se croiser les bras... L'amour à un sens ce n'est pas de l'amour.

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : jeu. 04 sept. 2008, 19:27
par Olivier JC
Bonsoir,

Vous abordez le christiannisme avec une mentalité de païen... Pas étonnant, donc, que vous en arriviez à la conclusion qui est la vôtre.

+

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : jeu. 04 sept. 2008, 19:45
par Serge BS
S'il fallait s'attendre à ce que Dieu accorde la grâce d'un miracle, autre déjà que celui de la vie, à chacun d'entre nous, alors la nature elle-même n'aurait plus de raison d'être ! Dieu a demandé à l'homme de dominer la terre, donc à la fois de vivre sur la nature et de protéger la nature ! Il a soumis l'homme à l'ordre de la nature, dont l'homme est partie, et en ce sens, Son action serait absurde s'Il brisait cet ordre en permanence ! Un miracle n'est qu'un signe exceptionnel Lui permettant de nous rappeler qu'Il existe ! Et c'est d'ailleurs pour cela que les vrais miracles sont rares ! Par ailleurs, Dieu nous a dit : Aide-toi, le Ciel t'aidera ! Cela ne veut pas dire qu'il faille seulement désirer ! Cela veut dire que Dieu nous donne la force de surmonter les obstacles de la vie terrestre dans l'espérance certaine de la Résurrection ! Cela ne veut pas dire que le Ciel soit un distributeur automatique de miracles ! Je sais, on se dit souvent "Mais enfin je te suis fidèle, Seigneur. Et pourtant tu ne fais rien pour moi !"; on ne sait plus comment payer ses impôts, où trouver du travail, maîtriser son pouvoir d'achat... Certes, mais ce n'est pas en désespérant que l'on y arrivera. Dieu nous demande de nous engager ! Ne serait-ce qu'agir avec d'autres pour le bien fait progresser le bien ! Et puis, es-tu vraiment certain qu'un jour Dieu ne t'a pas tendu la main, ne t'a pas concocté un petit miracle ? Sur la route en dérapant sur une plaque de verglas sans te planter ? Autrement ? Tu sais, un miracle n'est pas forcément spectaculaire. Dieu est aussi le Dieu des petits rien; Il est aussi le très faible comme le qualifiait le Père Armogathe, non pas en tant que non tout puissant, mais en ce sens qu'Il ne lui servirait à rien de déployer Sa puissance sans notre aide ! Alors, ne désespère pas ! Réjouis toi d'une belle fleur, d'un petit rien, d'un bon vin, d'un calin de ton chat, je ne sais ! Réjouis toi du sourire d'une personne dans la rue ! Prenons un autre exemple... Cet avion qui s'est écrasé à Madrid... C'est dramatique, mais moi je ne vois pas les 150 victimes, même si je prie pour leur Salut; j'ai vu les rescapés ! C'est aussi ça un miracle qu'il y ait des survivants dans un tel brasier infernal ! Je sais, c'est dur ! On est stressés par la vie; la vie n'est pas facile ! Mais plus tu verras le noir, plus le noir viendra ! Tu as forcément près de toi du beau, quel que tu sois ! Axe toi sur ce beau, et la vie s'éclaircira ! Tu sais, j'en ai vu des laides choses, et pourtant j'ai surmonté... L'enfer froid d'une guerre, mais l'espoir revenant à la vue d'une simple fleur poussant au milieu de ruines, montrant que le bien, que le beau gagne malgré tout ! Excusez-moi, je vous ai tutoyé ! Mais c'est venu tout seul ! On prie pour vous, alors, si vous croyez que le miracle, que la sollicitude de Dieu ne vient jamais sur celui qui prie, eh bien, nous prierons le Seigneur pour qu'Il vous accordde un peu de ce que vous Lui demandez ! Bon courage ! Tout le monde a douté à un moment ou un autre de sa vie, même les plus grands Saints ! Même la petite Sainte Thérèse voulait engueuler Dieu à cause des Limbes, doutant ouvertement de Sa bonté ! Et pourtant ! Finalement, peut-être aimez-vous trop ! Peut-être croyez-vous trop ! Paradoxal ! Peut-être attendiez-vous trop de Dieu ? Alors, peut-être faudrait-il être un peu moins exigeant, et se contenter, dans un premier temps, de ce que Dieu vous donne, ce qui ne veut pas dire que vous ne devez rien faire humainement pour que cela change ! Au contraire, il faut se bouger encore plus !

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : jeu. 04 sept. 2008, 20:21
par Raistlin
LumendeLumine a écrit :Or si malgré mes efforts Dieu ne fait rien personellement pour moi, je ne vois pas pourquoi je ferais quoi que ce soit personnellement pour lui.
Comment osez-vous dire que Dieu n'a rien fait pour vous ? Il a donné son Fils Unique qui est mort sur la croix pour vous sauver. Et Il l'a ressuscité.

Tout part de là : si vous reconnaissez dans la foi que Jésus-Christ, le Fils du Dieu Vivant, est ressuscité (il s'agit du kerygme) alors vous trouverez la force de L'aimer et votre relation avec Dieu pourra vraiment commencer.

Dieu vous aime, Il l'a prouvé par son Fils. La question n'est donc pas là. En revanche, vous, serez-vous capable d'aimer et de faire confiance en retour ?

Que Dieu vous garde et vous éclaire.

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : jeu. 04 sept. 2008, 21:11
par Anne
Dieu fait des miracles pour les autres, mais pas pour moi...

À la première lecture de votre message d'intro j'étais d'accord, à ceci près que je n'éprouve ni envie, ni jalousie.

Il y a des gens plus riches que moi (grand bien leur fasse!) mais ça ne veut pas dire que la richesse d'existe pas parce que j'en suis dépourvue. Il y a des gens beaucoup plus intelligents que moi (grand bien leur fasse!) mais ça ne veut pas dire que les génies n'existent pas même si je n'en ai jamais rencontrés...

Non, Dieu ne fait pas de miracles pour moi, mais il en a fait pour les autres, et ils sont documentés, pensais-je hier soir en me mettant au lit...

Mais ce matin, il m'est revenu deux cas récents dans ma vie qui, je le crois maintenant, peuvent être des miracles. Mais voilà, personne ne les a étudiés et confirmés mais qu'importe?

Avant les Fêtes, ma mère était hospitalisée et le médecin responsable de son dossier lui a annoncé qu'elle ne pourrait pas retourner à la maison pour Noël à cause d'un probable cas de "C difficile". Nous étions au désespoir, mais nous nous sommes mises à prier chacune de notre côté et quelques heures plus tard, elle a reçu son congé... Quand nous avons rencontré notre médecin de famille par la suite, en lisant le rapport médical de l'hôpital, il a mentionné une "résorption spontanée"...

Quelques mois auparavant, le même médecin avait détecté une masse inquiétante dans un de mes seins qui était douloureux depuis quelques temps. Il m'a référé pour une mammographie que j'ai subie (c'est le bon mot :mal: ) quelques mois plus tard.

Rien sur les clichés. Comme mon médecin semblait avoir bien décrit "la chose" palpée et qu'il y aurait selon toute vraisemblance y avoir quelque chose là, on m'a référée immédiatement à l'échographie pour vérification supplémentaire.

Rien.

Ma mère (femme de grande foi qui, j'en suis certaine, à une "connexion" directe avec le ciel) et mes soeurs avaient prié pour moi...

Je tiens donc à vous remercier LumendeLumine, de m'avoir permis de prendre conscience que oui, les miracles existent et pas seulement pour les autres!

P.S. La jalousie est la soeurette de l'envie qui est un péché capital! :/

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : jeu. 04 sept. 2008, 23:16
par LumendeLumine
Merci AnneT pour votre témoignage. Je pourrais sans doute faire le sceptique et dire que les évènements que vous décrivez ont certainement des causes naturelles. Mais admettons qu’il s’agisse de vrais miracles : la foi chrétienne ne peut consister en cela tout de même. Les grands miracles, du style de la danse du soleil à Fatima, sont de purs signes : il n’y a aucune utilité en soi à ce que le Soleil ait dansé pendant 10 minutes à Fatima. Les petits miracles du genre que vous me rapportez, chacun en a, mais cela reste rare. Le miracle est toujours une chose rare, et l’attitude chrétienne, d’après ce qu’on m’a enseigné, est de ne pas se fier sur eux mais de les interpréter comme des signes que Dieu veille sur nous. Dans la plupart des vies chrétiennes, en moyenne, il faut bien dire que le miracle joue un rôle à peu près insignifiant.

La question qui me préoccupe, c’est ce que la foi chrétienne doit changer dans nos vies, par rapport à simple connaissance de la loi morale naturelle. On m’accuse d’utilitarisme : je réponds qu’il est idiot d’agir sans raison, d’investir sans attendre d’intérêt, cet intérêt fût-il de nature matérielle, sentimentale ou autre. On qualifie d’altruistes ceux qui trouvent leur joie dans le fait d’aider les autres, et non ceux qui aident les autres à contrecœur. En d’autres termes, on qualifie d’altruistes ceux qui veulent aider les autres, et comme on le sait l’objet de la volonté c’est ce qui est perçu comme un bien pour soi, cf. Aristote. La distinction entre intéressé et altruiste est celle-ci : l’intéressé trouve dans sa joie dans un bien autre que l’amour du prochain, et n’aide son prochain que pour l’obtention de ce bien; l’altruiste trouve sa joie dans l’amour du prochain. Tous les deux agissent en bout de ligne pour eux-mêmes, et personne n’agit pour autre chose que son propre bien. Tout autre comportement serait absurde, car cesser de rechercher son bien, c’est agir de façon désordonnée et courir à sa perte. Il est donc légitime de ma part de chercher quel bien la foi chrétienne me propose, et de la rejeter si elle ne m'en propose pas. Si le bien consiste dans l'amour de Dieu, encore faut-il que cet amour se manifeste d'une manière ou d'une autre - AUTRE QUE NATURELLE, évidemment, pas besoin d'être chrétien pour penser que Dieu est l'auteur de la nature. :zut:

Cela dit, donc, je cherche ce que le fait d’être baptisé, de prier Dieu chaque jour, et autres aspects de la vie chrétienne, changent à mon existence. J’observe que si changements il y a, ils sont entièrement mon œuvre. Il n’y a pas de miracle, du moins je ne dois pas en attendre; l’Eucharistie ne me donne rien que je ne convainque intimement qu’elle me donne : de même avec les autres Sacrements; la prière ne fait communiquer avec personne d’autre que le fruit de mon imagination, que Dieu écoute ou non – et il ne répond pas; mes lectures me donnent une connaissance intellectuelle d’une doctrine qui n'a plus de sens intellectuellement pour moi, comme je l’ai déjà dit; on pourrait multiplier les exemples.

Je me rends compte que si on me demandait pourquoi je crois, je n’aurais rien à dire; la foi ne fait pas de moi un être différent de mon voisin athée; Dieu n’intervient pas de façon particulière dans mon existence; tout au plus la foi, en tant que conviction personnelle, est une aide psychologique pour motiver mon travail et éviter le mal; mais je me rends compte que je suis seul dans cette prétendue relation avec Dieu, que lui n’a aucun rôle à jouer là-dedans, et qu’au final ma conviction est vide. Il n’y a pas de Providence. La Résurrection du Christ n’a aucune incidence ici et maintenant pour moi. La soi-disant vie sacramentelle est un produit de la psychologie humaine et non l’agir de Dieu.

Dieu est si respectueux de sa nature, au dire des chrétiens d’aujourd’hui, qu’autant dire qu’il n’y a que la nature et que Dieu se cache totalement derrière. Si tel est le cas, la foi chrétienne n’a plus de raison d’être; il est plus cohérent d’être déiste.

*********************
@Raistlin:
Comment osez-vous dire que Dieu n'a rien fait pour vous ? Il a donné son Fils Unique qui est mort sur la croix pour vous sauver. Et Il l'a ressuscité.
Et qu’est-ce que cet évènement historique change à ma vie personnelle? Si la résurrection du Christ ne change rien pour moi, il ne s’agit pas d’une preuve d’amour à mon égard.
S'il fallait s'attendre à ce que Dieu accorde la grâce d'un miracle, autre déjà que celui de la vie, à chacun d'entre nous, alors la nature elle-même n'aurait plus de raison d'être ! Dieu a demandé à l'homme de dominer la terre, donc à la fois de vivre sur la nature et de protéger la nature ! Il a soumis l'homme à l'ordre de la nature, dont l'homme est partie, et en ce sens, Son action serait absurde s'Il brisait cet ordre en permanence !
Et pourtant, partout sur la terre à chaque instant, nous dit l’Église, se produit le miracle de l’Eucharistie, où la substance du pain est remplacée par celle de la divinité. Partout sur la terre des chrétiens consomment la substance de Dieu lui-même, et ils sont paraît-ils des temples de l’Esprit-Saint. Vous savez que lorsqu’on commet un péché mortel, on perd ce que l’Église appelle la vie de la grâce. La grâce réside de façon ordinaire chez un chrétien. Or la grâce est quelque chose de surnaturel. De façon similaire, Saint Paul nous dit que déjà nous ne sommes plus soumis à la chair mais à l’Esprit, ce qui implique une action surnaturelle de Dieu dans nos vies. Que cela soit absurde, j’en conviens, mais c’est néanmoins la foi chrétienne. Ce que je dénonce aujourd’hui, ce n’est pas l’absurde de la chose (je l’ai déjà fait auparavant), c’est l’absence de toute trace d’un tel surnaturel ordinaire. Je ne vois pas la grâce agir. D’après ce que j’en comprends, grâce et conviction personnelle sont entièrement synonymes et par conséquent la grâce se ramène à l’agir humain. Dieu est évacué. Si Dieu est évacué de la grâce, la grâce n'est pas grâce. Il n'y a que l'homme et la nature, Dieu est au Cieux et nous ne le connaissons pas.

*********************
@Olivier JC :
Bonsoir,
Vous abordez le christianisme avec une mentalité de païen... Pas étonnant, donc, que vous en arriviez à la conclusion qui est la vôtre.
J’aborde le christianisme de façon très crue, et même sûrement naïve. Mais avant de porter les gants blancs il faut bien passer par là; je ne peux pas rester en conflit avec moi-même. J'ai appris une chose à mon dernier emploi comme programmeur, c'est de ne pas avoir peur de poser les questions les plus stupides. On m'a toujours répondu avec empressement. Lorsqu'on pose des questions stupides sur la foi chrétienne, pourquoi seraient-ce les reproches et l'évasion?

******************
@Christophe:
Pour faire simple, comment la Foi chrétienne pourrait-elle faire "sens moralement" pour vous, si vous rejetez le surnaturel et que notre destinée soit dans les Cieux ? En effet, la morale chrétienne est essentiellement subordonnée à la fin surnaturelle de l'homme qu'est la béatitude... même si des fins intermédiaires "naturelles" peuvent souvent être discernées !
Je ne rejette pas le surnaturel de prime abord, je le rejette parce que je constate qu'il est absent, de façon ordinaire, de la vie chrétienne, alors qu'il est censé en faire partie intégrante.
D'autre part, il me semble que vous mélangez dans votre message vie spirituelle et vie morale. En effet, pour illustrer les difficultés que vous avez avec la morale chrétienne, vous évoquez vos doutes sur la prière, la participation aux sacrements, les grâces de la foi...
J'abuse du terme "moral" en englobant tous les aspects autres qu'intellectuels de la foi chrétienne. Du reste ça ne sert à rien dans le cadre de cette discussion de les dissocier: la grâce est d'abord un soutien à l'agir moral, par exemple, quoiqu'elle soit importante dans la vie spirtuelle aussi; tout se tient et tout va ensemble. Mes difficultés dans la vie spirituelle comme dans la vie morale sont une seule même difficulté: l'absence de Dieu, c'est cela qui est en question.

Pour le reste de votre réplique, je vous répondrais bien mais ce serait faire dévier le sujet. La question pour moi n'est pas d'être altruiste ou utilitariste (d'après le sens que je donne à ces mots, voir plus haut dans ce message), mais de voir si Dieu fait quelque chose de spécial dans ma vie, s'il y a une bonne raison d'adhérer à plus qu'à un déisme primaire.

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : ven. 05 sept. 2008, 5:07
par Anne
Votre réponse ne me surprend pas le moindre du monde: je m'y attendais.

Je ne faisais que présenter 2 événements qu'il m'est loisible d'interpréter comme étant des signes donnés par Dieu et vous êtes tout à fait libre d'être sceptique: ça ne me fait pas un pli! En passant, il y a comme une contradiction dans votre propos quand vous affirmez que les petits miracles, chacun en a, mais c'est rare. Si chacun en a, je ne considère pas ça comme une "rareté"... J'apprécie fort les miens, même s'ils sont petits.
Small is beautiful

Je dois avouer que j'ignore pourquoi j'ai pris la peine de vous répondre, d'ailleurs. Car je constate que même si vous essayez de donner l'impression d'être ouvert aux réponses, vous ne l'êtes nullement.

Votre idée est faite.

Ma quête religieuse m'a menée à croire, la vôtre non. Celle-ci a été longue, sérieusement étudiée, tout comme la vôtre, et même si je vous présentais un argumentaire détaillé, vous ne seriez jamais convaincu, tout comme les arguments présentés par les autres intervenants ne vous convaincront jamais. Finalement, je suis quelqu'un de simple: je n'ai pas besoin de connaître exactement comment fonctionne chaque partie de ma voiture pour pouvoir m'en servir. Je suis prête à admettre que mes neuronnes ne fournissent pas assez de jus pour saisir les tenants et aboutissants de la théorie de la relativité et encore moins les desseins de Dieu.
We see through a glass, darkly
[/color]
Il est probable que Benoit XVI répondrait à vos questions que vous n'en auriez cure. Jésus lui-même vous apparaîtrait et vous trouveriez le moyen de nier le phénomène.

Je prierais bien pour vous, mais je n'en suis pas là et vous n'apprécieriez pas.

Je vous souhaite seulement d'être heureux en vivant selon vos convictions (encore que quelque chose semble vous ronger et qui vous amène ici) et je vous laisse débattre avec ceux qui ont du temps à perdre de la patience et de la charité chrétienne, eux. :/
Que voulez-vous: c'est encore bien imparfait, ma démarche....

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : ven. 05 sept. 2008, 5:54
par Serge BS
Avez-vous lu Itinéraire spirituel. Matinales I du Père Jean Sulivan (coll. Folio essais) ?

Re: Les raisons de ne pas croire, prise deux

Publié : ven. 05 sept. 2008, 9:35
par Raistlin
LumendeLumine a écrit :La question qui me préoccupe, c’est ce que la foi chrétienne doit changer dans nos vies, par rapport à simple connaissance de la loi morale naturelle. On m’accuse d’utilitarisme : je réponds qu’il est idiot d’agir sans raison, d’investir sans attendre d’intérêt, cet intérêt fût-il de nature matérielle, sentimentale ou autre. On qualifie d’altruistes ceux qui trouvent leur joie dans le fait d’aider les autres, et non ceux qui aident les autres à contrecœur. En d’autres termes, on qualifie d’altruistes ceux qui veulent aider les autres, et comme on le sait l’objet de la volonté c’est ce qui est perçu comme un bien pour soi, cf. Aristote. La distinction entre intéressé et altruiste est celle-ci : l’intéressé trouve dans sa joie dans un bien autre que l’amour du prochain, et n’aide son prochain que pour l’obtention de ce bien; l’altruiste trouve sa joie dans l’amour du prochain. Tous les deux agissent en bout de ligne pour eux-mêmes, et personne n’agit pour autre chose que son propre bien. Tout autre comportement serait absurde, car cesser de rechercher son bien, c’est agir de façon désordonnée et courir à sa perte. Il est donc légitime de ma part de chercher quel bien la foi chrétienne me propose, et de la rejeter si elle ne m'en propose pas. Si le bien consiste dans l'amour de Dieu, encore faut-il que cet amour se manifeste d'une manière ou d'une autre - AUTRE QUE NATURELLE, évidemment, pas besoin d'être chrétien pour penser que Dieu est l'auteur de la nature.
Merci pour cette analyse personnelle de la charité et du don de soi. .
Le fait est que vous pensez comme un animal. Je vous cite : cesser de rechercher son bien, c'est agir de façon désordonnée et courir à sa perte. Le sacrifice est donc nié. Seule la recherche de notre propre bien est le moteur de nos actes. Je ne dis pas que ce n'est pas important de rechercher son bien, mais ce n'est pas la seule dimension de l'être humain. L'Homme est capable de sacrifice, et pas forcément pour faire avancer une cause ou pour gagner son Ciel, parfois simplement par amour.

Vos pensées sont celles du monde et je ne peux vous blâmer. En effet, qui pourra dire agir de façon totalement désintéressée ? Et pourtant, j'aime à croire que ça arrive de temps en temps. On en trouve des traces dans la vie des Saints, de personnes comme vous et moi (chrétiennes ou pas d'ailleurs).

Vous demandez ce que la foi chrétienne change dans la vie par rapport au matérialisme. Cette simple question me fait douter du fait que vous ayez un jour eu la foi. Quoiqu'il en soit, je refuse d'entrer dans ce genre de comparaison stérile. Je ne peux que vous inviter à vouloir aimer Dieu pour ce qu'Il est, non pour ce qu'Il vous apporte. C'est peut-être là la clé pour vivre de la grâce dont vous ne ressentez que l'absence.

Petite digression au passage, vous pourriez aussi choisir la foi chrétienne par amour de la vérité mais bon, d'après votre raisonnement, on peut se poser la question de savoir si la vérité améliore vraiment la vie par rapport au mensonge ? Certains vous diront que non... ;)

LumendeLumine a écrit :Et qu’est-ce que cet évènement historique change à ma vie personnelle? Si la résurrection du Christ ne change rien pour moi, il ne s’agit pas d’une preuve d’amour à mon égard.
Puisque vous avez l'air de connaître la foi chrétienne, vous savez que c'est grâce au sacrifice du Christ que nous pouvons être sauvés. Et ça ne change rien pour vous ? Ah, c'est sûr, ça ne change rien pour vous dans l'immédiat. Mais bon, je vous imagine un jour très malade et dire au médecin que vous ne prendrez pas les médicaments prescrits car ils n'ont pas d'effets sensibles dans la seconde. Je suis sûr qu'il trouvera ça très drôle...

LumendeLumine a écrit :Ce que je dénonce aujourd’hui, ce n’est pas l’absurde de la chose (je l’ai déjà fait auparavant), c’est l’absence de toute trace d’un tel surnaturel ordinaire. Je ne vois pas la grâce agir.
Donc selon vous, la foi chrétienne est absurde. Merci pour votre analyse. :/ (Et après, vous vous demandez pourquoi on vous fait des reproches)
Et comme vous ne voyez pas la grâce agir, vous en déduisez qu'elle n'est pas là. Oui, forcément, si vous vous attendiez à devenir une sorte de super héros, je comprends votre déception.
Cependant, je dirai que les Saints sont un bon exemple des effets de la grâce. Lorsque, bien évidemment, nous lui laissons le champ libre pour agir (cf ci-dessous).

LumendeLumine a écrit :D’après ce que j’en comprends, grâce et conviction personnelle sont entièrement synonymes et par conséquent la grâce se ramène à l’agir humain. Dieu est évacué. Si Dieu est évacué de la grâce, la grâce n'est pas grâce. Il n'y a que l'homme et la nature, Dieu est au Cieux et nous ne le connaissons pas.
Peut-être est-ce un peu plus compliqué que ça. Peut-être que pour agir, la grâce a besoin de notre entier consentement et des efforts de notre volonté.
Le pélagianisme (l'Homme se sauve par ses actes) a été condamné par l'Eglise. Mais ça ne veut pas dire que l'Homme ne doit pas collaborer à la grâce pour qu'elle agisse. « Dieu qui nous a créé sans nous ne nous sauvera pas sans nous » dit Saint Augustin.

N'oubliez pas que Dieu nous veut libre. Sa grâce ne nous enlèvera jamais la liberté. Or dans votre vision de la grâce, on a un peu l'impression de devenir une marionnette...


Pour conclure, on en revient toujours au même problème : vous ne voulez pas de la foi. Ou plutôt, vous ne voulez pas de la foi pure, sans effets visibles (Et pourtant : Heureux ceux qui croiront sans voir vu nous dit le Seigneur). Malheureusement pour vous, comme le dit une publicité bien connue en France : C'est l'jeu ma pauv' Lucette !

Je ne sais pas si vous avez déjà perdu la foi mais, si ce n'est pas le cas, ne désespérez pas du Seigneur. Sa promesse de bonheur éternel est réelle. Il a prouvé qu'il agissait dans la vie de ceux qui l'aiment, même si c'est souvent de manière discrète et qu'il faut un peu de temps pour s'en rendre compte.

Je continuerai de prier pour vous.