Perlum Pimpum a écrit : ↑sam. 30 oct. 2021, 0:22
Un enfant qui aurait été baptisé mais n’aurait reçu aucune instruction religieuse sera vite corrompu dans son intelligence et sa volonté ; aussi dès qu’ayant l’âge de raison, risquant à tout instant la damnation… Et ceux qui, par négligence ou indifférence, se seront gardés de l’éduquer dans la foi seront eux mêmes coupables d’un grand péché…
Cette vision « scolastique » des choses, droit sortie de ses manuels, s’expliquait quand le christianisme était inscrit dans les institutions, les mœurs, les mentalités, et qu’il était sans concurrence aucune. Mais dans le monde qui est le nôtre, elle ne rend plus compte de la réalité à moins de considérer que Dieu ne veuille plus nous sauver.
Ou alors, elle devrait faire de nous des missionnaires enfiévrés et zélés, ce qui a peut-être été tenté ici ou là mais a échoué. Elle risque plus de nous rendre incompréhensifs si nous nous imprégnons de sa mentalité sans pouvoir témoigner de ce zèle : incompréhensifs, obtus, et bornés, serions-nous de bonne foi. Le risque alors est de tomber dans l’orgueil.
Force-nous est alors de considérer que Dieu veut éprouver notre foi par des contradicteurs dont les arguments sont parfois supérieurs aux nôtres et qui s’appuient sur la réalité que nous avons trop désertée et qui n’est pas que celle du « monde » au sens païen ou diabolique, puisque Dieu l’a créé et veut que nous le soumettions et y développions nos talents.
Force-nous est de nous souvenir de ces versets de Mathieu (7,1-2) : "Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez."
C’est aussi pour cela que le dernier Concile fut convoqué, pour nous donner des précisions de doctrine, un comportement et des arguments qui puissent s’adapter et affronter une situation nouvelle afin de coopérer avec le Saint-Esprit à la sanctification de nos frères.
Il aura ainsi rappelé les choses acquises (Lumen Gentium) : « le salut en Jésus ne s'opère pas sans le corps qu'il s'est formé, l'Église. » … Et qu’il n’y a pas d’autre Sauveur que Lui. Et qu’il ne serait pas honnête mais mesquin de considérer que par « Eglise » il faut alors entendre l’Eglise triomphante (paradis, miam) ou celle souffrante (purgatoire, bof), et point seulement la nôtre (ici-bas), la militante (chiche ?) ; car cela enlèverait tout sens à la phrase en la transformant en lapalissade.
Suit plus loin dans ce document, un développement qui précise cette affirmation (ou l’envenime d’une ouverture opposée) : « Aussi ne pourraient-ils pas être sauvés, ceux qui, sans ignorer que Dieu, par Jésus-Christ, a établi l'Église catholique comme nécessaire, refuseraient cependant d'y entrer ou de demeurer en elle. »
Plus loin encore : « n’est pas sauvé, même s’il est incorporé à l’Eglise, celui qui, faute de persévérer dans la charité, demeure dans le sein de l’Eglise « de corps » mais non pas de cœur » : juste et logique, mais du coup, quid de ceux qui y seraient de cœur, mais non pas (par le baptême) « de corps ».
De fait, à cette situation difficile, il faut répondre par une foi plus ferme, qui ne se contente pas d’apparences ou de théories, et qui ne soit pas belliqueuse, arrogante, ou qui conduise à l’autosatisfaction ou la séparation, voire la déportation (ce que certains ont ici prônés) : « Ainsi, l’Esprit suscite en tous les disciples du Christ le désir et les initiatives qui tendent à
l’union pacifique de tous, suivant la manière que le Christ a voulue, en un troupeau unique sous l’unique Pasteur. À cette fin, l’Église notre Mère ne cesse de prier, d’espérer et d’agir, exhortant ses fils à se purifier et à se renouveler pour que, sur le visage de l’Église, le signe du Christ brille avec plus de clarté. »
Il y a dès lors plus qu’un soupçon d’ambiguïté qui plane pour celui qui s’en réfère à l’enseignement antérieur, d’autant qu’il lira encore : « Enfin, pour ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile, sous des formes diverses, eux aussi sont ordonnés au Peuple de Dieu... »
Tout cela rappelle et concorde avec ce que vous avez cité, oui. Mais il en élimine la fatuité et l’orgueil qui pourraient naître au contact d’une situation qui nous échappe et qui a changé en écrivant encore : « en effet ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’évangile du Christ et son Eglise et cependant cherchent Dieu d’un cœur sincère et qui, sous l’influence de la grâce, s’efforcent d’accomplir dans leurs actes sa volonté qu’ils connaissent par les injonctions de leur conscience, ceux-là aussi peuvent obtenir le salut éternel. »
Et cela s'en réfère à plusieurs passages des évangiles que je vous ai déjà cités par ailleurs et qui vous ont vexé comme si ils vous visaient personnellement, alors que je ne vous demandais qu'à développer votre pensée en en tenant compte.
Pas difficile de comprendre et d’y ajouter que par « et son Eglise », il faut comprendre et ajouter « en tant qu’elle est son Eglise et en porte le témoignage authentique » ! Or s’ils ne connaissent que l’évangile du Christ mais ne peuvent distinguer parmi toutes les Eglises qui se prétendent être son Eglise, laquelle est la bonne, (et si en plus les membres de cette Eglise ont un comportement incorrect, voire odieux), ils ne sont pas plus avancés pour appartenir au « corps qu’il s’est formé » et y recevoir le baptême.
C’est tout juste s’il ne leur reste pas à fonder une religion et un protocole d’intégration « ex nihilo » ! En tout cas, ils pourront obtenir ce salut éternel sans le baptême catholique, c’est évidemment sous-entendu…
Et quant à ceux qui auront été baptisés mais qui n’auront pas reçu l’enseignement de l’Eglise, c’est à peu prés comme s’ils n’y avaient jamais été et non qu’ils l’avaient quittée… S’ils baptisent « quand même » leurs enfants, par un reste de scrupule et sans leur donner l’enseignement ad hoc, ou s’en remettant à quelques années d’inscription au catéchisme, est-ce si mal ?
S’ils considèrent que ce n’est plus qu’un comportement social et culturel, une tradition familiale, mais sans en apercevoir ni en mesurer l’enjeu, sont-ils responsables ?
C’est à nous d’ouvrir davantage nos cœurs et de nous rendre plus miséricordieux et de meilleurs pédagogues.
Si au contraire nous les snobons, les vilipendons, les traitons de corrompus, de presque damnés, de négligents ou d’indifférents, quand au contraire ils auront fait un effort que peu font et se seront intéressés à l’Eglise, alors nous aurons à rendre des comptes pour eux (la paille et la poutre)…
Si note penchant est à l’orgueil, il vaudrait mieux changer de discours et ne plus en avoir un qui tacitement y invite…