Bonjour à tous,
André a écrit : ↑ven. 30 janv. 2009, 0:43
puisqu'il est écrit :
« Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles… » Exode 20:4-6
Est-ce que cela veut dire qu'il est interdit d'adorer une image du christ ou d'un saint et logiquement de ne pas en avoir chez soi ?
Sheldon_cooper7 a écrit : ↑sam. 23 juin 2012, 17:23
en lisant, il est clair que l’idolâtrie est interdite ET même les statues en général.
marie-valon a écrit : ↑mer. 25 déc. 2013, 15:28
Que doit-on vraiment comprendre de cela ??
Dans les cieux (S’agit-il des oiseaux ?)
En bas sur la terre (S’agit-il des hommes?)
Dans les eaux plus bas que la terre (Les poissons ?)
Est-il interdit de dessiner ou sculpter tout ce qui humain et animal ?
Il faut observer que, dans le commandement cité par chacun de ces trois messages, les mots «
des choses » sont une rajoute qui ne se trouve pas dans le texte hébreu qui ne comprend que le mot «
ash-er » qu’on peut traduire simplement par «
qui ».
Yves54 a écrit : ↑jeu. 11 déc. 2008, 15:32
Exode XX, 4 : "Tu ne te feras pas d'image taillée, ni aucune figure de ce qui est en haut dans le ciel, ou de ce qui est en bas sur la terre, ou de ce qui est dans les eaux au-dessous de la terre.»
Il faut observer, ici encore, que, dans le texte hébreu, il n’y a pas non plus la particule «
ce », ni la conjonction «
ou ». Littéralement, il faut traduire «
qui est » ou «
qui sont », mais non «
ce qui est ».
Toutes ces traductions présentent une précision matérielle faisant de ce texte une addition de choses dont la représentation serait interdite. Trois espèces de choses différentes ne pourraient être représentées par une image sculptée : 1. Les choses qui sont en haut dans le ciel, 2. les choses qui sont en bas sur la terre et 3. les choses qui sont dans les eaux au-dessous de la terre.
Cela incite alors à interpréter le commandement comme un interdit de représenter des choses matérielles. Mais, cette interprétation est sans issue et il est aisé de voir d’emblée des contradictions dans les chérubins du temple ou le serpent d’airain.
Nous pensons à toutes les choses de la création que nous pouvons représenter, mais avec une certaine perplexité devant les eaux « a
u-dessous de la terre ».
Mon attention est attirée, à cet égard, par la traduction originale du texte biblique proposée par le message initial de ce fil de réflexion qui me semble ouvrir un chemin de compréhension de ce qu’enseigne l’Église.
Dario a écrit : ↑mar. 02 sept. 2008, 17:31
dans les Dix Commandements une phrase me bouleverse :
Tu ne te feras pas d'idole, ni d'image de celui qui est dans le ciel en haut, sur la terre en bas.
On peut observer d’emblée la différence avec les autres traductions proposées.
En effet cette traduction renverse la perspective et nous suggère que ce qu’il est interdit de représenter par une image c’est Dieu lui-même, «
celui qui est », considéré de trois points de vue ou dans trois situations.
Selon Saint Jean-Paul II, «
La Loi de l'Ancien Testament interdit explicitement de représenter Dieu invisible et inexprimable à l'aide d'«une image taillée ou fondue» (Dt 27, 15), car Dieu transcende toute représentation matérielle : «Je suis celui qui est» (Ex 3, 14) » (Lettre aux artistes du 4 avril 1999)
https://www.vatican.va/content/john-pau ... tists.html
Selon le Catéchisme, le commandement «
Tu ne te feras aucune image sculptée » est une «
interdiction de toute représentation de Dieu par la main de l’homme » (CEC, n° 2129)
En fait, les trois précisions du commandement : «
qui est en haut dans le ciel », «
qui est en bas sur la terre » et «
qui est dans les eaux au-dessous de la terre », semblent reprendre, par des mots identiques dans le texte hébreu, les indications du deuxième et du troisième jour de la création, avant la création du soleil, de la lune et des étoiles comme luminaires de la planète terre, le quatrième jour.
Selon le récit de la Genèse, au commencement, «
le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux » puis Dieu créa les cieux en les séparant en eaux «
du dessus » et en eaux «
du dessous » (le deuxième jour), puis Dieu rassembla les eaux du dessous qu’il appela «
mer » ce qui fit apparaître le «
sec » qu’il appela «
terre » (le troisième jour). Nous nous trouvons là dans les prémisses de la création des cieux et de la terre. C’est seulement le quatrième jour que furent créés le soleil, la lune et les étoiles pour éclairer la planète nommée aussi « terre » (NB, le mot hébreu «
erets » a plusieurs sens et signifie aussi le pays, la région) et marquer le temps.
À cet égard, au début de la Genèse, la lumière et les eaux, la terre, la mer et les vivants biologiques précèdent la création du soleil, de la lune et des étoiles dans un ensemble où se trouve la planète terre.
Dans le début de la Genèse, c’est Dieu (et uniquement Dieu) qui est présent (qui «
plane ») «
sur » ou «
au-delà » des «
eaux » primordiales de sa création. Les eaux du dessous dont la terre a été tirée lorsque ces eaux ont été rassemblées ne sont pas des eaux «
en-dessous de la terre », mais des eaux «
en-dessous des cieux ».
Ces eaux du dessous sont les eaux dont la terre est tirée et qui, comme la terre elle-même, sont en-dessous «
du ciel » et non en-dessous «
de la terre ».
Dieu seul est présent dans les eaux «
du dessus » les cieux et la terre. Les cieux eux-mêmes sont créés en-dessous de ces «
eaux » du dessus. Mais, il est aussi présent aux cieux «
au-dessus » de la terre («
en haut »), sur la terre «
en dessous du ciel » et sur les eaux «
en dessous du ciel » dont la terre fut tirée.
Littéralement, le commandement en cause interdit toute image de «
qui dans les cieux en haut et qui dans la terre en dessous [des cieux]
et qui dans les eaux de la terre en-dessous [des cieux] ». Qui est partout, si ce n’est Dieu Lui-même ?
L’interdit des images semble se référer ainsi à Dieu en tant que créateur des cieux et de la terre dans les eaux primordiales.
Et là, dans l’éternité de Dieu, Dieu seul est présent. Lorsqu’il n’y a encore «
rien », que des «
ténèbres », du «
vide » et «
le souffle de Dieu plane au-dessus des eaux ». Dans ces «
eaux » qui précèdent les sept jours de la création, une lecture chrétienne peut percevoir une évocation de la vie éternelle, du Père qui engendre le Fils de toute éternité en présence de l’Esprit.
Ce sujet a déjà été développé ailleurs dans un autre fil de ce forum sur les préfigurations de la Trinité dans l’Ancien Testament :
viewtopic.php?f=91&t=32171&p=384930&hil ... es#p384930
À cet égard, la traduction proposée par Dario dans son message initial est éclairante car elle paraît davantage orientée vers Dieu que vers les choses matérielles que des images peuvent représenter.
Conformément à l’enseignement de l’Église, il permet de penser que l’interdit ne porte pas sur les choses matérielles que des images peuvent représenter, mais sur toute représentation de Dieu lui-même.
C’est la représentation de Dieu qui est interdite et non celles de choses créées, la représentation de Dieu présent de trois points de vue dans les cieux («
Notre Père qui est aux Cieux »), sur la terre et dans les eaux dont la terre est tirée.
Les trois précisions données par le commandement nous parlent ainsi de Dieu et nous pouvons y percevoir sa réalité trinitaire comme lors de la rencontre d’Abraham avec trois personnes au chêne de Mambré.
Dieu s’y révèle «
autre » que toute représentation que nous pourrions faire.
Mais, comme le précise Saint Jean-Paul II dans sa lettre précitée «
Toutefois, le Fils de Dieu en personne s'est rendu visible dans le mystère de l'Incarnation ».