Mariage catholique et maladie du conjoint

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Cécile42
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Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par Cécile42 » lun. 18 mars 2024, 9:20

Bonjour,

Je m'adresse à nouveau au forum en espérant y trouver un peu de soutien, ou du moins un éclairage sur ce point.

Lorsque l'un des conjoints est malade et que sa maladie prend une certaine place dans le quotidien de la famille, peut-on trouver du secours dans la foi catholique ?
C'est mon cas et avec le temps, les rechutes, le retentissement, j'ai tendance à négliger ma pratique religieuse et à entretenir des pensées négatives, de la désespérance, ce qui m'éloigne de l'idéal catholique.

J'ai par le passé eu l'aide d'une psychologue mais j'ai cessé car je tournais en rond sur la fatalité de sa maladie.

Comment une épouse catholique peut-elle partager l'idéal du couple dans des conditions de maladie psychique du conjoint ? Cette maladie n'est pas invalidante mais a un retentissement sur le comportement relationnel et affectif du malade ainsi que sur son physique. Elle peut être curable ou du moins contenue si le malade le désire, ce qui n'est pas encore parfaitement le cas de mon conjoint, et c'est ce qui me déroute dans notre union, car je perds ma confiance en lui.

En vous remerciant de m'avoir lue,

Cécile.

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Léon
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Re: Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par Léon » lun. 18 mars 2024, 12:25

Bonjour Cécile,

Vous faites bien de partager et déposer un peu votre fardeau, c'est probablement trop lourd à porter parfois.
Oui la foi catholique peut aider à faire face à plusieurs formes de difficultés et de détresses, plus ou moins éprouvantes.
La foi catholique peut apaiser votre esprit, votre coeur, votre vie quotidienne, et aussi vous donner une force d'âme.

Vous n'êtes pas la seule en ce cas, et vous pouvez aussi penser à vous et votre propre santé, indispensable pour faire face à la situation que vous décrivez.
A mon avis, il est important de vous reposer de temps en temps, pour refaire vos forces.
C'est pour ça qu'il existe le congé de "proche aidant" si vous en avez besoin:
https://www.service-public.fr/particuli ... its/F16920

C'est important aussi de ne pas s'isoler et pourquoi pas de rejoindre un groupe de parole, d'activités, d'informations et de répit, proche de chez vous, si vous voulez:
https://www.soutenirlesaidants.fr

Et aussi, il existe l'Unafam qui aide concrètement les familles et proches aidants comme vous:
https://www.unafam.org

Touché personnellement par une maladie psychique depuis une dizaine d'années, je connais un peu la chose.
Mais je laisse à d'autres personnes le soin de soutenir et aider votre mariage, si possible.

Bonne journée à vous !
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Cécile42
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Re: Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par Cécile42 » lun. 18 mars 2024, 19:10

Merci de votre réponse Léon.

Oui, c'est très lourd. Je suis confrontée non seulement à l'instabilité du parcours de soins mais aussi aux effets sur sa personne et sur notre couple/famille.

J'ai prié, j'ai beaucoup prié, aujourd'hui j'ai cessé d'orienter mes prières sur ses soins. Je pense changer de point de vue et les orienter plutôt sur son âme. Je compte prendre aussi un peu de distance avec son état et cela m'est difficile car, forcément, je suis sa femme et sa santé est importante pour moi. J'ai envie qu'il aille mieux, j'ai envie qu'il fasse tout ce qu'il peut pour guérir ou du moins atténuer le plus possible les effets négatifs de cela.

Étant donné qu'il n'est pas du tout invalide ni même reconnu en MDPH, je ne pense pas avoir droit au congé.

J'ai fait beaucoup de recherches sur ses troubles et sur ma position et j'ai découvert l'Unafam mais leurs locaux sont un peu trop éloignés de mon domicile. L'association Avec nos proches ne peut me proposer qu'une écoute téléphonique ou de l'assistanat social or nous n'avons pas de droits spécifiques.

J'ai découvert l'OCH qui offre un espace de rencontre et j'ai pris rendez-vous pour un moment de dialogue. Je vais aussi rechercher, en accord avec mon mari, un thérapeute de couple catholique qui nous aide dans notre chemin de famille, à mieux communiquer ensemble. Il vit notre foi comme un élément positif, une sorte de bâton de marche.

Ceci étant, notre communication est grandement altérée par ces troubles. Les rechutes, le déni qui accompagne les troubles et parfois même le mensonge qui vient avec les crises sont un vrai fardeau pour moi et cela me rend aigrie.

Malgré tout, il a une vie professionnelle réussie et nous avons formé cette famille dont nous sommes fiers, ainsi que de notre vie "quand tout va bien".

Je souhaite sincèrement me détacher de cette obsession et lui apporter le soutien discret dont il a peut être besoin au lieu de la surveillance inquiète que j'ai montrée jusque là, quand il refusait les soins. Mais ça a vraiment été une période difficile, j'ai cru qu'il n'allait pas réussir à franchir le pas.

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aldebaran
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Re: Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par aldebaran » mar. 19 mars 2024, 11:20

Cecile42 a écrit :Lorsque l'un des conjoints est malade et que sa maladie prend une certaine place dans le quotidien de la famille, peut-on trouver du secours dans la foi catholique ?
Bonjour Cecile42,
J'ai même envie de dire que c'est la seule planche de salut :oui:
Je suis dans votre cas depuis de très nombreuses années, comprendre avec une épouse dont les troubles psychologiques graves se sont progressivement mais assez vite révélés à ce grand changement de vie qu'est le mariage. Comme une boite dont on a soulevé le couvercle et dont tous les démons intérieurs se libèrent. Et que du coup ce mariage s'est montré bien différent de ce qu'on attend un peu naïvement j'ai envie de dire d'une vie de couple.
Il se trouve que les maladies psychologiques sont mal reconnues en France (et traitées), à part un statut d'invalide dans notre cas. Donc point de droits, d'aides, et des médecins souvent perdus *. Et les gens fuient très vite ces gens dits "anormaux", ce qui accentue leurs troubles et rend la vie sociale très difficile.
Et la communication dans le couple est polluée, la maladie devient le centre de tout, car tous les moments de la vie en deviennent dépendant. Et oui on s'inquiète du conjoint, et la relation tourne à malade / soignant, ce qui devient éloigné d'une relation usuelle conjugale, parfois de beaucoup.

Ceci dit c'est bien que votre mari soit suivi et sous traitement. Il faut juste trouver le bon psychiatre, long parcours. Des hospitalisations de quelques mois (avec des séances adaptées) peuvent aussi être efficaces. Mais cela prend du temps, beaucoup de temps pour que le malade remonte la pente. Et oui il y a souvent du déni, surtout au début. Des rechutes, des fragilités, des déclencheurs...

Ce qui m'a sauvé littéralement (j'étais broyé et désespéré, seul), c'est la lecture des mystiques. Elle ne m'est pas venue toute seule, en repensant mon passé je me rends compte de "petits coups de pouce" pour m'orienter vers, et j'en rends grâce à Dieu. Désormais je suis en paix et je ne me sens plus seul, avec même des périodes de joies intérieures. J'ai repris une pratique religieuse régulière, ai pris une activité dans l'équipe paroissiale.

Sinon gardez des amis ou proches chrétiens, eux seuls mais pas tous, arriveront à comprendre. Le monde lui vous poussera vers la solution de facilité, tourner la page, abandonner.

Après je ne sais ce que vous cherchez par ce poste, mais je prierai pour vous.
Vous pouvez bien sûr me joindre par message privé si vous y voyez un intérêt.

en udp, que la paix du Christ soit sur vous.

P.S : on a tendance à s'obnubiler sur ce qu'on veut obtenir de Dieu. Mais la question doit chrétiennement s'inverser, qu'est ce que Dieu veut obtenir de moi?

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Re: Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par Cécile42 » sam. 06 avr. 2024, 11:40

Aldebaran,

Merci de votre réponse.

J'aurais pu écrire, mot pour mot, vos quatre premiers paragraphes ! Ils sont le strict reflet de notre histoire. Je trouve cette correspondance effrayante parceque ça voudrait dire, un peu, que c'est une fatalité.

Mes amis, qui n'étaient pas chrétiens, m'ont tous tourné le dos... Ils me conseillaient en effet d'abandonner, de le quitter, puis ont fini par s'énerver contre moi avant de cesser de me répondre...Je me retrouve bien seule.
Ma seule famille proche n'est pas un soutien, nie ce problème en raison de notre vie "bourgeoise". Sans commentaire.

J'ai trouvé beaucoup de force dans ma foi, c'est l'exemple des martyrs qui m'a aidée, même si cela n'a rien à voir, j'ai tenté de relativiser mes souffrances par les leurs.
La foi a aussi beaucoup aidé mon mari ; notre abbé est direct et assez strict, un peu comme un aîné pour lui. Il nous a mis des objectifs et des limites qui ont éclairé mon mari sur son attitude et qui lui ont servi de garde-fou. Mais cela n'a pas duré. La maladie l'emporte toujours a la fin. Le retour des crises survient toujours.

L'espérance, je la porte en moi et je n'ai pu la ressourcer que dans la foi. Tout-le-monde nous jugeait et me décourageait. Je me suis imposée et j'ai gagné à long terme, en ce que ma position est assurée aujourd'hui et que je suis considérée comme l'élément de stabilité, le pilier de notre foyer. J'ai réussi à mettre à profit les évènements et les personnes afin de placer notre situation dans le parcours de soins pour mon mari et de dégager ma responsabilité de ses troubles. Il m'entrainait avec lui...

Oh, j'ai rarement demandé des choses pour moi au Seigneur !...Quant à ce qu'Il attend de moi, c'est de rester dans mon rôle et de Le servir par mes actions du quotidien.

J'ai trouvé beaucoup d'aide aussi dans notre qualité de pécheurs ; nous tomberons (mais nous nous relèverons). On n'est pas parfaits... L'idée de contrition, de confession, d'absolution m'aide sur ce chemin de vie.

Je cherchais ici du soutien, de la compréhension, dans un cadre catholique et qui m'aide à me sentir toujours dedans...Les pensées parfois négatives, de ressentiment, d'impuissance, de renoncement, d'abattement que je peux nourrir m'éloignent de la foi. C'est triste.

J'ai l'impression que ma vie se réduit à ses troubles. C'est difficile de ne pas perdre espoir. J'aimerais sortir la tête de ce "sujet" et trouver un chemin de vie qui passe à côté, mais pas dedans. Ne pas subir ça.

C'est dur.

Ombiace
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Re: Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par Ombiace » dim. 07 avr. 2024, 2:15

Bonjour à tous les deux.

Vous avez ma sollicitude. avec ma prière. Et je vous tire mon chapeau : Vous êtes au front, sur un vrai (celui du soldat me semble un peu lâche, en comparaison), et sans déserter

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Re: Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par Cécile42 » lun. 08 avr. 2024, 17:12

Merci beaucoup Ombiace.

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Re: Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par nicolas-p » mer. 10 avr. 2024, 13:34

Bonjour Cécile et aldébaran,

c'est un vrai chemin de croix que vous vivez avec un immense courage.
c'est vrai que la maladie (surtout mentale) est ostracisée et en plus de la peine et de l'épreuve de la maladie vous êtes confrontés à la double peine de l'éloignement des autres.

En plus de l'amour porté au conjoint, c'est votre Foi qui permet ce que vous faites avec tant de courage et dignité.

En tant que médecin (et aussi comme tous ayant eu des malades dans mon entourage) nous voyons souvent à quel point la maladie est une souffrance non pas individuelle mais familiale et que si peu d'aides existent en dehors du soin pour pour les malades et leur entourage, que les amis , la famille ne sont pas toujours au rendez vous.
Ne vous oubliez pas vous même car il faut aussi souffler de temps en temps et sans se culpabiliser pour tenir.

La Foi est une aide et un soutien quand cela nous arrive. Votre dévouement quotidien est un vrai chemin de sanctification et un exemple pour tous.

Vous avez su garder votre regard (c'est un vrai choix) d'amour sur vos conjoints ce qui est souvent bien difficile et les entourer sans les abandonner.

Soyez en remerciés pour tout cela.

Toutes mes prières vous accompagnent.

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Re: Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par aldebaran » jeu. 11 avr. 2024, 13:50

Cecile42 a écrit :J'aurais pu écrire, mot pour mot, vos quatre premiers paragraphes ! Ils sont le strict reflet de notre histoire. Je trouve cette correspondance effrayante parceque ça voudrait dire, un peu, que c'est une fatalité.
Bonjour Cecile42,
J'ai essayé de réfléchir à comment continuer de vous répondre au mieux ; on pourrait écrire des romans sur ce genre de situation, mais puisque nous partageons à la fois le vécu et le ressenti, autant aller à l'essentiel.

Fatalité peut se comprendre sous plusieurs sens. Je préfère considérer le cas comme une épreuve, dans le sens positif. C'est ce que j'ai compris de Jésus au travers de plusieurs écrits mystiques (recommandés par lui et donc partageables et enseignables pour tous).
Beaucoup ne comprendront pas, ou s'offusqueront, mais peu importe que chacun avance avec sa conscience. Jésus est exigent, vraiment, et d'une exigence croissante (discuté et approuvé avec des prêtres confesseurs), mais il ne fait qu'éprouver notre foi et c'est à l'échelle de son intérêt. Pour sa gloire et notre destinée, le pendant du "faites vous des trésors dans le Ciel". A nous d'avancer conformément à Ses commandements de charité et d'humilité. "Ordre, patience, constance, charité". "Résignation, remerciement, ...".
Notre place est d'être fidèle à Dieu et à notre conjoint, nous sommes exactement où nous devons être soyez en persuadée comme je le suis.
Je vous soupçonne plus jeune que moi, et je n'aurais pas dit cela avant tant oui c'est dur, très dur. Et puis cela s'est dégagé comme une évidence, avec la paix et la joie.

Juste mes très humbles conseils:
- Ne restez pas seule, car vraiment par moment c'est très pesant, presque insupportable. Le "mais qu'est ce que j'ai fait au bon Dieu pour en arriver là" m'est venu combien de fois au bord des lèvres pour le crier?
Et quelle meilleure compagnie que celle de Dieu / Jésus Lui-Même. Jésus et la Vierge Marie sont très accessibles en réalité (créature immaculée mais créature, et Dieu incarné une parcelle de notre temps). J'espère que la prière vous est facile (ce n'est pas le cas de tout le monde), mais vraiment nouez un dialogue serré avec eux. Incluez les saints intercesseurs. Pas besoin de demander, leur parler intimement et avec amour est la voie, ils savent mieux que nous ce dont nous avons besoin.
- Les déplacements sur les lieux saints sont d'un grand réconfort. Pour nous c'est Lisieux (plus proche), et Lourdes tous les ans (on couple avec un séjour de vacances dans ce quart de France. Lourdes non pour la guérison, mais pour sa force vivifiante. Quand on entre dans le sanctuaire, c'est comme si toute la noirceur de monde restait à l'extérieur, et tous les démons imaginables.
La foi a également beaucoup aidé ma femme (comme pour votre mari), et à ma grande satisfaction elle progresse dans ce sens (la foi est en réalité un long cheminement, qui évite le chemin trompeur facile).
- Si vous avez la chance d'avoir des amis chrétiens charitables, ce sont des moments de respiration. Nous avons rencontré il y a peu un couple vraiment admirable (tradis FSSP et qui vivent la foi à chaque instant, ils sont formidables).
- Et évidemment si vous connaissez un prêtre ouvert et attentif à la direction de conscience, il sera la personne à consulter régulièrement. Mon expérience a été décevante mais ce n'est que mon pauvre petit cas.

Au final, sachez que je vous comprends, oh oui je vous comprends parfaitement. Mais je vous encourage : vous êtes sur le bon chemin, persistez avec force, et je l'espère une joie surnaturelle réelle ou à venir. La vie terrestre est courte au final, mais je sais que tout et tout le monde est là pour nous persuader que c'est le seul moment qui compte. Alors que c'est tout le contraire. Il suffit de contempler Jésus sur le tableau de la Miséricorde pour s'en imprégner.

Mes pensées et mes prières vont vers vous. Courage...

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Re: Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par aldebaran » jeu. 11 avr. 2024, 14:07

nicolas-p a écrit :En tant que médecin (et aussi comme tous ayant eu des malades dans mon entourage) nous voyons souvent à quel point la maladie est une souffrance non pas individuelle mais familiale
Bonjour nicolas-p,
Un grand merci pour votre empathie et votre message réconfortant, ce n'est pas si fréquent :cool: .

Il est certain que c'est ce qui manque le plus à nos malades psychologiques, c'est un peu de patience, d'ouverture d'esprit et de compassion. Un peu d'effort aussi, pour c'est pourtant l'évidence adapter un peu son comportement en fonction de la personne en face, avec ses faiblesses et ses fragilités particulières. Ces malades progresseraient alors bien plus qu'à coup de médicaments et de thérapies, même si ces derniers restent indispensables.

La charité, on sait qu'elle est absente.
La gentillesse est plus rare que les oasis dans les déserts.
La réaction la plus usuelle est la fuite dégoutée, ce sont les nouveaux lépreux de l'ère moderne (comme si c'était dangereux ou contagieux).
Dans les réactions classiques, le gagnant reste tout de même le "elle est folle".
Mais, et j'en ai été témoin tant de fois malheureusement :bomb: , restent les petits dominateurs frustrés qui repèrent vite la personne fragile, qui a du mal à se défendre avec des non proches, et qui s'acharnent comme un chat avec sa souris. Comme lui ont dit plusieurs psychiatres, vous êtes une aubaine pour eux, la victime parfaite.

Sans amour et même à minima sans morale, l'homme déchu est un loup pour l'homme.

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Re: Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par Cécile42 » ven. 19 avr. 2024, 12:05

nicolas-p a écrit :
mer. 10 avr. 2024, 13:34
Bonjour Cécile et aldébaran,

c'est un vrai chemin de croix que vous vivez avec un immense courage.
c'est vrai que la maladie (surtout mentale) est ostracisée et en plus de la peine et de l'épreuve de la maladie vous êtes confrontés à la double peine de l'éloignement des autres.

En plus de l'amour porté au conjoint, c'est votre Foi qui permet ce que vous faites avec tant de courage et dignité.

En tant que médecin (et aussi comme tous ayant eu des malades dans mon entourage) nous voyons souvent à quel point la maladie est une souffrance non pas individuelle mais familiale et que si peu d'aides existent en dehors du soin pour pour les malades et leur entourage, que les amis , la famille ne sont pas toujours au rendez vous.
Ne vous oubliez pas vous même car il faut aussi souffler de temps en temps et sans se culpabiliser pour tenir.

La Foi est une aide et un soutien quand cela nous arrive. Votre dévouement quotidien est un vrai chemin de sanctification et un exemple pour tous.

Vous avez su garder votre regard (c'est un vrai choix) d'amour sur vos conjoints ce qui est souvent bien difficile et les entourer sans les abandonner.

Soyez en remerciés pour tout cela.

Toutes mes prières vous accompagnent.
Bonjour Nicolas.

Merci de votre message. Si j'ai mis longtemps à vous répondre, c'est aussi en raison du temps qu'il me faut pour pouvoir le faire. Entre la vie quotidienne, les enfants et malheureusement les crises.
Votre message fait partie de mes bouées. Je consacre du temps à le lire, à y revenir, j'y puise de la force.

Vous parlez justement d'ostracisme, et c'est un fléau de l'époque actuelle. L'éloge du célibat, du divorce comme solution (alors que c'est un véritable problème!), fait que je n'ai aucun soutien à ma situation dans "le monde". L'isolement est total bien sûr mais l'ostracisme va plus loin : il me condamne...

Je deviens coupable car mon récit vient activer les balises automatiques de "séparation", "plainte", "justice", qui n'existent qu'en vertu du principe de rupture, cultivé intensivement dans de nombreux domaines de notre vie.
(Ça part du "plus jamais ça" enseigné à l'école, au "savoir dire non" mis à toutes les sauces, en passant par le fameux "faire valoir ses droits individuels" cher à notre société avide de procédures.) Il faut rompre, casser, sortir, quitter.
Pour quoi ensuite ?
Le Graal, l'oasis de la famille monoparentale ? La quiétude d'un divorce pour faute ? La fierté d'envoyer bouler un malade? Ou peut-être les ricanements de ceux même qui m'auront poussée à la séparation et diront ensuite que je me plains toujours.

Voilà le monde et sa vision simpliste des choses.

Des moments heureux ? Il y en a... Il suffit de savoir les saisir, les savourer. Par moments , c'est plus difficile. Me ressourcer ? J'y parviens désormais. Je pense que l'étape la plus difficile est derrière nous : c'était le diagnostic et son acceptation (limitée) pour mon mari, et pour moi ce que cela implique pour notre vie.
La mise en place de "trucs et astuces", trouver des espaces de soutien (entre autres ce forum, ou l'OCH, ou des lignes d'écoute).
Il reste une constante, quelque chose qui ne changera jamais et qui sera toujours là, vrai, solide, juste et beau : la foi catholique. Voir les progrès de mon chemin de foi, de celui des enfants. Pour mon mari, j'essaie de ne pas trop m'en mêler. C'est lui qui vient m'en parler. C'est dur aussi pour lui car son cheminement le renvoie parfois à ses difficultés, pour l'instant.
Je puise beaucoup de force dans la foi où les petits actes sont en fait les plus grands, les choses simples des trésors incomparables, parceque c'est vrai !!

Je ne sais comment le dire, dans le monde on voit ça comme du misérabilisme quasiment. Mais toutes ces petites choses, mises bout à bout, ensemble, dans la durée, forment un socle solide et même une architecture qui vient nous abriter des aléas. C'est une sorte d'édification.

Je vous remercie infiniment pour vos prières Nicolas, et encore pour votre message si ressourçant.

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Re: Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par Kerniou » ven. 19 avr. 2024, 19:19

La maladie mentale est éprouvante pour le malade et pour son entourage. Pas étonnant que l'entourage se sente impuissant, découragé voire désespéré;C'est normal. Il est important de reconnaître son désarroi et de pouvoir en parler: éventuellement avec un psy. Certains sont prêts à le faire; choisissez, alors, un psychiatre qui est médecin et les séances de soutien et non de thérapie dont vous avez besoin pourront être, en partie remboursées, par la Sécu. J'y ai eu recours et j'en ai été satisfaite. L'hôpital m'avait proposé des rencontres avec une bénévole catholique dont le fils avait été très gravement malade et qui avait guéri ... mais j'ai préféré les séances plus constructives avec le psy: notre fille allait mourir et nous devions, mon mari et moi l'accompagner vers la mort. L'accompagnement vers la mort, pour moi, relève plus du soutien d'un professionnel que des conseils bienveillants et charitables d'une bénévole aussi motivée soit-elle ... Mais à chacun son cheminement ...
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Re: Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par nicolas-p » lun. 22 avr. 2024, 21:29

Je n'ai rien à ajouter. Vous avez tout dit.
Je suis heureux que cela ait pu vous réconforter.
car vous savez, quel est l'intérêt de répondre si ce n'est pour dire avec le cœur ce que l'on pense et réconforter l'autre.

Vous cheminez vers la lumière cela se ressent et vous brillez bien plus que la plupart des soi disant " bien portants " avec une vie familiale en apparence " idéale".

Je le vois tant et tant de fois avec mes patients ( cancérologie) et leurs familles. Les oubliés, les rejetés , les forts , les faibles...
Un seul dénominateur commun à tous: une certaine solitude face à leur maladie (accompagnés ou non) que personne ne peut vraiment comprendre, pas plus le médecin que les autres ( un peu plus peut être quand même en avançant dans la carrière) . Cette solitude qui est portée par Notre Seigneur justement cela permet un "dépassement" encore plus grand dont ils sont si souvent capables et qui toujours, années après années, me fait me sentir si petit face à leur courage.

Cela me remémore "Les pas sur le sable" : méditation signée du poète brésilien Ademar de Barros:
Je cite:
Une nuit, j’ai eu un songe. J’ai rêvé que je marchais le long d’une plage, en compagnie du Seigneur. Dans le ciel apparaissaient, les unes après les autres, toutes les scènes de ma vie.
J’ai regardé en arrière et j’ai vu qu’à chaque période de ma vie, il y avait deux paires de traces sur le sable : L’une était la mienne, l’autre était celle du Seigneur.
Ainsi nous continuions à marcher, jusqu’à ce que tous les jours de ma vie aient défilé devant moi. Alors je me suis arrêté et j’ai regardé en arrière. " J’ai remarqué qu’en certains endroits, il n’y avait qu’une seule paire d’empreintes, et cela correspondait exactement avec les jours les plus difficiles de ma vie, les jours de plus grande angoisse, de plus grande peur et aussi de plus grande douleur." Je l’ai donc interrogé :
"Seigneur… tu m’as dit que tu étais avec moi tous les jours de ma vie et j’ai accepté de vivre avec Toi. Mais j’ai remarqué que dans les pires moments de ma vie, il n’y avait qu’une seule trace de pas.
Je ne peux pas comprendre que tu m’aies laissé seul aux moments où j’avais le plus besoin de Toi. "
Et le Seigneur répondit : " Mon fils, tu m’es tellement précieux ! Je t’aime ! Je ne t’aurais jamais abandonné, pas même une seule minute !
Les jours où tu n’as vu qu’une seule trace de pas sur le sable, ces jours d’épreuves et de souffrances, eh bien: c’était moi qui te portais."
Voilà vous n'êtes pas seule vous avez le plus merveilleux des compagnons dans votre souffrance et il vous porte.

En toute amitié et union de prières

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Re: Mariage catholique et maladie du conjoint

Message non lu par aldebaran » Hier, 6:55

Cecile42 a écrit :e deviens coupable car mon récit vient activer les balises automatiques...
Bonjour Cecile42,
J'avoue que votre dernier message m'a un peu alerté (il peut y avoir plusieurs sens). Toujours est-il que je voudrais apporter un complément par rapport à mes précédentes réponses.

Dans l'éventualité, je ne sais pas, où votre mari deviendrait un danger avéré pour vous et/ou pour vos enfants, cela change les termes de l'équation. Il y a tout de même certaines limites, et le mariage n'est pas une impunité pour tout. Sans compter que les enfants ont besoin d'un foyer qui procure protection. Dans les cas graves, des mesures d'éloignement physique peuvent devenir nécessaires, à déterminer par vous et un petit entourage fiable de conseillers, médicaux et spirituels.
Mains courantes, certificats médicaux pour témoignages, et quelques confidents de confiance seraient alors de sages précautions pour parer à toutes les éventualités.

Mes prières vous accompagnent.

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