Bonjour
Je m'intérroge sur une notion qui date de longtemps déjà du carpe diem.
Est-ce que si on est chretien on a le droit de cueillir l'instant présent, ou on se doit d'être austères et de vivre pauvrement ? sans gouter aux plaisirs de la vie.
Le carpe diem compatible avec la vie chrétienne ?
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Forum d'échange entre chrétiens sur la façon de vivre l'Évangile au quotidien, dans chacun des domaines de l'existence
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Le carpe diem compatible avec la vie chrétienne ?
Dernière modification par Cgs le ven. 04 oct. 2013, 8:01, modifié 1 fois.
Raison : Correction du titre
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Re: Le carpe diem compatiible avec chretien ?
Il me semble que la religion catholique (et chrétienne en générale) voit justement dans la charité et la volonté d'être humble un moyen de parfaire sa relation avec le Christ et par conséquent permet de se rapprocher du bonheur.Est-ce que si on est chretien on a le droit de cueillir l'instant présent, ou on se doit d'être austères et de vivre pauvrement ? sans gouter aux plaisirs de la vie.
En gros, ce n'est pas incompatible, bien au contraire. Il faut vivre chaque instant en union avec Dieu, et cela apporte la vraie joie.
Après, tout dépend ce que l'on entend par "plaisirs de la vie"...
D'autres que moi feront sûrement une démonstration plus complète, mais je crois que c'est là l'esprit de la chose.
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)
Re: Le carpe diem compatiible avec chretien ?
Cueillir le jour peut s'entendre en un sens chrétien, évidemment.
Les plaisirs bien canalisés ne sont pas nécessairement funestes. Mais le chrétien aura toujours à coeur de ne pas servir le plaisir.
Car le problème qui peut surgir, c'est celui de l'égoïsme: le plaisir visant "ma satisfaction personnelle".
Ainsi, l'Eglise accorde des indulgences à ceux qui s'abstiennent de choses licites qui leur sont agréables par mortification (conversion des moeurs).
Là où sont nos plaisirs là aussi sera notre coeur (cf. Mt 6, 21, modifié): si nous prenons plaisir à faire le bien, à être un frère pour ceux que l'on croise, à partager le bâton de chocolat, c'est qu'on a déjà éduqué ses plaisirs (après tout Horace commence son conseil par "sapias"). L'ascèse chrétienne permet, je pense, un usage raisonné et critique du plaisir: celui-ci ne doit jamais devenir un but en soi, ni un maître!
Par ailleurs, si l'on regarde le contexte latin de cet adage, on se rend compte que le plaisir du carpe diem est un plaisir de réconfort face à des dieux qui briment la liberté humaine et à un avenir aussi incertain que funeste (reseces spem longam!). On ne peut pas, en tant que chrétien douter de la bonté de Dieu ni d'un avenir heureux avec lui pour les justes. On ne peut pas se "consoler" de l'inaccessibilité immédiate de cette béatitude dans une jouissance à l'effet instantané!
Les plaisirs bien canalisés ne sont pas nécessairement funestes. Mais le chrétien aura toujours à coeur de ne pas servir le plaisir.
Car le problème qui peut surgir, c'est celui de l'égoïsme: le plaisir visant "ma satisfaction personnelle".
Ainsi, l'Eglise accorde des indulgences à ceux qui s'abstiennent de choses licites qui leur sont agréables par mortification (conversion des moeurs).
Là où sont nos plaisirs là aussi sera notre coeur (cf. Mt 6, 21, modifié): si nous prenons plaisir à faire le bien, à être un frère pour ceux que l'on croise, à partager le bâton de chocolat, c'est qu'on a déjà éduqué ses plaisirs (après tout Horace commence son conseil par "sapias"). L'ascèse chrétienne permet, je pense, un usage raisonné et critique du plaisir: celui-ci ne doit jamais devenir un but en soi, ni un maître!
Par ailleurs, si l'on regarde le contexte latin de cet adage, on se rend compte que le plaisir du carpe diem est un plaisir de réconfort face à des dieux qui briment la liberté humaine et à un avenir aussi incertain que funeste (reseces spem longam!). On ne peut pas, en tant que chrétien douter de la bonté de Dieu ni d'un avenir heureux avec lui pour les justes. On ne peut pas se "consoler" de l'inaccessibilité immédiate de cette béatitude dans une jouissance à l'effet instantané!
Stat Crux dum volvitur orbis!
Dic animae meae: “ Salus tua ego sum ” Ps XXXIV 3
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Re: Le carpe diem compatible avec la vie chrétienne ?
Le chrétien ne doit pas goûter aux plaisirs de la vie parce-que cela ne devrait pas être un plaisir pour lui. Se convertir ce n'est pas devenir malheureux parce-qu'on ne goûterait plus au plaisir de la vie. Se convertir c'est changer de source de joie et de plaisir. On a du dégoût sur ce qui faisait auparavant notre joie, et notre plaisir. Par contre notre nouvelle joie c'est de faire la volonté de Dieu. et chaque fois qu'on a la possibilité de témoigner notre amour pour Christ, on est dans l’allégresse.seba15 a écrit :Bonjour
Je m'intérroge sur une notion qui date de longtemps déjà du carpe diem.
Est-ce que si on est chretien on a le droit de cueillir l'instant présent, ou on se doit d'être austères et de vivre pauvrement ? sans gouter aux plaisirs de la vie.
Un Chrétien mène par exemple une vie austère en signe de témoignage de son amour pour Christ parce-qu'il sait que cela sera une source de joie pour lui. Donc c'est avec joie et plaisir qu'il le fait ( ou bien qu'il devrait le faire).
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Re: Le carpe diem compatible avec la vie chrétienne ?
Un chrétien savoure chaque jour que Dieu lui donne, parce qu'il le prend comme un don de Dieu et lui en rend grâce. Un chrétien savoure chaque épreuve que Dieu lui donne car elle permet de renforcer sa foi. Donc un chrétien ne vit que de Carpe Diem, mais d'une manière "orientée".
Il ne s'agit pas de s'adonner à la jouissance prise pour elle-même, mais de mettre Dieu au centre, de tout orienter vers Dieu.
L'ascèse n'est pas renoncement au plaisir pour s'enfermer dans une morne et triste vie. Au contraire, un chrétien doit se laisser habiter par la joie. Ce à quoi il renonce, ce sont les plaisirs qui le referme sur lui-même, en lui faisant oublier Dieu.
Depuis que j'ai compris cela, je peux partager un instant de fête avec un inconnu simplement en partageant un morceau de pain avec lui, parce que mon plaisir n'est pas dans le morceau de pain, mais dans le partage avec l'ami. Et si nous pouvons faire la fête autour d'un bon repas, tant mieux ! Rendons-en grâce à Dieu. Je n'ai pas arrêté d'apprécier la bonne chair parce que je suis chrétien.
La vie d'un chrétien est tout entière dirigée vers le Royaume. Mais le Royaume, ce n'est pas une date lointaine dans notre calendrier (ça, c'est l'erreur millénariste) : c'est ici et maintenant que l'on se prépare à l'accueillir. Il faut donc bel et bien saisir l'instant présent.
Il ne s'agit pas de s'adonner à la jouissance prise pour elle-même, mais de mettre Dieu au centre, de tout orienter vers Dieu.
L'ascèse n'est pas renoncement au plaisir pour s'enfermer dans une morne et triste vie. Au contraire, un chrétien doit se laisser habiter par la joie. Ce à quoi il renonce, ce sont les plaisirs qui le referme sur lui-même, en lui faisant oublier Dieu.
Depuis que j'ai compris cela, je peux partager un instant de fête avec un inconnu simplement en partageant un morceau de pain avec lui, parce que mon plaisir n'est pas dans le morceau de pain, mais dans le partage avec l'ami. Et si nous pouvons faire la fête autour d'un bon repas, tant mieux ! Rendons-en grâce à Dieu. Je n'ai pas arrêté d'apprécier la bonne chair parce que je suis chrétien.
La vie d'un chrétien est tout entière dirigée vers le Royaume. Mais le Royaume, ce n'est pas une date lointaine dans notre calendrier (ça, c'est l'erreur millénariste) : c'est ici et maintenant que l'on se prépare à l'accueillir. Il faut donc bel et bien saisir l'instant présent.
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36
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Re: Le carpe diem compatible avec la vie chrétienne ?
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Bonjour,
C'est incompatible.
Le Fils de l'homme n'avait aucun lieu où reposer sa tête. Cela devrait être moralement notre position. Cela ne nos empêche pas d'avoir quelques rafraîchissements dans le chemin.
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Bonjour,
C'est incompatible.
Le Fils de l'homme n'avait aucun lieu où reposer sa tête. Cela devrait être moralement notre position. Cela ne nos empêche pas d'avoir quelques rafraîchissements dans le chemin.
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Re: Le carpe diem compatible avec la vie chrétienne ?
La suite: Un peu avant (et cela confirme bien que le plaisir chrétien est un plaisir modéré): Notez que le plaisir évoqué dans le Carpe diem est également (mais pour des raisons bien différentes) un plaisir modéré... Pour Horace, et c'est une constante de son oeuvre, il faut fuir l'excès.Tertullien, [i]Apologeticum[/i], 42 a écrit :Nous ne sommes pas des étrangers à la vie. Nous nous rappelons fort bien nos devoirs de reconnaissance envers Dieu notre Maître et Créateur; nous ne rejetons aucun fruit de ses œuvres; mais nous nous modérons dans leur usage pour ne en pas user mal ou avec excès.
La différence entre la "fruition" chrétienne et la "jouissance" païenne demeure dans l'intention, cette attention à Dieu "partout présent" attendant la réponse continuelle de notre amour, un amour adulte et responsable pétri par l'Esprit saint.
Notre débat reçoit sa réponse la plus complète sans doute dans cet extrait de l'épître aux Galates:
Ga, V, 16-25 a écrit :Laissez-vous mener par l'Esprit et vous ne risquerez pas de satisfaire la convoitise charnelle. Car la chair convoite contre l'esprit et l'esprit contre la chair ; il y a entre eux antagonisme, si bien que vous ne faites pas ce que vous voudriez. Mais si l'Esprit vous anime, vous n'êtes pas sous la Loi. Or on sait bien tout ce que produit la chair : fornication, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, disputes, dissensions, scissions, sentiments d'envie, orgies, ripailles et choses semblables - et je vous préviens, comme je l'ai déjà fait, que ceux qui commettent ces fautes-là n'hériteront pas du Royaume de Dieu. -
Mais le fruit de l'Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi : contre de telles choses il n'y a pas de loi. Or ceux qui appartiennent au Christ Jésus ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises. Puisque l'Esprit est notre vie, que l'Esprit nous fasse aussi agir.
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Dic animae meae: “ Salus tua ego sum ” Ps XXXIV 3
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