Le cas des divorcés et la communion

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Sam D.
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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Sam D. » mar. 14 mai 2019, 8:55

Ces notions d'amour et de miséricorde, auxquelles vous faites allusion, doivent être nettement définies, d'une manière précise, car on peut aisément, en faisant abstraction des lois divines comme vous le faites, en restreindre ou en étendre la portée conceptuelle, au point d'en altérer la conception catholique, jusqu'à la dénaturer.
Ce dont on a, des siècles durant, étendu la portée conceptuelle, c'est plutôt le péché, au point de véhiculer et de fixer l'idée d'un Dieu dont il y avait au moins autant à craindre qu'à espérer, et dont les ministres, lançant leurs anathèmes tous azimuts, n'étaient que trop contents d'inspirer stupeur et tremblements ! Dimanche encore, j'observais les bancs se remplir par l'arrière et par les côtés, les "meilleures places" restant curieusement libres. Je crois que ce comportement des fidèles (les autres restant chez eux) en dit long sur leur disposition mentale. Humilité sincère dans certains cas, on l'espère, mais sans doute aussi crainte plus ou moins nette devant une institution qui a longtemps aimé humilier, sous prétexte d'amener à l'humilité.

En somme, les brebis ont quand même un peu peur des bergers et de leur charité un peu trop rugueuse...
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la Samaritaine
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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par la Samaritaine » mar. 14 mai 2019, 12:36

pierrot2 a écrit :
mar. 14 mai 2019, 1:04
la Samaritaine a écrit : j'ai entendu récemment le Père Antoine Guggenheim lors d'un enseignement sur le couple et le célibat de passage (je mets ici son analyse d'Amoris Laeticia) et il expliquait que " le Pape François avait la volonté d'accompagner les personnes mariés civilement dans un deuxième mariage afin de les aider à faire de cette seconde union un chemin de sainteté." Et il précisait que cela prenait du temps car la question est bien compliquée et demande beaucoup de patience, de discernement et de réflexion.
Bonjour Samaritaine,

Votre publication, postérieure à la mienne, est cependant apparue comme la précédant !

Merci de vos informations.

Dans la phrase:" le Pape François avait la volonté d'accompagner les personnes mariés civilement dans un deuxième mariage afin de les aider à faire de cette seconde union un chemin de sainteté.", svp, y avait-il des virgules ? et si oui, était-ce après "mariés", "civilement" et "mariage", ou après uniquement "mariage"?
Voici donc ma phrase bien précisée :

" le Pape François a la volonté d'accompagner les personnes remariées dans un deuxième mariage civil, et ce afin de les aider à faire de cette seconde union un chemin de sanctification."


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Ombiace
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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Ombiace » mar. 14 mai 2019, 12:57

Sam D. a écrit : En somme, les brebis ont quand même un peu peur des bergers et de leur charité un peu trop rugueuse...
Le mieux est probablement de prier pour tous ces pasteurs, qui reflètent mal l' amour du Christ, jusqu'à le défigurer tout à fait..
N'oublions pas non plus que ceux qui restent subissent sans doute la désagréable suspicion qu' accompagnent parfois les amalgames avec ces loups déguisés en Christ.
(Mais Je ne suis pas négationiste: si l'Eglise professe de d'abord retirer la paille dans son oeil avant la poutre dans celui du frère, qu'elle commence par montrer l'exemple)

Reste que loup ou pas loup, Christ est l' unique planche de salut

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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Cepora » mar. 14 mai 2019, 14:06

Sam D. a écrit :
mar. 14 mai 2019, 8:55
En somme, les brebis ont quand même un peu peur des bergers et de leur charité un peu trop rugueuse...
« Un critérium du réel, c'est que c'est dur et rugueux. On y trouve des joies, non de l'agrément. Ce qui est agréable est rêverie » a pu écrire Simone Weil dans un ouvrage intitulé La Pesanteur et la Grâce.

Depuis les années 70, la pastorale pour les divorcés-remariés civilement a beaucoup évolué. Autrefois considérés pécheurs publics, le péché est passé sous silence désormais, il est ordinairement accepté, soit parce qu'on a perdu la foi dans la vérité le concernant, soit parce que le respect des hommes fait perdre la bravoure nécessaire pour s'opposer au conformisme du monde sécularisé.

Or le péché est une réalité, austère, oui, rugueuse aussi. Sans réduire la prédication à cet aspect, il faut cependant l'y intégrer, sans quoi ce n'est pas l'Évangile du Christ qui est prêché, mais une invention humaine habillée de rêveries agréables. Une telle prédication qui tairait la réalité du péché ferait assurément glisser les âmes dans un quiétisme moribond. Ces prédicateurs mériteraient alors l'apostrophe de saint Augustin* : « Vous avez beau tergiverser : tout vous confond. Dites sans détour que vous ne croyez pas à l'Évangile du Christ : car en admettant dans l'Évangile ce qui vous plait, en en rejetant ce qui ne vous convient pas, ce n'est plus à l'Évangile, mais à vous, que vous croyez. »

* http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saint ... oc28765795

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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Ombiace » mar. 14 mai 2019, 23:46

la Samaritaine a écrit : Voici donc ma phrase bien précisée :

" le Pape François a la volonté d'accompagner les personnes remariées dans un deuxième mariage civil, et ce afin de les aider à faire de cette seconde union un chemin de sanctification."
Merci bien, Samaritaine.
Au fond, je n'avais pas assez réfléchi: Ce sont le motif et la finalité de cet accompagnement qui ne sont pas précisés, et qui pourraient rassurer en anéantissant le sentiment d'insécurité que peut amener ce propos, certes sorti de son contexte.. Rassurer comme manifestement seul Christ le fait, par son évangile, lui pour lequel un oui est un oui, un non, un non.

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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Ombiace » mer. 15 mai 2019, 5:46

Cepora a écrit : Sans réduire la prédication à cet aspect, il faut cependant l'y intégrer, sans quoi ce n'est pas l'Évangile du Christ qui est prêché, mais une invention humaine habillée de rêveries agréables.
L'omission de cet aspect liée à sa maladie (l' amnésie) fera le reste: Le risque est grand de considérer l' amour de Dieu comme bien imparfait. L'évangile mérite bien que de temps en temps des hommes comme vous aient le courage d'appeler un chat un chat, cela rappelle alors la perfection de l'amour de Dieu, oubliée et si relativisée par le remariage. Au fond, selon moi également, le remariage a la consistance du péché institutionnalisé. Le manque de courage m'a conduit dans une précédente publication à le passer sous silence. Merci de l' avoir fait, de votre coté.

Il y a cependant à regretter que
Cepora a écrit : l'apostrophe de saint Augustin* : « Vous avez beau tergiverser : tout vous confond. Dites sans détour que vous ne croyez pas à l'Évangile du Christ : car en admettant dans l'Évangile ce qui vous plait, en en rejetant ce qui ne vous convient pas, ce n'est plus à l'Évangile, mais à vous, que vous croyez. »
ne soit peut-être pas ressentie comme de l' amour d'un saint, et surtout, comme reflet de l' amour pur de Dieu.

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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Sam D. » mer. 15 mai 2019, 12:17

Ce que vous ne percevez pas ou ne voulez pas comprendre, c'est la souffrance de tous ces couples que par son approche l'Eglise brime et dans leur foi, et dans leurs aspirations.

Aspirations authentifiées de longue date, puisque même l'AT en fait mention : Proverbes 21:9 Mieux vaut habiter à l'angle d'un toit, que de partager la demeure d'une femme querelleuse ou Ps 127 03 Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de la table, comme des plants d'olivier. Voilà comment sera béni l'homme qui craint le Seigneur. Le point de vue est masculin, mais on saisit l'idée.

Constater l'échec d'une union et se résoudre à une séparation n'est déjà pas drôle, faut-il encore que l'Eglise désavoue ces personnes qui subissent un contrecoup dans leur recherche légitime du bonheur ?

Comme le dit par ailleurs Simone Weil, " quand l'intelligence est mal à l'aise, l'âme entière est malade". Or le point de doctrine qui refuse la communion aux remariés va tellement à contre-courant de toute la prédication du Christ, qu'il en devient presque suspect. On est ici à l'opposé complet du fameux "Le Sabbat est fait pour l'homme, non l'homme pour le Sabbat" ou du non mois célèbre "Car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire". Voilà des personnes qui, peut-être plus que jamais, se tournent vers le secours de la foi, qui font leur, l'ayant lu ou non, le Ps 9, 11 "Ils s'appuieront sur toi, ceux qui connaissent ton nom ; jamais tu n'abandonnes, Seigneur, ceux qui te cherchent" et voilà qu'à quelques précautions formelles près, on les désigne comme indignes du Christ. Elles attendraient un accueil, et on les renvoie au règlement de maison.

Aussi, dans ce genre de circonstance, opérer un tri est-il, contrairement à ce que pense Saint Augustin, moins la marque d'une perte de foi, que le moyen de la conserver et de s'accrocher à cette planche de salut qu'est le Christ ! Voilà des personnes qui veulent continuer à faire fructifier le talent qui leur a été confié, or l'Eglise s'efforce de leur donner toutes raisons d'abandonner la partie et de dire tel l'homme rendant le sien après l'avoir enterré : "Je te connais comme un homme dur, qui récolte là où tu n'as pas semé..."

L'Eglise doit donc en effet soigneusement réfléchir à sa prédication sur le péché, et savoir si elle préfère se flatter de la perfection de ses dogmes quitte à se contenter des quelques brebis qui restent dans son enclos, ou si au contraire elle fait tout pour récupérer celles qui n'y sont plus, faute d'avoir été respectées dans leur intelligence.

Me faisant indirectement deviner son éloignement de l'Eglise, feu ce collègue de travail (par ailleurs fort apte à reconnaître une injustice quand il en voyait une) ne me confiait-il pas ainsi ces termes désabusés, derrière lesquels on devinait l'écho de la tristesse et de la révolte : "Tout est [taxé de] péché..."
Je ne gagerais pas que son cœur fût plus endurci que celui des clercs de l'Eglise triomphante qu'il avait connu dans sa jeunesse.
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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Ombiace » mer. 15 mai 2019, 18:33

Sam D. a écrit : et voilà qu'à quelques précautions formelles près, on les désigne comme indignes du Christ. Elles attendraient un accueil, et on les renvoie au règlement de maison.
Il me semble que vous allez un peu loin. Ce qui est refus de donner l'Eucharistie n'est probablement pas une stigmatisation des personnes, plutôt de leur choix de vie.
Au risque de déplaire à la modération, je dirais que oui, je comprends bien évidement les souffrances de ces couples, mais pour être honnête, ce que je ne comprends absolument pas, c'est de revendiquer un sacrement(l'Eucharistie), lorsqu'on en a déjà jeté un autre, par remariage? Curieuse démarche ! Peut-être faut-il aussi sérieusement envisager l' impensable inverse, càd qu'il y a tout bonnement malveillance, et que la souffrance n'est que prétendue.

Par ailleurs, d'après Samaritaine et ses publications, de nouveau, les personnes remariées ont accès à la communion. Je crois que des personnes bien pensantes (sous-entendu mal pensantes) comme moi ne s'opposeront pas à cela, puisqu'un prêtre en est l'origine.

Je crois que nous serions inspirés de cohabiter pacifiquement dans l'église, les mal pensants comme moi, et ceux à qui on prète le monopole de la miséricorde. Je prie cependant pour ces prêtres qui pourraient être ammenés à donner la communion contre leur conviction. Mais qui aurait la perversité de le leur demander?

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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Pathos » mer. 15 mai 2019, 20:36

Mais enfin ces personnes demandent elles vraiment l'autorisation ?
Est ce que c'est écrit sur leur front qu'elles sont remariés ?
Et puis que les prêtres commencent par demander à leurs paroissiens de se confesser au minimum deux fois l'an plutôt que de communier chaque dimanche sans état d'âme.
Le tout péché évoqué plus haut c'était du temps de Jansénisme.. aujourd'hui on est plutôt dans l'Eglise Bisounours : Tout est pardonné donc restons pépère dans nos petits péchés mignons ; jamais de Carême de pratiqué vraiment ni de prière régulière (le chrétien moyen fait pâle figure face au musulman) et de toute façon on ne nous parle plus d'enfer ou de purgatoire c'est donc que ça n'existe pas...

Le Christ nous a bien dit "Soyez parfait comme Votre Père est parfait" ou encore "Vous êtes le sel de la terre.."
Alors que nos prêtres nous enseignent clairement l'idéal de vertu et à chacun de cheminer par la prière et les sacrements : l'Esprit Saint nous révélera alors si nous plaisons à Dieu.
Une nation n'est pas ce qu'elle pense d'elle même dans le temps mais ce que Dieu pense sur elle dans l'éternité. Soloviev

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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Ombiace » mer. 15 mai 2019, 23:31

Pathos a écrit : Mais enfin ces personnes demandent elles vraiment l'autorisation ?
Voyez le lien de la Samaritaine, du 15 avril
Pathos a écrit : Est ce que c'est écrit sur leur front qu'elles sont remariés ?
Si vous écoutez cette vidéo, le couple remarié explique qu'avant le "cheminement Bartimée", on leur a suggéré de fréquenter une autre paroisse lointaine, si ils voulaient communier(si j'ai bien compris), donc, vous avez raison: c'est possible, mais avant, c'était moyennant de s'éloigner.
Le lien de Foxy , le 17, me semble contradictoire:
Il est un devoir de l'Eglise, d'une part, de proposer le modèle sanctifiant du mariage, mais le fidèle ainsi que le prêtre accompagnateur, s'il veulent communier, doivent examiner leur conscience. en bref, c'est le culte de l'individu maître de ses choix qui s'accomplit.
Le souci, c'est effectivement ou non d'ouvrir la boite de Pandore. Qui aujourd'hui va rivaliser avec ces personnes âgées qui parfois ont fété leur noces de 50 60 ans de mariage dans le siècle dernier, parfois au travers de couples qui ont souffert deuil d'enfants en bas age. Bien sûr, ils nous disaient: "il/elle est pas toujours commode à vivre". Il en faut du courage parfois pour être gardien de cette flamme du modèle que l'Eglise doit transmettre! Alors ce critère de souffrance endurée qui va autoriser à tourner le dos à son mariage via le remariage, quel va -t-il être? N'approche-t-on pas la tentation du divorce un peu près des ouailles? Un seul a été victorieux des tentations!
Faut-il brader cette victoire,-(si elle pouvait être bradée)-,menée par la suite dans la perfection, via la mort sur la croix? l' unique victoire du genre humain contre les tentations!
Pathos a écrit : Alors que nos prêtres nous enseignent clairement l'idéal de vertu et à chacun de cheminer par la prière et les sacrements : l'Esprit Saint nous révélera alors si nous plaisons à Dieu.

Là encore, même si je l'ai moi-aussi suggéré, est-il cependant moral de se montrer individuel à ce point: si l'exemplarité tire vers le haut, la contrexemplarité amène-t-elle à Christ ?..Saint Paul parlait d'un peu de levain pour faire lever toute la pâte..

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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Cepora » jeu. 16 mai 2019, 0:00

Sam D,

Je trouve qu'il n’est pas juste d’imputer à l'Église la cause de sa souffrance lorsque l'on s'est sciemment détourné de l'enseignement qu'elle prodigue. Il n'en est pas autrement, lorsque l'on veut susciter la culpabilité d'autrui plutôt que d’assumer la réalité d'une faute personnelle, de sorte que par l'effet d'un curieux paradoxe, vouloir se maintenir dans l'enseignement traditionnel de l'Église supposerait que l'on soit incapable de compassion et d’empathie.

De manière générale, je ne comprendrai jamais ces réactions qui tendent à accuser l'Église de toutes les vilenies, à formuler injustement contre elle de multiples griefs, à déprécier continûment sa vénérable tradition, le tout avec une constance et une détermination qui confinent, chez certains, à l'obsession.

Outre cela, il est bien triste de constater que des personnes divorcées-remariées peuvent n'éprouver aucun regret, aucune componction à l'idée d'avoir pu offenser Dieu.

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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Archidiacre » jeu. 16 mai 2019, 0:22

L'examen de conscience n'est pas un culte de l'individu mais une réalité de foi qui fait qu'un individu peut connaître toutes les circonstances y compris subjectives de ses actes, à savoir s'il est honnête avec soi-même, s'il n'a vraiment pas une responsabilité dans la situation, s'il a une véritable contrition etc. Et il lui revient d'une certaine façon de savoir s'il est digne de communier. Comme St Pie X le simplifiait, "être en état de grâce, c’est avoir la conscience pure de tout péché mortel. " Et il est des situations qui effectivement, peuvent être si particulières et personnelles qu'il faut aussi un jugement individuel, malgré tout, et qui ne pourrait être définie précisément dans un canon. Par exemple:
Par contre ne sont pas en situation de péché grave habituel les fidèles divorcés remariés qui, pour des raisons sérieuses, comme par exemple l’éducation des enfants, ne peuvent «satisfaire à l’obligation de la séparation, et s’engagent à vivre en pleine continence, c’est-à-dire à s’abstenir des actes propres des conjoints» (Familiaris consortio, numéro 84), et qui sur la base d’une telle résolution ont reçu le sacrement de la pénitence. Puisque le fait que ces fidèles ne vivent pas more uxorio est en soi occulte, tandis que leur condition de divorcés remariés est en elle-même manifeste, ils ne pourront s’approcher de la communion eucharistique que remoto scandalo.
http://www.vatican.va/roman_curia/ponti ... on_fr.html
Chaîne Youtube: https://www.youtube.com/c/Archidiacre

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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Sam D. » jeu. 16 mai 2019, 9:43

Bonjour à tous,

J'ai l'impression que vous parlez à partir d'un schéma un peu simple dans lequel les époux seraient au fond peu sérieux déjà dans leur pratique "de base", et incapables de pardonner à l'autre, de prier pour lui, d'offrir ses souffrances en réparation de celles du Christ etc., et ne verraient dans l'union conjugale qu'un contrat permettant d'accéder à des bienfaits purement terrestres (assouvissement de la sexualité, commodité pratique générale, respectabilité sociale...), contrat qu'on résilierait dès que ces prestations ne sont plus fournies avec la quantité et la qualité espérées.

Or il y a aussi et surtout des cas pénibles tel celui décrit par Foxy sauf erreur, d'un mari qui se mue rapidement en vraie terreur, et qui traite sa femme plus bas que terre. Travaillant dans une instance judiciaire, lorsqu'on voit passer de tels cas, c'est une vraie pitié. Dans un tel contexte, on ne voit pas quel péché commettrait la personne qui se sauve, dans tous les sens du terme, d'une union aussi délétère, ni au nom de quel motif elle devrait rester liée à ce mariage pour le restant de ses jours, tel le Christ à sa colonne ! Si telle est sa conception, c'est très beau, mais rendre cela obligatoire au mépris d'aspirations différentes de la personne, sous peine de rétorsions et en invoquant la tradition, ce n'est plus s'inscrire dans la vertu, mais c'est au contraire de la violence et donc un manquement crasse à la charité, c'est exposer que l'homme est fait pour le Sabbat quoi qu'il en coûte, c'est devenir ce fameux sépulcre blanchi rempli d'ossements et de pourriture ! C'est, fondamentalement, s'ériger en juge, c'est vouloir arracher l'ivraie avant l'heure de la moisson ! J'aime bien cette parole du R.P. de la Chevasnerie in La clef du bonheur ! : "Semez des joies dans les âmes, vous qui désirez y voir grandir des vertus. Avant de vouloir rendre saints ceux que vous aimez, rendez-les contents. Rien ne prépare l'âme à la grâce de Dieu comme le bonheur que nous lui donnons. Ne jugez pas: quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent vous vous tromperiez et la centième vous manqueriez à la charité!"

Que cette vie soit une vallée de larmes, c'est entendu, mais qu'elle doive le devenir à plus forte raison du fait de l'enseignement de l'Eglise, fût-il traditionnel ou non, et voilà qu'on est dans un contre-sens complet ! Si invoquer le nom de l'amour pour mieux humilier et reléguer n'est pas la pire des hypocrisies, qu'est-ce ? Quid de la souffrance d'un membre qui est censé être celui de tout le corps ?

Ce n'est pas que je prenne un quelconque plaisir à critiquer l'Eglise, mais comment ne pas voir qu'elle est bien trop souvent ce Pharisien (dupe de lui-même sans doute) qui place la détresse d'autrui bien après des scrupules dont la motivation formellement religieuse est surtout prétexte à cultiver son amour-propre en toute quiétude ? et qui, précisément, perd ainsi (ou montre qu'il n'a pas) la pureté qu'il prétend avoir ?
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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Ombiace » jeu. 16 mai 2019, 13:13

Bonjour Sam D,

Il y a pour tout chrétien pratiquant une obligation de fréquenter de temps en temps le confessionnal, pour pouvoir accéder à la communion.

En fin de confession, avant que le pardon soit accordé, il est coutume de réciter l'acte de contrition dans lequel on dit pourtant bien que l'on prend la ferme résolution, avec le secours de sa sainte grâce, de ne plus l' offenser et de faire pénitence. Je ne prétends pas donner des leçons à qui que ce soit pour ce qui est de respecter cette résolution, car en ce qui me concerne, si je fréquente ce sacrement, c' est à chaque fois pour répéter les même péchés, à 50% en moyenne, je dirais. Mais ce qui fait sens pour moi, c' est au moins d' essayer.. Et cela m'aide à progresser, vraiment!

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Re: Le cas des divorcés et la communion

Message non lu par Ombiace » jeu. 16 mai 2019, 22:14

Sam D. a écrit : Ce n'est pas que je prenne un quelconque plaisir à critiquer l'Eglise, mais comment ne pas voir qu'elle est bien trop souvent ce Pharisien (dupe de lui-même sans doute) qui place la détresse d'autrui bien après des scrupules dont la motivation formellement religieuse est surtout prétexte à cultiver son amour-propre en toute quiétude ? et qui, précisément, perd ainsi (ou montre qu'il n'a pas) la pureté qu'il prétend avoir ?
Bonsoir, cette fois-ci,


Je n'avais pas le temps ce midi. Peut-être ai-je été sec.Pardon

Peut-être vais-je néanmoins l'être encore plus, même si mes intentions sont aux antipodes:
Au fond, l'image que nous avons réciproquement les uns des autres, c' est un manquement à l' amour inconditionnel ! Dans un cas, c'est l'amour du prochain, créature qui réclame miséricorde pour un choix de vie humain où une forme d'amour a ses droits. Dans l'autre cas, c'est l'amour de Jésus lui-même, qui prend suffisament au sérieux de nous aimer jusqu'à la mort, pour que nous parvienne sa bonne nouvelle, la résurrection. Par quel curieux effet, moi, qui souhaite partager cette merveilleuse nouvelle dans ce qu' elle a de plus noble et sécurisant, (et d'absolu aussi, c'est vrai, mais justement!) et qui espère précisément dans
Sam D. a écrit : la souffrance d'un membre qui est censé être celui de tout le corps
apporter du soulagement ou de la consolation par la joie de lui rendre accessible de témoigner de cet amour du Christ-par quel curieux effet, donc mes intentions sont-elles détournées en:
Sam D. a écrit : invoquer le nom de l'amour pour mieux humilier et reléguer
?????
Cet amour de Christ est lui aussi inconditionnel, même s'il ne peut être reçu que par celui/celle qui lui fait accueil, c'est à dire qui croit et agit en conséquence.
(Il ne suffit pas de dire : maître, maître. Il faut faire la volonté de mon père dans les cieux).

Oui, être un serviteur inutile est un confort,
Sam D. a écrit :prétexte à cultiver son amour-propre en toute quiétude
car comme vous dites il cultive en toute quiétude, mais il est parfaitement légitime en cela, car il rend un culte, non pas d'amour-propre comme vous dites, mais à Dieu, et sans crainte, comme dans le psaume prophétique de Zacharie. Il n'y a pas à rougir de cette quiétude: Dans le même psaume, Zacharie précise que c' est une promesse de Dieu de pouvoir lui rendre un culte en paix.

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