Perlum Pimpum a écrit : ↑sam. 23 avr. 2022, 13:08
Manifestement, je vous ai vexé...
En effet, car vous aviez purement et simplement éliminé ou noyé le sujet que maintenant au lu de votre réponse fort raisonnable et dont je vous remercie, je vais pouvoir/devoir préciser. Car manifestement vous ne l’avez toujours pas perçu - que vous soyez ou non réellement d’accord avec eux.
Perlum Pimpum a écrit : ↑sam. 23 avr. 2022, 13:08
vous excipiez de la validité des mariages stériles pour nier la fin principale du mariage.
Nullement. Mais si vous me l’aviez écrit au lieu de me rappeler ce que vous auriez dû deviner que je savais déjà, car nous commençons à nous connaître, je l’aurais compris et cela m’aurait évité de m’en prendre à vous. Vous ne semblez pas savoir que le pape (Pie XII je crois, mais comme vous j’ai la flemme de rechercher…) dut réellement intervenir pour défendre la condition de ces mariages face à certains théologiens trop zélés… Ce n’était de ma part qu’un rappel pour montrer qu’il y eut de réels excès - pas le sujet, cela me semble évident.
Venons-en à mes précisions.
- Fin primaire du mariage (vous avez écrit « principale », ailleurs « première », il reste une ambiguïté sur quoi je reviendrai) : la procréation et l’éducation des enfants. Ce« et » est important, car nous ne sommes pas des animaux, mais aussi pour la suite. C’est la réponse au commandement de la Genèse « croissez et multipliez-vous ».
Fin secondaire du mariage : l’amour réciproque des époux et tout ce qui va avec (vie commune, etc. Certains placent ici l’éducation des enfants, ce qui est vrai vu sous un angle pratique mais déforme à mon avis la répartition avec la fin primaire et « l’esprit » de cette répartition… ainsi l’acte de procréation fait inversement aussi partie de l’amour des époux) C’est la réponse au texte de la Genèse « il n’est pas bon que l’homme soit seul » et à sa suite.
Je nous fais grâce, puisque nos interventions m’y autorisent, du fameux « remède à la concupiscence », autre fin mais qui n’est pas une fin en soi.
Et je nous fais grâce aussi de tout l’aspect sacramentel et mystique (noces de Cana, le Christ comme l’Epoux, l’amour du mari et de la femme dont le rapport doit être égal à celui du Christ pour son Eglise, etc.) à une exception près : l’amour du Christ relève de la fin secondaire du mariage et la réévalue, il en rend dramatique l’échec, il place entre les époux la charité du Christ pour son Eglise, si bien que réussir son mariage c’est en réussir la fin secondaire – et non primaire.
Ce qui est vrai même sans faire appel à cet aspect surnaturel et qui y donne un poids énorme.
Les tradis se plaignent que la fin primaire soit sinon passée à la trappe ou disparue, du moins effacée par le magistère dans son rôle prééminent et placée derrière la fin secondaire, ou mise au même niveau.
Ce n’est pas entièrement faux et il y a à cela une raison (en plus de celle que je viens de donner).
Ils estiment qu’avortement contraception, infidélités, divorces, etc. bref tous les maux du mariage, en sont la conséquence de ce qu’ils estiment être une perversion ou un « oubli » doctrinal +/- délibéré.
Je pense qu’au contraire, c’est parce que les arguments liés à la fin primaire ne sont plus efficaces ni suffisants, reluisants, pour lutter contre ceux de « l’opposition » !
(Je pourrais grandement illustrer et ce serait nécessaire pour être plus criant de vérité, mais cela rallongerait de trop !)
S’il est bien plus difficile d’en trouver à partir de la fin secondaire, ils sont encore efficaces et bien plus, pertinents. Et ceux issus de la fin primaire le redeviennent alors si elle est présentée comme subordonnée à l’autre, ce qui est vrai chronologiquement (sens du mot « première », ce pour quoi je préfère m’arrêter à « primaire »).
L’exécution de la fin primaire découle de celle de la fin secondaire (et qui n’a rien de secondaire !) et ne peut être correctement accomplie que si la secondaire est réalisée.
Mais bien plus que cela, qu’est-ce qui fit que la fin « principale » est « primaire » : c’est que Dieu l’a voulue en premier, et qu’à partir de cette volonté en lui il a pensé la seconde. C’est une sorte de primauté d’honneur, rien de plus. Autrement dit, cela n’a rien à voir avec la qualité du mariage lui-même ou « de notre côté » (car ce désir d’enfant n’est pas ou ne devrait pas être premier dans le mariage, ce qui n’exclut pas d’y être « ouvert ») et n’a pas le sens que les tradis lui donnent.
Ainsi le Christ est-il venu accomplir la loi, non l’abolir, et la foi désormais prime sur la loi.
Autrement dit, l’affectation de « principale » doit se faire avec des pincettes et non sans précautions, réserves, explications, etc. Je dirai que les 2 fins ont droit à ce titre selon un partage qu’il est bien impossible de résoudre, en tout cas pas comme ils le font dans leur critique…
Car si on oublie ce qui donne à la fin « primaire » sa qualité souvent jugée « supérieure » ou « première », ce qu’ils font au vu des raisons qu’ils donnent pour critiquer, on extrapole et tombe dans l’erreur !
Certes, il n’y a pas de bien plus grand que de donner la vie, mais la réalisation de ce bien suppose la réussite de la fin dite secondaire (qui donc est première).
Sinon on donne et c’est trop souvent le cas, la promesse de l’enfer avec la vie !
Autrement dit, ils (mais pas tous, sinon ceux qui s’en plaignent et y trouvent un « motif ») reprochent une inversion des valeurs alors que c’est eux qui la font en donnant à cette fin primaire un rôle et un sens, une fonction qui ne sont pas les siennes.
Et si cela ici peut paraître théorique, dans les faits et la pratique cela conduit à des impasses déplorables. Aussi désuète soit-elle, leur doctrine n’étant pas connue par la plupart, elle peut surprendre et séduire (car elle apporte évidemment quelque chose d’indispensable et sans quoi il y a des lacunes) mais que jusqu’à un certain point qui la bloque et transforme en impasse toute discussion visant à partir de là la conversion – ou la défense de la loi naturelle.
Si l’enfant n’est pas le fruit de l’amour des parents, si cet amour n’est pas ou est frelaté, la fin primaire ne peut pas se réaliser vraiment qui n’est pas que de procréer, mais aussi d’éduquer : ces 2 fins sont si étroitement mêlées que les démêler comme ils le font n’est pastoralement ni probant, ni judicieux, surtout contestataire, inefficace, et souvent mal fait car ils trichent aussi bien sur les définitions que sur les attributions et les travaux pratiques.
Que penser de l’homme qui demanderait à une femme de l’épouser seulement pour lui faire des enfants !
Voilà ce que j’ai voulu dire et le but de mon intervention, car ces sous-entendus qu’ils font sont malsains, obsolètes, sectaires, et perdent de vue l’essentiel. Ils occultent toutes ces blessures causées aux enfants de ces mariages où dès le départ « on sauve les apparences » et ne s’engage pas sur de bonnes bases. Certes, ils ne minimisent pas la fin secondaire pour autant, mais ils ont perdu de vue les raisons qui font que l’autre est ce qu’elle est et cela fausse complétement le rapport.
Enfin, vous avez oublié de citer, dans l’aspect contractuel, le fait qu’il soit unique (indissoluble et non polygame). Je ne le dis pas pour la théorie, mais parce que dans la pratique ce point change tout : on pourrait satisfaire à la fin primaire en offensant gravement la fin secondaire. Or ce point est bien mieux rattaché, aussi, à la fin secondaire.
Comprenez-vous mieux ce que j'ai voulu dire ? (Bien que je ne sois pas en grande forme d'expression...)