Altior a écrit : ↑jeu. 18 août 2022, 10:39
Moi aussi je suis un converti. J'ai été orthodoxe une fois. J'ai devenu catholique de rite byzantin (car lors de la conversion on doit garder le rite, du moins théoriquement et il y avait pas mal de catholiques de rite byzantin en Roumanie). Cela ne m'a pas choqué, car la Messe gréco-catholique ressemble à la Messe orhoxe comme deux gouttes d'eau se ressemblent. Mais lorsque j'ai découvert les lieux de Messe en Occident j'ai eu un choc. C'était pas seulement tout à fait différent en forme par rapport à ce que je savais comme catho byzantin, mais différent en fond et attitude comme s'il s'agissait d'une autre religion. Heureusement, une année plus tard j'ai trouvé un lieu de culte romano-catholique en rite ancien et cela a été une révélation comme une deuxième conversion pour moi. Très différent en forme par rapport au rite grec, mais j'ai reconnu la même spiritualité : même positionnement contemplatif, même temps de silence, même attitude humble et même perception de la majesté de Dieu, même sensation de voyage vers le vrai adressant de la Messe, même orientation vers Lui, mêmes sermons qui me transmettent un appel à changer quelque chose de ma vie et une sorte d'urgence de faire cela le plus tôt.
Voilà : chacun a son témoignage...Il serait intéressant de faire une fil avec des histoires de conversion. Ce sont des expériences précieuses à partager, dommage qu'elles soient parsemées par ci et par là dans le forum.
Je suis d’accord avec vous et merci pour votre témoignage, qui reste à faire coïncider avec celui que vous aviez donné concernant vos enfants comme moteurs de votre conversion en France… pour effacer des questionnements.
Pour ma part, je vais prendre la comparaison avec le repas, simplement par rapport au changement de messe, puisque c’est le sujet.
«Issu » de la messe de St Pie V, je la vois comme un repas avec nappe blanche et brodée, les petits plats dans les grands, cristal et argenterie sont de sortie, le menu délicat, le vin fin, le décor somptueux, etc.
Le mieux pour notre Seigneur ! Tout cela fait ressortir un certain nombre d’attributs de Dieu, comme sa majesté, mais aussi son inaccessibilité, etc.
Et j’y étais comme un poisson dans l’eau…
Face à cela la messe de St Paul VI est aride et sèche, et j’y ai longtemps été revêche (même les enfants tradis au début ont été obligés de la « supporter », surtout eux puisqu’ils étaient souvent dans des écoles cathos privées qui donc l’appliquèrent avec plus ou moins de « réserves » (encore du latin, etc.) : c’est venu bien plus tard les écoles tradis !)
Apparemment Dieu y est plus facile d’accès, une sorte de compagnon, mais très vite cela se gâte et il s’avère très exigeant : cette messe demande le dépouillement, d’abandonner ses privilèges et son confort spirituel. On se retrouve dans un bivouac de campagne, où Jésus souffre avec les souffrants, il est nu, a perdu tous ses « avantages », etc. (Pour les « pauvres » cela demande moins d’effort, et il y est moins exigeant, évidemment, et ils y trouvent mieux leur place ! Je sais que vous contesterez cela avec des exemples, mais cela reste valable, demanderait juste plus d’explications…)
Et du coup cela oblige à tout un travail intérieur de reconfiguration, dans une longue et grande aridité. Un coup très dur dont on ne se remet pas rapidement ni facilement. Dont la récente lettre du pape me semble marquer un aboutissement.
Mais il s’agit bien d ‘une reconfiguration en Christ ! Certaines grâces rarement mais reçues pendant ces messes m’ont aidé et me l’assurent.
Ce contraste n’en reste pas moins encore douloureux pour moi à vivre, car il faudrait les 2 !
Je ne développerai pas plus, cela n’a pas d’intérêt. Je rêve parfois et de façon trop simpliste que les assistances puissent s’inverser entre ces 2 messes, juste pour que chacun trouve ce qui lui manque … !
Mais ce rêve ne tient pas compte du principal : l’autorité de l’Eglise. Pour moi la messe de St Paul VI est une « messe de transition » et à ce titre elle a un rôle et une place qui méritent le respect. Se soucie-t-on de sa propreté et des apparences quand on est sur le front ?
Et puisque vous parlez de la messe d’un autre rite, pour moi ce rite (d'une autre culture que la nôtre) contient les avantages des 2 : car il sait aussi disposer et mettre en œuvre une convivialité et une proximité qui n’existent pas dans la messe de St Pie V (mais il a aussi quelques désavantages, car aucun n’est parfait ; je ne parle pas de l’autre ressemblance avec l’autre messe car vous l’avez déjà évoquée).
La fracture reste telle que je l’avais décrite : refuser de communier ou de célébrer la messe de St Paul VI, à moins d’une dispense, est un acte au moins schismatique et qui peut devenir hérétique (je n’en connais pas qui l’eusse fait seulement par pure désobéissance) selon sa raison. Or ceux qui ont été conduits à le poser et se manifester, étaient dans la mouvance des tradis les moins sévères, ceux qui avaient accepté la main tendue par Benoit XVI.
Ce qui inévitablement conduit à la question objective : mais comment en est-on arrivé là ? Et à laquelle je ne répondrai pas ici, cela allongerait de trop.