Message non lu
par marie du hellfest » jeu. 12 avr. 2012, 2:05
Je voudrais aussi nuancer certains points.
Comme dit plus haut, il n'y a pas d'un côté les paresseux et de l'autre les courageux travailleurs. Mais aussi, ce n'est pas parce qu'une personne est paresseuse à un moment de sa vie qu'elle le restera éternellement.
Personnellement, j'ai eu un gros passage à vide après mes études. Pendant environ un an et demi, je n'ai rien fait. Je ne bossais pas, je n'avais pas le courage de chercher. J'ai eu des aides, dont certaines que j'ai perçues alors que je n'aurais pas dû (et que je suis en train de finir de rembourser). Au bout d'un moment j'ai fini par me réveiller et depuis je bosse normalement.
Si les aides que j'ai touchées n'existaient pas, une personne sans famille ou ami derrière pour la soutenir aurait fini à la rue avec encore moins de chances de ressortir la tête de l'eau. La question est donc : est-il plus grave de voler les honnêtes gens ou de laisser sombrer (très probablement définitivement) des gens qui pourraient éventuellement se rendre utiles plus tard ?
Et puis faut aussi dire qu'il y a des boulots qui font moins envie que d'autres ... des boulots merdiques j'en ai fait quelques-uns, et franchement je peux pas en vouloir aux gens de préférer se faire entretenir plutôt que pourvoir des postes pareils.
Tailler des haies pendant plusieurs heures sous l'averse ; les pauses repas sur les chantiers quand il fait -10°C, en s'abritant du vent derrière les murettes des jardins parce que le patron est reparti avec le camion ; se voir traiter de "nulles" par le patron parce que les rendements ne sont pas à la hauteur de ses critères, alors qu'il ne se rend même pas compte qu'aux cadences qu'il impose c'est une crise de nerfs par jour parmi les filles aux machines (payées le SMIC hein, les filles. Avec des journées de 10h et une pause de 10 minutes chronométrées à chaque demi-journée) ; se bousiller la santé physique et/ou mentale jusqu'au moment où ça va lâcher, et qu'il faudra peut-être supporter les séquelles toute sa vie ; ...
Et dans toutes les grosses boites, en sachant que pendant qu'on bosse comme des cons certains profitent de notre sueur pour se payer des salaires mirobolants, des voyages aux frais de la princesse, etc ... Par contre, pas question de demander plus que le SMIC ("vous avez qu'à arrêter de jouer au loto", dixit un autre patron).
Sans déconner, certains boulots sont des machines à broyer les gens. Il n'y a qu'à relire le post de Jean-Mic sur le sujet, et encore il avoue lui-même qu'il a de la chance de s'en être aussi bien sorti. Plutôt que de supprimer les aides pour ceux qui ne peuvent pas supporter ce système, faudrait d'abord faire en sorte que le travail ne soit pas un sacrifice (toutes proportions gardées, même si parfois ça le devient au sens littéral).
Le problème vient du déséquilibre à fournir entre la charge de travail et la récompense. Pourquoi un ouvrier qui revient épuisé de sa journée de boulot toucherait 10 ou 20 fois moins qu'un type qui a des responsabilités ? Tant qu'une bonne partie des travailleurs continueront de trimer pour un salaire qui leur permet à peine de vivre, je pourrai pas en vouloir à ceux qui ne veulent pas rentrer dans le jeu.