Le baptême des enfants

Avatar de l’utilisateur
Alex67
Censor
Censor
Messages : 66
Inscription : mer. 16 avr. 2008, 16:42

Re: Baptême

Message non lu par Alex67 » mar. 17 août 2010, 19:18

AnneT a écrit :Y a-t-il une phrase qui l'interdise?
Ou une autre qui commande explicitement que le baptème est à réserver aux adultes? Si oui, à partir de quel âge?
Questions inutiles car les évangéliques ne fixent pas de limite d'âge au baptème.

La vraie question est : y a-t-il un seul exemple biblique d'une personne qui a été baptisée sans avoir cru ?

Balken
Ædilis
Ædilis
Messages : 26
Inscription : mar. 27 juil. 2010, 20:46
Localisation : 92

Demande de baptême, infos

Message non lu par Balken » mer. 18 août 2010, 2:20

Une collègue s'est ouverte à moi cet après midi au travail, car je suis animateur en aumônerie. Sa fille de sept ans a demandé de recevoir le baptême et elle aimerait connaître la démarche à suivre. Elle élève sa fille seule, et même si elle est en marge de la pratique religieuse "classique", elle offre à sa fille une éducation spirituelle comme elle le peut (prière chaque soir notamment). Elle n'a donc aucun a priori négatif sur l'Eglise ou ce sacrement, bien au contraire, elle prend cette demande très à coeur.

Je lui ai répondu que pour une enfant de cet âge cela se ferait dans le cadre d'une ou deux années de catéchisme normale. Nous allons aborder le sujet à nouveau, et je voudrais être sûr de ne pas lui dire de bêtise, alors que dois-je lui donner comme information ?

Je rend grâce pour cette "rencontre", c'est pour ce genre de personnes que l'on a envie de continuer à porter la parole chaque jour.
Blog catho décomplexé :
www.ktoandthecity.com

Avatar de l’utilisateur
Anne
Prætor
Prætor
Messages : 6923
Inscription : jeu. 21 févr. 2008, 1:05
Conviction : Catholique romaine
Localisation : Provincia Quebecensis

Re: Baptême

Message non lu par Anne » mer. 18 août 2010, 6:00

La vraie question est : y a-t-il un seul exemple biblique d'une personne qui a été baptisée sans avoir cru ?
Laurent L a pas déjà répondu à ça?
"À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés;
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…
".
2 Co 4, 8-10

Harfang
Persona
Persona
Messages : 1395
Inscription : mar. 09 sept. 2008, 23:45

Re: Demande de baptême, infos

Message non lu par Harfang » mer. 18 août 2010, 11:51

Une collègue s'est ouverte à moi cet après midi au travail, car je suis animateur en aumônerie. Sa fille de sept ans a demandé de recevoir le baptême et elle aimerait connaître la démarche à suivre. Elle élève sa fille seule, et même si elle est en marge de la pratique religieuse "classique", elle offre à sa fille une éducation spirituelle comme elle le peut (prière chaque soir notamment). Elle n'a donc aucun a priori négatif sur l'Eglise ou ce sacrement, bien au contraire, elle prend cette demande très à coeur.

Je lui ai répondu que pour une enfant de cet âge cela se ferait dans le cadre d'une ou deux années de catéchisme normale. Nous allons aborder le sujet à nouveau, et je voudrais être sûr de ne pas lui dire de bêtise, alors que dois-je lui donner comme information ?

Je rend grâce pour cette "rencontre", c'est pour ce genre de personnes que l'on a envie de continuer à porter la parole chaque jour.
Ce qui est sûr c'est que ça demandera une préparation. Maintenant, pour la durée, il n'y a que le prêtre ou son équipe de préparation qui peut le fixer.
« O Crux Ave Spes Unica ! »
http://vidi-aquam.blogspot.com/

romuald
Ædilis
Ædilis
Messages : 19
Inscription : lun. 19 juil. 2010, 19:14

Re: Baptême

Message non lu par romuald » sam. 28 août 2010, 19:48

ne prenez pas la bible au mot. je voudrais même dire ne motamotez pas la bible. entre les lignes de l'écriture qui est morte, cherchez l'âme, l'esprit de la lettre, car la lettre tue, mais l'esprit vivifie.
lorsque le Seigneur dit: venez à moi vous tous qui ployez sous le fardeau et je vous soulagerais, il veux simplement dire soyez mes disciples. lorsqu'il demande de laisser venir à lui les enfants, il ne demande rien d'autre que de laisser les enfants être ses disciples. et qui dit disciple du Christ dit chrétien; qui dit chrétien dit membre du corps du Christ. et comment pouvons nous devenir même du corps du Christ si ce n'est à travers le Baptême? comment pouvons nous entrer dans le peuple de Dieu si nous ne sommes circoncis spirituellement?
de la même manière que dans l'ancienne alliance les enfants étaient intégrés dans le peuple de Dieu par la circoncision, avant même qu'ils aient atteint l'age de la raison, de la même manière les enfants qui naissent dans une famille chrétienne doivent être intégrés dans la nouvelle Israel par le baptême. le Seigneur n'est pas seulement mort pour les adultes, mais aussi pour les enfants; pour tous le monde. s'il accorde à ces enfants la grace de naitre dans une famille chrétienne pourquoi leur refuserions nous ce don que Dieu leur fait? je tiens à souligner que c'est même dans le baptême des enfants que nous pouvons mesurer la gratuité du don de Dieu.
moi je suis Africain; et ici en Afrique, on peut ensorceler un enfant alors qu'il n'est qu'un bébé. ce que je dit est vrai. et Dieu c'est que mon témoignage est véridique. si donc satan peut par ses agents prendre possession d'un enfant des son bas age, pourquoi ne laisserions nous pas pareillement Dieu prendre possession des enfants en faisant d'eux les membres de son corps par le baptême?
il y a quelque années, dans la ville de Bertoua - au Cameroun - , un enfant qui ne marchait pas s'est mis à marcher juste après avoir reçu le baptême. n'est pas là la preuve que la puissance de Dieu peut agir en tous le monde, grand comme petits de la même manière?
nous catholique, nous croyons que la grâce de Dieu peut agir chez les enfants, comme elle agit chez les grandes personnes. vous n'avez qu' à considérer des exemples tels que Thérèse de lisieux, Elisabeth de la Trinité, ...etc.

Avatar de l’utilisateur
Didymos
Censor
Censor
Messages : 176
Inscription : lun. 25 juil. 2011, 14:33
Localisation : Archidioecesis Lugdunensis

Le baptême en questions

Message non lu par Didymos » ven. 29 juil. 2011, 0:11

Je ne savais pas trop où poster ce thème. J'espère que la rubrique n'est pas trop inadaptée.

Voilà le sujet : que pensez-vous de la pratique du baptême des bébés et des enfants en-dessous de l'âge de raison ?
Pardonnez-moi d'avance si c'est un peu long, mais le sujet est complexe.

Remarques préliminaires

Personnellement, j'ai eu la grâce d'être baptisé en toute conscience, et vous vous doutez bien que ça joue dans mon intérêt pour cette question et dans les réponses que j'y apporte. Je précise aussi, ça peut être utile, que tout au long de mon parcours de formation initiale puis de catéchuménat, et jusqu'au moment où j'ai reçu les sacrements de l'initiation chrétienne, de très nombreuses personnes m'ont témoigné leur admiration pour ma démarche, le bienfait spirituel que suscitait pour eux ma conversion et l'assistance aux sacrements et sacramentaux qui me concernaient, et leur souhait que tout cela leur fût arrivé ! Avec notamment l'idée que ces personnes auraient bien voulu être participantes lors de leur baptême, et pouvoir se souvenir des grâces reçues.

En étudiant la théologie des sacrements, avant et après mon baptême, je me suis d'abord aperçu de quelque chose de très important pour moi : la pratique antique des chrétiens d'unir les trois sacrements de l'initiation chrétienne (baptême-confirmation-eucharistie) n'est plus respectée ! Pourtant, la vision de l’Église n'a pas changé, comme le montre encore le catéchisme de 1984 ou la présentation générale du rituel de l'initiation chrétienne des adultes : l'unité de ces sacrements est bien mise en valeur, seulement la pratique ne suit pas, pour des raisons pastorales diverses. Et il y a pire : non seulement les trois sacrement sont désunis, mais leur ordre logique est inversé ! On obtient presque toujours maintenant : baptême-eucharistie-confirmation.

Pour faire court, c'est d'abord la confirmation, dans les premiers temps de l’Église, qui a été reportée dans certaines traditions, parce qu'on réservait son administration à l'évêque, et donc on attendait qu'il fasse sa visite pastorale. Par la suite, au Moyen-Age, c'est la première communion qu'on a séparée et déplacée vers l'âge de 12-13 ans. Saint Pie X exigera qu'on admette les enfants à la table eucharistique dès l'âge de raison. On créera alors une "communion solennelle" pour couronner la fin du catéchisme (ignorée hors de France), qui est aujourd'hui généralement devenue une "profession de foi", tandis que l'âge de la confirmation ne cesse d'être repoussé, avec les encouragements des équipes paroissiales concernées, qui la présentent de plus en plus comme un sacrement de la militance, de l'engagement du chrétien adulte, si bien qu'aujourd'hui les confirmés sont rares (outre le non-sens que des non-confirmés puissent le rester et communier occasionnellement, il y aurait un gros problème si l'on était regardant avec les conditions pour se marier ou pour être parrain/marraine).

Nos frères chrétiens d'Orient ne nous pardonnent pas cette pratique contraire à la Tradition. Pour mémoire, eux gardent l'unité des trois sacrements, qu'ils donnent par contre aux nouveaux-nés, le même jour (je vais parler plus loin du cœur du sujet, à savoir le bien-fondé d'administrer des sacrements à des enfants qui ne sont pas en mesure de les accepter ni de les comprendre).

Les âges et l'ordre de ces pratiques ayant varié selon les époques, comme je l'ai écrit plus haut, et encore plus à l'époque récente où chaque paroisse fait un peu ce qu'elle veut, ajoutons ce résultat : parlez avec les gens ayant un rapport assez distant avec l’Église, vous vous apercevrez qu'ils n'y comprennent rien. Tout est mélangé : première communion, communion privée, communion solennelle, confirmation, profession de foi... Mettez-vous à leur place, comment voulez-vous qu'ils s'y retrouvent ?
Certains ne savent même pas ce qu'est la confirmation alors qu'ils l'ont parfois vécue. Et ils prennent la profession de foi, ex communion solennelle, pour un sacrement au même niveau que l'eucharistie ou la confirmation. (Les deux exemples sont authentiques)

Dans le cas des adultes, l’Église, encore actuellement, demande explicitement que l'unité des sacrements de l'initiation soit maintenue et que le catéchumène les reçoive en même temps tous les trois pendant la Vigile pascale. Et bien même là il y a un problème. J'en suis la preuve.
Rétives à accepter les directions émanant pourtant du dernier concile dont elles se revendiquent, les "équipes du catéchuménat adulte" (celle de mon diocèse, en l’occurrence), séparent la confirmation du baptême et de l'eucharistie, pour la reporter quelques mois, voire un an plus tard, au mépris des règles canoniques et de la vérité des signes.

Mon premier cheval de bataille consiste donc d'abord à promouvoir la restauration de l'unité des sacrements de l'initiation chrétienne quelque soit l'âge des élus qui doivent les recevoir, car pour moi les raisons pastorales invoquées pour les séparer resteront toujours insuffisantes face à la nécessité de la vérité des signes. En revanche certaines de ces motivations pastorales (l'âge de raison comme prérequis) vont servir mes arguments ci-après. Je voulais que ce thème soit abordé avant de parler de la suite.

Concernant le baptême, un autre signe important a été malmené dès lors qu'on a baptisé des enfants, je veux parler de la triple immersion. Là encore, les chrétiens d'Orient, rejoints en cela plus récemment par différents courants protestants, nous reprochent de procéder à des baptêmes douteux : une petite gouttelette d'eau sur le front ne correspond pas au mot même du baptême qui implique la notion de plonger (sous-entendu dans les eaux de la mort) et de ressusciter à une vie nouvelle en Christ. Le "baptême par effusion" n'exprime pas la pleine signification du baptême, de toute évidence. Mais cette atteinte aux signes reste tout de même moindre, et je ne vais pas m'étendre là-dessus.

Le baptême des enfants

A l'origine du baptême pratiqué par Jésus est celui pratiqué par Jean. Dans ces deux contextes, on voit très clairement que le baptême est une conversion volontaire, répondant à un appel. "Celui qui croit et sera baptisé sera sauvé". Ce verset de l’Évangile de Marc dit clairement qu'il faut croire avant d'être baptisé. Par ailleurs, aucun texte du nouveau testament ne parle de baptiser des enfants. Tout juste est-il question de "familles" dans les Actes. Toujours dans les Actes des Apôtres, à la lecture des récits de la "fraction du pain" à laquelle les premiers disciples "étaient assidus", on comprend aisément que les enfants en étaient naturellement exclus.

Alors pourquoi donner des sacrements à des enfants en dessous de l'âge de raison, c'est-à-dire l'âge où ils peuvent comprendre ce qu'on leur propose, et donc le vouloir, et même à des bébés ?
La réponse est bien connue de tous : c'est parce l’Église a de bonne heure interprété les nombreux versets du Nouveau Testament où il est question du baptême comme salut, notamment "Nul s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit ne peut entrer dans le Royaume de Dieu" (Jean 3, 5), comme un absolu en dehors duquel le salut est impossible. Les enfants, disait-on, naissent damnés, péché originel oblige, et s'ils ne sont pas baptisés, ils erreront éternellement dans les limbes des enfants. Avec du recul, cette interprétation a eu des conséquences comiques (enterrer les enfants mort-nés le plus près possible de l'église ou en dessous pour que l'eau de pluie ruisselant du toit ou l'eau du baptistère évacuée en terre les baptise post-mortem), et d'autres conséquences plus sombres (l'idée que les peuples qui n'ont pas encore connu le message évangélique seront damnés parce qu'il leur est impossible d'accéder au paradis, mais que c'est sûrement dans le plan de Dieu, et bien sûr toutes les conversions forcées et autres tortures infligées à des milliers de personnes parce qu'on pensait que c'était la seule façon d'obtenir leur salut)...

Fort heureusement, depuis, nous sommes sortis de cette vision erronée du baptême. Il est toujours considéré, à juste titre, comme unique moyen du salut, mais l’Église admet désormais que Dieu, dans sa miséricorde infinie, "associe certainement, d'une manière ou d'une autre, tous les hommes au salut" (je cite de mémoire les textes du concile, donc la citation est peut être approximative mais le sens est inchangé). En d'autres termes cela veut dire que ceux qui n'ont pas reçu le baptême de l'eau et de l'esprit sur cette terre ont une possibilité de recevoir le baptême de l'esprit dans le passage de leur mort.

Dès lors, l'argument principal du baptême des enfants tombe, et je pose à nouveau la question de son bien-fondé. Et je ne suis pas le seul, si l'on considère le nombre de couples qui disent actuellement qu'ils préfèrent laisser leurs enfants libres de leur choix plus tard. (Sans parler des demandes, absurdes, de "débaptisation").
On peut remarquer aussi, en se penchant sur le rite du baptême, qu'il y a quelque chose qui sonne un peu bizarre quand par exemple on s'adresse à un nouveau-né qui ne comprend pas et qui ne peut pas répondre, qu'on l'exorcise, qu'on lui signifie sa vie nouvelle... Et quand on a vraiment besoin de son consentement, on ne s'adresse plus à l'enfant, on s'adresse aux parrains et marraines, comme s'il s'agissait de leur propre baptême. Franchement il faut avouer que c'est étrange, et qu'on est en droit de se demander comment on en est arrivé là.

Cependant l’Église oppose encore un argument. "Laissez les petits enfants venir à moi, dit le Christ, ne les empêchez pas, car c’est à leur pareils qu’appartient le Royaume de Dieu" (Marc 10,14). En se fondant sur ce verset, elle met en avant le fait que Dieu aime en premier avant que nous l'aimions, qu'il est important d'accueillir les nouveaux-nés comme dons de Dieu et enfants de Dieu, que l'on ne peut pas les priver des grâces de l'amour de Dieu.

Toutes ces remarques sont pertinentes. Et dans toutes les cultures existent depuis très longtemps des rites religieux autour de la naissance. Dans le cas des juifs, et donc forcément des premières générations de chrétiens, ces rites consistaient en l'imposition du nom de l'enfant, le 8e jour, considéré comme reçu de Dieu. Ce moment est décrit pour Jean-Baptiste et Jésus. Dans ces deux cas, le nom avait été révélé explicitement par Dieu à son père. D'autres récits de l'Ancien Testament montrent l'importance du nom comme naissance de l'identité d'une personne, et perpétuation de l'Alliance. Encore dans le Nouveau Testament, Jésus change le nom de Simon en Pierre, pour marquer son nouvel état et sa nouvelle vocation. L'imposition du nom était doublée de la circoncision pour les garçons. Par ailleurs, les garçons premiers-nés, comme tout prémisse d'après la loi de Moïse, appartenait à Dieu et devait donc être racheté au Temple. C'est l'épisode qu'on appelle la présentation au Temple, pour Jésus. En outre, dans tous les cas, la mère devait être purifiée au bout d'une certaine durée après l'accouchement et présenter également à cette occasion une offrande au Temple (ce même genre de purification avait lieu également avant le mariage, après chaque menstruations, rapport sexuel et encore dans bien d'autres cas).
La nécessité de remercier Dieu pour une naissance, de prier pour l'enfant et de le consacrer à Dieu est donc manifeste. Mais pourquoi faire remplir ce rôle par le baptême, qui a une toute autre signification, et qui en tant que sacrement, exigerait une volonté de conversion et un discernement du mystère de ce sacrement ?
Pourquoi, dans ce cas, ne pas s'appuyer sur certaines pratiques de la tradition juive que j'ai citées pour les adapter à la révélation chrétienne et donner sens à un rite d'action de grâce et bénédiction de l'enfant, avec mise en valeur de son prénom en vue de son baptême ? Ce pourrait être aussi l'occasion de prier pour les parents et la famille, de prier pour soutenir la tache des parents de transmettre la foi et d'accompagner l'enfant vers la demande de baptême. L'occasion aussi de chercher des garants (c'est ainsi qu'on les nomme) pour les présenter à l’Église le jour venu, et qui deviendront alors les parrains et marraines. Qu'en pensez-vous ?

Pistes de réflexion pour une nouvelle pastorale

Je retrouve ici l'argument de saint Pie X : l'âge de raison. Pourquoi ne pas questionner l'enfant sur son souhait de devenir catéchumène à cet âge-là (qui correspond peu ou prou à l'âge de la scolarisation), après qu'on l'aura éveillé à ce sujet pendant ses premières années (aussi en le faisant assister aux prières à la maison) ? En effet, depuis saint Pie X c'est à cet âge qu'on propose aux enfants la première communion, parce qu'ils peuvent discerner le mystère qu'elle contient.
Pourtant, et c'est aussi la considération de nombreuses paroisses actuelles qui repoussent l'âge de la communion, il me semble qu'il ne suffit pas d'avoir les capacités de discernement, mais qu'il faut aussi les avoir exercées sur le sujet, et donc avoir reçu un minimum d'enseignement sur l'eucharistie, alors seulement on peut discerner. C'est pourquoi on inscrit les enfants au "caté" pour les préparer puis parfaire leurs connaissances.
Mais dans notre hypothèse selon laquelle l'enfant s'apprête à recevoir les trois sacrements de l'initiation, n'est-il pas opportun d'en faire un catéchumène (là encore "faire" des catéchumènes est l'expression consacrée, si j'ose dire) ?
Il pourrait donc y avoir là le rite de l'entrée en catéchuménat, marquant le début de la catéchèse reçue. Un mot sur ce rite très riche mais méconnu. D'après le rituel, pour simplifier, le "sympathisant" est accueilli sur le parvis de l'église où le prêtre lui demande son nom et ce qu'il désire recevoir de l’Église. Il lui expose ce que signifie suivre le Christ et demande au "candidat" si c'est bien ce qu'il désire. Il demande aussi aux garants qui l'accompagnent et aux fidèles présents s'ils sont prêts à le soutenir. Éventuellement, il pratique un premier exorcisme et reçoit une renonciation aux cultes non-chrétiens. Après une action de grâce, le prêtre signe de la Croix le nouveau catéchumène, comme symbole de son nouvel état. Il fait ce signe avec le pouce sur son front et sur ses sens (yeux, oreilles, bouche, poitrine, épaules), puis avec la main sur toute sa personne. On peut remettre au catéchumène une croix qu'il portera ou qu'il mettra dans sa chambre, par exemple. Après cela il y a une oraison puis la procession se met en marche vers l'intérieur de l'église, au chant du psaume 33 ou d'un autre chant, où a lieu la liturgie de la parole (des lectures spécifiques sont prévues). Éventuellement, on remet aussi une Bible ou un exemplaire des Évangiles à l'issue de l'homélie. S'il doit y avoir par la suite la liturgie eucharistique, on congédie d'abord les nouveaux catéchumènes, qui pendant ce temps, peuvent par exemple se retrouver avec leurs futurs catéchistes pour fêter l’événement.

Le catéchumène, avant son baptême, peut et doit prendre part aux liturgies de la paroles des messes (partie qu'on appelait d'ailleurs autrefois messe des ... catéchumènes!), mais ne peut pas y remplir de fonction liée au baptême, telle la lecture. Il serait peut-être bon de le faire participer aussi plus souvent à la liturgie des heures célébrée publiquement, puisqu'elle a en commun avec la liturgie de la parole de la messe de ne pas avoir de liturgie eucharistique dans sa structure. Théoriquement, la liturgie eucharistique de la messe (qui commence par le Credo) n'est pas un lieu approprié pour les catéchumènes et en Orient, le diacre à se moment là prononce toujours une formule de renvoi des catéchumènes. En pratique, il va de soi que les choses ont évolué et qu'il faut en tenir compte.
Le catéchumène doit surtout être catéchisé, apprendre à prier, et peut recevoir comme sacramentaux pour le fortifier dans sa foi diverses bénédictions et exorcismes spécifiques, ainsi que des onctions avec l'huile des catéchumènes (O.C).

La durée de la catéchèse dépend évidemment de la progression du catéchumène, mais il me semble bon qu'elle dure plusieurs années. J'ai observé qu'au moment de la puberté (soit environ 12ans pour les filles et 14ans pour les garçons) de nombreuses cultures connaissent un rite initiatique de passage à l'âge adulte. Actuellement, la profession de foi tient lieu de ce rite. Dans le judaïsme rabbinique, c'est l'âge de la Bar Mitsvah.
Il n'est pas infondé de faire coïncider le baptême avec le passage de l'enfance à l'âge adulte, car après tout, il s'agit de devenir un "homme nouveau". Ce pourrait être après l'entrée au collège, ou quelque temps après, pour aider à donner des repères aux jeunes et aux familles.

Les semaines qui précèdent la grande vigile pascale où a lieu le baptême, la confirmation et la première communion sont jalonnées de rites immédiatement préparatoires qui sont sans doute méconnus de beaucoup.
Le Carême est conçu pour correspondre à ce temps. C'est donc tout naturellement que le premier dimanche de Carême a lieu dans la cathédrale l'appel décisif des catéchumène par leur évêque. L’Église, en appelant les candidats aux sacrements par un successeur des Apôtres, signifie par là que l'appel vient de Dieu autant que la demande vient du candidat, et que la célébration de ces sacrements, en cela qu'elle incorporera les catéchumènes au corps mystique du Christ, implique la communion avec toute l’Église, représentée ici par l’Évêque. Un registre est signé. Désormais les catéchumènes sont appelés "electi" (élus).
D'autres rites mineurs comme les scrutins (pour scruter le cœur du catéchumène et le purifier), la tradition (de tradere, transmettre) du Credo et du Notre Père, l'Effetah ("ouvre-toi", gestes faits sur le catéchumène pour qu'il ouvre ses sens aux mystères qu'il va recevoir très bientôt) ou encore la reddition du Credo (le samedi saint au matin, les catéchumènes restituent oralement le Credo qu'ils ont eu le temps d'apprendre) et les onctions d'huile des catéchumènes, ont pour but de contribuer à la bonne préparation des futurs baptisés.

Je ne détaille pas les rites baptismaux et la confirmation au cours de la vigile pascale, je pense que la majorité d'entre nous y a déjà assisté avec des adultes dans sa paroisse. Le temps pascal qui suit est propice à la mystagogie, terme qui signifie l'explication des mystères, et qui a pour but d'instruire le néophyte a partir de ce qu'il a vécu sacramentellement, et de le guider pour sa vie de baptisé qui commence.
Traditionnellement, les néophytes continuaient de porter le vêtement blanc de leur baptême pendant toute l'octave de Pâques, et le déposaient à la messe du 2e dimanche de Pâques, qu'on nommait pour cela "in albis" (en blanc / en aube).

Je ne sais pas si mon exposé est très clair. Je vous demande encore de me pardonner sa longueur.

Je serais très heureux d'avoir votre avis sur toutes ces questions. Je les résume :

- l'âge de la réception du baptême (question la plus importante)
- l'unité des sacrements de l'initiation
- le baptême par immersion / effusion


Merci et "que la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, garde vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus" (St Paul)
"Respondit Thomas et dixit ei : Dominus meus et Deus meus !", Jn 20, 28

Avatar de l’utilisateur
archi
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1692
Inscription : jeu. 22 mai 2008, 14:57

Re: Le baptême en questions

Message non lu par archi » sam. 30 juil. 2011, 9:26

Didymos a écrit :Je serais très heureux d'avoir votre avis sur toutes ces questions. Je les résume :

- l'âge de la réception du baptême (question la plus importante)
- l'unité des sacrements de l'initiation
- le baptême par immersion / effusion


Merci et "que la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, garde vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus" (St Paul)
Bon, en gros:
- le baptême par effusion: pour faire bref, effectivement, il est moins riche et moins marquant symboliquement que le baptême par immersion. Mais les 2 formes sont établies dès les commencements du christianisme, il n'y a donc pas de raison de s'en défier. Ce point est effectivement mineur et implique des considérations pratiques (où baptiser par immersion? Si c'est hors du temple, le baptême par effusion à l'entrée du temple n'est-il pas tout aussi significatif?)

- l'unité des sacrements de l'initiation: là, vos remarques sont exactes et je pense qu'il y a réellement une déficience grave et qu'il faut s'en occupper, surtout dans l'âge de la confirmation. Il est complètement aberrant de laisser des chrétiens censés être pratiquants avec une initiation incomplète jusqu'à, parfois, 16 ou 17 ans comme dans mon diocèse, et de dénaturer le sacrement de confirmation en en faisant une bar-mitzvah chrétienne ou encore un sacrement de "laïcs engagés", ou encore une carotte pour inciter les gens à venir aux cours de catéchisme.

Quant à la communion à 7 ans, c'est également aussi choquant. C'était peut-être un progrès par rapport à la 1ere communion à l'adolescence quand St Pie X l'a instauré, mais ça n'empêche pas que dans bien des diocèses, aujourd'hui, les 7 ans deviennent 8 ou 9 ans... Ca incite aussi, et c'est peut-être plus grave, à une mauvaise compréhension du sacrement, qui voudrait qu'il faille comprendre, de façon théorique et rationnelle, l'enseignement de l'Eglise pour communier, ce qui pousse (ça s'est vu récemment) des prêtres à refuser l'Eucharistie à des enfants attardés mentaux sous prétexte qu'ils sont incapables de comprendre ce à quoi ils communient.

Une amorce - mais pour l'instant ce n'est qu'une amorce - de mouvement dans la bonne direction peut se remarquer à Rome, où il a récemment été dit (je ne sais plus si c'est le Pape ou un de ses collaborateurs) qu'il n'était pas bon, dans un monde aussi hostile que le nôtre, de laisser les enfants sans le secours des sacrements - qui sont avant tout une grâce spirituelle - et qu'il faudrait envisager de diminuer l'âge d'accès aux sacrements. De plus, quelques diocèses, surtout aux USA, commencent à revenir à une initiation selon un ordre plus traditionnel.

- Ce qui nous amène à votre 3e point, le baptême des enfants. Là je ne peux pas vous suivre. Votre interrogation n'est pas nouvelle dans l'histoire du christianisme, mais la réponse de l'Eglise a toujours été de baptiser les nouveaux-nés, suivant l'injonction évangélique "laissez venir à moi les petits enfants".

Un exemple de littérature patristique sur le sujet, la lettre de Saint Augustin à Boniface que vous pouvez lire par exemple ici http://www.clerus.org/clerus/dati/2004- ... oc71021362 et dont voici le passage à mon avis le plus clair par rapport à votre question:
St Augustin a écrit :C'est pourquoi un enfant, sans qu'il puisse avoir encore la foi qui consiste dans la volonté, devient cependant fidèle par le sacrement même de la foi. On dit de lui qu'il est fidèle comme on répond qu'il croit, non point par une affirmation de l'intelligence, mais par la réception du sacrement. Quand, devenu homme, il commencera à savoir, il ne recevra pas le baptême une seconde fois, mais il le comprendra et s'y unira de sa propre volonté. Tant qu'il ne sera pas capable de cette volonté personnelle, le sacrement suffira pour le défendre contre les puissances ennemies; et telle en est la vertu que si un enfant baptisé meurt avant l'âge de raison, il sera délivré, par la grâce du Christ et la charité de l'Eglise, de la condamnation entrée dans le monde à cause de la faute d'un seul homme. Celui qui ne croit pas cela et qui juge que cela ne se peut, est infidèle, quoiqu'il ait le sacrement de la foi; l'enfant vaut mieux que lui, et s'il n'a pas encore la foi dans sa pensée, du moins il ne lui oppose pas l'obstacle d'une pensée contraire, ce qui suffit pour recevoir avec fruit le sacrement.
In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.

Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.

Mac
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 3962
Inscription : lun. 09 févr. 2009, 23:40
Localisation : la Réunion

Re: Le baptême en questions

Message non lu par Mac » sam. 30 juil. 2011, 16:30

Bonjour Didymos,
Didymos a écrit :Le baptême des enfants

A l'origine du baptême pratiqué par Jésus est celui pratiqué par Jean. Dans ces deux contextes, on voit très clairement que le baptême est une conversion volontaire, répondant à un appel. "Celui qui croit et sera baptisé sera sauvé". Ce verset de l’Évangile de Marc dit clairement qu'il faut croire avant d'être baptisé. Par ailleurs, aucun texte du nouveau testament ne parle de baptiser des enfants. Tout juste est-il question de "familles" dans les Actes. Toujours dans les Actes des Apôtres, à la lecture des récits de la "fraction du pain" à laquelle les premiers disciples "étaient assidus", on comprend aisément que les enfants en étaient naturellement exclus.

Alors pourquoi donner des sacrements à des enfants en dessous de l'âge de raison, c'est-à-dire l'âge où ils peuvent comprendre ce qu'on leur propose, et donc le vouloir, et même à des bébés ?
Alors pour moi vous ne comprenez pas ce que dit Notre Seigneur Jésus Christ lorqu'Il dit : "celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. Celui qui ne croira pas sera condamné". En résumé Il dit que Son baptême sauve la question de l'âge de raison est secondaire nous le verrons en nous appuyant sur un autre texte.
En effet la seconde partie du verset est importante et vous l'occultez. Or, "celui qui ne croira pas sera condamné" implique puisque c'est la suite logique de la 1ère partie de la citation, que n'ayant point cru il ne s'est pas fait baptisé et parce qu'il ne s'est pas fait baptisé il n'est pas sauvé.
Et il faut aussi se rappeler ce qui est dit dans le prologue de Saint Jean : 12Mais à tous ceux qui l'ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, 13lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu. Donc au baptême le pouvoir est donné, c'est un enfant de Dieu devant les hommes mais aussi devant les anges du ciel et la Sainte Église a très bien fait les choses puisqu'elle permet la croissance spirituelle de cet enfant baptisé à travers la communion, la confirmation, le mariage, le sacrement de l'ordre....à travers les Sacrements qu'elle a instituée.
Vous parlez de l'âge de raison et là je vous renvoie au texte sur corneille ou des païens ont reçu le Saint Esprit. Et tout le monde était étonné de ce que cela puisse arriver. Saint Pierre lui même dira : 10.47 Alors Pierre dit: Peut-on refuser l'eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint Esprit aussi bien que nous?

Par ailleurs je suis d'accord avec Archi "« Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. " Donc je crois que la baptême des bébés est un faux problème car le royaume de Dieu est à ceux qui ressemble aux enfants.

Fraternellement en Notre Seigneur Jésus Christ.

Avatar de l’utilisateur
ti'hamo
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 2880
Inscription : sam. 17 mai 2008, 0:04

Re: Le baptême en questions

Message non lu par ti'hamo » sam. 30 juil. 2011, 16:43

(la torture infligée à des milliers de personnes pour qu'ils acceptent de se faire baptiser ?)
“Il serait présomptueux de penser que ce que l'on sait soi-même n'est pas accessible à la majorité des autres hommes.”
[Konrad Lorenz]

Celui qui connaît vraiment les animaux est par là même capable de comprendre pleinement le caractère unique de l'homme.
[Konrad Lorenz]
Extrait de L'Agression

Avatar de l’utilisateur
Didymos
Censor
Censor
Messages : 176
Inscription : lun. 25 juil. 2011, 14:33
Localisation : Archidioecesis Lugdunensis

Re: Le baptême en questions

Message non lu par Didymos » sam. 30 juil. 2011, 16:52

Bonjour Mac,
Mac a écrit :Alors pour moi vous ne comprenez pas ce que dit Notre Seigneur Jésus Christ lorqu'Il dit : "celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. Celui qui ne croira pas sera condamné". En résumé Il dit que Son baptême sauve la question de l'âge de raison est secondaire nous le verrons en nous appuyant sur un autre texte.
En effet la seconde partie du verset est importante et vous l'occultez. Or, "celui qui ne croira pas sera condamné" implique puisque c'est la suite logique de la 1ère partie de la citation, que n'ayant point cru il ne s'est pas fait baptisé et parce qu'il ne s'est pas fait baptisé il n'est pas sauvé.
Je ne suis pas de cet avis. Comment pouvez-vous dire, avec ce verset à l'appui, que la question de l'âge est secondaire, alors qu'il s'agit, comme vous pouvez lire, de croire ET d'être baptisé, sous-entendu par voie de conséquence ?
Et jusqu'à preuve du contraire, un enfant à la naissance n'est pas capable de choisir de croire.
Mac a écrit :Vous parlez de l'âge de raison et là je vous renvoie au texte sur corneille ou des païens ont reçu le Saint Esprit. Et tout le monde était étonné de ce que cela puisse arriver. Saint Pierre lui même dira : 10.47 Alors Pierre dit: Peut-on refuser l'eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint Esprit aussi bien que nous?
Quel rapport ? Ces païens étaient adultes. Et n'ayant aucune raison de croire qu'ils étaient débiles, je pars du principe qu'ils étaient doués de raison...

Fraternellement
"Respondit Thomas et dixit ei : Dominus meus et Deus meus !", Jn 20, 28

Avatar de l’utilisateur
lmx
Barbarus
Barbarus

Re: Le baptême en questions

Message non lu par lmx » sam. 30 juil. 2011, 17:03

- Ce qui nous amène à votre 3e point, le baptême des enfants. Là je ne peux pas vous suivre. Votre interrogation n'est pas nouvelle dans l'histoire du christianisme, mais la réponse de l'Eglise a toujours été de baptiser les nouveaux-nés, suivant l'injonction évangélique "laissez venir à moi les petits enfants".
J'ajoute ces paroles de St Irenée qui écrivait au 2nd siècle et qui témoignent de l'antiquité de cette pratique.


C'est, en effet, tous les hommes qu'il est venu sauver par lui-même —, tous les hommes, dis-je, qui par lui renaissent en Dieu : nouveau-nés, enfants, adolescents, jeunes hommes, hommes d'âge
. Contre les hérésies II

Avatar de l’utilisateur
Didymos
Censor
Censor
Messages : 176
Inscription : lun. 25 juil. 2011, 14:33
Localisation : Archidioecesis Lugdunensis

Re: Le baptême en questions

Message non lu par Didymos » sam. 30 juil. 2011, 17:25

Bonjour Archi

Et merci de reconnaître que mes questions sont fondées, au moins pour les deux premières, et que la troisième est une interrogation ancienne.
archi a écrit :Un exemple de littérature patristique sur le sujet, la lettre de Saint Augustin à Boniface que vous pouvez lire par exemple ici http://www.clerus.org/clerus/dati/2004- ... oc71021362 et dont voici le passage à mon avis le plus clair par rapport à votre question:
St Augustin a écrit :C'est pourquoi un enfant, sans qu'il puisse avoir encore la foi qui consiste dans la volonté, devient cependant fidèle par le sacrement même de la foi. On dit de lui qu'il est fidèle comme on répond qu'il croit, non point par une affirmation de l'intelligence, mais par la réception du sacrement. Quand, devenu homme, il commencera à savoir, il ne recevra pas le baptême une seconde fois, mais il le comprendra et s'y unira de sa propre volonté. Tant qu'il ne sera pas capable de cette volonté personnelle, le sacrement suffira pour le défendre contre les puissances ennemies; et telle en est la vertu que si un enfant baptisé meurt avant l'âge de raison, il sera délivré, par la grâce du Christ et la charité de l'Eglise, de la condamnation entrée dans le monde à cause de la faute d'un seul homme. Celui qui ne croit pas cela et qui juge que cela ne se peut, est infidèle, quoiqu'il ait le sacrement de la foi; l'enfant vaut mieux que lui, et s'il n'a pas encore la foi dans sa pensée, du moins il ne lui oppose pas l'obstacle d'une pensée contraire, ce qui suffit pour recevoir avec fruit le sacrement.
Sur Saint Augustin, que j'aime beaucoup par ailleurs mais pas au point d'être en tous points d'accord avec lui :
Le postulat adopté dans le texte est que non seulement l'intelligence, mais aussi la grâce est nécessaire à l'adhésion à la foi. Je souscris totalement.
D'où son argumentation : l’Église doit apporter des soutiens spirituels à l'enfant pour le fortifier contre les attaques du malin et permettre à la grâce de le saisir. Je suis toujours d'accord, même si la grâce (certes plus difficilement) peut saisir un homme qui n'a pas reçu ces soutiens, et heureusement, sinon l’Église ne serait toujours qu'un tout petit noyau.
Mais c'est quand il suggère que le baptême est l'expression de ces soutiens que je prends mes distances :
1° Contrairement à l'interprétation qu'il peut en faire, tous les sacrements requièrent la volonté personnelle. Les évocations de baptême dans le Nouveau Testament et dans les récits historiques concernant les premières communautés chrétiennes montrent bien le caractère premier de cette volonté par rapport à la réception du baptême.
2° Saint Augustin écrit que, en gros, "le sacrement agira, et donc une fois le baptisé adulte, la foi suivra". C'était sans doute le cas à l'époque où tous ceux qui étaient baptisés grandissaient dans des familles ferventes, mais aujourd'hui, en faisant le constat que de très nombreux baptisés ne croient pas et n'ont jamais pratiqué, on est obligé d'admettre que le sacrement, bien que contenant des grâces abondantes, ne suffit pas à cela.
3° Je passe rapidement sur l'idée qu'on ne peut pas être sauvé dans baptême, et que même un petit enfant mort sans baptême est voué à la damnation éternelle. J'ai déjà donné mon point de vue là dessus, et je défie quiconque de prouver qu'il n'est pas conforme à la position actuelle de l’Église.
4° Je reviens sur l'importance (justifiée, donc) pour l’Église de distribuer ses secours aux êtres naissants pour qu'ils puissent croire dès qu'ils en ont la capacité. Croyez-vous que l’Église aurait toujours admis, et admettrait encore que des hommes, qui ont la foi mais qui ne sont pas encore baptisés, ne reçoivent pas tout de suite le baptême mais restent, pendant un temps assez long, catéchumènes, si elle pensait que ces hommes étaient en grand danger d'apostasie s'ils ne recevaient pas immédiatement le baptême ? C'est donc que les bénédictions et les exorcismes spécialement conçus pour les catéchumènes, ainsi que les onctions d'huile des catéchumènes, sont jugés suffisants pour les protéger d'un tel danger, et leur permettre de poursuivre leur préparation au baptême jusqu'au bout sans défaillir.
Ces moyens peuvent donc parfaitement être appliqués à des enfants, et ont l'avantage de ne pas nécessiter de volonté de leur part (un père qui aime ses enfants et les bénit continuellement peut le faire même malgré eux), contrairement au baptême qui nécessite une conversion libre, répondant à un appel libre.
"Respondit Thomas et dixit ei : Dominus meus et Deus meus !", Jn 20, 28

Mac
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 3962
Inscription : lun. 09 févr. 2009, 23:40
Localisation : la Réunion

Re: Le baptême en questions

Message non lu par Mac » sam. 30 juil. 2011, 17:47

Bonjour Didymos,
Didymos a écrit :Je ne suis pas de cet avis. Comment pouvez-vous dire, avec ce verset à l'appui, que la question de l'âge est secondaire, alors qu'il s'agit, comme vous pouvez lire, de croire ET d'être baptisé, sous-entendu par voie de conséquence ?
Parce qu'il faut analyser la phrase en tenant compte du contexte dans lequel elle est dite pour comprendre l'essentiel de ce que dit Notre Seigneur Jésus Christ. Or Ce qu'Il dit d'essentiel c'est que le baptême sauve.
Et vous le soulignez bien, la conséquence du fait d'avoir cru c'est le baptême, qui lui sauve. Et nous comprenons cela plus aisément en n'occultant pas la 2ème partie de la citation "celui qui ne croira pas sera condamné". Quel est la condition de celui qui n'a pas cru : il n'est pas baptisé > c'est pourquoi il n'est pas sauvé.
Et jusqu'à preuve du contraire, un enfant à la naissance n'est pas capable de choisir de croire.
Oui, mais ses parents choisissent ce qu'il y a de mieux pour leur enfant. Le baptême sauve, les parents choisissent de faire baptiser leur enfant bébé, c'est agir en parent prévoyant. Par la suite la communion et la confirmation permettent à l'enfant de confirmer son baptême.
Quel rapport ? Ces païens étaient adultes. Et n'ayant aucune raison de croire qu'ils étaient débiles, je pars du principe qu'ils étaient doués de raison...
Les bébés ne sont pas débiles non plus. Bien au contraire dit Jésus « ...le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. " Sont-il donc incapable de recevoir le Saint Esprit? Or Saint Pierre dit: Peut-on refuser l'eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint Esprit aussi bien que nous ( parlant de païen)? Et ici nous ne parlons pas de famille païenne, mais chrétienne.

Fraternellement en Notre Seigneur Jésus Christ.

Avatar de l’utilisateur
Didymos
Censor
Censor
Messages : 176
Inscription : lun. 25 juil. 2011, 14:33
Localisation : Archidioecesis Lugdunensis

Re: Le baptême en questions

Message non lu par Didymos » sam. 30 juil. 2011, 22:55

Bonsoir Mac

Je crois qu'il est inutile de poursuivre très longtemps sur ces arguments puisque comme vous pouvez le constater, on stagne.
Mac a écrit :Parce qu'il faut analyser la phrase en tenant compte du contexte dans lequel elle est dite pour comprendre l'essentiel de ce que dit Notre Seigneur Jésus Christ. Or Ce qu'Il dit d'essentiel c'est que le baptême sauve.
Et vous le soulignez bien, la conséquence du fait d'avoir cru c'est le baptême, qui lui sauve. Et nous comprenons cela plus aisément en n'occultant pas la 2ème partie de la citation "celui qui ne croira pas sera condamné". Quel est la condition de celui qui n'a pas cru : il n'est pas baptisé > c'est pourquoi il n'est pas sauvé.
Je suis peut-être plus à l'écoute de l'Apôtre Paul, qui nous enseigne que c'est la foi qui sauve (sans pour cela en faire une interprétation protestante). En effet, comme vous le dites, celui qui n'a pas cru ne demande pas le baptême. C'est donc que le baptême est une conséquence de la foi, et non l'inverse. Il me semble qu'on ne se conforme pas bien au sens des sacrements en les administrant à quelqu'un qui ne peut pas exprimer sa volonté. Imaginez-vous décider à la place de quelqu'un de son mariage ? Ou pourriez-vous confesser les péchés d'un autre en appelant sur lui l'absolution ?
Dans le rituel du baptême il y a des conditions. On interroge la personne sur sa renonciation au mal et sur son adhésion aux articles du Credo. Ça en dit long. Pourquoi demander ça à un enfant et faire répondre un adulte à sa place ?
Par ailleurs, si vous relisez mon premier message, vous lirez que je crois que le baptême sauve, mais que je ne crois pas que ceux qui n'ont pas reçu le baptême sur terre soient condamnés. C'était l'idée la plus répandue pendant des siècles, mais à mon avis c'était pour des raisons pastorales, parce que les gens n'étaient pas assez instruits et que pour les maintenir dans le droit chemin il fallait leur faire un peu peur. Mais théologiquement je pense que ça n'a jamais été la vérité. Ça n'est pas conforme à la miséricorde de Dieu. Les textes récents du magistère abondent en ce sens.

Bon dimanche !
"Respondit Thomas et dixit ei : Dominus meus et Deus meus !", Jn 20, 28

Mac
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 3962
Inscription : lun. 09 févr. 2009, 23:40
Localisation : la Réunion

Re: Le baptême en questions

Message non lu par Mac » dim. 31 juil. 2011, 1:10

Re,
Didymos a écrit :Je suis peut-être plus à l'écoute de l'Apôtre Paul, qui nous enseigne que c'est la foi qui sauve (sans pour cela en faire une interprétation protestante).
Oui, mais lorsque Saint Paul parle de la foi qui sauve c'est général ( le baptême est inclus dans la foi) alors que la citation de Jésus Christ qui est très concret exprime le fait que le baptême sauve. D'ailleurs si la foi seul sauve Jésus aurait dit dans cette citation " celui qui aura la foi sera sauvé". Nous notons bien qu'Il précise "et qui sera baptisé". Je ne crois pas que son objectif était de déterminer si le baptême était la conséquence de la foi ou l'inverse, bien que pour les premiers chrétiens ce soit logique qu'il en a été ainsi puisqu'ils étaient incroyants. Par contre il est clair que la 2ème partie de la citation nous permet de comprendre que celui qui est condamné c'est celui qui n'a pas le baptême, car la différence entre celui qui a cru et celui qui n'a pas cru c'est que l'un est baptisé et l'autre non.
Par ailleurs, si vous relisez mon premier message, vous lirez que je crois que le baptême sauve, mais que je ne crois pas que ceux qui n'ont pas reçu le baptême sur terre soient condamnés.
En tout cas c'est ce que dit Jésus Christ " celui qui croira et sera baptisé sera sauvé. Celui qui ne croira pas sera condamné". Vous me dites plus loin ce n'est pas conforme à la miséricorde de Dieu, mais la miséricorde de Dieu c'est le Christ, Son baptême, sa passion, sa résurrection. S'il y a d'autres voies de salut tant mieux, mais ce n'est pas ce que dit l'évangile, bien au contraire, le salut c'est le Christ. Enfin! dans mon évangile je n'ai pas vu d'autres voies et je crois ce que je lis.
C'était l'idée la plus répandue pendant des siècles, mais à mon avis c'était pour des raisons pastorales, parce que les gens n'étaient pas assez instruits et que pour les maintenir dans le droit chemin il fallait leur faire un peu peur. Mais théologiquement je pense que ça n'a jamais été la vérité. Ça n'est pas conforme à la miséricorde de Dieu. Les textes récents du magistère abondent en ce sens.
Le Magistère ne peut contredire l'évangile de toute façon. Or dans l'évangile celui qui est baptisé est sauvé selon les parole de Notre Seigneur Jésus Christ. Pour celui qui n'est pas baptisé, rien n'est sûr; je résume un peu ce que dit le CEC, mais c'est à peu près ça.
Il me semble qu'on ne se conforme pas bien au sens des sacrements en les administrant à quelqu'un qui ne peut pas exprimer sa volonté. Imaginez-vous décider à la place de quelqu'un de son mariage ? Ou pourriez-vous confesser les péchés d'un autre en appelant sur lui l'absolution ?
Dans le rituel du baptême il y a des conditions. On interroge la personne sur sa renonciation au mal et sur son adhésion aux articles du Credo. Ça en dit long. Pourquoi demander ça à un enfant et faire répondre un adulte à sa place ?
Oui, je comprends très bien ce que vous dites. Mais tout ce que vous dites l'enfant le fait à la communion et à la confirmation; donc lors de ces sacrements il pourrait librement dire eh bien non je ne suis pas d'accord de ceci ou de cela mais non, il confirme son adhésion à son baptême en rejetant satan etc....et donc exprime sa volonté. Non, l'Église à très bien mis en place ces sacrements, merci Seigneur.

Bon dimanche aussi!

Fraternellement en Notre Seigneur Jésus Christ.

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 33 invités