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par steph » ven. 11 mars 2011, 16:50
Je ne sais pas si l’imposition des cendres au prêtre (ou même à d’autre laïcs) par un laïcs est un abus liturgique. Le Missel Romain (2002) ne mentionne même pas que le prêtre se fasse imposer les cendres mais dit ceci : « Et aspergit cineres aqua benedicta, nihil dicens. Deinde sacerdos imponit cineres omnibus astantibus, qui ad ipsum accedunt, dicens singulis : etc. » Il est cependant question de « nos têtes » dans la seconde prière de bénédiction.
Mon sens me ferait dire qu’il n’y aurait pas vraiment abus si le laïc en question est supérieur (ou second du supérieur, en son absence) de la communauté dont fait partie le prêtre, mais ce cas de figure ne me semble pas possible / fréquent, car les communautés ont souvent plusieurs prêtres. Cet avis se fonde sur ce que je comprends, à la lumière de la règle de St Benoît (qui n’est pas un décret de la Congrégation pour le culte divin, ni de la Pénitencerie apostolique), que la pénitence du carême est fixée, pour ce qui sort du minimum général que prescrit l’Eglise, c'est-à-dire pour ce qui sera vécu concrètement par chaque fidèle, par / avec le supérieur / père spirituel que l’on peut rapprocher du curé dans une paroisse.
Il me semble que ce serait tout autant un « abus » (si tant est que c’en soit un) si un diacre imposait les cendres au prêtre, même s’il vaudrait mieux que le diacre soit préféré au laïc.
Pour ce qui est de l’imposition dans la main, je crois qu’il faut la comprendre comme le signe de la non-compréhension du rite primitif (se couvrir de cendre) puis chrétien (se faire marquer de cendres et recevoir une parole d’exhortation à la pénitence)… Il ne me semble pas à exclure que l’on confonde l’imposition des cendres avec la communion : on recevait l’une et l’autre vers les mêmes endroits et dans la même position, à genoux. Quand la pratique de la communion a évolué, il ne me semble pas impossible que le rite pas toujours compris des cendres ait subi une modification « par analogie »… D’où un premier intérêt de célébrer le rite des cendres en dehors de la Messe, pour ne pas tout mélanger, même si le Missel Romain (2002) ne prévoit ce cas de figure à l’a fin de la Messe, comme si la Messe avec rite des cendres était prioritaire : il se fait que la liturgie de la Parole, à la Messe ferait « doublon » par rapport à celle qui devrait englober le rite des cendres…
On notera que la première prière de bénédiction parle des fidèles « horum cinerum aspersione contactos » : touchés par « l’aspertion » (l’action de répandre, on ne va quand même pas traduire le « saupoudrement », disons seulement avec la traduction liturgique « qui vont recevoir ») de ces cendres… Il n’y a donc pas de « lieu de réception ». La seconde prière parle explicitement de « capitibus nostris imponi » être placées, imposées sur nos têtes…
Quant à voir dans la cendre un terreau, pourquoi pas ? Mais en même temps, il est question de deuil (dont la cendre est le symbole) et de pleur (cf. les antiennes et répons du rite) pas (encore) de la vitalité pleine de promesse. Sinon, on distribuerait du « vrai » terreau (éventuellement dans un petit sachet transparent fermé par un joli ruban)… On distribue souvent des objets commémoratifs de telle ou telle célébration… Et il est vrai que l’on distribue aussi des « signes de carême » (voire des signets-marque-page de carême)… La cendre imposée avec la parole du prêtre n’est pas tout à fait du même ordre, même si elle est clairement un « signe » (le signe premier) de l’entrée dans le carême… il y a une valeur de sacramental (je me trompe ?) dans la cendre que l’objet-signe, l’aide-mémo que l’on place dans le coin prière n’a pas… J’allais parler de valeur épiclétique, mais c’est peut-être trop fort.
Stat Crux dum volvitur orbis!
Dic animae meae: “ Salus tua ego sum ” Ps XXXIV 3