Message non lu
par Olivier JC » sam. 19 avr. 2008, 10:58
Bonjour François-Xavier,
Lors de la Cène, Jésus a pris le pain, il l'a béni, l'a rompu et l'a donné à ses disciples en disant "Ceci est mon Corps", puis il a pris la coupe devin, l'a béni et l'a donnée à ses disciples en disant "Ceci est mon Sang".
De deux choses l'une concernant la répétition des faits et gestes posés par Jésus lors de la Cène.
Soit l'Eglise décidait de retenir la séquence suivante, plus "historique" :
Le prêtre prend le pain, il prononce la prière de bénédiction, rompt le pain et le distribue aux fidèles. Puis, il prend la coupe de vin, prononce la prière de bénédiction et la donne aux fidèles (ou est seul à communier, peu importe).
Mais l'Eglise n'a pas retenu cette séquence, et a regroupé en un même mouvement les deux actions du Christ. Ce qui peut se justifier, étant donné qu'il n'y a pas le "Corps" d'un côté, et le Sang de l'autre. L'utilisation du terme "Corps" vient du contact avec le monde grec. En araméen, l'équivalent est le terme "chair", que l'on retrouve chez S. Jean ("le Pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde", etc.). Et, dans la culture juive de l'époque, l'expression "la chair et le sang" désigne la personne humaine. Le symbolisme de l'Eucharistie a pour dessein de signifier la personne de Jésus, non pas séparément la chair et le sang. Unir dans un même mouvement le mémorial démontre que l'Eglise a tout de suite eu conscience de ce symbolisme et de ce qu'il impliquait (à savoir la présence réelle).
Dès lors que les deux actions sont unies dans un même mouvement, cela donne la séquence suivante :
Le prêtre prend le pain et la coupe, il prononce sur le pain et sur la coupe la prière de bénédiction, il rompt le pain, et il distribue le pain et la coupe aux fidèles (ou seulement le pain, peu importe).
Dans la mesure où c'est cette séquence que l'Eglise a retenue, qu'elle a eu d'excellentes raisons de le faire, il devient évident que déplacer la fraction du pain entraîne une perte de sens. Cela dénature la séquence liturgique retenue par l'Eglise, puisque cela donne :
Le prêtre prend le pain et la coupe, il prononce sur le pain la prière de bénédiction, il rompt le pain, il continue la prière de bénédiction sur le vin, et il distribue le pain et la coupe aux fidèles.
1. Cette façon de procéder casse le rythme de la prière de bénédiction ;
2. Cette façon de procéder fait perdre tout son sens à la fraction du pain, en l'escamotant de telle sorte qu'elle est à peine perçue par les fidèles. S'il y a un rite bien séparé de la fraction du pain, avec chant associé, c'est bien pour que l'on remarque cette fraction pleine de sens : nous participons tous à un seul pain, ainsi que le précise l'IGMR. Et la perte de sens est d'autant plus grande aujourd'hui que le plus souvent, l'utilisation de petites hosties ne manifeste pas cette communion à un même pain.
L'erreur liturgique est manifeste à mes yeux, mais sans doute ne suis-je pas très compétent pour l'expliquer...
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Olivier JC le lun. 21 avr. 2008, 23:22, modifié 1 fois.