Cmoi a écrit : Celui de moderniste toutefois l'a été amplement, mais il est évident qu'avoir lu l'encyclique n'est pas suffisant pour le comprendre. Celle-ci demande pour être comprise une réflexion philosophique poussée qui n'est pas donnée à tout le monde. Les tradis se sont emparés du mot pour en faire un référent d'opinion sans vraiment savoir ni être capables de dire ce qu'il recouvre pour la plupart, sinon pour désigner ceux qui ne partagent pas leurs conceptions.
Le modernisme n'est pas une hérésie, il ne s'en est suivi aucune excommunication, il désigne un noeud focal à partir duquel en désigner qui chacune mériterait un nom différent. Ce travail n'a pas été encore fait
Le modernisme n'est peut-être pas une hérésie en soi mais plutôt l'égout collecteur; selon le dire d'un fameux pape. Une forme de pensée qui encourage l'hérésie, instaure un climat propice, comme la nourrice qui réchaufferait des serpents sur son sein, comme une forme spéciale de désobéissance à l'Église. Ce n'est pas spécialement de la faute aux tradis si le modernisme est difficile à circonscrire. Parce que la grande particularité des modernistes est justement de nier qu'ils le soient, comme à le nier même sincèrement. Les modernistes sont toujours dans un double-jeu, à nourrir une double discours, capables dans une même phrase d'affirmer tout à tour une vérité catholique et une contre-vérité, un demi-mensonge qui à la fin vient nier la vérité catholique.
Plusieurs figures historiques de modernistes ont été excommuniées. Loisy bien sûr, le jésuite Tyrell, l'italien Buonaioti et quelques autres. Le problème du modernisme c'est qu'il discrédite l'Église, la papauté, l'infaillibilité, la vérité durable, le dogme.
Sans être une hérésie bien spécifique le modernisme agit «comme» une hérésie, procède du même mouvement de départ qui est celui de toutes les hérésies. C'est à dire ? Les hérétiques sont toujours des bons amis de l'Église en premier, qui s'amènent pour proposer leur aide afin d'éliminer certaines difficultés, pour faire cesser un certain scandale tel celui de l'apparent divorce de la foi avec la raison, du fossé entre la foi et la science savante de l'heure; pour réduire la fracture entre l'Église et le monde; éliminons la difficulté; faisons cesser la guerre doctrinale entre l'Église et la république, etc.
Le modernisme est bel et bien resté en place dans l'Église catholique malgré Pie X, malgré le serment anti-moderniste et tout simplement parce que les modernistes sont restés à leur poste dans l'ensemble. Ils ont joué le jeu, triché sans vergogne, faisant leur profession anti-moderniste sans rien renier de leurs idées.
Cet influence du modernisme est palpable partout dans l'Église. Juste un tout petit exemple de rien du tout : il y a quelques années j'aurai acheté un ouvrage énorme, fouillé, savant, très universitaire, salué partout comme une nouvelle Somme, une oeuvre hautement acclamée par tout le gratin du monde de l'exégèse savante et toutes confessions confondues. Le titre :
Un certain juif Jésus. L'auteur ? Le prêtre catholique américain John P. Meier.
Pour être de qualité factuelle, l'ouvrage est de qualité certes. Seulement, ce bon père savant, voulant réaliser une étude savante et en employant les critères non pas de la théologie mais de la science philosophique, historique et tout, en arrive à affirmer comme scientifiquement fondé ce qu'ils nous propose comme devant être des «faits» (à partir de l'examen scrupuleux des textes de la Bible) mais alors des «faits» qui contredisent parfaitement le dogme de l'Église catholique. Par exemple, le père Meier nous démontre par A + B que Marie fut mère d'une famille nombreuse. Le même prêtre savant va nous dire que sa science et sa vérité factuelle affirmée ne gênerait en rien sa foi catholique. Si ce n'est pas le cas, il fait "juste" traiter de faussaires ou d'ignorants en retour, implicitement, la quasi-totalité des Pères, saints docteurs, saints de l'Église, succession de papes et al.
Quand on écoute ce prêtre catholique et savant exégète d'aujourd'hui : on n'y pourrait que dire adieu à la notion d'infaillibilité de l'Église, adieu la tradition de l'Église également. Avec un tel prêtre catholique : il faudra croire que les papes comme les autres racontent des bêtises, même quand ils pontifient dans le cadre de leur magistère, dans leurs actes officiels et autres proclamations pour toute l'Église. Ce ne sont plus les papes les gardiens du vrai mais cette classe de nouveaux scribes.
Le prêtre savant en question ne se cachera pas pour produire ses travaux. Il le fait au vu et au su des évêques du monde entier. Foin de le reprendre, le critiquer ou le condamner, il en recevrait plutôt des félicitations chaleureuses de la part de Benoit XVI et les autres. «Bravo ! Quel talent ! Quel art exégétique admirable !» On ne serait pas capable de faire admettre au père Meier qu'il serait un moderniste. Pourquoi donc ? Il va se dire un fils très fidèle de l'Église, fidèle au pape. Il veut continuer à dire sa messe Paul VI. S'il fallait qu'un pape excommunie le père Meier, ce serait sûrement le tollé général dans tout le monde universitaire savant.
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p.s. : le père Meier dans son ouvrage n'accorde
aucune crédibilité non plus aux récits évangéliques de l'enfance de Jésus. Saint Matthieu, Saint Luc ... rien n'y fait. Les passages d'évangile ne valent guère plus que les textes apocryphes. Jésus n'est pas né à Bethléem, selon le père Meier. Il en est sûr. Alors
prophéties, tradition ... saint Matthieu ... «Bah ! Ne soyons pas naïfs».