Perlum Pimpum a écrit :Tout d’abord, l’amour de Dieu pour nous n’est pas une passion. Si c’était une passion, Dieu serait malheureux de n’être pas aimé. Mais il faudrait être particulièrement sot ou fou pour s’imaginer Dieu torturé d’amour malheureux du désamour de ses créatures.
Ou Dieu n'est tout simplement pas torturé d’amour, malheureux du désamour de ses créatures car Dieu est toute sagesse.
Or, il faudrait certainement ne pas l'être pour considérer le désamour des créatures, le péché comme quelque chose de valeur. Ce serait comme se soumettre au péché que d'en être atteint. Mais contrairement à nous qui trop souvent prenons le péché pour ce qu'il n'est pas, lui attribuant des qualités qui n'appartiennent qu'à Dieu, Dieu a le discernement de considérer le péché pour ce qu'il. Et le désamour des créatures n'étant que l'expression du péché alors Dieu ne saurait en être ébranlé naturellement.
Mais certainement dans sa miséricorde et son amour peut-il être "sensible" au désamour de ses créatures en ce qu'il compatit à leur égarement que ce désamour exprime.
"Jésus dit: Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font."
Perlum Pimpum a écrit :Impossible, car Dieu est nécessité à s’aimer : il est de l’essence ou de la nature de Dieu infiniment aimable de s’aimer ; Dieu s’aime de volonté naturelle.
En tenant compte de ce qu'il peut être question dans cet amour de Dieu pour Dieu d'un amour de soi, selon ce que vous exposiez ailleurs :
Si Dieu est amour de Dieu
par nécessité alors s'il s'agit de nécessité, Dieu étant
infiniment aimable il n'aurait donc pas nécessité à aimer quelqu'un d'autre que Lui. Dieu amour serait une seule personne de toute éternité et non pluriel, trinité car alors l'amour n'aurait pas nécessité
pour être amour d'être partagé, échangé.
Que dans sa libéralité, Dieu créé pour partager ses biens aux
créatures d'accord, mais que Dieu ne puisse être Dieu qu'en Dieu trinité me semble dénoter une dynamique ouverte de l'amour.
Après, encore une fois il n'est pas question de dire que chaque personne de la Trinité ne s'aime pas elle-même. S'il s'agissait d'une simple question sans nuance, manichéenne consistant à affirmer "ou il s'aime ou il ne s'aime pas" alors évidemment la réponse serait qu'il s'aime. Mais comme tout n'est pas si basique alors il se peut que l'amour étant don (et non possession), ouverture (et non fermeture), la dynamique est vers l'extérieur. Et donc la question ne se pose pas car elle n'est simplement pas dans la "logique" de l'amour.
Ce n'est pas que Dieu ne s'aime pas, c'est plutôt ce que Dieu est, à savoir amour, vérité, bonté, beauté, justice et tant d'autres innombrables attributs. Il n'est pas tourné vers lui-même comme pour se donner ce dont il aurait besoin, mais
il l'est tout simplement. Et étant tout cela, étant
la source de tout cela, il n'est que
don.
Ce qui est source n'a pas besoin d'obtenir mais ce qui est source, principe, est don.
L'amour de soi n'est-il pas le propre de la finitude, du manque,
du souci de soi ? Mais comme une inquiétude, comme l'expression du manque qui pressentant sa condition cherche à se suffire, à combler son manque. Un besoin de remplir le manque. Quand cette recherche est tournée vers Dieu alors le vide est comblé mais quand cette recherche est tournée en soi alors commence le péché.
Mais ce besoin est le propre de la créature.
La créature reçoit, Dieu donne. Il me semble donc que Dieu n'a pas besoin de recevoir, étant toute source.
Quand vous dites dans un autre fil
Perlum Pimpum a écrit :L’amour naturel et l’amour personnel sont une seule et même chose, pour deux raisons.
D’abord, si l’on considère ce qui est aimé, l’objet de l’acte d’amour, la distinction de l’amour naturel et de l’amour personnel est celle de l’amour pour la nature et de l’amour pour la personne. Mais, la personne étant réellement identique à la nature *, à distinguer l’amour pour la personne de l’amour pour la nature, qu’est-ce que la personne aurait d’aimable que la nature n’aurait pas ? La personne étant réellement identique à la nature, en chaque personne l’amour naturel est amour personnel : est simultanément amour de sa nature, de sa personne, des deux autres personnes qui sont sa nature. On ne voit donc pas au nom de quoi il faudrait exclure en les personnes divines l’amour de soi de l’amour des autres personnes.
Même si ce qui fait la personne tient de sa nature, il ne me semble pas correct de confondre les deux.
"Ce que je suis" est-il réellement la même chose que "qui je suis" ?
Malgré l'unité qui règne au sein de la Trinité, le Père n'est pas le Fils bien que le Père et le fils soient Dieu. Même nature mais pas même personne. Je peux très bien aimer la nature qui représente ce qui nous uni, ce qui correspond au partage, à la solidarité, à la communion où je m'aime si l'on peut dire dans l'ensemble, dans l'unité et non pas moi-même avec moi-même, dans mon individualité. D'ailleurs Dieu étant amour, Dieu étant relation, pluriel, il me semble alors que chaque personne Divine ne peut s'aimer que dans cet ensemble, d'un amour unifiant, unifiant plusieurs (1+1+1=1). Et non pas dans sa seule individualité, sa solitude si on peut dire (1+1+1=3).
Et en ce sens, l'amour de chaque personne de la Trinité pour elle-même ne me semble pas correspondre à la dynamique de l'amour, comme si cela n'avait tout simplement pas de sens. C'est ainsi que je dis que la question ne se pose pas.
PS : avant de vous lancer dans les traditionnels anathèmes, tenez compte qu'il s'agit ici de simples cheminements. À vrai dire, bien que je tende dans le sens que j'exprime, je ne suis pas complètement convaincu qu'il n'y ai pas malgré tout aussi cet amour de Dieu pour Dieu dans le sens du Père pour le Père.